Je me mets à sourire. Il fait bon... Et cette bonne odeur de terre et d'herbe fraîche est toujours présente.

- Je t'attendais.

J'ouvre doucement les yeux, et tourne la tête vers mon interlocuteur, le fameux tireur masqué. Il est assis exactement au même endroit que la nuit précédente, sur le tronc d'arbre. Il me sourit, et à cet instant, je me sens bien. Son sourire est tellement... Je n'ai même pas de mots pour le décrire. Il est chaleureux, vrai... Cet homme arrive à me procurer une douce sensation bizarre rien qu'avec un simple sourire. C'est fou. Ça me change vraiment des hommes-démons.

- Bonjour, je lui dis.

- Le terme adéquat serait plutôt bonne nuit, me corrige-t-il, avant de tapoter la place à côté de lui. Veux-tu t'asseoir avec moi ?

Pour toute réponse, je me lève et vais le rejoindre. C'est vrai que j'étais allongé par terre... Mais l'herbe de cette forêt est tellement confortable ! J'avais l'impression d'être sur un lit de plumes.

- Je peux vous demander qui vous êtes ?, je tente.

- Je me nomme Morphée. Je pense que tu as déjà entendu parler de moi.

- Vous êtes un dieu ?

- En quelques sortes, oui.

Je hoche la tête. Je ne sais pas si je suis en train de devenir fou ou si c'est bien la réalité, même si j'opterais plus pour la première option.

- Je sais que ça peut paraître dur à croire, mais tout cela est bien réel. D'ailleurs, c'est bien le problème...

Il soupire, avant de sauter de là où il était assis et de me tendre sa main.

- Veux-tu bien me suivre ?

- Où ça ?

Il hausse les épaules, mais je décide quand même d'attraper sa main pour le suivre. Et... Wow, je ne regrette absolument pas. Sa main est tellement douce, et chaude...

- Tu as un don, commence-t-il. Sais-tu ce qu'est un rêve lucide ?

- C'est quand on est conscient dans notre rêve, non ?

- Effectivement. Certaines personnes en font de temps en temps. Mais toi, tu as la particularité d'en faire... Tout le temps.

- Et c'est bien ou pas ?

- Oui et non. C'est un don précieux que j'ai offert aux humains pour rendre vos rêves magiques, mais malheureusement, les démons du sommeil s'en servent parfois pour s'en prendre à vous.

Je hoche la tête, en essayant d'assimiler tout ce qu'il me dit. C'est un peu compliqué, sachant que même s'il m'a assuré que tout ça est réel, je suis quand même conscient... Que tout cela se passe dans ma tête.

- Avant, les démons s'en prenaient souvent à vous comme ça, continue celui qui se fait prénommer Morphé, mais ça faisait un moment que ça n'était plus arrivé. C'est pour cela que je ne les ai pas détecter avant... Et j'en suis navré.

- J'ai du mal à tout suivre, je lui avoue.

Il s'arrête de marcher et ouvre la bouche, avant de la refermer et de sourire.

- Pardonne moi, c'est vrai que tout cela est un peu compliqué...

Je soupire, et me passe une main dans les cheveux. Tout ça m'a donné mal à la tête.

- Tu sais, je ne parle jamais à personne, soupire-t-il. Cela me manquait un peu. C'est pour cette raison que je voulais te revoir encore aujourd'hui... C'était purement égoïste. Je tiens à m'excuser.

- Ça ne me dérange pas, je lui réponds, en fronçant les sourcils, au contraire. Je préfère vous voir vous plutôt que les hommes-démons.

Il se tourne vers moi et me sourit, et je ne peux pas m'empêcher de l'imiter. Il est tellement mignon... Je trouve qu'il a des airs d'enfant, dans sa façon de se comporter.

- De quoi je vais rêver, maintenant ?, je lui demande. Vu qu'il n'y aura plus les quatre bonhommes...

- Bonne question. De quoi aimerais-tu rêver ?

- De vous.

Il écarquille les yeux, et se met à légèrement rougir. Et moi aussi, quand je me rends compte de ce que je viens de lui dire.

- P-Pardon, je bégaie, je ne sais pas pourquoi j'ai dis ça, c'est sorti tout seul...

- On ne m'avait jamais dit ça, me répond-il. Aimerais-tu que je revienne dans tes rêves de temps en temps ?

Je hoche vigoureusement la tête, ce qui le fait sourire.

- Entendu, alors. Je suis ravi que tu apprécies ma compagnie.

Je lui souris aussi, et il finit par me lâcher la main. C'est vrai qu'on se la tenait toujours... C'est dommage qu'il l'ait lâché, j'aimais bien ce contact, moi.

- Je vais te laisser tranquille pour cette nuit, reprend-il, mais nous nous reverrons bientôt !

- D'accord...

Il doit percevoir ma déception, parce qu'il fait la moue, avant d'ouvrir la bouche pour me répondre.

* * * * *

- Hum...

Je baille, et éteins mon réveil avant de faire craquer mon dos et de me lever. Je regarde l'heure : il est six heures. C'est logique en même temps, vu que c'est l'heure à laquelle j'avais mis mon alarme...

- Ça me saoule, je soupire.

Fichu alarme... Elle m'a coupé en plein dans mon rêve, alors que Morphé allait me dire quelque chose. Morphé... J'aime beaucoup ce nom.

- Aller, prépare toi, je me dis à moi même.

Je m'exécute, et fonce sous la douche pour me laver avant d'aller travailler au magasin.