Chapitre 15 (PDV : Evalia)
Les voix se faisaient de plus en plus présentes, alors que je me trouvais encore dans cette étrange obscurité. Je ne savais que faire. Pourquoi ? Avais-je bien passé l'arme à gauche ? Est-ce que j'avais réussi ? Est-ce que j'en avais fini avec cette misère, cette haine, cette vie faite d'illusion alors qu'elle n'était qu'un mensonge ? Je n'en avais pas les réponses. Pourtant, ces voix, je les connaissais par cœur, celle de ma mère, de mon beau-père, de mon frère, mais aussi celle de mon père, ils étaient tous là, mais où ? Où se trouvaient-ils ? Était-ce finalement qu'un rêve avant de rejoindre le purgatoire ou bien y étais-je tout simplement ? Encore une fois, je n'en savais rien.
Tout ce noir m'empêchait de voir au-delà de la réalité, de voir si j'étais tout simplement encore réelle, était-ce cela la mort ? Un monde noir et qui n'a aucun lien avec tout ce que la population a pu nous dire ? Et c'était ce qui me faisait le plus peur, alors que mes derniers instants de vie défilaient, Diego, Olivia et compagnie riant de ce dont il m'arrivait, de ce qui me détruisait, faisant de moi un pantin de la vie en seulement quelques tours de sang, car oui, ce rouge avait tout provoqué, mon envie de m'en sortir, enfin... De me sortir de ce cauchemar, de cette dure réalité, une réalité ou personne ne pouvait comprendre ce qu'il m'était arrivé. Pourquoi m'avait-il fait cela ? Pourquoi ? Pourquoi s'étaient-ils tous permis de me salir, de me montrer que je n'étais rien d'autre qu'un pion dans l'échiquier ? Pourquoi ? Un questionnement sans réponses, et des réponses auxquelles je n'aurai sans doute aucune réponse, car je ne fais sans doute plus partie de ce monde. Un monde qui ne fut qu'un enfer, qu'un mensonge puisque je ne pouvais pas être celle que j'étais, un monde où Evalia Stark n'est qu'une inconnue dans tellement de variables, comme si je n'avais été qu'une écharpe de plomb autour du cou de mon père, une complice de l'ombre qu'il se donnait. En fait, j'étais, je suis et je serai qu'une part de sa véritable histoire, son ombre, jamais il n'avouera qui je suis, mais se trompe-t-il ? Non. Jamais il ne s'était trompé.
N'étais-je donc qu'une erreur ? Une erreur de mes parents ? Une erreur de la vie tout simplement et que j'eus raison de décider de ne plus faire partie de cette partie ?
Je regardai cette pièce noire dans laquelle je me trouvais et où les voix s'étaient soudainement volatilisées. J'étais seule, enfin presque. Face à moi, se trouvaient deux entités identiques à moi-même, mais l'une d'entre elles semblait bien plus petite que la seconde, plus hésitante et à la fois plus enfantine. En la regardant plus attentivement, je pus remarquer qu'elle pleurait, comme j'avais pu moi-même pleurer avant de me retrouver dans cet endroit. Pourquoi ? Pourquoi pleurait-elle, alors que je me sentais libre loin de cette vie que j'avais fui ? Je ne pouvais pas avoir cette réponse, alors je posai mon regard sur cette deuxième entité me ressemblant, elle était bien plus sombre, plus froide, tellement moi, enfin presque, sur elle n'apparaissait pas les marques qui m'ont tués, ne possédait pas cette souffrance que j'avais accumulé, comme si elle était qu'une simple émotion, sans doute ce qu'elles étaient au final. Étaient-elles simplement les émotions que j'avais ressentit tout le long de ma journée d'auto-destruction. Mais où se trouvait donc la joie ? La joie d'avoir eut quelques instants mes amis auprès de moi ? Nulle part à ce que je pus constater.
Elles me fixaient toutes deux intensément, bien que deux émotions bien distinctes traversaient leurs regards, la même émotion qui se faisait ressentir dans leurs apparences charnelles. Je ne savais pas comment réagir, mais après tout, n'était-ce pas seulement le fruit de mon imaginaire ? De mon purgatoire ? Du bien et du mal régnant en moi, alors que la seule chose que je souhaitais était de m'en aller au loin... Loin d'ici dans tous les cas. Le questionnement interne était incessant. Je ne savais plus quoi penser, avais-je eu finalement tord ? Avais-je tout simplement mérité ce qu'il m'arrivait ? Est-ce que ce qu'il s'était passé avec mon corps et la bande d'Olivia était tout simplement un signe du destin ? Un signe qui devait me faire comprendre que je méritais toute cette haine de la part de la vie ? J'apposai une main sur mon visage et retins un maximum ce qui pouvait être considéré comme des larmes, j'avais honte, envie de pleurer, je voulais tout simplement retenir ce qui m'avait poussé à mourir dans le monde réel.
