Prologue (6) : Derrière le brouillard
TW : Vomi, sous-entendu de rétention forcée et de privation de mouvement
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Après quelques minutes de ce manège où Kiseki reste complètement sourde à nos faibles protestations, nous finissons par arriver à un point déjà bien avancé du sentier. Le sol y est dégagé, bien plus net que celui du pan de forêt où je me suis enfui.e hier, et marqué de petits piquets peints en rouge. Aucun risque de se perdre, si on est pas aussi stupide que moi.
Kiseki s'arrête enfin, et se retourne, toujours fraîche comme un gardon alors que Hibiki et moi peinons à reprendre notre souffle. La Tatoueuse est même secouée d'une grosse quinte de toux, et doit prendre dix bonnes minutes pour calmer sa respiration.
– B-Bon… elle est où, la fille dont tu nous as parlé ? j'articule avec peine.
– Juste là, derrière l'arbre, répond Kiseki en associant le geste à la parole. Mais doucement, par contre, elle est vraiment terrorisée…
Je fais quelques pas dans la direction indiquée, le plus doucement possible. La neige crisse légèrement sous mes semelles, mais j'arrive malgré tout à faire le tour du conifère sans récolter de hurlement. Et je tombe nez à nez avec… un sac en papier ?
Je me frotte les yeux pour être sûr.e de ne pas avoir la berlue, mais ma vision reste inchangée. Là, recroquevillée sur elle-même, est assise une fille vêtue d'une simple jupe et d'une veste, chaussée de bottines de randonnée, et avec sur la tête un sac en papier crasseux qui dissimule entièrement son visage. Ce genre de bizarrerie ne me surprend même plus à force, c'est pas pire que les crocs roses d'Altaïr.
Je m'accroupis face à elle, le plus lentement possible. Elle tremble comme une feuille, et je ne pense pas que ça soit à cause du froid. Elle doit suffoquer, avec ce sac. Je tends la main vers elle pour le lui enlever, quand je sens une main saisir brusquement mon poignet.
– Bon sang, Callaghan, qu'est-ce que tu fous ?! chuchote furieusement Hibiki.
Quoi encore ?! Elle voit pas que j'essaie d'aider ? C'est pas ses manières de rustre qui vont nous sortir de ce merdier ! Comme si on avait besoin de ça.
– Ce sac, c'est son bouclier contre le monde extérieur, continue-t-elle sur le même ton. Tu te sentirais comment, toi, si on envahissait ton espace vital pour te retirer la seule chose qui te retient de ne pas complètement exploser en foutu monstre hurlant ?!
Je sens mes joues rougir sous le coup de la honte, alors que je dégage brusquement mon poignet de son emprise.
– Qu'est-ce qu'on est censé.e.s faire, alors ?! je m'exclame, assez fort pour que la fille tressaille, ce qui me vaut un coup sur la tête.
– Déjà, tu vas arrêter de traiter une gamine en crise d'angoisse comme une emmerde dont il faut se débarrasser, et ensuite, tu fermes ta gueule et tu me regardes faire. Au moins t'apprendras des trucs, à défaut d'être utile.
Je sens la colère agiter mon estomac comme le magma d'un volcan, alors que je m'écarte de quelques pas, sans voix. Non mais, pour qui elle se prend… J'ai hâte de la voir en action, tiens, elle et ses paroles composées aux trois quart d'insultes.
Les mots ne sont pas suffisants pour décrire ma surprise lorsque je l'entends commencer à parler à la fille en arabe, avec l'intonation la plus douce que j'ai jamais entendue.
– Hey… Tout va bien. On n'est pas là pour te faire du mal. On vient pour t'aider et pour te mettre en sécurité.
La fille au sac ne bouge pas, mais ses tremblements se calment peu à peu au fur et à mesure des paroles d'Hibiki. Elle finit par relever légèrement la tête, ce qui me permet d'apercevoir qu'elle tient une télécommande entre les mains, étrangement semblable à une manette de PS4. Une forme surgit alors devant mes yeux, et je pousse un cri étranglé avant de tomber en arrière. Devant mes yeux virevolte une minuscule machine ressemblant fortement à… un drone ? Mon regard passe du drone à celle qui semble le piloter. Est-ce qu'elle se sert de la caméra de sa machine pour… voir sans enlever son sac ? Ça m'a l'air foutrement compliqué.
– … Elle a l'air de s'être calmée, souffle Hibiki. Hey, comment tu t'appelles ?
