Lana

Je viens de vivre ma pire nuit depuis bien longtemps. J'aurais pourtant mieux préférer continuer à dormir. Au moins là, je n'aurais pas à affronter cette triste réalité. Je descends dans la cuisine me faire mon petit-déjeuner. Céréales et un bon bol de lait, ça ne va me faire que du bien.

Assise, je continue à penser à hier. J'ai beau retourner le problème dans ma tête, la seule solution que je trouve est de démissionner. Au moins, j'aurais la conscience tranquille et je pourrais m'éloigner de tous ces problèmes.

Mais lorsque je pense au merveilleux travail que j'ai en ce moment, je regrette tout de suite ma décision. Je n'arrive pas à savoir ce que je veux. Il va bien falloir que j'aille au bureau à un moment donné.

***

J'arrive enfin au bureau et pour la première fois, je ne salue personne. Je prends l'ascenseur et le temps que j'y passe à l'air d'être une éternité. C'est bien je pense. Je m'imagine rester là même pour toujours. Je deviens folle. Un léger ricanement traverse mon visage et je suis coupée tout de suite par le ding de l'ascenseur.

Je sors et je m'avance vers son bureau. Mes pas sont lents et j'ai de la peine à marcher. On dirait que tout mon corps refuse d'y aller. Ce dont j'ai peur ce n'est pas de tout lui raconter. Non ce dont j'ai peur c'est de lire la déception sur son visage. Qu'il me prenne pour ces filles qui ne savent pas saisir de la chance qu'on leur donne.

En face de son bureau, j'hésite encore une seconde avant de frapper. J'entre et il est là. Vu son expression, il avait l'air de m'attendre. J'avance vers lui puis je sors une lettre de mon sac et la dépose près de lui.

- Qu'est-ce que c'est ? Me demande- t- il enfin.

- Ma lettre de démission.

Il prend le temps de m'observer pendant quelques minutes. Pas très longtemps mais suffisamment pour me faire sentir mal. Je baisse maintenant la tête. Il va me demander pourquoi.

- Et pourquoi tu veux démissionner ?

- J'ai commis une erreur.

- Laquelle ?

- J-je ... Hier ... Depuis que je travaille avec vous, vous avez toujours été une personne aimante et chaleureuse avec moi. Ce n'est pas pour autant que je me sente bien ici. Je n'aurais jamais cru avoir des problèmes avec votre fils, votre épouse et même votre fille. Tous ces événements m'ont faits remettre en cause mon travail mais je me disais ensuite fait juste ton travail et oublie le reste. C'est ce que je voulais mais même lorsque les autres employés inventent des histoires sur vous et moi. Je vous jure que ça fait très mal. Et Victor a été là pour me défendre. J'ai vu en lui un ami sur qui je pouvais compter. Hier, il m'a invitée à sortir et j'aurais peut-être pas dû mais je me suis dit pourquoi avoir autant de doutes. On est donc allé dans un bar et on dansé. Ensuite, il... il m'a embrassée. J'ai été stupéfaite mais je vous jure que je ne le voulais pas. Je voulais juste partir de là et il m'a dit qu'il m'aimait. Je sais que vous déçois mais je regrette ce que j'ai fait à votre fille. C'est pour ça que je démissionne.

Je respire un bon coup. Il m'a écoutée attentivement sans dire un mot. Ça fait beaucoup d'un coup mais j'ai dit ce que j'ai dans mon coeur. J'espère juste qu'il me pardonnera. Il se rapproche soudainement de moi et caresse ma joue avec tendresse.

- Je comprends, me dit-il.

Il prend ensuite la lettre que j'ai déposée et la déchire. Je suis un peu surprise. Il ne veut pas que je parte. Mais pourquoi ?

- Je ne suis pas renvoyée après tout ça

- Non. Tu ne le sais peut-être pas mais Victor est venu chez moi et a rompu avec Jennifer. Elle est détruite.

- Je suis désolée ...

- Ne le sois pas. Tu es mon assistante et tu effectues un bon travail. Je n'ai aucune raison de te virer à cause de ce type. Tu peux être rassurée, j'ai confiance en toi.

- Merci.

