Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. Je ne pouvais pas m'empêcher d'entendre des bruits de pas dans le couloir - sans doute ceux de Fûpu-san qui était le premier à monter la garde - et le léger mouvement du bateau ne m'avait absolument pas détendue. Je ne vais pas commencer à avoir le mal de mer, si ?

Je baille en me redressant sur mon lit, il doit être aux alentours de sept heure et demi, l'horaire de jour de Monokuma n'a pas encore sonné. Est-ce que je vais dehors dès maintenant ? Fûpu-san devrait encore faire la garde normalement, je pourrais donc savoir si quelqu'un est sorti pendant la nuit. De plus, il n'y a pas grand chose dans cette chambre, un lit, un bureau, un carnet pour écrire et un stylo dessus, une chaise, une commode... Commode uniquement remplie de mon uniforme en plusieurs exemplaires par ailleurs, comme si c'était tout ce dont nous avions besoin.

Peut-être que je pourrais écrire un peu une sorte de journal ? Ça pourrait être utile pour ne pas perdre le fil des évènements, et peut-être même pour recueillir des indices plus tard. Oui, autant commencer. Au moins ça me fera passer le temps avant la fin de l'horaire de nuit.

Et je m'installe donc, ma casquette posée à côté sur le bureau, résumant les évènements de la veille et réécrivant ici les règles de mon monopad. On ne sait jamais, je pourrais bien l'oublier ou le perdre quelque part. J'écris, essayant de n'oublier aucun détail, j'en profite aussi pour noter ce que j'ai pu apprendre sur mes camarades. Leurs noms, ultimes, des détails, ce que j'ai pu voir de leur personnalité... Ce n'est pas grand chose pour le moment, mais je pourrai peut-être y trouver une utilité plus tard.

A peine ai-je fini d'écrire les évènements de la veille que l'annonce du matin de Monokuma résonne. Cette fois, contrairement aux deux autres tueries, pas d'écrans pour nous montrer le capitaine du navire, juste sa voix agaçante. Je soupire en me levant de ma chaise, il est temps de manger un peu dans le réfectoire maintenant que nous avons accès à la cuisine pour cuisiner un peu.

En sortant de ma chambre, je vois directement Fûpu-san, semblant toujours bien réveillé devant la sortie du dortoir, bloquant totalement l'entrée avec son corps imposant. Je me dirige vers lui, ayant quelques questions à propos de la nuit qui est passée.

«Ah, Masayoshi-san ! Bonjour !

- Bonjour. Excusez moi de vous déranger, vous devez être très fatigué après une telle nuit blanche, mais j'aimerai vous poser quelques questions.

- Pas de soucis !» il arbore un grand sourire, étonnement assez pour me mettre en confiance «Qu'est ce que tu veux savoir ?

- Est-ce que quelqu'un est sorti pendant la nuit ?

- Et bien... Heelu est partie dans l'infirmerie dans la nuit... Elle a dit qu'elle arrivait pas à dormir dans la chambre. Mais personne d'autre ! Et elle n'est pas revenue non plus...

- Je vois.» Heelu-san est dans l'infirmerie ? Je suppose que c'est logique, mais qu'est ce qu'elle y fabrique ? «Vous pouvez aller vous reposer maintenant que le temps de nuit est fini vous savez ?

- Je préfère vérifier que tout le monde sorte de sa chambre avant. Juste pour être sûr qu'il n'y a pas de problème.

- Très bien. Oh, avant que je ne parte, est-ce que des gens sont déjà dans le réfectoire ?

- Non, je n'ai vu personne à part toi et Heelu sortir de sa chambre...

- Merci de votre réponse. Sur ce, j'y vais. Passez une bonne journée.»

Après qu'il me salue avec un grand sourire, je me dirige vers le réfectoire au fond du couloir, décidant de faire le repas de ce matin étant la première réveillée.

Je ne suis pas la meilleure en cuisine pour être honnête, sans aucun doute que quelqu'un d'autre aurait pu faire un repas bien meilleur pour seize personnes, mais peu importe. Du temps que c'est mangeable, il n'y a pas de quoi se plaindre si ? Je m'attèle à ma tâche, un déjeuner simple et rapide étant suffisant pour la majorité d'entre nous. Si jamais certains ont besoin de plus, la cuisine est toujours ouverte pour eux.

