Chapitre 11
Je suis allongé sur mon lit, à réfléchir. Je crois que depuis que j'ai rencontré Morphé, c'est la première fois que je ne m'endors pas juste en rentrant du boulot. En général, je meurs d'envie de le revoir... Aujourd'hui aussi, mais je suis en pleine réflexion sur ce que je ressens. J'ai essayé d'y penser tout au long de la journée, mais la seule vraie constatation que j'ai faite jusqu'à présent, c'est que je suis amoureux de lui. Sauf que ça, c'était la pire chose qui pouvait arriver...
Non mais franchement, il n'y a que moi pour tomber amoureux d'un dieu que je ne peux voir que dans mes rêves et que je ne connais que depuis une semaine. Qu'est-ce que je suis censé faire, du coup ? Je n'ai que deux possibilités : tout lui dire, en sachant qu'il y a presque cent pour cent de chance pour que ça soit un désastre, ou faire comme si de rien n'était, en sachant que je ne vais pas arrêter de penser à ces sentiments nouveaux.
Dans les deux cas, je sais que je vais souffrir. C'est peut être ça mon destin, de souffrir éternellement, d'une manière ou d'une autre... J'ai dû être un être atroce dans une autre vie, un genre d'Hitler ou de Mussolini.
- Bon, je soupire, en voyant qu'il est déjà près d'une heure du matin. Il serait temps de dormir.
J'entre dans les draps et ferme les yeux, puis je me concentre sur ma respiration en attendant que le sommeil arrive.
* * * * *
- Bonjour, je lance, avant même d'ouvrir les yeux.
- Bonne nuit, me répond Morphé.
J'adore, parce que j'ai tellement pris l'habitude d'être avec lui que je reconnais sa voix dès qu'il ouvre la bouche.
- Tu as passé une bonne journée ?, me demande-t-il.
- C'est la première fois que tu me le demandes, je remarque.
- Effectivement.
Je souris, et lui raconte ma journée tout en allant m'asseoir à côté de lui. Contrairement à hier soir, je me suis réveillé juste à côté de l'endroit où il s'était assis. Il m'écoute sans jamais me couper la parole, et une fois que j'ai fini mon petit récit, il hoche la tête.
- D'accord.
Je lui souris, puis tourne mon regard vers la mer. C'est bien, parce que grâce à Morphé, je peux voyager sans dépenser un centime.
- Que souhaites-tu faire, aujourd'hui ?, me demande-t-il.
- Je ne sais pas.
- Cela ne te dérange pas, que tes rêves ne soient pas très..., il marque une pause, les sourcils froncés. Il a l'air de chercher ses mots. Pas très... Vivants ?
- Vivants ?, je répète.
- Et bien, disons qu'il ne s'y passe pas grand chose, m'explique-t-il.
- Aah ! Non, ça ne me dérange pas. Tout ce que je demande, c'est d'être avec toi.
Il sourit, et ses joues commencent à devenir légèrement roses. Je le trouve beau, mais tellement beau... Et je me sens si bien quand je suis avec lui... C'est horrible, parce que là, tout de suite, je n'ai qu'une envie : l'embrasser.
- Tu sembles contrarié, me dit-il. Tu es sûr que tout va bien ?
- Oui oui, je lui réponds.
- Tu mens... Je le sens, que tu n'es pas bien. Qu'est-ce que tu as ?
Je déglutis, et le regarde tristement. Il a l'air soucieux, comme s'il s'inquiétait pour moi... Mais je ne peux pas lui dire que je l'aime, je ne peux pas lui avouer ça, il me prendrait vraiment pour un fou.
- Joël, insiste-t-il.
Berk... Je déteste quand on m'appelle par mon véritable prénom. C'est pour ça que je demande à tout le monde de m'appeler Joe, je trouve déjà ça plus beau que Joël.
- Je... Je ne peux pas t'en parler...
- Bien sûr que si, me répond-il en haussant les épaules.
Je secoue la tête de gauche à droite, mais il fait une moue fâchée, comme hier.
- Je ne veux pas que tu sois triste dans tes rêves, me dit-il.
- Je pense trop, je lui dis, c'est tout.
Mon explication n'a pas l'air de lui convenir, car il me regarde en plissant les yeux, comme s'il essayait de scruter mon âme. Je me demande s'il en est capable...
- C'est vrai, j'insiste. En plus, je ne lui mens pas, c'est vraiment la vérité.
- Que puis-je faire pour que tu te sentes mieux ?, me demande-t-il.
- Pas grand chose...
Il soupire, et attrape ma main sans détacher son regard du mien.
- Joël, répète-t-il.
- J-Je crois que je suis amoureux de toi..., je lui avoue.
Il ouvre la bouche, avant de la refermer et de se mettre à devenir vraiment très rouge. Quel con. Q-u-e-l c-o-n. Pourquoi est-ce que j'ai ouvert ma bouche, déjà ? J'ai parlé sans réfléchir, je lui ai dis ça comme ça, sans penser aux conséquences. Enfin si, le pire, c'est que j'y ai pensé toute la journée. Et malgré ça, je lui ai quand même dit la vérité. Je suis vraiment un crétin fini.
- Je... Joël, souffle-t-il, tu es un humain...
- Je sais...
Il tourne la tête vers la mer, et reste un moment à regarder l'horizon, avant de reprendre la parole.
- Je... Tu vas te réveiller, me dit-il simplement en faisant la moue.
* * * * *
J'ouvre les yeux et éteint mon réveil, avant de me passer les mains sur le visage. Je prends une profonde inspiration, avant de me mettre à pousser un long cri de désespoir sans penser à mes voisins.
Je me déteste.
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