
Chapitre 11 - Opération secrète
— Où est-ce que tu vas ? demanda Ron. Cavalier en C4.
La pièce avança sur l'échiquier, détruisant le pion qui s'y trouvait. Harry se pencha sur le jeu, les sourcils froncés derrière ses lunettes. La salle commune était bondée des Gryffondors profitant du dimanche matin près de la cheminée, alors que le rebord des fenêtres se couvrait d'une jolie couche de neige. Hermione resserra son écharpe.
— J'ai des choses à préparer pour le bal. Amusez-vous bien et n'oubliez pas vos devoirs. Les vacances seront chargées, il vaut mieux anticiper dès maintenant.
Une bise emplie de flocons la refroidit quand elle s'engagea sur le sentier menant à Pré-au-Lard. Une silhouette l'attendait à mi-chemin, adossée à un arbre sans feuilles. Malfoy était enveloppé dans un bonnet et une écharpe aux couleurs de Serdaigle — seule maison en dehors de Serpentard qui ne soit pas une insulte à son illustre personne sans doute.
— Tu comprends vite.
— Où est-ce que tu as trouvé ça ? demanda Hermione en tirant sur le bout de l'écharpe.
— À l'infirmerie.
Dans ce décor enneigé, le gris de ses yeux ressortait nettement au-dessus du noir et bleu qui l'habillaient.
— Je sais, je suis fabuleux. Allons-y.
— Fabuleusement agaçant, oui. Alors, c'est quoi le programme ?
En guise de réponse, il la mena jusqu'à la boutique de Gaichiffon.
— L'idéal aurait été d'avoir une pièce sur mesure, mais on va devoir se contenter de prêt-à-porter, dit Malfoy en plissant le nez, ce qui lui valut un regard noir du vendeur.
Les dernières fois où elle était passée devant les vitrines, les vêtements étaient beaucoup moins... orientés soirée dansante. Ils avaient dû revisiter les modèles exposés en vue du bal de Poudlard.
— Ce qu'il va falloir trouver, c'est un ensemble robe, chaussures et bijoux, et de quoi arranger tes cheveux.
— Depuis quand tu t'y connais en mode féminine ?
— Je t'en prie, tu as déjà vu ma mère non ? répliqua Malfoy en tirant une robe dorée entre deux doigts. Immonde.
Le vendeur le fusilla une nouvelle fois du regard, suite à quoi Malfoy l'informa qu'ils n'auraient pas besoin de son aide.
— Je l'ai aperçue à la coupe du monde de Quidditch. Elle est belle, c'est vrai, mais son air de dégoût constant gâche un peu le tableau.
— Oui, en même temps qui ne le serait pas en étant entouré de... ça, répliqua-t-il avec un geste vague pour le reste du monde.
Hermione tira une robe à volants déclinée dans des tons roses.
— Pourquoi pas celle-là ?
— J'espère que tu plaisantes ? Regarde le tissu, tu peux faire plus bon marché ?
— Elle n'a rien de bon marché, protesta Hermione en tournant vers lui l'étiquette portant le prix en Gallions.
— À part son design tout entier.
Voyant Malfoy s'approcher de robes plus imposantes, elle en décrocha rapidement une d'un bleu mauve à la silhouette vaporeuse. Il croisa son regard avant qu'elle ne tire le rideau de la cabine.
En refermant la couture de la robe, Hermione sentit un léger malaise à l'idée de sortir. Et si elle ne lui allait pas ? Si elle dans un tel accoutrement était ridicule ?
— Dépêche, Granger, dit la voix de Malfoy de l'autre côté du rideau, qu'elle écarta d'un coup sec.
Il recula pour la contempler en entier.
— Hmm. Ce n'est pas un mauvais choix, mais c'est encore trop discret.
— Excuse-moi ?