Quand je commence à installer le contenu du repas sur la grande table du réfectoire, je vois que Tsuta-san et Nadeshiko-san sont également là, de grands sourires au visage. Je les salue rapidement, mes bras encore chargés de nourriture que le jardinier me prend rapidement en me rendant mon bonjour. Lui et Nadeshiko-san semblent en forme, il faut croire qu'ils ont bien dormis.

Avec leur aide et leur conversation animée en bruit de fond, nous finissons d'installer le repas avant que les autres n'arrivent. J'ai cependant un mauvais pressentiment. Je sens que Monokuma ne nous laissera pas beaucoup de temps avant de nous donner une raison de tuer, n'importe laquelle. Dans les jeux précédents... Qu'est ce que c'était déjà ? Les proches et la peur que quelqu'un passe à l'acte non ? Il n'utilisera donc pas l'un de ces mobiles pour cette fois, il met toujours un point d'honneur à être plus ou moins original. Enfin, si cette Tuerie est comme les autres bien sûr. Et il est impossible de le savoir pour le moment.

«Eh, Masayoshi-chan ! Dis, toi t'as des frères et sœurs ?

- Non, je suis fille unique. J'en conclus que vous en avez ?

- Oui, tu as compris. Nadeshiko-chan a une petite soeur, quand à moi j'ai deux frères.

- Ils doivent vous manquer...

- Évidemment ! Mais je connais ma soeurette, elle a pas besoin de moi pour aller bien, pareil pour mes vieux !

- De même pour mes frères et mes parents. Je suis sûr qu'ils vont bien.

- Je ne peux qu'être également persuadée que mes parents vont bien. Mon père doit sans doute avoir demandé une enquête sur notre disparition, cela ne serait pas étonnant.

- Ton père est policier ? Ça serait logique que tu sois policière aussi si t'es une "fille de" !

- Et bien, oui. Il est chef de la police de Nara, c'est grâce à lui que j'ai pu être si tôt formée au métier de policière.

- Ouaip, comme j'le pensais ! Logique. Après, vu comment t'as l'air, on dirait pas que t'es le genre à profiter de pistons de la part de ton paternel !

- C'est le cas. Je préfère obtenir des résultats par moi même, peu importe la matière.

- Tu as l'air vraiment calme pour quelqu'un dans cette situation Masayoshi-san. Enfin, vraiment calme, plutôt que secrètement effrayée comme la majorité ici.

- Je suis effrayée, ne pensez pas le contraire. Cependant, je sais cacher mes émotions pour avancer et pour me protéger dans de telles situations.

- Wah, à t'écouter on dirait que t'as d'jà été dans une tuerie !

- Non, évidemment. Mais j'ai étudié celles de Hope's Peak et de l'île de Jabberwock, je me demandais comment le désespoir pouvait ainsi toucher les gens aussi facilement.

- Donc pour toi, cet endroit est une sorte d'expérience à échelle humaine...?

- Non, absolument pas ! Vous insinuez que j'ai l'air si froide que cela ?

- Non, pas du tout ! Désolé, désolé, je ne voulais rien insinuer !» il rit un peu, visiblement gêné alors que je retrouve mon calme «Ma question n'avait pas lieu d'être.

- Je me suis emportée, excusez-moi. Mais comprenez, je compte me servir de mes connaissances sur les anciens jeux pour vérifier que le moins de personnes possibles ne meurent.»

Avant que mes deux camarades ne puissent me répondre, Yamada-san et Kami-san arrivent, coupant court à notre discussion. Au fur à mesure que les autres arrivent, le repas posé sur la table n'a de cesse de diminuer et malgré les plaintes de certains, il n'y a bientôt plus rien à manger pour le matin.

Mais alors que Wakeshima-san allait vers la sortie, un rire caractéristique nous fit tourner la tête vers l'ours noir et blanc.

«Bonjours tout le monde ! Ah, ça fait du bien de tous vous voir là, même ceux qui ont pas dormi ! Mais bon, vous vous doutez de pourquoi je suis là nan ?

- Accouche la peluche.» Bôkyaku-san regarde Monokuma d'un air froid, les bras croisés «Tu vas nous donner nos mobiles, c'est ça ?

- Oh, perspicace hmm ? Je me demande quel sera ton rôle dans cette tuerie... Enfin, comme tu l'as dis, il est l'heure des mobiles !

- Donc, ça va être quoi ? Si on tue pas, quelqu'un meurt ? Tout le monde ? Ou encore un proche par jour sans personne tuée ?

- Oh, que de bonnes idées ! Mais non ! Le mobile de cette fois, c'est vos plus grands succès, ce qui vous a donné votre titre !

