III. Où l'on explore l'Académie
Ding
Dong
Bing
Bong
"Bonjour, chers élèves ! Il est actuellement sept heures, nous passons donc en horaire de jour ! Passez une nouvelle journée magnifiquement meurtrière !"
Ce fut cette annonce énoncée par l'horripilante voix de Monokuma qui me tira du sommeil.
Il me fallut plusieurs secondes pour me rappeler où j'étais et pourquoi, avant que les évènements d'hier ne me tombent dessus comme une enclume.
S'entretuer... Est-ce que c'était vraiment sérieux...?
Fatiguée d'avance par la journée qui s'annonçait, je traînai encore une bonne heure au lit avant de trouver le courage de me lever.
Je constatai que je portais encore mes habits de la veille et que je commençais à sentir la sueur, j'allai donc dans la salle de bain d'un pas traînant.
"C'est bien équipé... Il y a même une baignoire et... un bidet..."
Ce dernier constat ne me serait sans doute pas si utile que ça.
Je pris donc une douche froide, ce qui acheva de me réveiller.
Après cela, je me dirigeai machinalement vers l'armoire dans le fond de ma chambre... Et fut surprise de voir qu'elle était pleine à craquer.
Sous-vêtements, chaussettes, paires de chaussures... Quelques tenues de ville... Et une bonne vingtaine de réplique exacte de mon uniforme. C'était comme si j'étais chez moi.
Mais ça ne me fit absolument pas plaisir, bien au contraire, j'en eus froid dans le dos.
"C-Combien de temps sommes-nous censés rester ici...?"
Une image me revint alors en mémoire.
Règle 1 :
Les Ultimes rassemblés ici sont supposés vivre en communauté dans l'Académie jusqu'à leur mort.
"P-Pas question que je meure ici !"
Et ce fut sur cette pensée que je m'habillai d'un uniforme propre, avant de sortir de ma chambre, ma clé et mon MonoPhone sur moi.
Je ne mis pas longtemps à trouver la cuisine, grâce à la carte incluse dans mon téléphone, et je fus surprise de n'y trouver que Blue, Tomoé, Hayami, Miles et Rā, qui servait le café avec une rapidité impressionnante.
Mais où était donc passé le flemmard d'hier...?
- Il n'est plus en pause, me dit Miles en souriant lorsqu'il me remarqua, comme si cela expliquait tout.
- Ah, je vois... Bonjour, dis-je alors.
Tomoé me salua d'un signe de tête, tandis que Blue, Miles, et Rā répondaient en cœur à mon bonjour. Hayami, lui, grommela un vague borborygme qui pouvait être comparé à "mmmmffflllggjour".
- Café ? proposa Rā en levant sa cafetière en l'air.
- Volontiers, soupirai-je avant de m'asseoir, j'en ai bien besoin... Vous savez où sont les autres ?
- Karuskaïa-kun a vu que son Laboratoire se trouvait au rez-de-chaussée, donc il est parti le visiter avec Tsuyoshi-kun et Yukiya-san, me répondit Blue.
- Et Lisa-san est aussi allée découvrir le sien avec Morgane-san et Hibikaze-san, enchaîna Miles.
- Mon Laboratoire est aussi disponible, mais je ne suis pas encore allé voir, m'informa Rā en m'apportant ma tasse de café.
- Merci, Rā-kun... Euh... À moins que tu... vous préfériez que je vous appelle Rā-san ?
Le Secrétaire secoua la tête.
- Non, pas la peine. Tutoie-moi et appelle-moi "kun", ce sera compliqué pour toi si tu veux tous nous appeler de manière si formelle. Reste aussi sur "san" pour les filles...
Il sourit un peu.
- Ça me rappellera mes années lycée.
- Par contre, rit Miles, évite de faire comme Asamae-san... Sérieusement, quand cette fille t'appelle par ton nom, ça sonne comme une insulte dans sa bouche !
- Même si ce n'est pas totalement faux, ce n'est pas très gentil de parler dans son dos, souligna Blue.
- Où est-elle, d'ailleurs ? demandai-je.
- Je crois qu'elle dort encore, et Katame-kun aussi, répondit Tomoé. Akatsume-san est allée prendre l'air dans le jardin, quant à Iyui-san...
À peine eut-elle prononcé ce dernier nom que la tête de Tsubasa jaillit hors de la cuisine.
- Quelqu'un m'a ap- Oh ! Tsuri-chan, tu es levée ! Tu veux manger quoi ? C'est moi qui régale !
À vrai dire, je n'avais pas vraiment faim, mais son sourire était tellement plein d'espoir que je me serais sentie mal de refuser.
- Un œuf au plat, s'il te plaît, répondis-je alors.
- Ça marche ! Je te fais ça !
Et elle disparut à nouveau dans la cuisine.
- Je suis allé voir à l'intérieur, il y a tout ce qu'il faut, on ne risque pas de mourir de faim, c'est certain, commenta Rā, un peu sombrement.
