Chapitre 6
J'étais complètement apeurée. Je suffoquais et sanglotais sur le lit comme jamais. Ma respiration était courte. Cette idée ne voulait pas s'inscrire dans ma tête mais, de toutes façons, je ne voulais en aucun cas que cela soit la réalité.
C'est donc à ce moment précis que je ressentais le mal du pays.
Enfin, de l'époque.
Mes parents et mes amis me manquaient énormément, Rebecca encore plus. J'aurais aimé qu'elle soit là, avec moi.
J'aimerais pouvoir trouver les mots qu'elle prononcerait pour me réconforter. Cependant, j'en suis incapable.
Je sais qu'il faudrait que j'y repense en ayant la tête froide. Néanmoins, je ne peux fermer les yeux sans que la scène se joue à nouveau.
J'aimerais pouvoir penser tellement fort au néant que les larmes me monteraient aux yeux. Nonobstant, les larmes ont déjà coulé.
J'aimerais pouvoir passer la paume de ma main sur mon front et affirmer que la chaleur de celui-ci n'est pas ardente. Seulement, cela serait mentir.
Et, mon dieu, j'aimerais tant que cela ne soit qu'un mauvais cauchemar.
Sincèrement, je l'attends la scène où je me redresse vivement sur le lit, haletante, essuyant les perles de sueur qui débuteraient à se modéliser.
Je l'attends, mais j'ai l'impression que ça n'arrivera pas.
Alors pour l'instant, tout ce que je faisais, c'était de me tourner et me retourner dans mon lit. Ainsi que penser à cette situation assez horrifiante.
Okay, totalement horrifiante.
Finalement, je pourrais me considérer comme chanceuse qu'il n'ait pas pu terminer ce qu'il... entreprenait, disons simplement, mais, oh mon dieu j'ai trop peur qu'il revienne.
J'essayais de me convaincre qu'il était temps d'agir.
Environ un quart d'heure plus tard, j'étais décidée à rendre visite à celle qui m'avait sauvé, quelques heures plus tôt.
J'hésitais entre me déplacer ou opter pour la solution de facilité, c'est à dire tirer sur la ficelle une nouvelle fois, une troisième fois.
Mais apparemment, Marie Antoinette n'avait pas été très sympa avant mon arrivée alors, réveiller des gens en pleine nuit n'est peut être pas une bonne resolution.
Lentement et sans faire le moindre bruit, je m'extirpa de ce somptueux lit royal et me dirigea rapidement vers l'endroit où était caché mon sac à dos que je n'avais pas touché depuis des jours.
J'y découvrais donc les merveilles que j'avais délaissé le jour même de la dernière journée que j'avais passée dans mon espace-temps.
Il y avait dans mon sac à dos une bouteille d'eau, les clés de chez moi, un peu de nourriture et pleins d'autres choses dont le plan des secrets du château de Versailles.
Facilement et rapidement, je trouva la chambre d'Adélaïde et de Delphine, qui se partageait la chambre. Le petit escalier derrière la porte cachée donnait justement accès à cette pièce par quelques chemins étroits.
Avant de les emprunter, je me souvenais que mon portable se trouvait dans mes bottes. Je me rua vers ce petit engin électronique dont j'étais presque accro avec toute la délicatesse dont je pouvais faire preuve. C'est-à-dire, vous l'avez compris, une délicatesse quasi-nulle.
Ne vous moquez pas, tout le monde n'est pas fait pour être gracieux.
En priant donc pour que je puisse enfin avoir un contact avec la modernité, autrement dit un SMS, je fis le code de mon téléphone avec une vitesse exubérante. Je crois que c'était la première fois que j'avais autant envie de toucher mon cellulaire.
Et je crois que c'était aussi la première fois que j'aie ressenti une peine de cette ampleur.
Pas de SMS.
Ni d'appels manqués.
Rien.
Très sociable, la Marie.
Oui, je sais.
Puis j'ai passé environ cinq minutes à regarder tous mes contacts.
Comme si ça pouvait changer quelque chose.
Comme si ça pouvait me rapprocher d'eux.
Comme si ça pouvait me promettre l'impossible, les revoir un jour.
Avais-je réellement perdu tout espoir ?
De toutes façons, j'avais tout le temps de penser à cela plus tard.
Peut-être l'éternel...
Jusqu'à ma mort.
Ou celle de Marie Antoinette.
Oh mon dieu, si je ne sors pas de ce corps, je finirai décapitée !
Mais je vais simplement emprunter le chemin qui mène à Adélaïde et Delphine.
D'ailleurs, le plafond des escaliers est tellement bas, que je dois me pencher pour ne pas me râper la tête.
Toujours pieds nus et ayant le plan en main, je cherchais la salle, telle une touriste dans un pays étranger.
Accessoirement, j'essayais toujours de ne pas penser aux malheurs, pour ne pas dire ce qu'il m'est arrivé.
Pour l'instant, je m'en sortais plutôt bien, étant donné que j'étais concentré sur ma non-production de bruit et la lecture de mon plan dans le noir.