Malheureusement, « mes » larmes, retenues par mon « corps, se matérialisaient sur la représentation de mon premier « moi », « je » pleurais, alors que mon second « moi » commença à exprimer la haine, le mépris, alors que « sa » peau commençait à saigner là où je pus autrefois m'auto-mutiler. Le saignement était abondant, tellement qu'il atteint mes pieds, me laissant un frisson de dégoût sortir de ma bouche, alors le sang se transforma en herbe et que le noir nous entourant se transformait en un paysage que je ne pouvais que connaître : celui où les échanges de responsabilité parentale entre mes parents se déroulaient et qui se trouvait aussi derrière mon ancienne école primaire, un parc qui avait donc bercé mon enfance, le Alice Jennings Archibald Park.
Pourquoi nous trouvions-nous dans cet endroit ? Pourquoi mon subconscient me replongeait dans ce lieu chargé d'histoire ? Que devais-je comprendre ? Ce fut la question de trop, car devant moi, se trouvait une image de mon passé familiale dans lequel nous nous trouvions mon père, ma mère et moi-même. Nous étions tous les trois, seulement nous trois, et c'était, il y a seulement dix ans... C'était comme un souvenir indélébile. Je regardai ensuite les deux représentations de mon « moi », elles étaient silencieuses et me fixaient longuement, et j'avais besoin de savoir pourquoi elles se trouvaient là, à mes côtés.
_Qu'est-ce que l'on fait ici ? Et qui êtes-vous ? Et où suis-je ?, avais-je finalement demandé, totalement perdue dans cette situation.
_Comme tu peux le voir nous sommes au New-Brunswick, enfin, celui de ton souvenir, et nous...
_Nous sommes ta colère et ta tristesse ! Intelligente comme une Stark, mon œil, oui, regarde-toi, tu as préféré choisir la facilité parce que tu n'as pas supporté que l'on te fasse du mal, oui certes Olivia a franchi une nouvelle ligne d'attaque et a réussit, mais merde Evalia, tu as bien plus souffert avant ! Regarde devant toi, tu ne te souviens pas de ce jour, de la souffrance que tu as pu avoir ! Regarde et dis-moi ce qu'il s'était passé ce jour-là, dis-le !
_Je... C'est le jour où papa est...
_Oui continue Evalia, dis-le nous !
_Le jour où il a décidé de venir pour mon anniversaire, alors que ce n'était pas son jour de garde, mais malgré cela il avait fait abstraction de ce qu'indiquait la loi...
_Et qu'avais-tu ressenti ? De la colère ? M'avais-tu ressenti ? Et pour qui ?
_Ou bien m'avais-tu ressenti moi ? La tristesse ?
Je ne pus répondre, préférant m'éloigner de cette discussion pour revivre au mieux ce souvenir si lointain. Je m'approchai de cette image du passé et me regardai ainsi que mon père. J'aimai cette image, tout simplement parce que je « me » sentais en sécurité, je voyais ce regard envieux chez mon père, alors que ma mère semblait, quant à elle, en colère, elle ne supportait aucunement le fait qu'il vienne alors qu'il n'en avait pas le droit, je pouvais la comprendre, mais s'en étais de même avec papa. Il avait besoin de me voir, de me souhaiter ce qui me vieillissait en un jour particulier, alors pour moi, il en avait toujours eut le droit. Je continuai à regarder cette scène et pus apercevoir en cette petite fille que j'étais un éclat de colère dans les yeux à chaque fois que maman énonçait ses droits à papa, dont celui où il n'avait aucun droit de visite quand je me trouvais sous sa tutelle. Je voulais rétorquer quelque chose, la même chose que cette petite fille. « Papa t'aurait permise d'être là pour mon anniversaire, même si au fond de lui, il ne le voudrait pas !!» , mais jamais cette phrase ne sortit des lèvres de la fillette que j'ai été.
Papa continuait d'affirmer qu'il avait tout de même le droit de me voir en ce jour si particulier, il était mon père après tout.
_Jena, c'est son anniversaire, tu peux quand même faire une exception, pour Eva ! S'il-te-plaît !
