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Au bout du cimetière (AT - Année 2027)

(Là dedans, y'a des spoilers de fin d'AoD, TAoCH et un peu de trucs vagues du Bal des Pantins, aussi, mais sapass. Vous êtes prévenus-)

____

Le silence de la nuit qui entoure une forêt, vierge de toute présence humaine. La douce lumière de la lune qui se répand sur les arbres, laissant traîner au sol les dures ombres de la nuit. Quelques étoiles qui brillent dans le ciel. Un hululement de hibou, simple écho dans le son du silence.

Les graviers qui constellent le sol. Libres de toute trace, de toute présence.

Les roues d'un fauteuil qui crissent sur un chemin de pierres.

Le véhicule avance seul, dans la nuit. C'est à peine si le moteur accroché aux roues fait le moindre bruit, tout juste assez pour que le hibou s'arrête dans sa complainte. Cependant, s'il voulait s'envoler, il n'en aurait sans doute jamais eu l'occasion.

Car une simple quinte de toux, une gerbe de sang crachée au sol, une simple inspiration, et l'oiseau tombe dans un buisson, les yeux vides.

L'occupant du fauteuil se stoppe. Regarde le sang qui constelle son vêtement, le corps du hibou au loin, perceptible même dans la pénombre. Avant de pousser un profond soupir.

« ... Il va vraiment falloir que j'adapte cet antiviral. »

Un nouveau soupir lui échappe. Un appui sur un bouton, et le voilà de nouveau reparti. Il se sent faible, prêt à s'endormir à tout moment, mais sa destination n'est plus très loin. Aussi proche que puisse l'être un mausolée conçu par le grand Kagari Goto.

Finalement, devant lui se dessinent les grilles du cimetière. Il le sait, il n'est pas le seul à visiter les morts, ce soir. Mais le silence est une coque qui le protège du reste du monde. Lui, et ceux qu'il va voir ce soir.

Quelques minutes lui suffisent pour passer les grilles, trouver sa destination. Froncer les sourcils devant la quantité de pierres, tant de cénotaphes pour la plupart marquant des tombes vides.

Ses yeux se ferment.

« Vous êtes bien trop nombreux à être honorés ici. »

Sa phrase a tellement de sens différents. Tous plus terribles les uns que les autres.

Finalement, il s'arrête devant une tombe. Et la lumière de son fauteuil, éclairant le marbre, dévoile un unique nom sur la pierre.

Un léger rire lui échappe. Ironique.

« Bonsoir, Sonja. »

Le nom qui est sur la pierre n'est pas celui qu'il honore. Mais c'est devenu presque une blague, pour lui, depuis la mort de la jeune femme. Après tout, il est le seul à garder le secret de leur véritable relation.

« Je suppose que ce n'est pas moi que tu attendais ce soir. Pour une célébration bien heureuse en vérité. Mais je crois que ta dulcinée a d'autres morts à honorer. M'autoriseras-tu à prendre sa place, ne serait-ce que quelques instants ? »

Non pas qu'il ait brigué la place à ses côtés. Mais quelque chose l'a bien poussé ici, à revenir parler à cette pierre, simple monument à une morte, alors que sa propre vie s'étiole.

« J'ignore ce que savent les morts, et ce, peu importe ce qu'en disent... Tant de gens. Mais j'imagine que la nouvelle n'a pas pu t'échapper. La mort des Monokuma... Perdus dans une quête vaine de résurrection. »

Il tousse. Quelques gouttes de sang coulent le long de son menton, mais il est habitué, désormais.

Il n'y a plus personne pour lui reprocher de ne pas faire attention à lui.

Une de ses bagues glisse entre ses doigts.

« En fin de compte, ils étaient peut-être bien mortels. Et il fallait peut-être simplement les réunir pour les défaire. »

Sa voix se teinte d'amertume. Ces paroles seraient plutôt destinées à une autre pierre, plus loin dans le cimetière, mais celle-ci, depuis cette fatale journée de mai deux mille dix-neuf, il n'a jamais pu se résoudre à la visiter. La honte, le deuil, la peur, qu'en savait-il ?

