Les limbes
Endfor, Les limbes
Une vingtaine de minutes s'était écoulées depuis notre arrivée dans les limbes. Le dos appuyé contre un épais mur de brique gris, je fulminais de plus en plus d'impatience. Une rage que je connaissais trop bien me gagnait peu à peu et la vision de cette enseigne lumineuse qui clignotait sans arrêt ne m'aidait en rien à garder mon calme. J'étais là, dans cette ruelle plus que poisseuse, entourée de vieux débris jonchant le sol humide du bitume et je supportais à contre cœur cette écœurante odeur d'urine flottant dans l'air ambiant. Pourquoi diable nous faisait-on attendre si longtemps ?
— Je crois qu'il se fiche de notre gueule, lançais-je en un serrement de dents.
— Ne soit pas si pessimiste.
— Alors pourquoi tout ce temps ?
— Si seulement je le savais.
— La ponctualité ça ne lui dit rien ?
— Soit patiente Della !
Et justement le problème était là. D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais possédé cette faculté qu'est la patience. Vous savez, cette aptitude merveilleuse qui te permet de rester calme peu importe les circonstances. Et bien moi, elle m'avait toujours fait défaut.
— Tu sais que j'en suis incapable.
— Bien cette fois-ci, tu vas devoir faire un petit effort.
— Et pourquoi je le devrais ?
— Tu sais pourquoi ...
Oui, je savais trop bien pourquoi et cette nouvelle réalité était très loin de me plaire. Déjà, je me devais de supporter le fait d'être la proie d'un fichu démon et puis maintenant j'en étais à devoir mendier de l'aide à des vampires. Et oui, des vampires ! Endfor, les limbes, c'était pour ça, pour eux. Mais avais-je d'autre choix ?
— Je crois qu'il arrive, chuchota mon acolyte en me faisant du coude.
Cheminant le regard de mon cher ami, j'aperçu au loin cette sombre silhouette se diriger rapidement dans notre direction. En quelques secondes à peine, Julius , ce grand vampire à la longue chevelure doré et au visage parfaitement dessiné, se posta juste devant nous.
— Désolé pour le retard, mais j'avais un peu les crocs, lança-t-il en souriant.
Et il se devait de nous en faire part évidemment. Comme si j'avais envie de savoir qu'un massacre avait eu lieu à quelques mètres d'où j'étais. Idiot !
— Ce n'était pas nécessaire, répondis-je en le dévisageant avec dégoût.
Il sourit de plus bel, visiblement satisfait de me voir réagir ainsi.
— Alors, tu as l'info ou non ? demandais-je toujours aussi impatiente.
— Ce n'est pas à moi que tu dois t'adresser pour ça.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Et bien, une seule personne est en mesure de répondre à tes questions et ce n'est pas moi. Simple à comprendre, non ?
— Alors pourquoi je perds mon temps avec toi, dis-moi ?
Il sourit de nouveau l'air amusé.
— Suivez-moi, Hunter vous attends.
Et sur ces quelques mots, nous nous dirigeâmes plus loin dans cette trop sombre ruelle. Quelques minutes plus tard, nous mîmes finalement pied dans le repère privé de ces sangsues sur pattes. L'endroit en question n'était pas des plus accueillants, si l'on prend en considération qu'il y avait une bonne vingtaine de ces créatures qui nous dévisageaient avidement. Mais malgré ce détail plutôt dérangeant, quelque chose de particulier, voir intéressant, rendait l'endroit tout de même charmant. Peut-être était-ce les nombreux ornements de style baroque tapissant les murs de la pièce, ou bien les centaines de bougies jonchant le sol, ou alors s'agissait-il de l'immense scène situé tout au fond où trônait un somptueux fauteuil orné de branches mortes ? Je ne savais pas comment expliquer ce que j'éprouvais à ce moment-là, mais j'étais moi-même étonné de ressentir un bien être pareil malgré l'accueil que nous venions tout juste de recevoir.
— Alors qu'est-ce que tu nous apportes là, Julius ? Un petit hors-d'œuvre ?
Je détournai aussitôt les yeux et les posa sur cette grande blonde à la poitrine plus que généreuse qui nous dévorait littéralement de ses prunelles rouges.
— Non, ma sœur. Ils sont tous deux pour Hunter.
— Je suis certaine qu'il ne verra pas d'inconvénient à ce qu'on goute un peu, ajouta-t-elle en se pourléchant les lèvres.
— Ne fais rien de stupide bethy, tu risques de le regretter.
— Vraiment ? Alors quoi, tu me fais des menaces maintenant ?
— Je ne fais que te prévenir, voilà tout.
— Tu préfères les humains à ta famille Julius ? Serais-tu devenu un traitre ?
— Tu n'es encore qu'une gamine ma sœur, alors rentre tes crocs.
Malgré les avertissements de Julius, elle avança tout de même dans notre direction et jeta rapidement son dévolu sur mon cher ami.
— Hmmm, il sent si bon celui-là.
— Ne fais pas ça Bethy !
— Une simple petite bouchée. Je partagerai si tu veux.
— Assez ! hurla un homme que je n'arrivais pas à identifier vu la foule.
— Mais ...
— J'ai dit assez.
C'est à ce moment que je l'aperçu sortir de je ne sais trop où. Il était grand, athlétique, avait un regard transperçant, une jolie bouche en forme de cœur et une gueule à faire fondre n'importe quelle fille. Un vampire, quoi !
— Comment oses-tu contester mes ordres ? hurla-t-il lèvres retroussées.
— Je ... je suis désolé Hunter.
— La prochaine fois Bethy, je t'arracherai les yeux et te les ferai bouffer. Est-ce suffisamment clair pour toi ?
Elle hocha largement la tête de haut en bas.
— Maintenant, hors de ma vue !
Elle s'exécuta sur le champ et quitta la pièce d'une rapidité quasi déconcertante.
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