Chapitre 2
Pdv Emily
J’ouvris grand les yeux avant de me redresser en sursaut, le souffle court. Où est-ce que je me trouvais ?? Ce n’est pas ma chambre ça ! Qu’est-ce qui se passe ? Alors que je paniquais, soudain une main m’attrapa le poignet et une jeune fille apparut devant moi. Elle avait de longs cheveux blonds bouclés et des yeux d’un vert magnifique.
« Du calme, du calme, tout va bien, tu es en sécurité… Respire… Respire… »
Encore une fois, je comprenais ce qu’elle disait. Et pourtant, dans mes souvenirs, je ne parlais pas si bien anglais que ça. En plus de ça, je ne savais pas qui elle était ni qui étaient mes sauveurs - les deux garçons qui se tenaient au fond de la pièce, l’air impassible. En tout cas, je pouvais voir qu’ils ne me voulaient aucun mal. Déjà, ils m’avaient sauvé et ramené chez eux, ce qui était vraiment gentil de leur part.
Je pris alors le temps d’inspirer à fond pour me calmer, de concert avec elle. Une fois ma respiration revenue à la normale, je m’autorisais à regarder autour de moi. Une cheminée où le feu crépitait, un lit, une commode, une chaise et une table de nuit et c’était tout. Étrange chambre… Très rudimentaire et toute de bois et de pierre.
« Comment te sens-tu ? » demanda la jeune fille, soucieuse.
Je reportais mon attention sur elle. Je la trouvais plutôt sympathique et surtout, elle ne devait pas être plus âgée que moi.
« Je pense que ça va, mais… où est-ce que je suis ? » demandais-je, essayant de ne pas paraître trop surprise de la facilité étonnante avec laquelle je parlais anglais.
« On t’a emmené chez nous. Tu n’es pas d’ici n’est-ce pas ? Ton accent est particulier… » répondit un des garçons en avançant vers moi.
« Oui. Je suis française »
« Une française ? Mais comment es-tu arrivée dans la forêt en pleine nuit ? » demanda la jeune fille, surprise.
Bonne question ! J’aurais bien aimé savoir, mais l’ennui c’est que je n’avais pas la réponse.
« C’est ça le problème, je ne sais même pas comment je suis arrivée ici… Je me suis réveillée dans la forêt, toute seule. Je n’arrive pas à comprendre ce qu’il a pu se passer… » expliquais-je en les regardant, déboussolée « Au fait, nous sommes où ? Je veux dire dans quel pays ? »
« En Australie », répondit le même garçon sans même hésiter une seule seconde.
Au début, je crus qu’il me faisait une blague, mais, la manière dont il l’avait dit, me confirma bien vite qu’il ne mentait pas. Mais bon sang, qu’est-ce que je faisais là ?? Comment étais-je arrivée ici ?
« D’accord… On se calme Emi… Tu vas trouver une explication… » me rassurais-je à voix basse, une main dans mes cheveux comme je le faisais toujours quand j’étais stressée.
« Ne panique pas, on va trouver une solution. Puisque tu as perdu la mémoire, il vaut mieux se concentrer sur les choses essentielles et vérifier que tu n’as pas oublié ton identité. Commence déjà par te présenter » proposa la jeune fille.
C’était une bonne idée. Après une profonde inspiration, je me tournai vers eux.
« Je m’appelle Emily, j’ai 17 ans. Je suis née le 3 février 1999 et je vis en France », déclarais-je.
Un silence de mort tomba soudainement sur la pièce et mes sauveurs se regardèrent comme si j’avais dit une bêtise. L’ennui c’est que je ne voyais pas laquelle.
« Euh… Est-ce que j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? »
Après un court silence, la jeune fille se tourna vers moi et me demanda, assez gênée :
« Tu as bien dit que tu étais née en 1999 ? »
« Oui, c’est ça, pourquoi ? »
Autre silence et cette fois, une boule fit son apparition dans mon ventre alors qu’une idée saugrenue me venait à l’esprit. Non… Ce n’est pas possible. N’y croyant pas, je rejetais la couverture en arrière et me leva, me dirigeant d’un pas déterminé vers les deux garçons.
« En quelle année sommes-nous ? » leur demandais-je après quelques secondes d’hésitation, les fixant dans les yeux.
Si mon attitude les avait surpris, ils n’en montrèrent rien et le plus âgé des deux me répondit, soutenant mon regard.
« 1858 », répondit-il.
