Jour 64, année 2345.

— IMX58. Voilà le nom que lui ont donné les scientifiques des laboratoires Garnet. C'est un virus, une maladie qui s'est développée à l'est du continent américain. Après avoir décimé une centaine de personnes, ce virus a fusionné avec des éléments inconnus pour former de toutes nouvelles maladies. Nous avons donc une dizaine de MM, de maladies mortelles, qui sévissent sur notre belle planète bleue.

Les paupières d'Héléna se fermèrent lentement tandis qu'elle se massait les tempes. L'hologramme bleuâtre continuait de se mouvoir et d'envahir la pièce carrelée de ses paroles dramatiques.

— J'imagine que t'as réfléchi toute la nuit ? soupira une voix masculine.

La rousse secoua la tête et ses pupilles se fixèrent sur le jeune homme qui venait de lui adresser la parole. Adossé contre le chambranle, il croisait les bras avec une moue dubitative.

— En effet, tu sais ce qu'on dit : « La nuit porte conseil ».

— Seulement quand tu dors.

La jeune fille émit un rire. Joe effectua alors un geste vague de la main, ce qui eut pour effet de faire disparaître la silhouette de pixels. Un silence glacial s'installa.

— Tout le monde va crever à cause de ces virus, t'en es consciente ?

Le blond s'avança jusqu'au canapé usé et s'assit nonchalamment.

— La Terre, après avoir été malmenée par les humains, a fini par nous envoyer ce que l'on méritait. Violence, douleur...

— Et destruction, termina-t-elle, des perles salées apparaissant au coin de ses yeux émeraude.

— Les jeux sont faits, les dés sont jetés. La partie a déjà commencé. Il est, à présent, impossible de l'arrêter.

— Sauf si on gagne.

— Ou si on perd, contesta Joe.

— T'es trop pessimiste, tu sais.

— T'es trop optimiste, tu sais.

— Mieux vaut voir le soleil que les ténèbres.

— Si les nuages le cachent, on peut rien y faire.

À travers le velux couvert de poussière, un minuscule rayon de soleil cherchait à illuminer la pièce et ses déchets négligemment jetés sur le sol. Le duo s'était installé ici après dix jours de vagabondage au milieu des rues désertes, un tissu recouvrant leur bouche et leurs oreilles attentives à quelque son suspect. Finalement, il leur sembla qu'aucune maladie n'avait contaminé le lieu.

Héléna s'effondra sur son fauteuil. Un gigantesque poids semblait peser sur ses maigres épaules.

— Joe...

— Hum ?

— Si j'ai pas dormi, c'est pas parce que je voulais de nouveau écouter toutes ces horreurs et réfléchir à une solution pour nous sauver.

— Ah ouais ? Ça m'étonne.

La jeune fille se leva brusquement, effectua quelques pas, se mordit la lèvre, souffla par le nez. Son mécanisme de la parole se débloqua après que Joe se décida à faire apparaître une étincelle d'inquiétude dans ses prunelles grises.

— Bon, Héléna, quoi ? Il ne peut rien y avoir de pire que cette foutue apocalypse qui a décimé la moitié des dix milliards d'humains de ce monde de technologies, pas vrai ?

Son visage devint pâle, ses mains devinrent moites. Il pensa alors aux virus ; celui qui empêche de dormir, celui qui brûle, celui qui...

— Je... crois que le IMX58 m'a contaminée, Joe... Je crois que je suis atteinte par l'insomnie.

Joe se mit à trembler. L'information n'accédait pas à son esprit embrumé, tout était confus. Allait-il vraiment perdre la fille qu'il aimait, après des jours et des jours de non-dits et de pleurs incontrôlables ?

Ses lèvres se plaquèrent sur celles de son amie avec force, lui transmettant amour, peine, joie, espoir. Héléna le repoussa, se débattit. Personne ne devait la toucher !

— Pourquoi, pourquoi as-tu fait ça ? s'exclama-t-elle entre deux sanglots.

— Parce que si tu meurs, je meurs aussi.

————

Salut !

Je participe à un concours de nouvelles organisé par mon lycée et j'ai décidé de la mettre dans ce recueil :).

Il fallait faire entre 250 et 600 mots ; c'était pas facile... Mais j'ai réussi ! Le thème était « Insomnies ».

Vous en pensez quoi ? Je vous tiens au courant, surtout ! ;)

Merci pour tout ♥.