Ne lui reste que cette tombe marquée d'un nom qu'il n'utilise pas.

« C'est terminé, Sonja. Le combat que tu menais, qu'elle a mené, il est fini. Aussi simplement que ça. »

Lui-même n'est pas un grand fan des combats de ce genre. Il se bat déjà trop avec sa propre vie. Et ces derniers temps, il a de moins en moins envie de lutter. Pas alors que trop de noms qu'il connaît n'emplissent ce cimetière. Pas alors que sa dernière chance au bonheur est enfermée loin de lui. Pas alors qu'il a tout perdu, à commencer par son corps, par sa vie.

Mais quelque part, savoir que plus aucune pierre ne sera ajoutée ici... N'est-ce pas quelque chose de commémoratif ?

***

Il n'était pas revenu là depuis au moins sept ans.

Pas depuis deux mille vingt.

Les circonstances l'exigeaient, d'une certaine manière. Même si les regards en coin des autres étaient bien assez pesants, même s'il fallait supporter les yeux accusateurs d'un de ses camarades et meilleurs amis, il n'avait pas réellement d'autre choix que de cesser de fuir.

Parce qu'aujourd'hui, avait eu lieu un des évènements les plus importants de sa petite vie. Et il n'était même pas là pour y assister.

Le cimetière se remplissait de plus en plus. Sous quelles directives ? On l'ignorait. Sans doute pas les siennes. Il s'était fait trop éloigné de tout ça pour pouvoir avoir son mot à dire. Se mêler à des factions de résistance silencieuse, même devant l'abattage consciencieux de ces dernières, ne suffisait pas pour se dire combattant.

Il ne l'avait jamais vraiment été, de toute façon.

Devant lui, finalement, se présente son objectif. Un carré de terre fraîchement retournée, surmontée par une épitaphe.

Une date. Naissance. Mort.

Un nom.

Il rit. Un rire amer, cassé, détruit.

« Salut, patron. »

Le patron ne répond évidemment pas. Pourquoi l'aurait-il fait ? C'est à peine s'il se souvient encore du son de sa voix. Ou même de son regard.

« Il paraît que c'est Saki qui a demandé à te faire enterrer là. Moi, j'ai pas eu mon mot à dire. Franchement, on aurait pu me consulter, pour un truc pareil... »

Il ne croit même pas à ses mots. Lui, l'oublié, le rejeté, l'éconduit, avait-il seulement une importance par rapport aux liens du sang ? Encore une preuve que la petite sœur est et sera toujours supérieure à lui.

« J'ai pas pu être là quand on a rapatrié tes ossements, désolé. J'aurais bien aimé, mais Alexis m'a dit que j'avais des rémanents aux fesses. Apparemment, ils en veulent aux survivants trop aventureux. Donc bon, il a fallu que je fasse gaffe, pour pas révéler l'emplacement du Gotoland. Dommage que... Que ça me fasse arriver trop tard. »

Il s'assied, effleure le marbre de la tombe.

« Il paraît qu'il a suffi d'une Tuerie pour que tout l'édifice s'effondre. Franchement, j'ai du mal à l'avaler, soyons honnêtes. Pourquoi eux, et pas nous, hein ? Pourquoi il a fallu qu'on soit l'échec ? Toi, comme moi, d'ailleurs, il grommelle, amèrement. Mais bon. De base, tout cela avait si peu de sens. »

Un profond soupir rompt le silence de la nuit. Perdu là-bas, au bout du cimetière.

« Au moins, c'est terminé. Et elle avait l'air si fière, la petite, si heureuse, quand je l'ai rencontrée, ce soir, que j'ai pas pu me résoudre à cracher mon sel. Je crois, de toute façon, que c'est le cas d'un peu tout le monde. Au moins moi, et Moanaura, et... »

Silence.