_Non Tony ! Tu connais très bien les clauses de la garde ! Dans tous les cas, tu n'as pas le droit de venir la voir quand c'est à mon tour de la garder !
_Bordel Jena, je crois que le souhait de notre fille est quand même d'avoir son père à ses côtés pour un jour comme celui-ci ! C'est important pour elle ! Alors pour une fois, laisse les clauses de la garde de côté, et laisse Evalia décider de ce qu'elle veut pour son anniversaire.
_TONY NON !
_Moi... Moi, je veux que papa soit là aujourd'hui !
_Mais ma chérie...
_Non, je veux papa ! Pourquoi il ne pourrait pas participer à mon anniversaire ? C'est mon papa ! Et je veux qu'il soit là !
Je souris lentement face à ce caractère colérique, c'était une face que je n'avais plus abordée de manière aussi franche et direct envers la bonne personne. De ce que je puisse retenir des mois s'étant écoulés depuis la rentrée des classes à aujourd'hui, c'est que la colère que j'eus en moi contre Olivia avait été utilisé à tort et à travers sur mon père, je voulais pouvoir m'excuser une nouvelle fois, lui dire que tout cela n'est pas de sa faute comme il le sait déjà, mais cette fois tout lui dire, lui finalement que mon calvaire est de la faute d'Olivia, que tout ce qui m'était arrivé était de sa faute. Mais la lueur colérique dans mes yeux d'enfant me ramena une nouvelle fois à l'observation de cette scène, je hurlais sur ma mère, je lui hurlais le fait que mon père avait sa place avant de courir dans les bras de ce dernier et de me blottir dans ses bras, alors qu'il me murmurait des paroles rassurantes pour calmer cet élan de colère que j'avais à l'encontre de ma propre mère, mais qui était tout à fait justifiable pour une enfant.
Alors que mon père resserrait son étreinte sur ma petite personne, je pus l'entendre une nouvelle fois me dire...
_Ne t'en fais pas Princesse, je serais toujours là quand tu auras besoin de moi d'accord ?
Je n'eus pas le temps de m'entendre que l'image se dissipa pour refaire place à l'obscurité la plus totale, je me retrouvai donc une nouvelle fois face aux incarnations de la colère et de la tristesse, malgré ce qu'elles étaient, un sourire s'affichait sur leurs visages respectifs. Alors je ne pus que sourire en retour, besoin de réconfort sans aucun doute, enfin pour mon enveloppe charnelle ainsi que pour mon esprit à mon réveil, oui, je savais parfaitement que le purgatoire m'avait quelque peu effacé cet instant d'horreur pour que je puisse au moins trouver au fond de moi les souvenirs pouvant déclenchés mon réveil, mais quels en seraient les conséquences, je n'en savais rien, comme si tout n'était que différentes variables pour une seule et unique équation. Alors que je m'avançai vers les deux sentiments de ma « mort », le décor changea, il était toujours sombre et en même temps très arboré, mais une légère lumière se déplaçait rendant les détails du décor plus précis, alors je m'avançai vers cette lumière et pus me découvrir, en larmes, les yeux remplis de peur, le souvenir me revint lui aussi, ce jour avait été vécu difficilement, c'était il y a tout juste deux ans, une semaine de camping en plein milieu des bois avec Daddy, Maman et Jamie, et par je ne sais quel moyen, j'avais réussis à m'enfoncer dans cette forêt en fin de soirée, alors que j'avais seulement prétexté vouloir aller aux toilettes. Ce qui était une mauvaise idée une fois que l'on se souvenait, je pouvais regretter ce geste, mais je préférais en pleurer autrefois, je me voyais toujours en larmes, alors que mon image commençait à crier à l'aide, crier « maman » et « Daddy », j'avais envie d'eux, de me sentir rassurée, et je m'approchai donc de ce moi du passée avant qu'elle ne plonge ses yeux dans les miens et de me traverser comme si je n'étais qu'un fantôme, alors suivant mon réflexe instinctif, je me retournai et vis ma mère me serrant dans ses bras et caressant les longs cheveux que j'abordais autrefois, et un sentiment étrange me prit en pleins cœur, de la joie ? De l'assurance ? Je n'en sus rien, elles étaient magnifiques, belles à en crever, se câlinant comme je ne câlinais plus depuis des mois, était-ce une action qui me manquait ? Certainement.
_Maman ! Je suis désolée !
_Ce n'est rien ma puce, calmes-toi, calmes-toi, le principal, c'est que tu ailles bien !
