Quand la balle provenant de mon sac à dos rencontra la jambe du garde, il fit un tour de la salle, surpris, puis ramassa la balle. C'est à ce moment là que nous nous engoufrâmes dans la Chambre de la Reine.

Cachées dans les profondeurs de la salle, nous attendîmes que le garde ferme à clé les portes au travers desquelles nous étions passées.

Lorsque nous entendîmes le bruit du mouvement de la clé qui tournait à l'intérieur du verrou suivit des pas du garde, Rebecca soupira d'aise.

Aussitôt, elle se précipita vers l'armoire entre-ouverte dont elle m'avais tant parlé.

Dès que le peu que laissait découvrir l'armoire parvient à mon champ de vision, je m'émeveilla :

- Wow... C'est...
- Aucun mot pour le décrire, n'est-ce pas ? termina Rebecca, un sourire complice collés sur ses lèvres.

L'armoire laissait découvrir trois robes. La première était bleue clair. Les finitions étaient cousues en avec un fil bleu foncé.
La seconde robe était verte pomme et ses motifs blancs. Malheureusement, on ne distinguait pas très bien la nature de ces motifs.
La robe suivante était blanche. Ses motifs étaient cousus en fil de couleur or. Ils ressemblaient beaucoup à des fleurs, cependant la ressemblance n'était pas assez flagrante pour l'assurer.

Cette dernière robe était pour moi la plus belle.
Rebecca me tira de les rêveries.

- Je vais mettre celle-ci, me dit-elle en me montrant la première robe.

Pendant un instant je fus déroutée, je ne saisissais pas vraiment le sens de ces paroles. Puis me revient en mémoire la raison de notre présence ici.

- Et moi, celle-là, annonçais-je à Rebecca en désignant troisième robe.

Je pris soin de ranger mon téléphone dans ma botte droite, pour ne pas qu'il encombre mes mains. En effet, comme beaucoup de personne aujourd'hui, je ne pouvais me déplacer sans mon téléphone.

Après environ vingt minutes à galérer pour enfiler ces robes, nous nous extasions de notre réussite.

Parce que oui, un panier à huit cercles, ce n'est pas facile à mettre, surtout si on le fait pour la première fois...

Mais, à la fin, nous étions tellement contentes d'avoir réussi à enfiler ces robes, que nous nous sommes mises à danser !

Derrière la balustre basse en or qui contourne le lit, il y a un coffre à diamants. Au dessus de celui-ci se trouvait un éventail assorti à la robe que je portais. Blanc et or, donc.

Je me mis à danser avec, riant à chaque fois que Rebecca esquissait un mouvement.

Mais à mon grand étonnement, environ une minute plus tard, quelque chose se passa.

  Le début des ennuis commençait alors.

- Marie ! Je ne savais pas que tu dansais si bien, me félicita une Rebecca joyeuse.
- Reb'... Il y a un truc qui ne va pas... Ce n'est pas moi qui danse comme ça. Absolument pas moi.
- Eh bien, c'est que tu as progressé ! continua Rebecca.

Voyant que rien d'autre qui sortait de l'ordinaire se passait, nous continuâmes à nous amuser.

Cependant, moins de deux minutes après, j'étouffai -- mal -- un cri de stupeur.
- Que se passe t-il ? me demanda Rebecca, soudainement inquiète.
- Je vois... Ma vue...

Je n'étais franchement pas certaine. Ma vue se brouillait et... Non, elle se modifiait. Le phénomène n'était pas encore tout à fait terminé, mais je jetais déjà l'éventail le plus rapidement possible sur le lit.

- Je... Je ne distingue plus les couleurs, chuchotais-je. Rebecca je vois en noir et blanc ! lui hurlais-je à présent, complètement affolée.
- V-viens ici, réussit-elle à balbutiner, après quelques minutes, elle non plus pas très rassurée.

J'avançais donc. Elle me pris mes mains dans les siennes et dit :

- Ensemble, coûte que coûte.

Mais déjà, alors que depuis le début de ma déficience visuelle je regardais le visage de Rebecca, la pression de ses mains devînt de moins en moins présente.

Étonnée, je baissais la tête vers nos mains entrelacées. Brusquement, je voyais à nouveau normalement, donc avec les couleurs. Cependant, les mains de Rebecca, elles, devenaient de plus en plus grises...

Plus, elles saturaient.

Horrifiée, je levais la tête vers la sienne, et retins un hurlement d'effroi.

Tout son corps saturait. À chaque secousse, il devenait de moins en moins présent, de plus en plus transparant.

Habituellement, ses yeux bleus reflétaient la parfaite couleur des eaux turquoises. À cet instant, ils se vidaient de leurs éclats.

Ils grisaient. Tout en elle devenait gris. Effarée par cet incroyable spectacle, Rebecca ne pouvait faire un geste.

Je ne comprenais plus rien à la situation. La seule chose que je comprenais, c'est que Rebecca allait disparaître dans peu de temps.

C'est alors que je me mis à crier son nom, bien que je savais pertinemment que cela n'allait arranger en rien la situation, et que des gardes commenceraient à rappliquer.

J'en fis amplement abstraction.

Rebecca, ayant deviné mon intention, commença, elle aussi, à m'appeler de toutes ses forces.

Mais seulement de faibles échos me parvenaient.

Tout à coup, la pression des mains de Rebecca se fit inexistante.

C'en était terminé.

J'observais alors mes mains qui serraient fermement de l'air, ne voulant qu'une chose : s'accrocher à quelqu'un qui avait déserté ce monde.

- REBECCA !!! hurlais-je le plus fort possible, plus fort encore que les autres fois, et ce jusqu'à ma voix s'éteigne d'elle-même.

Bientôt, j'entendis un son extrêmement faible. Un appel au secours. Il me paraissait que le parleur avait utilisé autant de force que moi pour prononcer ce mot aussi fort.

- Marie !

Cette voix, je la connaissais par cœur.

Un étrange phénomène se passait dans le ciel, je ne l'avais pas encore remarqué.

Soudain une idée me vînt en tête : ce n'était peut-être pas Rebecca qui avait déserté ce monde, mais moi.

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