« Dans les temps antiques, les héros étaient révérés comme des dieux.

Parfois, ils en étaient littéralement et leur culte prenait encore plus de sens.

On ne s'attachait qu'aux pas de ces grands hommes et à leurs éclatantes victoires, ainsi qu'à leurs funestes destins. C'était cela qui intéressait les foules : le grandiose.

Cependant, on avait tendance à oublier que derrières les héros, il y avait tout un tas d'autres personnes : les entraîneurs, les amis, la famille, les amants. Ils apparaissaient parfois dans les récits, dans les moments tragiques de préférence, puis disparaissaient des mémoires. Ils n'étaient là que pour faire de la décoration aux protagonistes principaux.

On niait totalement leur existence.

Je me souviens pourtant dans l'ombre du plus grand des héros, il y avait cette femme si belle et si courageuse, que le monde relégua pourtant au rang de second rôle.

Lui était un dieu, un être doté d'une force surhumaine, et elle ?

Oh, à peine une princesse, inintéressante aux yeux des foules.

Jamais je ne pourrai oublier cette femme que j'ai bien connue. Jamais je n'oublierai sa bravoure et sa bonté, la flamme qui brûlait dans ses yeux, quelque fois éteinte mais qui se rallumait toujours.

Si je devais l'associer à un élément, elle ne serait pourtant pas le feu, mais l'eau aux multiples facettes, l'eau puissante, l'eau apaisante, l'eau libre et indomptable.

Et son histoire mérite de figurer aux côtés des plus grands héros. »

Extrait des mémoires de Yensid, roi de Thèbes