Chapitre 3
Je mis du temps à remarquer qu'un phénomène plutôt insolite se déroulait dans le ciel.
En effet, les nuages passaient à une vitesse incroyable. Et il n'y avait pas que cela : pluies et orages défilaient en moins de deux secondes, pour ensuite laisser place au soleil, aux nuages. Tout cela prenait beaucoup de temps.
C'était comme si quelque chose faisait remonter le temps.
Je regardais l'éventail.
Non.
Non.
Tout, mais pas ça !
Impossible. C'est tout bonnement impossible.
Comment pourrais-je avoir voyagé dans le temps ? Et à quelle époque le phénomène va s'arrêter ?
La logique -- bien que très peu présente dans cette situation -- démontre que le phénomène s'arrêtera à l'époque de Marie Antoinette.
Mais est-ce vrai ?
Petit à petit, les meubles commençaient à bouger. Mais pas comme dans La Belle et La Bête. Là, les meubles ne faisaient que se déplacer. Ils semblaient pousser et tirer par des gens invisibles. Certains disparaissaient, d'autres apparaissaient.
Le phénomène étrange se déroulait toujours dans le ciel.
Avant de m'éffondrer sur le lit en raison de ma tête qui tournait dangereusement à cause de tous ces meubles, je cherchais mon portable.
De : Moi
À : Reb'
Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais si jamais il y a un problème, couvre moi s'il te plaît...
Aucun message de réponse me parvînt.
Allongée sur le lit, je me concentrais à respirer calmement pour ne pas céder à la folie.
Finalement, je m'endormis.
Le lendemain matin, heure non-déterminée.
Je me réveillais, soulagée que les nuages aient arrêter de défiler à une vitesse inhumaine.
J'allais me relever quand soudain, j'entendis des voix de vivants.
Vivants...
Mais quelle en était la preuve ? Ne seraient-ce pas plutôt des spectres ?
Avant de faire quoi que soit, des pas pressés se rapprochèrent.
J'étais déjà convaincue que je n'étais plus dans mon espace temps.
Je décidais donc de me poster devant le miroir pour apercevoir la personne qui allais rentrer dans la pièce. Soyons honnêtes, me cacher n'aurait servi à rien.
À travers le miroir, je scrutais chaque détails de la porte doré, derrière laquelle les pas tambourinaient, avec tellement d'attention, qu'au début je ne vis même pas que je n'avais pas le même visage.
Lorsque je m'en aperçu, je ne pus retenir un cri de stupeur. C'est alors que les pas derrière la porte accéléraient la cadence.
Bientôt, la personne tant attendue ouvrit la porte à l'arrache. De sa voix mielleuse, elle me dit en faisant une révérence :
- Sa Majesté La Reine Marie Antoinette, je vous ai entendu crier. Quelque chose ne va pas ?
Mal à l'aise, je lui rendu sa révérence.
Mauvaise réponse. Elle fronça les sourcils. Elle allait commenter mais elle se rendit compte d'une autre chose.
- Oh... Je ne savais pas que vous vouliez vous habiller toute seule aujourd'hui... Je vous prie de me pardonner.
- Pas de problème.
Elle inclina la tête vers la gauche, un air interrogatoire sur le visage.
Oouupps...
- Euh... Je voulais dire... Il me semble ne pas vous avoir prévenu hier soir. C'est donc à moi de m'excuser.
Cette fois, la femme de chambre fronça franchement les sourcils.
- Je vais donc avertir les femmes de la Cour que vous êtes déjà habillée. Le petit-déjeuner sera servi dans 30 minutes, m'annonça t-elle en se reprenant.
- Bien. Je vous remercie.
Avant de s'en aller, elle fit une dernière révérence. Elle tourna les talons aussi vite qu'elle était venue. Quant à moi, j'esquissa une révérence aussi, assez maladroitement, ne sachant pas s'il fallait que je la reproduise ou non.
