Chapitre I - William
William.
Il s'appelait William, mais il était de la génération d'avant les Williams. Parce que tout le monde sait que les Williams ont actuellement entre 25 et 40 ans !
Lui, il en avait plus de 70. Bientôt 73 pour être exacte.
Ah, c'était un grand bonhomme aux yeux bleus attristés par la solitude, aux grandes mains ridées, et aux cheveux blancs assortis à sa barbe. Son seul "ami" était un vieux cocker anglais qu'il avait adopté il y a environ 18 ans.
Oh, il était ronchon, désagréable et avait mal au dos ! Ses voisins le surnommaient "Le Grincheux"...
Il avait pour habitude de partir promener son vieux chien le matin à 7h45 précises et d'arroser ses géraniums à 8h15. Pas question d'avoir ne serait-ce qu'une petite minute de retard ou d'avance ! Ce serait insensé !
Un matin, alors qu'il rentrait de sa promenade matinale, il aperçut une femme, âgée, certes, mais pas autant que lui, en train d'arroser des roses d'un rouge... flamboyant !
Ces roses magnifiques étaient près de la clôture qui séparait les deux jardins, et donc ma foi fort proches de ses géraniums ! Le pauvre vieillard regarda, impuissant, quelques gouttes d'eau tomber au pied de ses fleurs tant chéries... à 8h43.
Ses yeux s'écarquillèrent, sa peu déjà bien pâle blanchit et sa bouche format un "o" parfait sous le regard incompréhensif de sa voisine.
Ah... Sa voisine... Quelle empotée ! Quelle insolente ! Quelle criminelle ! Elle avait gâché la routine d'un pauvre monsieur... Et puis, il ne l'avait jamais vue ! Quelle idée de déménager sans prévenir ? Et en si peu de temps ?
Cela ne faisait pas même deux minutes que William avait rencontré cette femme vêtue de violet qu'il la haïssait déjà... Elle allait en voir de toutes les couleurs !
- Mon dieu, madame ! Qu'avez-vous fait à mes géraniums ?! À mes pauvres, mes chers, mes tendres géraniums ?! se plaint William.
- Ma foi, rien, monsieur ! Et si c'est le cas, bien que je ne sache pas ce que j'ai fait de mal, vous m'en voyez confuse ! répondit en toute sincérité sa voisine.
Sa voix était douce, pas une trace de méchanceté dans son timbre remplit de gaieté ! Cela énerva encore plus notre monsieur.
- Et vous en êtes fière ?! À 8h43, madame ! Deux minutes avant les 8h45 ! Respectez mes horaires, bon sang ! Et mes géraniums ? Les pauvres ! Que de maltraitance, madame ! Est-ce que je vous réveille deux minutes trop tôt, moi ? Non, madame, je ne vous réveille pas ! Alors ne réveillez pas mes géraniums ! Ils sont tous mouillés ! Est-ce que je vous jette un grand seau d'eau glacée, moi ? Non madame ! Alors ne mouillez pas mes géraniums ! Et puis qui êtes-vous, madame ? On ne débarque pas chez les gens ainsi !
- Monsieur, mon bon monsieur, je suis désolée. Je m'appelle Rose Spencer, j'ai soixante-huit ans, et je suis votre nouvelle voisine.
- Rose qui arrose des roses... Beaucoup d'originalité, madame ! Ici, nous sommes à Paris, faites honneur à votre ville, madame ! Rose... Vous croyez qu'un Jack va apparaitre devant vous tel un prince charmant puis mourir pour vous ? Vous n'êtes qu'une empotée ! Et à présent qu'il est bien 8h45, laissez-moi arroser mes géraniums !
Rose se tût et alors qu'elle recommençait à donner à boire à ses fleurs, elle demanda à son désagréable voisin :
- Et quel est votre nom, monsieur ?
Il la toisa du regard un instant avant de grommeler un :
- William. William Leclerc.
* * *
Les jours passèrent, les semaines en firent autant et décembre arriva. C'était un mois glacial, dans cette petit vile de Haute Savoie, réchauffé tant bien que mal par les cœurs réjouis des enfants attendant Noël.
William n'aimait pas Noël.
Cet odeur de bûche au chocolat... Il n'aimait pas la bûche au chocolat.
Autrefois, il aimait ça, comme tous ces gens qu'il croise dans chez le boulanger.
Lorsqu'il était enfant et qu'il avait une famille avec qui le fêter, des cadeaux à ouvrir, une joie à partager.
Autrefois, il riait, comme les enfants qu'il croise chaque jour, à cette période de l'année.
Lorsqu'il avait des gens qu'il aimait et qui l'aimait.
Autrefois, il était amoureux, comme ces couples qui s'embrassent sur leur balcons.
Lorsqu'il avait quelqu'un à chérir, quelqu'un qui -pensait-il- ne le trahirait jamais.
Mais ses parents sont morts, ses amis ont grandi et son amante est morte il y a 20 ans.
Depuis il est seul.
Seul avec son chien.
Seul avec la vie qui ne veut pas se finir.
Le 5 décembre, à 8h41, alors qu'il rentrait de sa balade, il croisa un enfant.
Cet enfant lui sourit avant d'écarquiller les yeux.
L'ai-je apeurée ? pensa notre cher William.
Mais le petit avait les yeux comme remplis de milliers d'étoiles. Il regardait le vieil homme, sa barbe blanche, ses cheveux de la même couleur, et il s'exclama :
- Le Père Noël ! Vous êtes le Père Noël !
William le regarda sans comprendre.
- Cette année, j'ai été bien sage, promis !
William comprit enfin.
Il tenta de se baisser à la hauteur de jeune homme - sans succès, à cause de son dos endolori par l'âge.
- Aïe... Bon, petit... Je ne suis pas le Père Noël. Le Père Noël est au Pôle Nord !
- Non, vous mentez, monsieur. Je vous ai reconnu, protesta le jeune homme.
William soupira, mais sa très chère voisine arriva à ce moment.
Rose murmura à l'oreille du petit garçon :
- Chut ! C'est son secret ! Tu ne dois le révéler à personne, promis ?
Elle lui tendit son petit doigt.
- Hum... Promis !
Il fit de même pour sceller l'accord.
- Et comment t'appelles-tu, mon grand ? lui demanda l'assassin de géraniums.
- Axel ! Annonça le petit garçon en s'éloignant les deux personnes âgées.
William regarda sa voisine un long moment.
- Je ne vous ai rien demandé, fit-il finalement avant de rentrer arroser ses géraniums.
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