_Non ! Non ! J'ai été trop loin, je savais plus où j'étais... Et... Et...
_Eva, ma belle, ce n'est rien, tu vas bien, et je suis là, tu crois que j'allais te laisser te perdre en forêt sans agir ? Tu peux rêver ma chérie, je serais toujours là pour te sortir de l'enfer, toujours !
« Je » la regardais calmement, essayant un maximum de retirer ces larmes qui hantaient « mes » yeux, mais je n'en avais pas besoin, elles étaient toutes absorbées par ce que portait ma mère ce jour-là. J'avais été faible, et pourtant, je n'avais pas été me tuer pour m'en vouloir de cette faute. Je n'avais rien fait d'autre qu'exprimer ma tristesse et des milliers d'excuses envers ma mère. Je l'avais fait d'une manière tellement enfantine, mais étais-je une enfant ? Oui, et je l'étais encore aujourd'hui. Je ressentis deux présences autour de moi, la colère et la tristesse, elles étaient encore là. Me soutenant dans ces deux souvenirs qui s'étaient à présent évanouit pour me laisser une nouvelle fois dans la pénombre du purgatoire.
_Tu nous as toujours ressenti Evalia, et qu'importe les moments, nous t'avons aidé à te forger !
-Oui, alors tu n'aurais pas dû agir comme cela... Et je pense que tes parents doivent encore être auprès de toi ! Mais ce choix t'appartient Evalia... En vue de ce que tu as vue, que préfères-tu faire ? Mourir ?
_Ou te réveiller ? Bordel, tu as vécu le divorce de tes parents ! Tu vis dans l'ombre de ton père et jusqu'à aujourd'hui tu le vivais bien ! Alors réfléchis bien ! Si tu meurs, tu laisses la victoire à cette fille superficielle ! Tu ne crois pas qu'elle mérite une bonne vengeance ? Tu ne crois pas qu'elle doit payer le prix ?
_Car si tu meurs, Evalia, qui va connaître la vérité ? Qui va les arrêter ? Est-ce que tes parents seraient heureux de savoir cela ? Non ! Ils ne seront que Tristesse ! Alors je t'en supplie, même si tu oublieras tout ce que tu viens de vivre à l'instant et que ces images de l'agression te reviennes, tu auras toujours une raison d'avoir une chance d'avoir tes parents et tes amis auprès de toi !
_Mais...
_Pas de mais Evalia ! Réveille-toi !
Un soupir franchit mes lèvres, elles n'avaient pas tort, elles étaient certes la cause de cette mise en purgatoire, mais elles étaient aussi les sentiments du déclic, les sentiments qui m'avaient montré que mes parents étaient des gens superbes, toujours présents pour moi, alors que nous vivions tous séparément depuis des années. J'avais eut besoin d'en avoir la preuve et ce séjour me l'eut montré, devais-je avoir du regret ? Cette fois, oui, j'allais abandonner les deux personnes qui avaient fait en sorte que je sois sur cette Terre, ceux qui avaient mis des années à me donner de l'amour au quotidien, malgré qu'ils ne s'aimaient plus et ne s'aimeraient sans doute plus jamais. Nous étions une famille divorcée, mais une famille malgré tout, je ne pouvais donc pas les abandonner, même si tout ce que j'aurais au purgatoire serait oublié dès l'instant où j'ouvrirai les yeux, mais c'étaient les conséquences de ce réveil.
Je hochais donc la tête en silence, avant de ressentir d'horribles douleurs me prendre dans l'entièreté de mon corps, alors que les images de l'agression et de ma tentative revenaient à la charge. Une lumière vive me fit battre des paupières, alors que deux silhouettes se rapprochèrent de moi.
_Princesse... Enfin...
Papa... Maman... Ça y était, la vie m'avait rattaché à la réalité !
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2816 mots juste menée Evalia à son réveil, j'espère que ce chapitre vous ait plus, en tout cas, je me suis amusée à l'écrire et à partir dans les tréfonds de l'esprit et des sentiments, avant le dur retour à la réalité.
En tout cas maintenant qu'elle est réveillée, que va-t-il se passer ? Sera-t-elle complice de son silence ou non ? À vous de le deviner jusqu'au moment prévu ?
Je vous remercie énormément pour vos vues, vos commentaires et vos votes.
N'hésitez pas à donner votre avis, car les avis font vivre la lecture qu'ils soient bons ou mauvais ! Bonne soirée ;)
GhostAdventures-SLG
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