Le sifflement du vent dans les arbres.

« On a du mal à comprendre ce que ça avait de différent. Un concours de circonstances, un acte héroïque, simplement ce qui devait arriver ? Allez savoir. En tout cas... »

Nouveau soupir.

« En tout cas, c'est arrivé. Et même si ça ne nous ramènera personne, ça cessera de nous prendre des vies inutiles. »

Reniflement.

« Au moins ça... Pas vrai... Patron ? »

***

Le bord de la mer est un bel endroit à contempler, en temps normal. Mais quand on revient d'une cérémonie funèbre, il n'y a rien de particulièrement merveilleux dans la vision du ressac. Juste le bruit des vagues, et l'odeur du sel.

C'est si rare qu'elle ne trouve pas la mer belle. Presque trop, d'une certaine manière. Mais aujourd'hui, elle n'a pas le cœur à ça.

Une urne est serrée contre son cœur. Emplie de cendres, marquées d'un nom.

« C'est beau, hein ? »

Sa voir se mêle au bruit des vagues, du vent dans le sable. Son Océan protectrice, aujourd'hui si près de l'avaler.

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres gercées.

« Je t'avais promis la mer, mon amour. Désolée, c'est une bien piètre manière de tenir ma promesse. »

Ses larmes ont le même goût salé que l'océan.

« J'ai rencontré Willy, tu sais. C'est une femme extraordinaire. On se demande comment un tel joyau a pu naître dans cette famille de merde alors que derrière... »

Elle serre les dents. Il est des noms à ne pas prononcer.

« Pardon. Enfin bref. Lorsqu'on a appris où étaient tes restes, on s'est tout de suite... Tout de suite mises d'accord pour t'incinérer, et t'aider à découvrir tout ce dont tu parlais avec nous. La mer, le monde, tout. Il y a plusieurs urnes qui se baladent, plusieurs pierres tombales, cela ferait tellement blasphème à mes parents... Mais de toute façon, je n'ai jamais compris l'intérêt d'avoir un seul lieu pour honorer les morts. »

De nouveau, ce sourire. Si la fente, tremblante, formée par deux lèvres encore trop serrées par la douleur peut s'appeler ainsi.

« C'est à moi de décider quoi faire de toi. Et je sais que... Que tu aimais ta liberté. Et maintenant que c'est fini, je peux te l'offrir. »

Le couvercle de l'urne qui se tourne. Un courant d'air qui vient soulever quelques cendres, faire tousser la femme devant l'océan.

« Je t'aime. »

L'urne se soulève.

« Pardonne-moi. »

Les cendres se mêlent au vent.

Et le vent, à la mer.

Rendue à la nature.

N'était-ce pas tout ce qu'elle avait souhaité ?

***

La Norvège n'avait jamais été rendue aux Kasjasdottir, pas plus que leur Suède natale. Trop de politiciens désormais s'y rassemblaient pour faire des ronds de jambe, se félicitaient de la fin d'un régime qu'ils avaient orchestré, adulaient la Reine Ultime comme s'ils n'avaient jamais participé à sa chute, à sa capture.

Le même genre d'imbéciles qui insistaient pour que la tombe de leurs citoyens tombés aux Tueries soit élevée en monuments.

Une proposition heureusement refusée. Heureusement, parce que la femme qui marchait dans le cimetière savait très bien qu'il aurait détesté devenir un martyr d'un pays soumis et corrompu.

Ses doigts se contractèrent sur sa robe. Depuis sa dernière coupe, il y a de cela deux ans, désormais, ses cheveux avaient bien repoussé, assez pour effleurer ses épaules, mais elle se sentait toujours nue, toujours vulnérable, dans cet endroit rempli des esprits des morts.

Soma se serait moqué de ces pensées, lui aurait reproché de ne pas l'avoir crue plus tôt. Mais elle avait vu les fils rouges aux doigts, au cou de tant de gens. Aujourd'hui, elle était beaucoup moins encline à poursuivre ses fantômes.