Je me tourne pour sortir du bureau lorsque une pensée traverse mon esprit.

- Monsieur Newman

- Oui, un problème ?

- Victor a été viré ?

- Bien évidemment. Je ne veux plus jamais revoir ce type ici.

Je vois. J'avais bien raison. Je ne sais pas si ce que je m'apprête à faire est bien ou est mal. Mais pour moi c'est juste.

- Je ne crois pas que vous devriez le renvoyer, lancè-je enfin.

- Pardon ?

- Vous venez de me dire que je faisais un bon travail et il me semble que Victor a toujours effectué un excellent travail. Vous ne pouvez pas me laisser travailler et le virer. On était deux à s'embrasser et je suis désolée mais vous ne pouvez pas renvoyer quelqu'un pour des raisons personnelles.

Il a l'air surpris. Je ne sais pas s'il est en colère contre moi. Je pense juste que ce n'est pas un motif pour renvoyer un bon employé. Jennifer est sa fille et c'est le devoir de tout parent de protéger son enfant. Pourtant, je ne me sentirais pas à l'aise d'avoir détruit la vie de Victor. Il a déjà perdu sa fiancée et perdre son travail serait de trop.

- Lana, répond moi sincèrement, est-ce que tu ressens quelque chose pour Victor ?

- Absolument pas je n'éprouve rien. Je trouve juste que ce n'est pas professionnel d'agir ainsi. C'est juste mon avis.

Je sors de son bureau en espérant qu'il ne renvoit pas Victor. Je me sens assez mal comme ça. Mais une chose est sûre, je n'aurais plus jamais confiance en lui.

Victor

Je range les affaires de mon bureau en repensant à tous ces derniers événements. J'ai rompu avec Jennifer et je viens de perdre mon travail. Mais est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Honnêtement, je ne le regrette pas le moins du monde. Je n'ai jamais été aussi amoureux de ma vie. C'est con mais c'est la réalité. Je suis fou de Lana Jones.

La porte de mon futur ex bureau s'ouvre et c'est monsieur Newman qui entre. Vu sa tête, il est toujours remonté à mon encontre. Cette situation me fait très mal, j'ai toujours eu une haute estime pour lui. Il m'a ouvert les portes de son entreprise et de sa maison, ce que personne n'a jamais autant fait pour moi. Il a été comme mon père et je lui serais toujours reconnaissant.

- Monsieur ...

- Pas la peine de discuter, j'ai réfléchis et tu restes.

- Mais ... Je ne sais pas quoi dire... merci.

- Ne me remercie surtout pas. Mademoiselle Jones m'a fait réfléchir et tu as toujours effectué un excellent travail.

- Lana, soufflè-je heureux.

Je le savais. Elle m'aime.

- Mademoiselle Jones pour toi, reprend mon patron. De ce que j'ai compris tu es très insistant avec elle. Je ne te le dirais pas deux fois, ne t'approche plus jamais d'elle et également de ma fille. Sinon ton travail n'est pas la seule chose que tu perdras.

Il sort ensuite et je ne peux pas contenir la joie que je ressens en ce moment. Si elle l'a fait, c'est forcément parce qu'elle m'aime. Mais je repense aux menaces de monsieur Newman. Il a été très clair avec moi, pourtant il faut que je la vois même si ce n'est qu'une seule fois.

Je sors de mon bureau et j'attends patiemment près du bureau de mon patron qu'elle sorte. Mais c'est vraiment long. Est-ce que je devrais partir ? Non. Il se peut que je ne la voit pas si je fais ça. Elle finit par sortir et j'attends qu'elle s'éloigne assez du bureau. Et bingo, elle prend l'ascenseur.

J'entre rapidement et je le bloque. Je pense que le destin est avec nous car il n'y a personne à l'intérieur.

- T'es malade ? Mais qu'est-ce que tu fais ? Je veux sortir d'ici !

- Calme toi, je ne te veux aucun mal.

- Je m'en fiche, je ne veux pas rester avec toi.

