IV. Où rien ne se passe comme prévu
C'est ainsi que, pour la deuxième fois, nous nous retrouvâmes dans le gymnase, presque encore plus angoissés qu'auparavant.
- Je le sens pas, marmonna Hayami, les bras croisés, qui sans le savoir, venait d'illustrer le sentiment général.
C'est alors que Monokuma jaillit à nouveau de derrière le bureau comme de nulle part, manquant de nous provoquer une crise cardiaque foudroyante.
- BONJ-OURS !!
Et toujours ce jeu de mots idiot...
- Fais vite, nous t'avons assez vu pour des années, soupirai-je en le regardant.
- Roooooh... Tu n'es pas drôle, Ayuki... Tu risques de me voir souvent, tu sais !
Je ne répondis rien. Il était plus fatigant qu'un marathon sur Vénus.
- Bon ! Vous devez certainement vous demander pourquoi vous êtes là, et c'est l'heure de vous donner la réponse...
Il pointa une patte accusatrice vers nous.
- Je dois dire que je suis très déçu ! Pas un seul d'entre vous, vous entendez, PAS UN SEUL ici n'a la moindre envie de tuer ses camarades !
- Et ça t'étonne ? souffla Blue en levant les yeux au ciel.
- Ooh, mais ne vous en faites pas, cela va bientôt changer ! Car j'ai trouvé ce qu'il vous manquait pour libérer vos instincts meurtriers...
Il effectua une petite pirouette sur lui-même.
- Un mobile !!
Des bruits d'applaudissements sarcastiques retentirent du fond de la salle. Il s'agissait de Miles.
- Bravo, Sherlock ! Maintenant, si tu en venais au fait ?
- Je devrais te châtier pour ton insolence, mais comme je suis une créature charitable, je ne le ferais pas !
- Charitable, mon cul, lâcha Kiwa.
- Oh... En fait, je sais pourquoi je ne vous punirai pas pour votre insolence... Il y aurait bien trop de châtiments dans un court laps de temps !
Et ça le faisait rire...
- Mais bon, comme a dit notre cher Juge, je vais arrêter de tourner autour du pot... Ou pas, upupu...
- Je vais l'étrangler, je vous jure que je vais l'étrangler... grinça Hibiki en serrant les poings.
- Ça risque d'être difficile, étant donné qu'il ne respire pas, souligna Morgane.
- Dites-moi, vous avez bien tous un secret que vous ne voudriez voir divulgué pour rien au monde, pas vrai ?
Il avait suffi de ces quelques mots de Monokuma pour que toute la salle se raidisse subitement. Moi comprise.
Oui, il avait raison. Nous nous comportions comme des camarades solidaires, mais nous ne savions rien les uns sur les autres, si ce n'est nos Talents...
L'ours nous regarda avec un sentiment proche de la délectation.
- Je vois, c'est bien ce que je pensais...
Il partit ensuite dans un grand éclat de rire qui nous glaça le sang. Quoi qu'il puisse advenir ensuite, nous savions que ça n'allait pas nous plaire du tout, loin de là.
- Vous ne vous connaissez pas, en vérité... Mais cela va changer ! Allumez donc votre MonoPhone, une petite surprise vous y attend !
Une surprise qui allait très certainement nous déplaire, à n'en pas douter.
J'allumai donc l'appareil avec une boule dans la gorge, m'attendant à voir surgir un screamer sur l'écran ou quelque chose du genre...
Mais non. Tout ce que je vis, c'était une nouvelle icône ajoutée aux autres dans le menu de mes applications...
[Tsuri Ayuki "secret" file]
Je fronçai les sourcils. Un dossier "secret" ? Qu'est-ce que ça voulait dire ?
À voir l'expression perplexe des autres, ils devaient se demander la même chose que moi.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? lâcha finalement Tomoé de son ton habituel, imperturbable.
- Ce dossier contient le secret inavouable d'un de vos camarades... Et vous ignorez, bien sûr, qui a le vôtre ! D'ailleurs, il va s'ouvrir dans trois... deux... un...
Et avant qu'il n'ait pu dire zéro, une lumière blanche envahit l'écran de mon MonoPhone, puis l'écran redevint petit à petit noir. Sauf que cette fois, des lettres, blanches sur noir, étaient bien visibles...
Tsubasa Iyui est battue par son père
C'était tout. Rien d'autre sur l'écran. Juste ces lettres lumineuses, obsédantes, qui envahissaient tout l'espace de mon champ de vision.
Je relevai vite la tête et fit dériver mon regard sur tous mes camarades pour éviter de regarder Tsubasa. Leurs réactions étaient diverses et variées : Certains avaient les yeux écarquillés, d'autres étaient devenus livides ou tremblaient, d'autres encore avaient l'air sonnés, mais une chose était sûre : personne n'était indifférent à ce qui était marqué sur son écran. Même Morgane et Tomoé fronçaient les sourcils, semblant en pleine réflexion.