Dès qu'elle fut partie, je pus me reposer certaines questions existencielles et me tourner face au miroir pour l'admirer une nouvelle fois.
Cela me ramena à mon état de départ : la folie.
En même temps, il était clair que, maintenant, j'étais Marie Antoinette.
Mais pour combien de temps ?
Si jamais c'est éternel, comment vais-je faire pour revenir dans mon espace temps ?
Pourrais-je seulement un jour retourner à l'année à laquelle je vivais ?
Rien est moins sûr.
Et cette réponse, c'est malheureusement la seule certifiée que j'ai.
J'avais donc trente minutes. Trente minutes pour me remémorer les événements étranges de la veille. Trente minutes pour comprendre ce qu'il s'est réellement passé hier. C'est alors que d'autres faits imprévus me revinrent en tête.
Par exemple, le fait que je sache parfaitement danser une danse royale que je n'avais pourtant jamais appris auparavant.
Ou le fait que la chambre de Marie Antoinette se délabrait de plus en plus durant les autres événements étranges de la veille.
Le plus étrange, c'est que ce délabrement est devenu inexistant lorsque que j'ai ouvert les yeux ce matin.
Soudainement, on toqua à la porte.
- Entrez, dis-je par réflexe.
- Sa Majesté La Reine Marie Antoinette est priée de se rendre à la salle des Couverts. Je suis là pour vous y accompagner, dit une nouvelle domestique en me faisant la révérence.
Toujours face au miroir, je me retournais pour répondre.
- Bien.
Mais avant d'avoir fait ne serait-ce qu'un pas...
- Sacrebleu ! Vous ne pouvez pas vous rendre à la salle des Couverts comme cela ! s'époumona t-elle.
- Pardon ?
- Oh, Votre Majesté, je me sens coupable de vous froisser, mais Sa Majesté Le Roi Louis XVI ne tolèrera pas cette tenue.
- Pardon ? répétais-je un nouvelle fois, en phase d'incompréhension totale.
- Oh, euh... Je vous prie de m'excuser, je vais chercher Delphine. Elle pourra vous aider.
Elle fit une révérence et cria le nom de celle qui pourra apparemment m'aider une fois dans un couloir sombre.
La présumée Delphine arriva en alerte suivie de l'autre domestique (dont je ne sais toujours pas le nom) dans la chambre. Elle avait l'air d'avoir peur. Comme si elle attendait des représailles de ma part.
Elle fit une gracieuse révérence en prononçant ces quelques mots.
- Sa Majesté La Reine Marie Antoinette...
Delphine s'adressa ensuite à la première domestique :
- Que faut-il que je fasse ?
- Eh bien regardez son visage, lui répondis la domestique.
- Palsamdieu ! Si je m'attendais à cela ! Dois-je l'abeausir (mot vieilli) ?
- Cela est en effet la chose.
Delphine s'avança alors vers moi. Tandis qu'elle ouvrait une petite boîte posée sur le coffre à diamants, moi j'essayais de comprendre la scène. Qu'allait-elle me faire ?
Ah. D'accord. Elle me maquillait. C'est vrai que je ne devait pas avoir le même teint aussi blanc que ces gens de La Cour.
Honnêtement, je trouvais cela franchement répugnant qu'elle me peinturlure avec une poudre veille de plus de 300 ans.
Mais je ne dis rien.
- Adélaïde ! appela Delphine. Je ne vois aucune différence.
- Réellement ?
- Oui, malheureusement. Que puis-je faire ?
- Emmenons Son Excellence dans la salle des Couverts tout de même.
Adélaïde et Delphine m'accompagnèrent jusque dans la salle des Couverts. Au lieu de repartir à leurs occupation, elles s'assirent toutes les deux sur des sièges parmis pleins d'autres gens.
À ce moment là, un homme s'avança vers moi. Il était vêtu d'habits anciens de style rococo. Il me fit un baise-main avant de me glisser une phrase cinglante :
- Vous ne savez plus vous servir d'un pinceau, maintenant, me dit-il, dédaigneux.
