Chapitre 13
PDV MAY-LY
Lorsque nous pénétrons tous les quatre dans ce que je qualifierais d'un immense palais, je ne suis pas sereine. Toutefois, je ne suis pas la seule et cela m'inquiète. À mes côtés, Kalhan est tendu, comme s'il se tenait prêt à bondir d'un moment à l'autre. Son menton est dressé droit devant lui, tête haute, veillant à chaque chose qui l'entoure.
— Ne dit rien, et reste à côté de moi, me souffle Kalhan alors qu'il s'avance vers un groupe d'hommes de tout âge, habillés de la même façon que lui.
— Tiens, Kalhan, ça fait un moment qu'on ne t'a pas vu ici, salue un homme blond, d'une vingtaine d'années.
Kalhan le salue simplement d'un signe de la tête, le regard de l'intéressé coulisse dans ma direction.
— Qui est donc cette jeune femme qui t'accompagne ?
— Elle m'accompagne exceptionnellement, ce n'est pas une officielle.
Il fronce les sourcils, presque en même temps que moi.
Une officielle ? Qu'est-ce que cela veut-il dire ?
— Alors, si elle n'est pas officielle, cela veut-il dire que, ajoute un homme un peu plus âgé, sans mettre un terme à sa phrase.
Mes iris s'ancrent au rictus de Kalhan.
— Mais qui donc vois-je ici, nous coupe une voix qui arrive de mon côté. Klein, continue-t-il.
Je fronce les sourcils.
À qui s'adresse cet homme ?
— Braden, salue en retour Kalhan.
Alors son nom de famille serait Klein. Kalhan Klein.
Ce nom me rappelle vaguement quelque chose.
— Qu'est-ce qui t'amène ici ?
— Les bons vieux souvenirs, semble provoquer Kalhan.
Le type d'une quarantaine d'années sourit en coin.
— Tu appelles cela de bons souvenirs, j'aurais tendance à affirmer le contraire, vois-tu, réplique-t-il sur le même ton.
— Pour une simple erreur, soit raisonnable...
Entendre Kalhan parler de la sorte ne me plaît pas. J'ai l'impression qu'il joue un rôle, et que cela n'annonce rien qui vaille. Son biceps se contracte, je le sens contre mon bras.
— Est-elle celle que je crois être, questionne hâtivement ledit Braden.
Son regard m'analyse, ses sourcils se froncent, alors que Kalhan reste de marbre.
Ses iris rencontrent les miens puis s'arrêtent sur ma pommette.
— C'est elle, sans aucun doute. Nulle n'est similaire.
Kalhan se raidit un peu plus. Clever qui s'était éloigné réapparait, cette fois sans Amanda.
Où est-elle passée ?
— Braden, c'est un plaisir, salue-t-il.
À en entendre le ton qu'il vient d'employer, j'ai bien l'impression qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il a dit. Amanda lui adresse, elle aussi, un signe distingué de la tête, puis sourit discrètement dans ma direction.
La musique qu'il y avait en fond s'interrompt subitement, mes sens s'alarment. Un jeune homme brun passe à mes côtés pour se poster discrètement près de Kalhan avant de lui adresser quelques mots.
Kalhan approuve d'un signe de tête, alors que tout le monde semble dans l'attente. Une voix féminine s'élève tout à coup dans la grande salle où nous nous trouvons, un micro entre les mains.
— Mesdames, Messieurs, les enchères devraient débuter dans quelques instants. Je vous prie de rejoindre l'une des deux salles, correspondant à votre statut.
Je fronce les sourcils, m'apprêtant à interroger Kalhan, mais son regard froid m'en dissuade.
— Rappelle-toi de ce que j'ai dit. Tu fais ce que je t'ordonne, souffle-t-il dans mon oreille.
Je croise son regard, et ce que je pense y lire me rend nerveuse.
Kalhan n'est pas serein.
Des enchères ?
Ces deux salles que cette jeune femme a évoquées, dans laquelle allons-nous et à quoi correspondent-elles ?
Mon esprit est bien trop embrouillé par toutes ces questions sans réponse, d'inquiétude et de craintes.
Mon bras n'est désormais plus sous celui de Kalhan, mais ce sont ses doigts qui emprisonnent désormais mon poignet, lui permettant de m'avoir sous son emprise.
Il prend la direction opposée à celle de Clever qui se dirige vers la droite.
Pourquoi nous ne prenons pas la même voie que lui ?
— Où est-ce que l'on va, tenté-je soucieuse.
Son regard s'ancre dans le mien alors que nous nous arrêtons parmi cette foule d'une dizaine de personnes, toutes sont des femmes accompagnées d'un homme.
— N'intervient pas, peu importe ce que tu entends ou penses.
Je grimpe deux marches, guidée par les pas de Kalhan, nous sommes rapidement sur une sorte d'estrade, devant une foule abondante.
La chevelure de Clever apparaît dans mon champ de vision. À en voir son oeuillade rivée sur nous, je distingue que lui non plus n'a pas l'air tranquille.
— Bien, en cette soirée, je déclare les enchères ouvertes, s'exclame la même jeune femme qu'il y a quelques minutes.
Les personnes devant nous acclament, comme impatient.
— Nous commençons sans plus tarder par le numéro trois.
Un homme s'avance en tirant derrière lui une jeune femme brune, son corps élancé ne semble pas être en accord avec le type.
— Cette femme d'origine australienne, est d'une beauté rare. Sa voix est reconnue pour être d'une douceur singulière. Elle certifie d'être à votre écoute et d'obéir à vos ordres.
Je fronce les sourcils alors que je pense comprendre ce qu'il se passe. Comme par réflexe, je marque un pas en arrière, seulement, les doigts de Kalhan encore autour de mon poignet, m'en empêchent. Son regard croise le mien et en une fraction de seconde, j'ai l'impression qu'il intercepte ma détresse et la comprend.
— Le prix initialement fixé est d'un quart de millions d'euros.
Les prix fusent de part et d'autre de la salle, la valeur augmente considérablement. Mon regard glisse sur la jeune femme, elle est nerveuse, il n'y a qu'à voir son regard terrifié ou bien ses mains qui tremblent.
Ma main se pose inconsciemment sur mon avant-bras, signe de mon anxiété considérable. Mes doigts frôlent ceux de Kalhan, alors que sa mâchoire tressaute.
— Ne bouge pas, murmure Kalhan, qui se veut étonnement rassurant.
L'agitation cesse, et la jeune femme reprend sans tarder.
— Bien, adjugé. Le numéro trois est délivré au numéro cent quarante-neuf pour une somme de sept-cent cinquante mille euros. Passons au numéro suivant.
Suis-je donc réduite à un numéro ? Suis-je donc sous la possession de Kalhan depuis le début afin de n'être pour lui, qu'une somme d'argent dont il pourrait tirer profit ?
— Le numéro six est prié de s'avancer, exige la voix de cette jeune femme.
Sans que je l'anticipe, Kalhan tire légèrement mon poignet vers l'avant. Je comprends que "six" est le numéro que l'on m'a attribué.
Je ne dois pas parler.
Je dois obéir.
Je ne dois pas esquisser ne serait-ce qu'un mouvement, sans en avoir l'ordre.
Je ne suis plus maîtresse de mon corps.
Je suis devant une trentaine de personnes, qui sont prêtes à acheter ce que je suis, afin de leur appartenir.
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