Chapitre 14
- Joe, ressaisis toi...
Je me passe les mains sur le visage tout en soupirant. Je ne sais plus du tout ce que je suis censé faire... Je suis tiraillé entre l'envie de m'endormir pour aller rejoindre Morphé, et entre la peur de ce qui risque d'arriver. Parce qu'on ne va pas se mentir, ma situation craint à mort.
- Bon, je souffle de nouveau, avant de me lever de mon lit. Ça doit faire une bonne demi heure que je suis assis dessus. Déjà, on va commencer par se faire à manger, hein.
Je m'attèle à ma tâche et me prépare mes fameuses pâtes carbonara, comme quasiment tous les jours. Je sais que je viens d'aller faire des courses, mais j'ai vraiment la flemme de cuisiner autre chose. Les pâtes, ça reste une valeur sûre.
Une fois que j'ai mis mon eau à bouillir, je prends mon ordinateur et cherche quelque chose à regarder. Le problème, c'est que j'ai déjà fait à peu près le tour de toutes les plateformes de streaming auxquelles je suis abonné...
- Pourquoi pas, je marmonne, en sélectionnant un film porté sur la mythologie grecque.
Je finis de cuisiner, puis mange tranquillement en regardant mon petit film. Il n'est pas si mal, en vrai. Je suis à fond dans l'intrigue. Même si du coup, ça me fait me poser des questions sur autre chose... Si Morphé, le dieu des rêves, existe, est-ce que ça veut dire que tous les autres existent aussi ? Zeus, Poséidon, Apollon et tout le tralala...
Une fois mon repas et le film terminés, je fais rapidement ma vaisselle puis vais m'allonger dans mon lit. Il va vraiment falloir que je me repose, je n'ai plus trop le choix. Même si j'ai un peu peur de devoir de nouveau parler de mes sentiments avec Morphé, parce que je n'aime déjà pas trop parler de ça à la base...
Je pousse un long soupir, avant d'arranger ma couette et de me blottir sous mes draps, pour me concentrer sur les battements réguliers de mon cœur.
* * * * *
- Rebonjour...
- Bonne nuit, me corrige Morphé. Cela fait deux fois en une journée... Je me sens flatté.
Je me frotte les yeux, et me redresse doucement.
- Comment vas-tu depuis tout à l'heure ?, me demande le dieu des rêves.
- Ce... Ça va... Je suis sorti avec une collègue à moi et des amis, mais je suis vite rentré chez moi.
- D'accord.
Il cligne plusieurs fois des yeux, ce qui me fait sourire. Je ne sais même pas pourquoi je lui raconte ça alors qu'il doit s'en ficher royalement, de ce que je fais de mes journées.
- Et toi, qu'est-ce que tu fais de ton temps libre d'ailleurs ?, je lui demande.
- De mon temps libre ?, répète-t-il. Et bien... Je régis et protège ce monde, et je construis vos rêves.
- Tu ne fais jamais autre chose ?
- Non.
Je fais la moue, tandis qu'il détourne la tête pour se mettre à regarder le ciel étoilé. Mais moi, c'est lui que je contemple.
- Je suis heureux que tu aimes toujours autant me regarder, me dit-il.
- Tu n'as qu'à pas être aussi beau.
- Tu aimerais que je change d'apparence ?, me questionne-t-il.
- Tu peux ?, je m'étonne.
Il me répond par un sourire et un hochement de tête, avant de fermer les yeux.
- Je te l'ai dis, ici, je peux faire absolument tout ce que tu désires.
- Je vois... Mais du coup, est-ce que c'est vraiment toi ?
- C'est à dire ?, me demande-t-il en fronçant les sourcils.
- Bah, est-ce que c'est ta vraie apparence ?
- Celle que tu vois actuellement ? Oui.
- D'accord...
Cette fois, c'est à moi de hocher la tête. Ça doit vraiment être bien, d'avoir autant de pouvoirs...
- Il y a une question que je me posais, je reprends. Est-ce que Zeus et tout existent aussi ?
Son visage se crispe, et il déglutit péniblement avant de soupirer.
- Avant, oui.
- Avant ?, je répète, en fronçant les sourcils. Comment ça "avant" ?
- C'est... Compliqué, me répond-il simplement.
- Pourquoi ?
Il ne me répond toujours pas, et se contente de soupirer lassement. Il a l'air de se sentir tellement mal...
- Ça va aller ?, je lui demande.
Je sais que ma question est bête, mais au moins ça le fait sourire.
- Ne t'en fais pas. Ici, et tant que je suis là, personne ne risque rien.
- D'accord...
- Je ne laisserais personne faire de mal aux humains, Joël, insiste-t-il. Et encore moins à toi.
Je me mets à sourire de toutes mes dents suite à la fin de sa phrase, et il m'accompagne en souriant doucement du coin des lèvres. Il est tellement mignon comme ça...
- Pourquoi "encore moins à moi" ?, je répète.
- Tu le sais, me répond-il en détournant le regard et en commençant à rougir.
- Tu ne m'as encore rien confirmé...
- Eh bien, je... T'apprécie.
Je perds mon sourire. Il... Il m'apprécie ? C'est une blague, ou ?
- Est-ce que pour un dieu, le mot apprécier a le même sens que le mot aimer ?, je lui demande.
Il devient encore plus rouge, et hausse les épaules d'une façon presque imperceptible.
- Je sais que tu comprends ce que j'essaie de dire.
Je pose ma main sur le sable, à côté de la sienne, et je le regarde fixement en souriant. Je la décale jusqu'à ce qu'elle soit presque collé à la sienne, et je le vois se mettre à sourire aussi.
- Souhaites-tu que je te prenne la main ?
- Seulement si tu en as envie.
Il ferme les yeux, et penche sa tête en arrière, faisant ressortir sa pomme d'Adam.
Et pour toute réponse, il pose sa main sur la mienne.
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