Christopher

La soirée avait l'air de bien se dérouler jusqu'à ce que Veronica se mette à hurler. Sa nouvelle robe venait d'être gâchée et vu que Lana est avec elle en ce moment, je suppose que c'est elle qui a fait ça.

Je lâche les investisseurs avec qui je discutais pour aller les empêcher de virer plus loin. J'arrive trop tard parce que Lana a pété un câble et se met à menacer ma femme. Je ne comprends pas ce qui se passe mais ça a l'air de distraire les invités. Ils se mettent à discuter entre eux en chuchotant.

Je m'interpose entre elles en forçant Lana à lâcher le doigt de Veronica. Elle résiste un peu mais finit par céder. Elle sort ensuite de la salle en courant. Ma femme essaie de me retenir mais Lana a l'air d'aller tellement mal que je me sens obligé d'aller la voir. Je laisse ma femme pour retrouver mon assistante.

Elle est là dehors toute en larmes. Qu'est-ce que Veronica a bien pu lui dire pour la mettre dans cet état ? Je m'approche d'elle. Ayant remarqué ma présence; elle s'éloigne m'interdisant de faire un pas de plus. Je ne peux pourtant pas la laisser dans cet état.

Je continuer de m'approcher et je la prends dans mes bras. Elle essaie de me repousser mais je la tiens fermement contre moi. Elle se débat et me frappe en hurlant de la laisser tranquille. Quelques instants plus tard, ayant perdu toute énergie, elle se calme et me serre contre elle.

Je la lâche et je prends sa main.

- Je t'amène ailleurs. Je lui dis

- Où ça ?

Je ne lui réponds pas et James nous ouvre la portière de la voiture. J'ai décidé de l'amener manger quelque part . Nous avons trouvé un fast-food ouvert et je me suis dis que c'est un endroit sympa pour discuter. J'ai pris un endroit tranquille loin du monde et de toute son agitation. Le serveur vient vers nous et nous tend deux cartes avant de nous laisser.

- Euh monsieur ... Un fast-food ?

- Tu te dis que je suis trop vieux pour venir dans ce genre d'endroit.

- Pas du tout mais vous êtes tout de même quelqu'un de ...vous voyez lorsque vous sortez vous allez dans des restaurants très chers. Mais comme nous sommes ici, je propose que c'est moi qui commande.

Elle continue de parler en souriant et je vois bien que ce sourire est un masque qui recouvre toute la tristesse qu'elle a pu ressentir. Le serveur revient et prend nos commandes avant de repartir.

- Lana ?

- Oui

- Que s'est-il passé avec ma femme ?

Son visage devient plus dure et elle se renferme. Elle regarde ailleurs pour ne pas discuter. J'ai besoin qu'elle ait confiance.

- Tu peux tout me dire tu sais

Elle me regarde maintenant dans les yeux. Ses magnifiques yeux verts iris, de ma vie, je n'en avais jamais vu d'aussi beaux. Je crois que c'est même la première chose que j'ai remarqué chez elle. Son regard à quelque chose que je n'arrive pas à comprendre.

Je vois qu'elle tremble et ce n'est pas du fait de la climatisation du fast-food. Elle tremble de peur, de colère, quelque chose la tracasse. De la sueur commence à couler sur son visage. Ses doigts n'arrêtent pas de taper la table. De plus, elle évite mon regard, ses yeux dégage tellement de colère que s'en est presque effrayant. Je pose ma main sur la sienne pour la rassurer et elle plonge son regard effrayé dans le mien.

- Votre épouse a insulté ma mère. M'avoue-t-elle enfin.

- Quoi ?

- Elle elle s'est mise à dire que je vous séduisais et que ma maman m'avait tout appris. Je peux supporter que l'on m'insulte mais pas ma mère.

Je n'arrive pas à croire ce que j'entends. Je sais que Veronica peut être insupportable mais cette gamine ne lui a rien fait. Pourquoi croire qu'elle et moi sommes amants bon sang ? Elle pourrait être mon enfant. Elle a pratiquement le même âge que Jennifer.

Elle semble maintenant perdue dans un autre monde. Les larmes commencent à couler sur son visage. C'est à ce moment que le serveur revient avec nos commandes. Elle met les mains sur son visage pour couvrir sa honte, tandis qu'il nous sert.

- Il est parti ! Je suis désolé que ma femme ait dit tout ça sur ta mère. J'imagine que vous devez être proche et que ça

- Ma mère est morte d'un cancer il y a plus de 10 ans.

Elle s'effondre ensuite en larmes et je lui tend un mouchoir qu'elle prend. Elle ne m'a jamais parlé de sa mère alors je ne savais pas qu'elle l'avait perdue.

- Je suis désolé et alors tu vis avec ton père ?

Elle me lance un regard noir avant de me répondre.

- Je n'ai pas de père !

- Comment ça ?

- Comme ça. J'ai bien-sûr un géniteur mais je n'ai pas de père et je n'en ai pas besoin.

Je n'avais jamais vu autant de rage émaner de cette fille. Elle qui m'a toujours semblé épanouie et souriante; je découvre un côté d'elle que je ne connaissais pas. Le plus fou; c'est que j'ai envie d'en apprendre plus sur elle.

- Cet homme vous voyez, a abandonné ma mère toute seule enceinte de son enfant après qu'elle ait refusé d'avorter.

Avorter ? Grossesse ? Ces mots me ramènent dans mon passé que j'ai enterré depuis si longtemps. Je n'arrive plus à la regarder en face. Ainsi, un enfant peut autant détester son père sans même le connaître.

- Vous savez monsieur, je ne le déteste pas. Je le hais !

