C H A P I T R E Trois
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Proposition
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Elsa eut du mal à s'endormir, cette nuit-là. L'idée que sa sœur puisse partir la taraudait. Où irait-elle ? Et pourquoi ? Quelle serait la nécessité de s'enfuir ainsi ? Elle finit par ne plus y tenir et quitta la chaleur de son lit.
Elle se glissa dans les couloirs, seulement recouverte par sa chemise de nuit blanche. La plupart des invités étaient restés au palais, mais à cette heure tardive, il n'y avait que le souffle du vent frappant les carreaux et pénétrant par les interstices des fenêtres pour rompre le silence.
Elsa marcha sans trop savoir où elle allait véritablement. Lorsqu'un bruit de pas derrière elle la tira de ses pensées, elle se retourna vers la source, prêt à accueillir celui ou celle qui l'avait trouvé.
Mais il n'y avait personne.
Elle continua son chemin en maudissant son imagination. Sauf que les pas reprirent en même temps qu'elle.
Un frisson parcourut Elsa qui doubla la vitesse de sa progression, son cœur partant au galop. Elle obliqua dans un couloir, la respiration saccadée, effrayée. Elle tourna légèrement la tête et aperçut une ombre la suivre, accélérant à son tour. Elle était suivie. Quelqu'un lui voulait du mal !
Réprimant un cri d'effroi, Elsa s'enferma dans la première pièce à sa portée et se terra dans un coin, tentant de se calmer, au bord de la crise de nerf.
Elle vit l'ombre passer sous la porte, s'arrêtant. Son souffle se bloqua dans sa gorge. Puis elle s'éloigna, au grand soulagement de la jeune femme. Pourquoi avait-elle aussi peur ? Son pouvoir lui assurait pourtant une quasi-permanente sécurité !
Soudain, quelque chose frappa contre le battant, faisant tressauter Elsa qui se leva, en position de combat au cas où celui qui la poursuivait arrivait à pénétrer dans le petit salon où elle s'était caché.
« Votre Majesté ? » L'appela une voix étouffée à travers la porte.
Elsa reconnut aussitôt la voix, abaissa ses mains et accourut pour ouvrir au Prince William. Ses cheveux bruns étaient élégamment ébouriffés, ses yeux teinté d'écarlate scintillaient dans le noir et même sa tenue de nuit lui donnait une prestance peu commune.
« Merci ! C'est vous ! Soupira-t-elle en se retenant de le prendre dans ses bras tant elle était rassurée.
- Qui pensiez-vous donc que c'était ? Lui demanda-t-il en fronçant les sourcils. »
Elle tritura ses mains, nerveuse. Devait-elle tout lui raconter, au risque de passer pour une paranoïaque ? Sa décision fut prise dès qu'elle croisa le regard de l'homme.
« Absolument personne. » Répondit-elle d'un ton parfaitement serein.
Elle lui adressa un faux sourire pour finir de le persuader. Elle lui faisait confiance mais une nouvelle fois, il lui était impossible de lui dire la vérité. Il y avait tant de choses qu'elle préférait garder pour elle... Se souvenant de la conversation qu'elle avait eue avec sa sœur dans la soirée, elle rougit quand elle remarqua qu'il la détaillait, peu convaincu par sa réponse.
« Que faites-vous donc ici ? L'interrogea-t-elle pour détourner son attention.
- Je n'arrivais pas et à dormir et j'ai entendu des bruits de pas précipité, alors j'ai accouru et vous ai trouvé enfermée » avoua-t-il.
Elsa hocha de la tête, la gorge nouée de s'être ainsi emportée pour une vulgaire ombre qui n'avait certainement existé que dans son esprit fatigué.
« Mais je suis ravi de vous voir ici, Majesté, qu'importe les raisons qui vous y ont mené.
- Appelez-moi Elsa, l'enjoint-elle dans un accès d'amitié, sans tenir compte du fait qu'il avait compris qu'elle ne souhaitait pas discuter de ce qui lui était arrivé.
- Très bien... Elsa. Il y a un sujet que je dois aborder avec vous. »
Intriguée, Elsa lui fit signe d'entrer dans le petit salon et ils s'assirent sur le canapé, après que la jeune Reine ait allumé quelques bougies pour briser l'atmosphère glaciale et nébuleuse.
« Dites-moi tout.
- Voyez-vous, je ne comptais pas vous en parler aussi tôt, mais hier j'ai reçu un message de la plus haute importance. »
Sur son visage se peignit une expression d'une tristesse profonde.
« Mon oncle est mort et le Royaume requiert ma présence. Je suis son seul héritier, je dois donc...
- Partir, finit-elle dans un souffle, chagrinée par cette nouvelle. Je suis vraiment navrée, et je vous offre mes condoléances les plus sincères. Je ferais tout pour que le séjour qui vous reste à Arendelle soit le plus agréable possible.
- Vous êtes aimable, et le temps que j'ai passé ici m'a déjà charmé. En vérité, ce n'était pas exactement le propos que je souhaitais tenir... »
Il plongea ses prunelles dans les siennes et elle s'en retrouva décontenancée.
« Elsa, voulez-vous m'épouser ? »
Horrifiée, la jeune femme se leva d'un bond.
« Pardon ? Bafouilla-t-elle, confuse.
- Je sais, cela va vous paraitre un peu prématuré... Mais je vous assure que nous gagnerons tous deux dans un mariage. Vous avez besoin d'asseoir votre autorité sur votre peuple, et moi, j'ai besoin de votre influence. La réunification de nos deux royaumes ne serait que plus approprié. »
Elsa en resta bouche-bée. Les mots se bousculaient sur ses lèvres sans qu'elle n'ait le courage de les prononcer : non, elle ne devait pas gâcher l'alliance que leur deux royaumes possédait... Mais elle ne comptait pas se marier avec lui.
« Je vous en conjure, songez-y. Vous ne m'êtes pas indifférente, et malgré le fait que je sais que vous ne ressentez que de l'amitié pour moi, j'espère que vos sentiments mueront en un attachement plus fort, tel que celui qui me lie à vous. »
Elle lui tourna le dos avec l'impression grandissante de s'être fait trahir. Comment osait-il lui donner de telles raisons pour un mariage ? Non, jamais elle ne pourrait l'accepter...
« J'y penserais, votre Altesse.» Dit-elle sèchement en se refermant. « Mais n'espérez rien de moi que je ne puis vous offrir. »
Et elle s'enfuit, les bougies s'éteignant sur le passage de ses doigts vibrant de détresse.
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