Finalement, Lisa fut la première à rompre le silence pesant qui s'était installé.
- P-Pourquoi nous montrer ça...?!
- Upupu... Pourquoi ? Mais c'est évident, voyons ! Pour que vous ayez une raison de vous entretuer ! Ce serait tellement dommage que l'un de vous révèle le secret de l'autre...
Encore une fois, la méfiance s'installa dans l'air, et encore une fois, Lisa la rompit.
- Ça suffit !! Il n'est pas question que l'on tombe dans ton piège !
Monokuma sembla contrarié.
- Tu es la Déléguée de Classe Ultime, non ? Tu ne devrais pas contredire le principal ! C'est une honte !
Lisa se mordit la lèvre et détourna le regard, le tout dans un sursaut mortifié.
- Oh, et, une dernière chose, avant que j'y aille... Si aucun meurtre n'est commis dans les 48 heures qui viennent, je choisirai le secret de l'un d'entre vous, au hasard, et le révélerai à tout le monde ici... Voire à ceux de l'extérieur ! Allez, À PLUCHE !
Et Monokuma disparut, nous laissant une nouvelle fois complètement désemparés, et encore plus méfiants les uns des autres.
Mais Tomoé frappa soudain dans ses mains, nous interrompant dans nos sombres réflexions.
- Réunion de crise, déclara-t-elle gravement.
Aquiescant silencieusement, nous nous rassemblâmes autour d'elle.
Finalement, après une discussion approfondie entre nous tous, il fut convenu que les secrets ne seraient pas révélés et que nous n'allons pas nous entretuer pour cela.
Lisa s'arrangea même pour nous faire tous jurer, la main droite levée, que nous ne tuerions personne. Et nous le pensions sérieusement, avec une détermination nouvelle.
Ce soir-là, nous prîmes donc notre repas en commun avec le sourire.
Mais pourtant, l'ouragan qui agitait nos pensées, lui, était toujours là, ressassant sans arrêt les mêmes questions.
"Quels secrets les autres possèdent-ils ?"
"Qui possède mon secret ?"
Et surtout...
"Quel est mon secret ?"
___
Cette nuit-là, je m'endormis tard, et me réveillai tout aussi tard le lendemain, aux alentours de dix heures, ce qui n'était pas vraiment dans mes habitudes.
En arrivant dans la salle à manger, je fus surprise de voir que tous mes camarades, sans exception, étaient présents. L'ambiance était un peu plus détendue que la veille, ce qui réussit même à me faire sourire.
J'irai presque jusqu'à dire que tout était normal. De plus, certaines relations nouées jusque là ne semblaient pas avoir été affectées par toutes ces révélations. Comme Kiwa et Mairo, qui allaient ensemble lire des livres chipés dans la bibliothèque de Rā (très fournie soit dit en passant), Alexeï qui faisait essayer sa machine à coudre à Hamami qui y arrivait moyennement (je les avais aperçus derrière la porte du laboratoire), Blue qui avait entrepris d'expliquer toutes les nuances des constellations à Ritsu et Gaika (ce dernier faisant d'ailleurs semblant d'écouter), et Tsubasa et moi-même, la Délinquante m'ayant entraînée dans la salle d'audiovisuel pour se faire un marathon de films comiques. Et franchement, je crois bien que je n'ai jamais autant ri de toute ma vie...
Même si, pendant les heures que nous y avions passées, je brûlais d'envie de la questionner sur ce que j'avais découvert sur elle... Mais je préférai me taire, me dégonflant à chaque fois.
Pour oublier ma lâcheté, je décidai, après avoir quitté Tsubasa en fin d'après-midi, d'aller étrenner la piscine. Je n'étais pas une très bonne nageuse, mais j'adorais l'eau, et j'en ressortais toujours plus détendue.
J'allais donc scanner mon MonoPhone, encore à mes réflexions, et pénétrai dans le vestiaire.
Mais j'entendais comme un bruit d'eau venant des douches.
Et qui durait.
Durait.
Une douche ne devait pas prendre si longtemps, si ?
Prise d'un mauvais pressentiment, je m'avançais jusqu'à la cloison des douches, avant de jeter un coup d'œil rapide par l'ouverture (si une autre fille prenait sa douche, je n'avais aucune envie de la gêner).
Et ce que je vis au fond de la pièce carrelée me pétrifia sur place.
C'est comme si toutes nos promesses de la veille, notre détermination, notre solidarité, tout venait de s'effacer en un instant.
Car une douche, tout au fond, continuait de déverser de l'eau par fines gouttelettes, comme de la pluie.
Et sous cette pluie, il y avait un corps.
Le jeu morbide de Monokuma venait de faire sa première victime.
Et il s'agissait de Gaika Katame, l'Iridologue Ultime.
_____
Alors alors ?
Avez-vous des pronostics ? 😏
Si oui pourquoi ? 😏
Sachez que si vous en faites en commentaire, je n'y répondrai que par "peut-être" XD
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