Lorsque les gens vous font des propositions, les acceptez-vous directement, ou réfléchissez-vous avant d'agir ?

D'habitude, Camille faisait partie des personnes qui réfléchissaient avant de faire quoi que ce soit.
Mais pas ce jour-là. Il avait eu une journée épuisante, il fallait l'avouer.

Tout d'abord, Hanna Bilics, une fille de sa classe, avait recommencé à se moquer ouvertement de son prénom. Elle l'avait déjà fait pendant une semaine entière, puis s'était arrêtée. Et bien, à présent elle le refaisait.
Honnêtement, Camille ne se sentait pas blessé. Il était juste contrarié en constatant l'énergie que ça allait lui prendre. Et dépenser de l'énergie pour rien, il détestait ça.

De plus, il avait complètement oublié (pour la première fois) de réviser son contrôle en histoire-géographie, et il était bloqué à la question trois.
LA QUESTION TROIS, SACHANT QU'IL Y EN AVAIT DIX-HUIT.
Autant dire qu'il était fichu pour avoir une bonne note...

Ensuite, son professeur de violoncelle avait modifié le lieu du cours, ce qui voulait dire à une dizaine de kilomètres de chez Camille !

Ce fut donc ainsi que sa mère lui proposa d'y aller en métro, car une nouvelle ligne venait d'être inaugurée, et qui allait justement de chez lui à son cours.
L'adolescent, s'il avait eu une meilleure journée, aurait d'abord hésité, mais comme il n'avait pas la tête à ça (voir il n'avait plus du tout de tête), il accepta directement.

•••

Si j'avais su...

Camille regretta son choix dès qu'il entra dans le wagon.

La station de métro était chaleureuse et accueillante, mais là n'était pas le problème.
Puisqu'elle avait été inaugurée le jour même, il n'y avait pas grand monde. En fait, les voyageurs étaient au nombre de cinq.
Et c'était eux qui le désespéraient. Camille se mit alors à les regarder tour à tour, commençant par une belle jeune fille rousse aux yeux bruns.

Hanna. Une pétasse de la meilleure qualité.

Puis, il tourna son regard vers une petite brune aux yeux bleus.

Lili. Elle a un an de moins que moi, mais je la connais car elle est dans la classe de ma sœur. Apparemment elle est assez gentille mais aussi très stupide.

Ensuite, Camille vit un petit homme.

C'est mon voisin, Joseph. Il ne fait que chanter des chansons pour sa fiancée, Iris, tout en jardinant.

Finalement, il se tourna vers un homme grand et maigre, avec certains de ses cheveux blancs.

Je ne le connais pas... en même temps, ce n'est pas parce que la ville est assez petite que je suis censé connaître tout le monde...

- Station Vacker. dit la voix électronique.

- Excuse me, can you tell me where we are ? (Excusez-moi, où sommes-nous ?) demanda l'inconnu.

- Pardon ? dit Camille. Je ne comprends pas ce que vous dites.

- What ? Sorry, I don't understand what you're saying. (Quoi ? Désolé, je ne comprends pas ce que vous dites.)

- Euh... we is... in the station of Vacker. (Euh... nous est... dans la station de Vacker.) tenta Joseph.

- Oh ! You mean that we are in the Vacker's station ! (Ah ! Vous voulez dire que nous sommes dans la station Vacker !)

- Euh... yes. (Euh... oui)

- Well, thanks for your help, I'm Carl, and I moved here yesterday, so I... (En tout cas, merci pour votre aide, je m'appelle Carl, et j'ai emménagé ici hier, alors je...)

Criiiii !

Le dénommé Carl (la seule information que Camille avait compris) fut coupé par un bruit sourd. Le métro s'était arrêté subitement.