J'étais en pleine nuit, il n'y avait donc presque pas de lumière, de torches ou de bougies allumées. Ce qui rendait la tâche assez difficile et après m'être cognée suffisamment fort pour abandonner le décryptage de la carte, j'allumai mon téléphone.
En effet, je n'allais pas abandonner.
Et puis, il aurait fallu que je remonte les escaliers, traverse les salles et pousse les portes sans faire le moindre bruit dans le noir.
J'étais déjà tellement nerveuse que le papier se froissait sous mes doigts.
C'est alors que j'entendis des talons marteler le sol.
Mon cœur s'arrêta net.
À la lueur de la torche, je réussi à décerner le visage du promeneur nocturne.
Pierre.
Et là, mon cœur tambourina si fort que je crus qu'il allait exploser.
Pire, que Pierre l'entende.
Mais... Que venait-il faire ici ?
Avait-il entreprit la même chose qu'avec moi, plus tôt dans la soirée ?
Je me positionais le long d'un mur et éteignis mon téléphone en priant qu'il ne me remarque pas.
Après des secondes qui semblaient l'éternité, il prit finalement un autre chemin.
La chambre d'Adélaïde ne se trouvait plus qu'à quelques mètres.
Je me rua vers la poignée de porte et trébuchai sur le tapis.
Bruit sourd.
En espérant n'avoir réveillé personne, car, en effet il devait être deux heures du matin, je me releva précipitamment et tourna la poignée de porte.
Celle-ci était fermée.
Hésitant quelques secondes, je méditais.
Cela valait-il toute cette peine ?
Oui.
Cette fois-ci, je toquai franchement à la porte.
À nouveau, les secondes passèrent comme des décennies.
Enfin, on m'ouvrit.
Justement la personne que je voulais voir.
Adélaïde.
Tout en faisant la révérence, elle eut un visage surpris. Bien sûr -- qui, à part moi, serait si cruel qu'il ruinerait le sommeil des gens ?
- Sa Majesté La Reine Marie Antoinette, dit-elle d'un ton encore endormi mais malgré tout septique. Que venez-vous faire ici ?
- Vous parler, dis-je honnêtement.
- Quelque chose ne pas, s'affola t-elle déjà. Que s'est-il passé ? Voulez-vous rentrez ?
- Ce serait avec plaisir.
Je fis un pas dans la toute petite pièce qui servait de chambre pour deux personnes. Je n'en revenais pas, c'était vraiment exigu.
Neuf mètres carré, tout au plus.
- N'avez-vous pas le droit à une plus grande chambre ? demandais-je, curieuse.
- La Cour ne nous y autorise pas.
- Ah. D'accord.
Bon. Je ne savais pas trop quoi lui dire mais il fallait que je trouve quelque chose parce que... comment dire... je m'incruste en pleine nuit dans sa chambre alors qu'elle devait dormir paisiblement.
- Que s'est-il donc passé ?
- Rien de spécial, répondis-je avant de faire une pause. Du moins, pas après ce qu'il s'était déjà passé, mais j'avais seulement un peu peur.
Enfin, un peu n'est peut-être pas le bon terme.
Car, finalement, c'était tout le contraire.
Et ça, Adélaïde avait le droit de le savoir.
Je lui avoua donc.
De toutes façons, mentir n'est pas une bonne solution.
Après mon récit abrégé, Adélaïde me prit dans ses bras et m'affirma que tout allait s'arranger.
Cependant, comment pouvait-elle en être sûre ?
Personne ne peut être sur de quoique ce soit.
Puis, il y eu comme un déclic. Adélaïde recula prestement et fit quelques pas en arrière.
- Je vous prie de m'excuser Votre Majesté, commença Adélaïde.
Ayant déjà été dans cette situation avant, je coupa net ses excuses.
- Vous n'avez pas à vous inquiéter, Adélaïde. Tout va bien.
Je me demande bien ce que la vraie Marie Antoinette lui a fait pour en arriver là. Je croyais pourtant qu'elle était moins antipathique.
Mais bon, je peux la comprendre si elle a fait ça pour se protéger de la Cour. C'est qu'ils sont tous un peu vicieux...
- Le seul problème, repris-je, c'est qu'il ne faut pas qu'il revienne. Ou alors, je ne pense pouvoir le supporter...
- Il ne reviendra pas, dit-elle du tac-au-tac.
- Comment en êtes-vous aussi sûre ? demandais-je, intriguée.
- Disons simplement que... nous allons, toutes les deux, nous en assurer, dit-elle finalement d'un ton ferme et déterminé.
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Note de l'auteur :
Alors, que pensez-vous de ce chapitre ?
Avez-vous deviné ce qu'il s'est réellement passé (entre la fin du chapitre 5 et le début de celui-ci) ?
D'après vous, que vont faire Adélaïde et Marie ensemble ?
J'espère que vous avez apprécié votre lecture et merci d'avoir lu ! ♡
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