Ce mot me glace le sang. Elle dit si profondément qu'on ressent que ça sort du coeur. Elle continue en disant :

- Je voudrais juste le rencontrer pour lui demander pourquoi ? Pas pour ne pas avoir voulu de moi, mais pour avoir utiliser ma mère qui n'a jamais rien fait que l'aimer. Je veux lui cracher au visage toute la haine que j'ai pour lui.

- Tu ne le connais donc pas .

- Non, je ne sais rien de lui.

Elle respire enfin. Je crois qu'avoir libéré tout ça lui a fait énormément de bien. Elle me fait de la peine. Elle semble si forte de l'extérieur alors qu'à l'intérieur ce n'est qu'un être fragile.

- Écoute, Lana, laisse moi te dire quelque chose. Cet homme qui t'a abandonné va vraiment le regretter parce qu'il rate la chance d'avoir une incroyable fille comme toi. Tu es belle, intelligente, travailleuse, ne laisse pas un fantôme du passé gâcher ta vie et te remplir de haine.

Elle hoche la tête et vient me prendre dans ses bras. Je ne sais pas pourquoi à cet instant l'avoir dans mes bras me fait me sentir bizarre. Ce n'est pourtant pas la première fois. J'ai envie de veiller sur elle, de la protéger, de la voir sourire.

- Je crois que je n'ai plus faim. Me dit-elle en se rasseyant.

- Vraiment moi aussi.

- Je peux les emporter, je connais des personnes qui pourraient les vouloir.

- Ok. Et je te ramène.

- Attendez, je crois que j'ai oublié mon sac chez vous .

- Pas de problème je te le ramène demain.

- C'est que il y a mon téléphone et tout. Je voudrais aller le récupérer.

- Ça ne te dérange pas d'aller chez moi ?

- C'est bon je vais mieux.

Nous prenons la nourriture à emporter que je paie avant de remonter dans la voiture. Nous arrivons donc chez moi et j'insiste toujours pour être sûr qu'elle pourra de nouveau faire face à Veronica. Elle m'assure que oui et il faut donc que je la fasse confiance.

Elle entre sous les regards ébahis de tous les invités. Je crois que je vais encore attiser les commentaires mais en ce moment je me fous complètement de ça. Elle va chercher son sac et nous sortons enfin de la maison, mais elle se stoppe.

- Un autre problème ?

- Vous avez vu comment les gens nous regardaient.

- Oui et donc ?

- Le fait que vous restez avec moi pourrait attiser la suspicion et la jalousie de votre épouse. Je sais vous avez fait beaucoup pour moi et je ne vous remercierai jamais assez mais pensez à votre famille.

- Ok mais James te ramène.

- Merci pour tout monsieur Newman.

Je la laisse partir à contre coeur mais je sais qu'elle est entre de bonnes mains. Je rentre maintenant à la soirée que j'ai organisé. Je suis si en colère contre Veronica que je n'y prends plus goût. Je n'attends qu'une seule chose qu'elle se termine enfin.

Mon souhait exaucé, je monte dans ma chambre sans dire au revoir aux invités. Ma femme m'y rejoint quelque instant après.

- Qu'est-ce qui se passe mon chéri tu bizarre ce soir ? Me demande-t-elle en le retirant mon verre de la main.

Est-ce qu'elle est sérieuse là ? Me demander ce qui se passe.

- Vraiment Veronica ce qui se passe ?

- Oui ce qui se passe.

- Ce qui se passe c'est que j'ai épousé une femme vénale, cruelle et d'une jalousie maladive. J'en ai marre j'en ai marre de toi et de ta jalousie.

- Vraiment tu en as marre tu penses que moi je n'en ai pas marre de te voir te mettre du côté de ta pseudo assistante. Je sais très bien ce qui se passe entre vous.

- Entre nous de quoi tu parles ? Tout ça c'est dans ta tête parce que tu es malade tu es folle.

- Je suis folle et toutes les fois où tu m'as trompée dis moi. J'étais également folle. Tu m'as trahie tellement de fois …

- Pourquoi tu parles maintenant de ça ? Tu m'as pardonné et c'est du passé.

- C'est si facile pour toi de te dire que tu me trompes et moi l'idiote d' épouse te pardonne. Tu sais au moins ce que ça fait lorsque je pense que tu as mis une de tes maîtresses enceinte. Ça me dégoute je te hais et je les hais toutes.

- Ok, mais ça ne justifie pas ton comportement avec mon assistante.

- Vraiment, parce qu'elle ne te plaît pas ?

- Pourquoi avoir parlé de sa mère que tu ne connais même pas. Je ne te reconnais pas.

- C'est toi qui me rends comme ça.

- Si je te rends si malheureuse et si aigrie pourquoi rester avec moi ?

- Pourquoi ? Pourquoi ? Christopher tu es mon mari. Je t'ai dédié ma vie je t'ai donné trois enfants je t'aime. Tu préfèrerais que je te quitte.

- J'en sais rien j'en plus de cette situation.

Elle tombe à terre en larmes et je ne me retourne pour ne pas la voir pleurer. Je sais qu'elle a mal et j'ai également mal. Je veux qu'elle comprenne qu'elle ne peut pas faire du mal aux gens ainsi sans s'attendre aux conséquences.

Jennifer entre dans notre chambre et trouve sa mère en pleurs. Elle s'en va la réconforter.

- Papa mais qu'est-ce qui se passe ?

- Occupe toi de ta mère trésor.

J'ouvre la porte pour sortir et j'entends ma femme crier mon nom. Je ne regarde pas en arrière. Je dois faire quelque chose que j'aurais dû faire depuis longtemps.