Sous-entendu : On pourrait bien mourir d'autre chose.
L'ambiance était devenue soudainement pesante.
Soudain, Hayami sembla sortir de son apathie et s'exclama :
- Wow, je crève la dalle ! Dis, Iyui, tu pourrais me faire des tartines ?
Pour toute réponse, il reçut une tranche de pain grillé sur la tête, suivie d'un "Va te faire foutre !" provenant de la cuisine.
- T'as oublié la confiture, grommela-t-il.
Lorsqu'il leva les yeux vers nous, nous devions vraiment avoir des mines lugubres car il haussa les sourcils et fit la moue :
- Eh ben, les gars, qu'est-ce qu'on s'éclate avec vous...
Tsubasa apporta mon œuf au plat, que je mangeai finalement de bon cœur car il était délicieux, avant de me lever.
- Bon, je vais explorer un peu, dis-je sur un ton déterminé.
- Attends, je t'accompagne ! s'exclama Tsubasa en sortant à nouveau de la cuisine.
- Moi aussi, décida Hayami en se levant.
Nous saluâmes donc nos camarades avant de partir.
- Je propose que nous allions voir les Laboratoires dont parlait Monokuma, proposa Tsubasa.
- À ce propos, je n'ai toujours pas compris ce que c'était, dis-je.
- Quand je me suis levé, Monokuma est apparu de nulle part pour nous expliquer que chaque Ultime avait un Laboratoire, et que c'était une pièce dédiée au Talent de son propriétaire. Et la clé de la chambre est aussi la clé du Laboratoire... expliqua Hayami.
- Je me demande ce que contient le tien... Des capotes, peut-être ? plaisanta Tsubasa.
- Et le tien alors ? Des posters de chefs de gang torses nus ? répliqua Hayami.
Même s'ils se chamaillaient sans arrêt, ces deux-là me semblaient assez proches, ce qui me fit sourire.
Nous arrivâmes à la porte du premier Laboratoire, une grande porte en vitre teintée recouverte de diverses annonces.
Je toquai, et une voix me répondit alors :
- Entrez, c'est ouvert !
J'ouvris alors la porte... Et dès la première seconde, je sus qui était le propriétaire de ce Laboratoire.
La pièce ressemblait à un croisement entre un atelier de couture, un salon de coiffure et un institut de beauté, ce qui faisait que la pièce était assez spacieuse.
Dans un coin, Alexeï était en train de fourrager dans un monceau de tissus tous plus improbables les uns que les autres, Ritsu faisait l'inventaire des palettes de maquillage avec l'air complètement hallucinée par le nombre obtenu, et Hamami s'amusait vaguement avec la machine à coudre.
- Ils ont l'air occupés, je crois qu'on va les laisser, souffla Tsubasa, un peu mal à l'aise.
J'étais du même avis, je n'étais pas vraiment dans mon élément... Et Hayami non plus.
Nous passâmes donc au Laboratoire suivant, dont l'entrée était une porte coulissante avec deux petites fenêtres carrées.
À l'intérieur, nous trouvâmes une Lisa émerveillée, une Hibiki suivant Lisa dans son émerveillement et une Morgane qui semblait s'ennuyer ferme. Comme toujours, en fait.
La pièce était en fait une salle de classe somme toute banale, sauf que contrairement à celle où je m'étais réveillée, on aurait dit qu'une classe s'y rendait bel et bien chaque jour.
Un planning était affiché sur le mur, il y avait des dizaines de manuels scolaires dans les placards, des graffitis sur les tables et au tableau, plusieurs livres qui étaient au programme du lycée et une étagère pleine à craquer de dossiers portant des noms d'élèves.
Mais j'étais trop loin pour les déchiffrer, car j'étais restée figée sur le pas de la porte.
- ...
Lisa, nous ayant aperçus, s'approcha de nous en souriant, mais son expression se fit soucieuse quand elle vit la tête que je tirais.
- Ayuki-san ? Tu ne te sens pas bien ?
Je secouai vivement la tête.
- Si, si, c'est juste que... Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, prétendis-je.
- De toute façon, on passait juste jeter un œil, on va explorer le reste du bâtiment, Lisa-san, déclara Tsubasa en me tirant par le bras pour m'entraîner à sa suite.
Elle avait sûrement remarqué mon trouble, c'était vraiment gentil à elle de me sortir de là... Et heureusement, elle ne me posa aucune question.
Bien vite, nous arrivâmes au dernier Laboratoire, celui de Rā, dont on ne voyait qu'un guichet et une petite porte sur le côté.
Ne pouvant pas entrer puisque seul Rā possédait la clé, nous décidâmes d'y aller plus tard avec lui et allâmes voir les autres salles.
Il y avait une salle de jeux, avec une table de billard et un placard rempli de jeux de sociétés en tous genres, dames, backgammon, Jeu de l'oie, Monopoly... Échecs, évidemment...