Pas de réponse. Ça m'aurait étonné.e.
J'aperçois Kiseki se glisser tout doucement à nos côtés, les mains levées pour signaler à la pilote qu'elle ne lui veut aucun mal.
– Elle veut pas parler… perso, je l'ai surnommée "Tritri". À cause du petit "33" sur son sac. Ça fait deux trois alignés. Three-Three. Tritri ! explique-t-elle avec un air tout fier.
Le surnom est mignon, bien qu'un peu stupide. Et apparemment, vu ce qu'elle tient en main, j'ai une petite idée de son identité.
– Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais en début d'année, le gouvernement américain a secouru une soldate dans un pays en guerre. Quelqu'un qui aurait envoyé un signal de détresse par des drones extrêmement sophistiqués.
Je fixe le petit engin qui continue de voler devant moi, comme s'il me scannait. J'imagine que c'est l'équivalent de la regarder, elle, dans les yeux.
– Son nom et son physique n'ont jamais été rendus publics, mais ils ont dit qu'elle méritait le titre d'Ultime Pilote de drone. Il y a de grandes chances que ça soit elle.
Hibiki et Kiseki me regardent comme si des cacahuètes me sortaient par les oreilles. Pourtant, tout concorde. Cette fille, "Tritri", est probablement l'ultime Pilote de drone.
– Est-ce que tu es l'ultime Pilote de drone ? je demande en arabe.
J'obtiens un faible hochement de tête, un poil réticent. C'est déjà quelque chose, au moins on a confirmation de son titre. Entre elle qui refuse de dire son nom et Eiji qui refuse de dire son talent, ça nous fait une belle bande de zigotos, tiens.
– Tu viens avec moi ? lui demande doucement Hibiki en lui tendant la main pour l'aider à se lever. Il faut que t'ailles te reposer. Tu peux me faire confiance.
Tritri hésite quelques instants, avant d'attraper la main d'Hibiki. La sienne tremble encore, et on dirait que ses jambes vont la lâcher à tout moment, mais elle se relève tout de même. Elle doit bien faire un mètre 80 elle aussi, si elle se tient droite.
– J'vais l'emmener à l'infirmerie, déclare Hibiki en japonais. Faut qu'elle se repose. Vous deux, rejoignez le groupe, ou faites ami-ami, bref démerdez-vous.
Et sur ces paroles fort charmantes, la voilà partie, me laissant seul.e avec Kiseki dans un silence inconfortable. Pour une fois, je décide de le rompre.
– Ayase, est-ce que t'as des affaires ici ? Tes vêtements, ton matériel…
J'ai encore un minuscule espoir de pouvoir retrouver mon portable.
– Ah ! C'est tout dans l'avion, ça, les valises sont dans la soute.
J'ai cru comprendre en écoutant les conversations qu'on était arrivé.e.s en avion, mais c'est vrai que je ne l'ai pas encore vu de mes propres yeux.
– Je peux t'y emmener, tes affaires doivent y être ! me propose Kiseki. Je dois prendre ma valise aussi de toute façon !
Je hausse une épaule en hochant vaguement la tête, signe de mon accord plus ou moins enthousiaste. Elle me fatigue à me crier dans les oreilles, mais ça pourrait être pire.
Je la suis donc jusqu'à la sortie de la forêt, et elle m'entraîne au milieu des chalets. Au bout de l'allée qui sépare les deux rangées, une carcasse métallique de couleur blanche s'élève, bien qu'elle ne soit pas aussi grosse qu'un avion normal. Probablement un jet privé… dont l'avant est d'ailleurs légèrement cabossé. Theodosia a bien mentionné que l'atterrissage avait été violent.
La porte est ouverte, la soute également, et une pile de valises s'entasse sur la neige. J'aperçois la mienne, d'un noir tout simple, mais facilement détectable aux nombreux autocollants qui la recouvrent. Bon, j'ai toujours mon bagage principal, c'est déjà ça.
Alors que je m'approche pour la récupérer, j'aperçois que quelqu'un est déjà là. De dos, je dirais qu'iel fait entre un mètre 70 et un mètre 80, ne porte qu'une blouse blanche en guise de protection contre le froid et arbore des cheveux bruns coiffés en un chignon haut tressé. C'est pas qu'iel me bloque le passage hein, mais un peu quand même, et j'ai pas vraiment la patience d'être poli.e.