Il s'éloigna et revint avec une robe au jaune vif d'un bouton d'or. Son immense jupe emplit l'espace étroit de la cabine et elle dut se battre avec les couches de tissu pour se changer. La robe épousait son buste puis se déployait autour d'elle, des coutures révélant les couches vaporeuses sous la soie. Elle écarta le rideau et fit un pas hors de la cabine, hypnotisée par les mouvements du tissu qui semblait flotter autour d'elle avec une légèreté irréelle.
Malfoy sourit.
— C'est déjà plus ce que j'avais en tête.
En découvrant son reflet dans le miroir, Hermione grimaça. Comme elle le craignait, elle semblait gauche dans un ensemble aussi sophistiqué et ses cheveux semblaient plus ébouriffés encore.
— Je ne suis pas sûre... Elle va attirer trop d'attention.
— C'est le but, répondit Malfoy en posant les mains sur ses épaules.
La clochette de la boutique tinta sur un groupe d'élèves, lui donnant envie de disparaître dans la cabine. Malfoy tira ses épaules en arrière pour la forcer à se redresser.
« Je serai là de toute façon, ce n'est pas comme si je pouvais me débarrasser de toi pour l'instant. Alors ? »
Hermione détailla son reflet une dernière fois. Elle avait accepté de le suivre, autant le laisser aller au bout de son idée.
Malfoy lui apporta plusieurs paires de chaussures pendant qu'elle tentait de s'habituer à sa robe et elle tria les modèles capables de tenir la soirée dansante sans lui arracher les pieds.
Elle essayait une paire dorée quand la clochette du magasin sonna une énième fois. Depuis le début, elle s'appliquait à ignorer les nouveaux venus, mais ne put s'empêcher de leur jeter un coup d'œil anxieux. Son estomac chuta.
« Malfoy ! Pansy. Elle est avec Blaise et Nott. »
Dos à eux, il ajusta son bonnet et son écharpe sur son nez, le teint soudain très pâle.
« S'ils la reconnaissent, ils vont venir pour nous. »
Il fallait qu'elle se change, mais les cabines étaient de l'autre côté.
« Pansy n'a pas mentionné qu'elle devait passer ici... »
Et pour cause, c'était Nott qui passait les différentes tenues de soirée en revue. Hermione faillit croiser le regard de Pansy et se décala derrière Malfoy, le cœur battant à tout rompre.
« Elle regarde par ici. »
Pansy contourna un présentoir à chaussures et approcha dans le dos de Malfoy qui se raidit. Sa raideur empira quand elle jeta son bras autour de ses épaules et se pencha vers Hermione, les yeux s'écarquillés.
— C'est vraiment toi, Granger ? Tu es ici avec ton petit-copain ?
Elle lança un regard en coin vers Malfoy qui se détourna.
— Je n'ai pas de temps à perdre avec toi Pansy. Tu serais gentille de retourner vaquer à tes occupations.
Nott continuait de chercher sa tenue de soirée, mais Blaise avait flairé une opportunité de s'amuser et se dirigeait vers eux à son tour. L'esprit et le regard de Malfoy étaient pure terreur.
— Tu as vu Granger, on dirait que ton petit-copain n'a pas trop envie d'être vu avec toi.
Elle resserra sa prise sur les épaules de Malfoy. Hermione se leva, provoquant un rire de Pansy.
— Ouh, je comprends pourquoi maintenant. Tu devrais reposer cette robe tout de suite, tu es en train de la salir.
Hermione la repoussa en arrière. Le coup l'arracha à Malfoy et manqua de la faire tomber dans les boîtes à chaussures.
— Ce n'est pas mon petit-ami. Il était là alors je lui ai demandé son avis.
Malfoy recula vers les autres élèves de Poudlard qui observaient la scène, laissant le champ libre à Blaise et Pansy.
— S'il t'a laissé mettre ça, il n'a pas été très sincère avec toi, gloussa Pansy. Une Sang-de-bourbe aux dents de lapin en tenue de soirée...