Une salle d'audiovisuel avec plusieurs ordinateurs dernier cri et plusieurs étagères remplies de CD's et de DVD, et même un mini-cinéma...
Nous arrivâmes également à des vestiaires où il fallait scanner nos MonoPhones pour entrer (Hayami dut passer par la porte des garçons, les deux vestiaires étant séparés), nous passâmes ensuite dans des douches avec des cabines de toilettes pour trouver enfin... une immense piscine.
L'école était décidément vraiment bien équipée...
Je fus surprise de ne pas voir de bibliothèque, mais elle devait sans doute se trouver à un autre étage.
Ce fut à peu près tout ce que nous vîmes d'intéressant au rez-de-chaussée, quant au premier étage, on n'y trouvait que les chambres, des salles de classe, les toilettes communes et quelques distributeurs de cochonneries disposés ici ou là. Il y avait également une petite terrasse, mais sans grand intérêt.
"Sauf pour pousser quelqu'un" murmura une petite voix dans ma tête.
Je frissonai. Ce n'était vraiment pas le moment de penser à ça !
Après cette petite exploration, nous sortîmes dehors.
- C'est quand même pas mal qu'il y ait un jardin, nota Tsubasa.
Elle avait raison, d'autant qu'il était très grand. Il y avait des arbres immenses, des allées de gravier qui semblaient sans fin et même un grand étang, à moi que ce ne fût un minuscule lac... Bref.
Au fond, il y avait également la chapelle dont Monokuma parlait, et derrière, encore des arbres.
Je m'approchai alors, et... m'arrêtai net.
Juste avant de percuter le mur transparent qui me séparait de la forêt derrière.
- ... Nous sommes donc bel et bien bloqués ici, dis-je, abattue.
- Ouais, c'est la merde, grinça une voix derrière moi. En plus, impossible de le casser !
Je me retournai pour découvrir Kiwa, accompagnée comme à son habitude de Mairo, un joint au coin des lèvres, qui fixait le mur au dessus de nous.
- Impossible de le casser ? Comment tu le sais ? demanda Tsubasa, les sourcils froncés.
- Y'a une cabine de jardin là-bas avec des tas d'armes potentielles dedans, mais aucune n'a marché, soupira la Dealeuse, l'air dépitée.
- Ah ouais... Dis donc, pourquoi tu fumes à l'extérieur ? Vu ton teint de papier mâché, t'as pas l'air d'aimer le grand air, la railla Hayami.
- Je fais pas ça de mon plein gré, figure-toi ! C'est la faute de l'autre peluche, quand j'ai voulu m'en griller une dans le couloir, il est apparu de nulle part pour m'engueuler et ajouter une règle !
Sur ce, Kiwa nous colla son MonoPhone sous le nez...
Règle 18 :
Il est interdit de boire de l'alcool et consommer du tabac ou tout autre substance illicite à l'intérieur du bâtiment, excepté dans vos propres chambres.
- Pourquoi tu n'es pas restée dans ta chambre, alors ? questionna Tsubasa. Tu n'as pas l'air de nous apprécier, je suis sûre que tu aurais préféré...
Kiwa devint soudainement écarlate.
- C-C'est parce que...
Elle jeta un œil à Mairo, que celle-ci ne sembla pas remarquer.
- Je voulais découvrir les lieux avec Mairo-chan, c'est tout...
Un sourire pervers se dessina sur les lèvres de Tsubasa.
- Oh, je vois... On ne va pas vous déranger plus longtemps, alors ! Tsuri-chan, Hayami, on y va !
Elle se dépêcha de s'éloigner pendant que Kiwa l'invectivait derrière, encore plus rouge qu'auparavant.
Nous passâmes donc le reste de la journée à chercher une éventuelle sortie (entre temps, nous avions pris notre repas en commun avec tous les autres), mais malheureusement en vain. C'est donc désemparés que nous allâmes nous coucher après avoir dîné...
Je dormis d'ailleurs très mal, n'arrivant pas à me détendre ne serait-ce qu'une seule seconde. Les paroles de Monokuma tournaient en boucle dans ma tête.
Aussi, le lendemain...
Ding
Dong
Bing
Bong
"Bonjour, chers élèves ! Il est actuellement sept heures, nous passons donc en horaire de jour ! Passez une nouvelle journée magnifiquement meurtrière ! Oh, et rendez-vous exceptionnel dans le gymnase à huit heures tapantes ! Les retardataires seront punis !"
Cette fois, bien qu'ayant très peu dormi, je fus tout à fait réveillée.
L'angoisse ne me quitta pas du petit-déjeuner, je n'avais aucun appétit, et je devinai à la tête des autres qu'il en était de même pour eux. Même Gaika et Kiwa s'étaient réveillés à l'heure, c'est dire...
Qu'est-ce que Monokuma pouvait bien avoir à nous annoncer...?
Personne n'osait poser la question, parce que nous savions tous que nous n'aurions pas de réponse... Si nous n'y allions pas.
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