Cette nuit fut l'une des plus mouvementées et stressantes que les participants avaient connu depuis la dernière fois qu'ils avaient pénétré les locaux. Peu d'entre eux avaient réussi à dormir, et le matin dégageait déjà une ambiance lourde.

Les non-dits de la veille se faisaient toujours plus insistants. Tous s'étaient dirigés vers le réfectoire, espérant gagner un peu de force pour ce qui les attendaient.
Haru jeta un œil à Yuki. Les personnages qu'ils incarnaient ne s'entendaient pas la saison dernière, et ils s'étaient faits beaucoup de mal mutuellement. Haru aurait voulu connaître la personne derrière Kokichi.
Avec un soupir, il se rapprocha de cet être frêle, un plateau rempli de viennoiseries dans les mains.
Sans dire un mot, il tira la chaise à ses côtés et posa ce qu'il avait en main sur la table. Yuki leva la tête, pensant voir Alys.

« Bonjour », commença Haru avec hésitation.

Yuki resta figé quelques secondes avant de détourner le regard.

« Que me veut la personne incarnant mes cauchemars ? »

Haru nota à quel point la voix de son interlocuteur était faible et tremblotante malgré l'apparente confiance qu'il dégageait. Il devait prendre en compte la fragilité psychologique qui semblait se dégager de lui.

« Je venais juste faire connaissance avec toi. Non pas en tant que Shuichi et Kokichi, mais en tant que personnes censées. Je ne suis pas qui j'étais lorsque l'on s'est connu. Je m'appelle Haru. Et toi ? »

Il tentait de parler avec douceur pour ne pas le brusquer, ce qui semblait marcher plus ou moins. Après un moment d'hésitation, il eut une réponse.

« Yuki. Ne me traite pas comme si j'étais en sucre. Je suis peut-être diminué physiquement, mais j'ai encore toute ma tête. »

Haru ne put s'empêcher de sourire face à cette force de caractère qui semblait ressortir de Yuki.

« Très bien. J'espère que nous aurons l'occasion de vraiment discuter. D'ailleurs... Je tiens à m'excuser de ce que j'ai pu te causer l'an dernier. Je sais que ça ne réparera rien, et je sais aussi que nous n'étions pas vraiment nous-mêmes, mais je tenais tout de même à présenter mes excuses. D'ailleurs, je pense que c'est pareil pour les autres personnes de la saison. »

Cette fois-ci, il n'obtint aucune réponse. Mais le silence n'était pas gênant pour autant. Yuki semblait réfléchir et considérer ce que Haru venait de lui dire.

Ils n'eurent toutefois pas le temps de dialoguer plus. Un homme élégant aux cheveux noirs entra dans le réfectoire. Il possédait des yeux rouges comparables à ceux d'un démon, et un léger sourire cynique qui ne laissait présager rien de bon. Pourtant, lorsqu'il ouvra la bouche, seule la dignité qu'il représentait transparaissait.

« Bonjour à tous, chers participants. Je m'appelle Sebastian et j'aurai la charge de vous guider pour votre installation dans la salle des casques. Je vous prierai de bien vouloir me suivre dès que vous aurez fini votre repas. L'émission commencera à onze heures ce matin. »

Chacun se regarda et finit son repas dans le plus grand des silences.

Les participants étaient désormais assis sous les casques. L'appréhension montait en eux, Sebastian allait les brancher à la réalité virtuelle. À nouveau, ils allaient connaître ces sensations familières. Ils se regardèrent tous tour à tour, se faisant des adieux silencieux, ne sachant pas s'il s'agissait des traumatismes ou de l'appréhension d'où venait ce mauvais pressentiment.

Ils fermèrent les yeux, en sachant que la prochaine fois qu'ils les rouvriraient, ils seraient dans la peau de leurs personnages.

Ils étaient dix-huit. Dix-huit anciens participants. Ils resteraient dix-huit n'est-ce pas ? Cette fois-ci, le nombre ne diminuerait pas ? Ils n'oublieraient pas de nouveau leurs souvenirs ?

Cette peur tirailla la plupart d'entre eux à cet instant précis. Ce mauvais pressentiment les amena à penser que tout cela, ce prétexte de « talkshow », n'était autre qu'une vaste farce pour faire une ultime tuerie.

Mais il était désormais trop tard.

« Bienvenue dans la cinquante-quatrième saison de Danganronpa ! Je ne vous avais pas revu depuis un moment mes chers élèves ! Upupupu ».