- Comment ça ?» Monimono-san semble stressé, et je peux le comprendre «Nos plus grands succès, tu veux dire...

- Ouip !» il nous présente des enveloppes à nos noms, sorties de je ne sais où avant de nous les présenter «Regardez donc ! Sachez que si jamais vous ne tuez personne d'ici... Disons cinq jours, tout ça, POUF ! Disparu, comme si ça n'avait jamais existé ! Même plus de traces sur internet, pour dire !

- Eh, comment tu peux faire ça ?! Et pour les trucs pas matériels comme... Comme mes hacks ?

- On s'en fout de comment ! L'important dans un voyage, c'est la destination comme on dit, et là la destination c'est la destruction de tout ça ou un meurtre, au choix !»

J'ouvre mon enveloppe en me doutant de son contenu, gardant une oreille sur la discussion de Monokuma avec les autres élèves.

"L'intégralité des affaires conclues par Atsu Masayoshi ne le seront plus, et les personnes arrêtées par elle seront toutes remises en liberté"

C'était à prévoir, mais même si je doute que Monokuma en soit capable, je dois quand même rester sur mes gardes. J'ignore de quoi il est capable.

Un rire me sort de mes pensées et je me tourne vers Bôkyaku-san, qui arbore un grand sourire devant sa lettre avant de la déchirer comme si c'était un simple brouillon. Ses yeux ont une sorte de lueur d'amusement que je n'ai pas vu jusqu'à maintenant.

«Ouais, bah croyez moi c'est de la merde ce qu'il raconte, en tout cas pour moi.

- Mmh ? Et pourquoi ça ?

- J'crois pas que tu puisses faire ce que tu prétends que tu vas faire.» ses yeux prennent une lueur plus sombre mais son sourire ne se fade pas «Et même si ça arrivait, j'peux recommencer. Autant de fois que nécessaire, rien à faire. Enfin, amusez-vous à avoir peur pour rien !»

Et sans plus attendre il quitte la pièce, les mains dans les poches sans faire attention aux regards étonnés des autres. Quand bien même je ne sais pas ce qu'était son mobile, je comprends qu'il soit sceptique, difficile de complètement supprimer quelque chose.

Je regarde mes camarades qui ouvrent un à un leurs enveloppes. Je vois leurs visages qui se tendent ou qui semble sceptiques. Je crois même voir Seishin-san serrer contre elle sa peluche, Kami-san baisser sur ses yeux son chapeau, Taiwa-san trembler légèrement...

«Bon, maintenant vous savez quoi faire pendant la journée ! Aller, faites des pronostiques ! Qui sera la première victime ? Upupu, tant de suspense...

- La ferme la peluche.» Heelu-san soupire en mettant dans la poche de sa blouse le papier d'un air plus blasé qu'autre chose «Écoutez, faites ce que vous voulez, j'm'en fous.» elle n'a pas son ton habituel, elle est bien plus froide «J'ai quelqu'un à r'trouver qui s'rait complètement perdue sans moi pour m'occuper d'elle, et si vous vous en prenez à moi... Bah déjà, mon fantôme vous poursuivra jusqu'à vot' mort, mais en plus vous l'aurez sur le dos. M'enfin, j'y vais aussi.»

Et sans plus attendre, elle quitte la pièce, mains dans les poches, mais je suis sûre de l'avoir vue trembler légèrement en parlant. Mais en même temps, qui n'aurait pas peur ou tout du moins serait intimidé par l'idée de mourir comme ça ?

Dans un silence pesant, nous finissons par nous séparer. Le mobile annoncé, les choses vont sans doute accélérer, je vais devoir faire encore plus attention au comportement de chacun maintenant...

***

Je crois que c'est officiellement mon chapitre le plus long... Yay ?

J'essaie de faire intervenir les persos un peu plus, j'ai toujours du mal avec ça... Je me concentre toujours trop sur deux ou trois persos et j'en oublie les autres ^^'

Enfin, je suis contente, pour le moment j'arrive à faire un post plus ou moins deux fois par semaine ! C'est limite exceptionnel pour moi-

Enfin... J'hésite pour la prochaine fois, que du scénar ou un peu de FTEs aussi...? Eh, je verrai bien ¯\_(ツ)_/¯

(Bon, par contre je sais pas quoi faire pour ce chapitre 3 qui se met à la fin, c'est vraiment chiant ಠ益ಠ Et pour info, ce chapitre est fini depuis 11h22, j'avais juste la flemme de le poster une fois chez moi. Ouais j'en suis à là ^^')