Pour l'appel à textes de lesfilmsromantiques

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La personne qui lui faisait face dans le miroir n'avait rien à voir avec celle qu'elle avait connue. 

C'était toujours une adolescente aux cheveux de feu, aux yeux foncés et au visage tacheté. C'était toujours une adolescente qui profitait de sa famille, qui avait des passions, qui allait au lycée. C'était toujours une élève qui ressemblait à toutes les autres élèves.

Pourtant, la personne qui lui faisait face dans le miroir n'avait rien à voir avec celle qu'elle avait pu voir plusieurs mois auparavant.

C'était une adolescente aux cheveux ternes, qui tombaient sur un visage inexpressif et pâle. C'était une adolescente qui se dissimulait derrière un sourire de façade, qui mentait à ses proches, qui ne trouvait plus la force de s'amuser, qui se plongeait dans le travail pour oublier le monde autour d'elle. C'était une élève qui avait peur de se rendre au lycée.

C'était une adolescente qui pleurait lorsque la nuit l'englobait, qui explosait de rire pour que personne ne puisse soupçonner son mal-être, qui déglutissait en tentant de recoller les morceaux de son cœur brisé.

C'était une adolescente qui vivait une vie compliquée.

Mais cette adolescente avait beau se battre, faire naître des croissants de lune sur son visage, fermer les yeux devant les morceaux de papier qu'elle retrouvait sur sa table, et tenter de ne pas écouter les insultes que l'on murmurait sur son passage, elle sentait qu'elle perdait pied.

Et qu'un jour, elle aurait du mal à se retenir de tomber.

Elle soupira longuement et s'appuya sur le lavabo en laissant ses paupières s'abaisser. Elle laissa ses pensées vagabonder et ne repoussa pas les larmes qui se mirent à couler. Pour une fois, la pétillante jeune fille qui avait perdu sa joie de vivre déchira son masque et se laissa aller. Oui, des gouttes salées se déposèrent sur ses joues et elle finit par être secouée par les sanglots.

Cependant, elle refusa de s'effondrer sur le carrelage. Elle en avait terriblement envie... Mais elle ne voulait pas succomber à ce désir. Pour elle, cela signifiait accepter sa défaite, accepter le fait que ces autres lycéens qui la regardaient avec toute cette haine avaient remporté la victoire.

Cette simple pensée lui donnait la nausée.

Elle s'était promis qu'elle combattrait leurs moqueries et leurs incessantes remarques. Elle s'était promis de ne pas craquer et de se débrouiller pour retrouver confiance en elle et éloigner son mal-être. Chaque soir, elle repensait à ces promesses, et, chaque soir, elle se rendait compte qu'il lui était de plus en plus compliqué de tenir. Il lui était de plus en plus compliqué de faire comme si tout allait bien, comme si son petit univers ne basculait pas depuis des mois déjà. Il lui était de plus en plus compliqué de se lever le matin, de prendre son petit-déjeuner, de participer en cours, de vivre, tout simplement.

Oui, cette jeune fille était harcelée.

Elle subissait cette chose que tous appellent le harcèlement. Cette chose révoltante et injuste. Cette chose effrayante, bouleversante et monstrueuse. Parce qu'il n'y avait que les monstres qui pouvaient agir de la sorte. Parce qu'il n'y avait que les monstres qui pouvaient agir sans une once d'humanité.

Les sanglots cessèrent peu à peu et son corps ne fut plus agité par des soubresauts. Son cœur ralentit sa course et elle releva la tête, se heurtant de nouveau à son reflet dans le miroir.

Ce qu'elle y vit était loin de ressembler au visage heureux qu'elle connaissait si bien quelques mois auparavant. Elle lisait sur chaque parcelle de sa peau la souffrance qui l'habitait et qui se terrait profondément en elle. Elle lisait le chagrin, la peur, et la souffrance. Encore et toujours la souffrance.

Mais ce qui la frappa le plus, ce fut ce qu'elle vit dans ses yeux : les étincelles s'étaient évaporées, englouties par un terne éclat qui lui fit comprendre qu'elle avait perdu quelque chose qu'elle ne pourrait probablement jamais récupérer.

L'espoir.