J'essaie de la toucher mais elle s'éloigne. Pourquoi ... Est-ce qu'elle a peur ? Non c'est impossible. Pourquoi elle aurait peur de moi ? Je ne lui ferais jamais de mal. Sa gestuelle et ses yeux me prouvent que j'ai raison. Elle a bien peur de moi. Je m'éloigne donc, en espérant qu'elle ait confiance.

- Je voulais juste de dire merci t'avoir plaider pour moi auprès du patron.

- De rien, finit-elle par dire. J'ai juste fait ce que je pensais juste.

Elle s'empresse de réactiver l'ascenseur et je ne sais plus trop quoi dire. J'ai tellement de chose sur le coeur. J'aimerai lui dire que je l'aime et qu'elle me réponde qu'elle m'aime également. Mais tout ce qu'elle ressent pour moi, c'est de la peur. On finit par arriver à destination et elle sort de l'ascenseur. Je l'attrape avant qu'elle ne puisse s'éloigner davantage et je la plaque au mur.

- Tu veux vraiment perdre ton travail, Victor ?

Je colle mon visage au sien en lui disant.

- Je t'aime tellement mais tellement, tu ne peux même pas imaginer.

- Tu viens de me rencontrer, ça ne peut pas être de l'amour.

- Non ! Bien-sûr que c'est de l'amour et je me fous de tout perdre tant que t'es là.

- Mais moi je ne t'aime pas !

Elle essaie de se dégager de là mais je maintiens ses poignets au dessus de sa tête. J'approche ensuite ma bouche de la sienne et elle détourne son visage. Avant que je ne puisse faire quoique ce soit, des applaudissements me stoppent et je la lâche.

Je me retourne et c'est Michaël. Putain, qu'est-ce que j'ai fait !

- Bravo mais continuer, vous vous méritez tous les deux. Vous pouvez même baiser ici.

- Michaël, intervient Lana. Ce n'est pas ce que tu crois, nous étions juste en train de discuter.

- Oui, une discussion sensuelle à ce que j'ai pu voir. Dîtes, mon père ne vous a pas renvoyé pour que vous partez vous envoyer en l'air ailleurs.

- Non, je réponds. Ton père est un homme bon et il sait reconnaître la valeur des gens.

- Oui, j'imagine, tu as quitté ma soeur pour cette petite garce qui couche de surcroît avec mon père.

- Je t' interdis de lui manquer de respect.

- Sinon quoi ? Mon pauvre.

Je m'approche de lui pour lui donner ce qu'il mérite mais Lana se place entre nous.

- Tu ferais mieux de partir Victor.

- Mais ?

- Va-t'en !

Je suis dégoûté. Je la laisse à contre coeur avec cette ordure. Ce qui me fait plus de mal, c'est qu'elle l'a choisi au lieu de moi.

Lana

Je me retrouve maintenant seule avec Michaël et je veux lui expliquer les choses pour qu'il ne me méprenne pas sur ce qu'il croit avoir vu.

- Il ne sait rien passé entre lui et moi pour que tout soit clair.

- Tu me prends pour qui ? Est-ce que j'ai la tête d'un idiot ? On ne met pas en péril une relation de deux ans pour quelque chose qui n'existe pas.

- Mais je n'ai rien fait. Je sais que tu ne me crois pas mais c'est vrai. Et ta soeur, est-ce qu'elle va mieux ?

- T'es sérieuse là. Ma soeur est détruite, tu m'entends, tu as gâché sa vie.

Quelle idiote ! Pourquoi poser cette question ? Bien évidemment qu'elle va mal.

- Dis lui que je suis vraiment désolée pour tout.

- Tu peux le faire toi-même, je crois.

Il s'en va et je me mets à réfléchir sur ce qu'il vient de me dire. C'est vrai, je devrais aller le lui dire moi-même. Mais avec son caractère à vif, est-ce que j'arriverai à placer un mot ? Que je le veuille ou non, j'ai gâché sa relation avec Victor. Du moins, si je n'étais pas dans leur vie, ils n'auraient pas rompu. Pourtant au fond de moi, une petite voix me dit que ce qui s'est passé entre eux est la meilleure chose qui aurait pu arriver à Jennifer. S'il l'aimait vraiment, il ne me regarderait pas comme il le fait et ça depuis notre première rencontre.