Un bouquet de roses pesait lourd dans ses mains. Elle en avait déjà fait l'offrande à une femme qu'on lui avait arraché dans une toile de rouge, quelques jours plus tôt. Il lui avait fallu du temps pour se rendre en Norvège, reprendre exactement le même bouquet, puis retrouver cette tombe grâce à son ami et confident, celui qui avait, ces quelques huit ans plus tôt, perdu le même être cher dans une gerbe de violence et de sang.

Mais aujourd'hui, elle était là, devant la tombe, souriante, les roses en main.

Sa voix, rocailleuse, se mêla au vent de minuit.

« Salut. »

Elle ne parlait toujours que si peu. Avec Reina, avec Soma, avec Kagari, parfois, avec Alexsei, souvent, mais personne d'autre. Sa gorge était douloureuse d'être si peu sollicitée. Pourtant, à lui, elle devait ces quelques mots.

« C'est terminé, tu sais. Les Monokuma. »

Difficile d'annoncer la nouvelle autrement.

« Enfin. »

Elle savait que certains de ses camarades conservaient de cette victoire un goût amer. Elle essayait de les comprendre. Mais elle, tout ce qu'elle ressentait, c'était de la joie.

« Je peux cesser de me battre. »

Un soupir. Un pétale de rose qui chute sur la tombe.

« J'ai rencontré... Quelqu'un. Quelqu'un de spécial. »

Un rire.

« Rassure-toi, lui, il sait bien me traiter. »

La mort de son ex-petit ami, si récente, n'avait cessé de l'ébranler. Mais devant les derniers mots qu'il lui avait adressés... Si durs, si accusateurs, elle s'était rendue compte, d'une certaine manière, que quelqu'un capable de lui adresser ces mots-là n'avait pas sa place dans son cœur.

Peut-être qu'Alexsei y trouvait la sienne, lui. Mais il lui faudrait composer avec une petite pièce scellée par un cadenas, dont la clé se trouvait dans cette tombe.

***

Un craquement la fit sursauter alors qu'elle rentrait dans le cimetière.

Crissement de cailloux sous ses pieds immobiles. Le vent qui caressait son visage fuyant. Les quelques feulles qui voletaient près des concessions. Rien d'autre que le bruit des branches.

Un soupir de soulagement qui se mêlait à l'air doux de la nuit.

Une fausse alerte.

Elle n'était pas une habituée des effractions. Mais il fallait bien, de temps à autres, s'introduire dans un endroit ultra surveillé, juste pour adresser quelques mots.

Le cimetière n'était pas de ceux du Gotoland. Ni de ceux du Danemark. C'était un cimetière de criminels. Un cimetière commémoratif. Une oasis au milieu du désert, d'une certaine manière.

A cause de qui y était enterrée, la sécurité y était triplée. Maudits vestiges. Elle n'était pas Saki, elle. Elle ne pourrait cesser de se battre.

Quelques pas. Et là voilà devant une tombe, simple pierre sans le moindre mot. La crainte que l'indication n'entraîne un rémanent à désacraliser la tombe. On ne pouvait jamais savoir... On ne pouvait jamais savoir de quoi ces gens étaient capables.

Elle pinça les lèvres. Quelle triste fin, tout de même.

« Salut, gamine. »

Léger sourire. Petit rire amer.

« Devine quoi ? Ta mère est morte hier. »

Pas exactement hier, d'une certaine manière. Mais pour elle, tout n'était qu'un long hier.

« Ichiko et Evelyn sont partis les enterrer. Elle, et eux. Désolé, je ne sais pas où c'est. J'ai argué que ce serait plus juste pour toi d'être enterrée avec eux, surtout avec ces bâtards de rémanents, mais ils ont refusé. Je ne peux pas vraiment leur en vouloir. »

Haussement d'épaules.