- Eh bien vous, vous avez la langue bien pendue. Et je doute que beaucoup vous apprécient.
- Je vous prie de garder vos doutes pour vous, dans ce cas. Ce qu'il faut que nous accomplissions, c'est d'être les parents qui donneront naissance à l'héritier légitime de la famille royale. C'est tout.
Alors c'était donc Louis XVI. C'est bien ma chance. Cet homme me paraissait insupportable rien qu'à la première impression.
Pendant tout le petit-déjeuner, j'épiais discrètement la façon dont Le Roi mangeait, pour ne pas me ridiculiser auprès de la Cour.
À la suite du repas silencieux, alors que je me dirigeais vers ma chambre, Louis me lança :
- C'est cela ! Allez vaquez à vos occupations si insignifiantes, ma mie ! Je vais, quant à moi, retourner travailler sur mes affaires... de France.
- Oh, pitié ! Nous savons tous comment cela va finir alors oui, retourner à vos affaires ! Mais tentez cette fois-ci de faire les choses correctement ! Ce serait en effet pathétique si de perdre sa chance alors qu'elle était justement la deuxième.
- Pathétique...?
- Oh, pardon. Il est vrai que vos limites de vocabulaire sont restreintes... mais je ne pensais pas autant !
- Je ne vous permet pas...
- Et qui êtes vous pour me dire ce que je dois faire ou non ? Je cite vos belles paroles : " Ce qu'il faut que nous accomplissions, c'est d'être les parents qui donneront naissance à l'héritier légitime de la famille royale. C'est tout.", dis-je en instant bien sur le tout.
- Je ne...
- Ah ! Et je ne suis pas votre mie de pain ! Sur ce, je vous salue.
Bon. Je n'aurais peut être pas dû dire ça. Mais il m'avait déclaré la guerre. Et il faut combattre correctement.
J'allais me diriger vers ma chambre quand soudain une main d'homme se pressa sur ma bouche. De son autre main, il me les attacha fermement ensemble. Il me poussa ensuite vers mes appartements. Il resta le plus dicret possible. C'est sûr qu'à cette heure, La Cour veut assister au petit-déjeuner.
L'homme me fit descendre les escaliers. Je me débattais sans relâche. Sans résultats, hélas.
Je sentais ma mort approcher à grands pas.
Bientôt, nous arrivâmes à l'extérieur du château, dans les jardins. Un carosse nous attendait.
Ne pensez surtout pas que je me laissais faire. Je lui mordais d'ailleurs souvent la main, pour qu'il lâche prise. Mais rien ne fonctionnait.
Jusqu'à maintenant, l'homme ne m'avait toujours pas fait face.
Il me jeta littéralement dans le carosse et pris une corde posée sur une banquette et me la mit adroitement dans la bouche, assez rapidement pour que je ne puisse crier à l'aide. L'homme me banda également les yeux à l'aide d'un foulard.
Je ne me débattais plus. C'était la fin.
Mais finalement, quelques minutes plus tard, les secousses du carosse s'arrêtèrent et les bruits des sabots de chevaux sur le gravier aussi. Nous n'étions plus en mouvement.
C'est alors que l'homme me poussa en dehors du carosse et m'incita à franchir quelques pas. Au bout de ces quelques pas, je sentis le matériau du sol changer.
De la roche. C'était de la roche. Le seul endroit qui me vint à l'esprit fut alors la grotte de Marie Antoinette -- ma grotte. Mais, ne prenons pas trop la grosse tête.
Avec une autre corde, l'homme m'attacha à quelque chose de non identifié. Il m'enleva ensuite le foulard de mes yeux et pour la première fois depuis mon kidnapping, il me fit face.
- Qui êtes-vous ? lui demandais-je, après avoir réussi à extirper la corde de ma bouche.
Il rigola.
- Je pourrais vous retourner la question.
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