L'inconfort qui commençait à s'estomper revint en force, appuyé par tous les yeux qui la dévisageaient.
— Tu réalises qu'il n'y a aucune robe au monde capable de rattraper ça ? commenta Blaise en la jaugeant des pieds à la tête.
— Oh par pitié, porte-la au bal, Granger. Ce sera le meilleur Noël de ma vie.
Hermione ramassa les pans de sa robe et s'enferma derrière le rideau. Avec des gestes tremblants, elle défit les attaches.
« Granger. »
« Quels merveilleux amis tu as, je comprends que tu sois si inquiet à l'idée de les perdre. » lança-t-elle sèchement.
De retour dans son uniforme, Hermione déposa la robe sur son bras, les chaussures dorées à la main. Pansy et Blaise l'attendaient devant la cabine.
— Merci pour les conseils. J'avais encore un doute, mais si ça ne vous plait pas, ce doit être le bon choix, dit-elle d'un ton froid avant de se diriger vers la caisse.
Dans un silence complet, elle tendit les Gallions au vendeur qui enveloppa le vêtement dans un papier très fin, remit les chaussures dans une boîte puis lui confia le sac. Le nom Gaichiffon y était inscrit dans une calligraphie pleine de boucles et de spirales.
« Je suis derrière la boutique. »
« Ce n'est pas une bonne idée. Retrouve-moi tout à l'heure près de la cabane hurlante, là où le « fantôme » t'avait attaqué l'année dernière, je vais me charger des produits pour mes cheveux. »
Pendant qu'on la conseillait sur les différentes lotions, masques et huiles, l'esprit de Malfoy ne cessait de revenir sur son altercation avec les Serpentards. Il s'interrompait toujours très vite, mais sa frustration était palpable. Hermione se concentra sur les explications de la vendeuse pour lui laisser un peu d'espace.
En remontant vers la cabane hurlante, chargée par les sacs, une odeur sucrée, pimentée et fleurie à la fois la dévia vers la devanture de Zonko. Son estomac gronda devant les milliers de bonbons multicolores ; il était presque quinze heures. Elle ressortit quelques minutes plus tard avec un paquet débordant d'ananas confits, de plumes en sucre et de Fizwizbiz.
De la neige parsemait ses cheveux quand la cabane hurlante se dessina enfin à travers la brume gelée. Malfoy avait trouvé refuge sur une pierre plate, à l'abri d'un sapin aux branches immenses.
— Ce n'est pas ce que j'appellerai un repas, l'informa-t-il quand elle lui tendit le paquet.
Il récupéra un Fizwizbiz et abaissa son écharpe pour croquer dedans. Hermione déposa les sacs et se hissa à côté de lui.
— Cette journée tout entière ne me ressemble pas. Je me suis dit : autant me rebeller jusqu'au bout.
— En mangeant des bonbons ?
Elle mordit dans un ananas confit. Un goût sucré aux notes piquantes explosa sur sa langue.
— Mes parents sont dentistes.
— Dans qui ?
— Dentistes. Tu peux voir ça comme un médicomage moldu spécialisé dans les affections dentaires.
Malfoy se pencha en avant, son regard gris l'étudiant avec une intensité à laquelle elle répondit en haussant les sourcils.
— Si tes parents sont dentistes, tu peux m'expliquer pourquoi tes dents de devant sont toujours aussi longues ?
— J'essaye de les convaincre depuis des années de me laisser les réduire avec un traitement magique, figure-toi, mais pour eux médecine et magie ne vont pas ensemble.
Après un long silence, Malfoy lui offrit un sourire inquiétant.
— Mais tu pourrais être victime d'un maléfice qui les ferait pousser et obligée de demander à Madame Pomfresh de les remettre à leur taille normale.
Hermione entrouvrit la bouche, puis dit prudemment :
— Je... pourrais.
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Hermione déjà tentée par le côté Serpentard de la force. J'adore ce chapitre perso, j'espère qu'il vous a plu aussi !
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