« Ça fait huit ans. Huit ans et je ne comprends toujours pas si je dois t'en vouloir. A elle, je lui en veux, évidemment. Elle m'a pris tant de choses... Mais toi, qu'as-tu fait, à part être le vecteur de ses passions ? »

Les poings qui se serrent. Le vent qui hurlent.

« Maintenant qu'ils sont morts, c'est terminé, tu sais. Maintenant, on peut créer un monde ou les enfants comme toi auraient reçu de l'aide. Ou le Désespoir peut être accompagné, où on ne laisserait pas une gamine schizophrène perdue dans ses délusions. Ou on ne laisserait pas des amis mourir au bout d'un fil, ou parler ne servirait pas qu'à se convaincre du bien-fondé de ses actions. »

Une profonde inspiration.

« Mais quand même... »

Nouveau bruissement.

Un craquement de plus.

Elle bondit sur ses pieds.

Détonation.

Un miaulement paniqué précède l'échappée d'une pauvre boule de poils d'un buisson. Un chat. Un simple chat qui lui jette un regard outré avant de s'éloigner.

Dieu merci, il n'est pas blessé. La balle perdue du pistolet au canon fumant de l'intruse s'est égarée dans le buisson.

Elle perd sa précision, visiblement. Mais à sa défense, un humain dissimulé aurait été atteint en plein cerveau.

Ses dents se serrent.

« ... Pardon. Je crois que je suis un peu trop nerveuse. »

Un soupir.

« Je reviendrai plus tard. Lorsque les rémanents ne voudront pas expérimenter sur ce qu'il reste d'un des plus grands génies ayant foulé cette terre. »

Et quelle ironie, n'est-ce pas...

Quelle ironie cela est que le génie en question n'ait jamais dépassé les quatorze ans ?

***

Une tombe, seule dans l'immensité du cimetière. Loin de tout, entourée par les feuilles et les branches. Toujours visitée, jamais entretenue.

Pourtant, le visiteur qui s'en approche, d'un pas titubant, il ne fait pas partie de ceux qui viennent ici habituellement. Habituellement, ceux qui se rendent sur cette tombe, c'est une jeune femme perdue dans un pull bleu dans lequel elle nage. Ou un gamin en fauteuil roulant, juste pour le principe. Personne d'autre n'a de regrets à diriger vers cette tombe.

Ou peut-être que si, après tout.

Un soupir. Le visiteur s'assied en tailleur, les manches de la veste qui repose sur ses épaules traînant dans la boue du sol. Dans ses mains, une bouteille, et deux verres, qu'il sert avant d'en poser un sur la tombe et d'avaler le contenu du premier.

Une déglutition, le temps de s'essuyer la bouche, et le revoilà qui fixe la tombe.

« Salut, salopard. »

Sa voix est amère. Il se sert un deuxième verre.

« Tu connais pas la dernière, mon con ? Les Monokuma sont morts. Tous. A quelques exceptions, dont cette foutue taupe de merde qui t'a aidé à installer tes explosifs à la con. »

Son langage est toujours aussi cru, même après sept ans. Et ce n'est pas sa boisson qui va arranger ça. Le liquide lui brûle la gorge, lui arrache une grimace, sur laquelle il aimerait tellement mettre le compte de ses larmes.

« Morts. Juste comme ça. Ça fout les boules, un peu, nan ? »

Son rire est plein de fiel. Contre cette fin qu'il avait pourtant tellement attendu. Contre la tombe, contre les vivants qui ont pu, eux, sauver tellement plus que lui, contre lui-même, trop conscient qu'il s'est attiré sa propre chute. Contre la bague qui brûle à son doigt, celle marquée d'un témoignage d'amour qui ne lui est pas destiné accrochée autour de son cou.