Mes jambes me lâchèrent et je m’effondrais sur le sol, la tête entre les mains. Non… Non… NON ! Ce n’est pas possible ! Je n’ai pas pu remonter le temps quand même ? Et j’ai carrément changé de pays ? Bon sang ! Merde ! Merde ! Et pourtant… En y réfléchissant bien, ça pouvait expliquer mon malaise ainsi que mon amnésie temporaire. Je ne me souvenais de rien entre mon malaise et le réveil dans la forêt alors… Ça ne pouvait être que ça. Ou peut-être, un rêve ? D’un geste, je me pinçais si fort le bras que mon ongle se retourna sur le coup. AIE ! Merde… C’est donc réel ?
« Il vaudrait peut-être mieux qu’on aille chercher un médecin non ? » murmura une voix à côté de moi.
Je tournai subitement la tête vers eux. La lueur bienveillante de tout à l’heure avait disparu, remplacée par des regards méfiants. Mince non ! Ils me prennent pour une folle maintenant ! Merde… Il faut que je fasse quelque chose. Reprenant mes esprits, je me levais et m’asseyais sur le lit, essayant de me montrer lucide. Chaque chose en son temps. En premier lieu, je devais leur expliquer la situation. J’avais des preuves si besoin de toute façon.
« Je vous assure que je n’invente rien, mais… Je suis bel et bien née en 1999 et il semblerait que j’ai… remonté le temps sans le faire exprès… » expliquais-je en riant nerveusement.
Je savais que cela ne suffirait pas pour qu’ils me croient et d’ailleurs, la jeune fille recula jusqu’aux deux garçons. Elle commençait à avoir peur de moi. Il ne manquait plus que ça… Cela dit, je savais que je n’aurais pas pu les convaincre de cette manière. Il me fallait une preuve et tout de suite.
Tournant la tête de tous côtés, j’aperçus mes bagages. Alléluia ! Tentant de paraître calme pour ne pas les brusquer, j’ouvris mon sac à dos et sortis mon portefeuille pour prendre ma carte d’identité. Puis je revins prudemment vers eux, leur tendant cette dernière.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda la jeune fille en la prenant.
« Une preuve de ce que j’avance » répondis-je « Une carte d’identité. Vous avez des papiers à votre époque, j’imagine non ? Voici à quoi ils ressemblent, dans la mienne »
Tous trois se penchèrent dessus, lisant les inscriptions avant de relever la tête vers moi, interloqués. Ils ne savaient pas ce qu’était une carte d’identité évidemment alors je leur expliquai du mieux que je pus. Durant ce temps, ils ne disaient rien, réfléchissant à ce que je leur disais.
« On te laisse quelques minutes, il faut qu’on parle » déclara le plus âgé en ouvrant la porte.
« Pas de problème », répondis-je en m’asseyant de nouveau sur le lit.
Ils sortirent tous les trois, fermant la porte derrière eux. J’attendis une bonne dizaine de minutes, la boule au ventre. Cette histoire était incroyable et inimaginable à la fois. Je ne savais même pas comment j’avais fait. Alors que je fouillais ma mémoire en repassant les événements de ces dernières heures, j’eus soudainement un déclic.
J’avais souhaité changer de vie et de monde. Oh mon dieu… Et si ? Alors que je scrutais mes mains, ils reparurent tous les trois. Même s’ils avaient l’air tendus, ils prirent quand même des chaises et s’installèrent face au lit, me scrutant avec attention.
« Si tu viens du futur, alors on va te poser des questions et tu vas y répondre », énonça le plus âgé.
Je soupirais de soulagement. C’était une bonne nouvelle en soi puisque ça voulait dire qu’ils ne me croyaient pas tout à fait, mais qu’au moins, ils étaient prêts à m’écouter.
« Tout ce que vous voudrez, mais d’abord, est-ce que je peux connaître vos noms au moins ? »
La jeune fille interrogea du regard le plus grand des deux et celui-ci, hocha la tête. Il lui avait donné son accord.
« Je m’appelle Georgie et voici Abel et Arthur », déclara-t-elle en souriant.
« Enchanté » répondis-je avant de hocher la tête « Je suis prête, vous pouvez y aller »
La tension était telle que j’avais l’impression de repasser mon oral d’histoire… Sauf que pour convaincre le jury, je devais apporter des preuves de ce que j’avançais.
« Comment s’appelle la reine d’Angleterre à ton époque ? » demanda Arthur.
« Elizabeth II et du coup, à votre époque c’était… c’est toujours pardon, réflexe… La reine Victoria ? »
« Oui. Moi je voudrais savoir si tu n’aurais pas simplement d'autres objets venant de ton époque » demanda Abel, perplexe.
Je réfléchis un instant avant de penser à mon appareil photo, que j’emportais toujours avec moi. Aussitôt, je tirai mon sac jusqu’au lit et l’en extirpa.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Georgie, surprise.
« Mon appareil photo. De mémoire, le premier a été inventé en 1839, mais il n’avait pas du tout cette forme-là ni le même mode de fonctionnement »
« C’est incroyable… » commenta Arthur.
« Oui et encore, vous n’avez rien vu », lançais-je avant de l’allumer, fouillant dans ma galerie.
En cherchant un peu, je finis par enfin trouver quelque chose qui pourrait les convaincre.
« Bon. À cette époque, vous vous déplacez avec quoi ? »
« À cheval ou en calèche », répondit Georgie.
« Alors… maintenant, à mon époque, on ne roule plus en calèche. La première voiture a été inventée en 1885, mais c’est réellement dans les années 1900 que la production en masse a commencé et… maintenant, elles ressemblent à ça »
Tranquillement, je me déplaçai jusqu’à eux et leur montra l’écran. Ils écarquillèrent les yeux, bouche bée.
« Est-ce que ça vous convainc ? Je sais que ça peut paraître incroyable et complètement fou, moi-même j’ai bien du mal à y croire, et pourtant, c’est bien arrivé vu que je suis là, devant vous. Et évidemment, je n’ai pas pu construire tout ça de mes propres mains, c’est littéralement impossible, je sais à peine faire un meuble en bois toute seule alors fabriquer un appareil photo… »
« En y réfléchissant bien, vu toutes ces preuves, ta façon de t’habiller et la manière dont nous t’avons trouvé… Je dois bien admettre que tout va dans ce sens pour l’instant », répondit Arthur.
Je soupirais de soulagement, rassurée de voir qu’au moins l’un d’entre eux me croyait.
« Je commence aussi à le croire… Mais dis-nous, quelle est la dernière chose, tu te souviens avant de te réveiller dans la forêt ? » demanda Abel.
Je le fixais un instant, soucieuse. Il avait l’air plus confiant que tout à l’heure et c’était déjà ça. Redevenant sérieuse, je posais mon appareil photo et fis quelques pas dans la pièce.
« J’étais assise sur mon lit, à mon époque et je me disais que j’en avais assez, que je voulais changer de vie et j’ai ensuite joint mes mains pour prier et… »
Je m’arrêtais net. Mes mains brillaient d’une lumière blanche. Waouh ! Cette fois, ce n’était pas une simple hypothèse, je pouvais peut-être réellement traverser le temps.
« Je crois que… j’ai compris comment repartir » déclarais-je soudainement « Mais je ne sais pas si ça va fonctionner »
« Essaie quand même ? » proposa Georgie.
J’acquiesçais avant de joindre les mains de nouveau et de fermer les yeux. Après cinq minutes, j’avais beau murmurer à voix basse, rien n’y faisait. Déçue, je finis par rouvrir les yeux et secouer la tête.
« Désolé… Je n’y arrive pas »
« Tu es peut-être trop fatiguée ? De toute manière, tu ne peux pas repartir maintenant en pleine nuit. Vu le lieu où tu es arrivée, j’en déduis que tu ne contrôles pas ton lieu de retour ? Si tu réapparais sur une route au milieu de ces voitures ou pire même… C’est beaucoup trop dangereux » me fit remarquer Georgie.
« Elle a raison, il vaut mieux que tu te reposes et puis on avisera demain matin », renchérit Arthur.
Je déglutis, mal à l’aise. Oui, elle n’avait pas tort, je n’y avais même pas pensé à vrai dire. Cela dit, même si c’était trop risqué, je ne voulais pas les embêter.
« C’est gentil, mais… je ne veux pas vous déranger »
« Tu ne nous déranges pas », me rassura-t-elle en souriant « Recouche-toi et essaie de dormir un peu, il est tard »
« D’accord. Merci beaucoup »
« Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à nous demander »
J’acquiesçais, les regardant sortir de la pièce et fermer la porte. Je les entendis parler un peu derrière le battant, mais je n’y prêtais pas vraiment attention. Pour ma part, je ne fis pas de vieux os : je me mis en pyjama – débardeur et shorty – et m’endormis sur le champ.
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