« Sept ans à chercher... A attendre... Tout ça pour qu'on finisse sur un « les dieux sont morts parce qu'ils n'en étaient pas et non je n'ai pas de réponse à ce qu'est le Désespoir ». Bravo, belle conclusion. Tu serais dégoûté, pas vrai, Ultime Prodige Littéraire ? »

Son thérapeute lui dirait bien de ne pas renier les efforts de chacun, mais cette amertume ne le quittera pas de sitôt. Des années en quête de réponse... Tout ça pour un sacrifice vain.

En fait, c'est sans doute ce qui l'embête le plus. Ce qui lui arrache le plus le cœur.

« Alors, ça fait quoi ? De se rendre compte qu'on a fait tout ça pour rien ? »

La tombe reste silencieuse. Évidemment. Une tombe ne peut apporter de réponses.

Il se ressert un nouveau verre. Le jette au loin. Lève le goulot de la bouteille à ses lèvres, en prend une énorme lampée, dans un rire presque trop froid.

« Ah, oui, l'alcoolisme, il veut toujours pas partir, hein. Pandora dit que je pue de la gueule, avec tout le whisky que j'ingurgite. Ça l'empêche pas de me rouler des pelles, faut croire qu'on s'habitue, ehe. C'est con, hein ? »

Nouvelle gorgée.

Des poings qui se resserrent sur le goulot de la bouteille.

« ... ça fait un bail que j'aurais dû venir te voir. »

Déglutition.

La saveur amère du whisky.

« Je crois que ce qui m'a décidé, c'est quand Ichiko a rapatrié tes os. Et que je me suis rendu compte que j'avais aucune idée de ce que tu voulais pour ta mort. »

La voix qui tremble.

Les poings serrés sur un chouchou.

« C'est bizarre, hein. Tu m'as pris tout ceux que j'aimais. Et pourtant, ma première pensée quand j'ai vu ce qu'il restait de toi, c'est que je savais pas comment rendre ta sépulture digne. »

Reniflement.

« Du coup j'ai juste dit... De t'enterrer ici. De toute façon, je peux pas partir pour te voir ailleurs. Je suis le petit génie du Gotoland, askip. Celui qui a le plus de chances de toucher du doigt la nature du Désespoir. Pas faute d'avoir essayé, hein... »

Soupir.

Nouvelle gorgée.

« Et on m'a parlé d'un certain Konrad Mec. Dommage qu'il ait repris mon ancienne thèse. Evelyn avait l'air de beaucoup l'aimer, avant qu'il ne meure. Ça fait deux, d'une certaine manière. »

La bouteille s'enfonce dans la terre dans un bruit mat. Un bruit qu'il n'entend même pas, tout au flot de paroles qui a attendu sept ans pour sortir.

« Je sais pas lequel est le plus à plaindre de nous deux. Je veux dire, c'est un ancien Monokuma. Je suis un ancien protagoniste. Ton protagoniste. Et j'ai survécu. Grâce à toi. »

Une grimace.

Un doux bruit de gouttes sur le sol.

Le deuxième verre d'alcool s'est renversé, et son contenu nourrit la terre de la tombe.

« Je voulais pas être ton protagoniste. »

Les dents serrées.

« Je voulais juste que tu restes. »

Les larmes qui coulent.

« Je voulais juste que tu expies. »

Les yeux qui brûlent.

« Je voulais juste que tu vives. »

Les poings qui se serrent.

« Je voulais juste retrouver mon meilleur ami. »

Une chanson qui revient en tête. Des paroles qui s'accordent tellement bien à la situation.

La voix, entrecoupée de sanglots, qui chantonne ces quelques mots tellement lourds de sens.

"I'm in love... With a fairytale..."

"Even though.... It hurts...."

***

Le silence dans un cimetière.

Une femme qui s'avance, lettre en main, vers une tombe ouverte.

Aucun mot n'est prononcé.

Aucun regard n'est lancé à la pierre.

Juste une main qui se tend.

Laisse tomber l'enveloppe.

Les derniers mots d'amour qu'elle a jamais gardé en sa possession depuis ces sept dernières années.

Son dernier souhait.

Ses dernières paroles.

Son dernier amour.


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