– Tu pourrais te pousser ? J'aimerais bien récupérer ma valise.
Iel se retourne, et me fixe de son seul œil visible, l'autre étant dissimulé par une frange droite. Iel porte des lunettes, et ses cernes sont si marquées qu'on dirait qu'iel n'a pas dormi depuis trois semaines. Iel me dévisage. Sans rien dire. Pendant plusieurs minutes. Bon, c'est quoi son problème ?
– Tu veux ma photo ? je grogne. Si c'est ta valise que tu cherches, ça sera plus simple de soulever les autres, plutôt que de rester planté.e là à bayer aux corneilles.
Iel se plante face à moi, et débite d'un ton plat :
– Je vois. Tu souffres d'un complexe d'infériorité, renforcé par ta petite taille et probablement par d'autres éléments contextuels dont je n'ai pas connaissance. Tu te montres donc très agressif.ve afin d'imposer ta présence par les mots et le volume, et d'éloigner les gens qui chercheraient à t'approcher. Car ton complexe rend angoissante la proximité avec les autres, c'est pourquoi tu cherches à les repousser dès la première rencontre. D'où ta façon de me parler alors que je n'avais même pas encore dit un mot. Tu es plus facile à cerner que tu ne le crois.
…..
Je… Quoi ? Mais qu'est-ce que c'est que cette attaque personnelle dès le début ?! Je ne lui ai rien dit sur moi. Rien de rien. Elle ne connaît même pas mon nom ! Comment est-ce qu'iel peut savoir… non. Non, iel ne sait rien du tout. Iel se croit intelligent.e, mais ça ne prend pas. Iel bluffe, et si je lui montre que je suis touché.e par ses mots, je joue son jeu, et ça pas question.
– Ha. Ha ha, je rigole nerveusement, sans vraiment sourire. Très drôle.
Kiseki, visiblement confuse et toute aussi malaisée que moi, me rejoint dans mon rire. Mon interlocuteur.ice rehausse ses lunettes, sans un mot.
– Ça n'a rien de particulièrement drôle et j'en ai bien conscience. Rire comme si vous étiez constipé.e.s ne va pas faire disparaître le sentiment de malaise que je vous inspire.
Comme si on… calme. Ne réagis pas, c'est ce qu'elle veut. Calme.
– T-Tu t'appelles comment ? bafouille Kiseki. C-C'est génial, on dirait que tu lis à l'intérieur des gens…
– Ce n'est rien de tel. Ça reste de simples hypothèses. Mais pour te répondre, je suis Noelle J. Vincent, mon pronom est elle, et je porte le titre d'ultime neuroscientifique.
Noelle Vincent. Son nom me dit quelque chose, vaguement. J'ai dû la voir sur les réseaux, sur quelques sites d'extrême droite. Elle y était décriée, évidemment. Une fille ultime neuroscientifique aussi jeune, et ouvertement LGBT, si je me rappelle bien, ça ne leur a pas trop plu, aux extrémistes. Elle avait l'air cool sur le papier. Mais là, je peux pas la sentir.
– Ayase, et Callaghan, dit-elle pensivement. Vous êtes toustes les deux plutôt connu.e.s, mais je préfère vous voir en chair et en os plutôt que derrière un écran.
Bizarrement, ça ne me plaît pas qu'elle me dise ça. Pourquoi elle préfère nous voir comme ça ? Parce que ça lui permet de soi-disant "analyser" nos esprits comme on décortique des crevettes ? La belle affaire.
– E-Enchan-
– Ouais, ouais, j'interromps Kiseki. Ravi de faire ta connaissance, bla bla bla, maintenant je vais aller chercher mon bagage cabine si ça ne vous dérange pas.
Je trace sans attendre leur réponse, ni les regarder. Je passe probablement pour un.e énorme connarse, mais rien à foutre, je veux juste m'éloigner de cette fille et de son foutu regard, alors je gravis le plus vite possible l'escalier en fer qui mène à la porte de l'avion, pour disparaître à l'intérieur.
Une odeur aigre me saisit à la gorge. Putain, Ema déconnait pas quand elle parlait d'odeur de pied et de transpi… En même temps, avec seize adolescent.e.s dans le même jet, je ne sais pas trop à quoi elle s'attendait. Et ce n'est pas tout, le sol est dégueulasse. Il me semble distinguer des traces de dégueulis dans un coin, et le contenu de certains sac à dos et autres sacoches est renversé sur le sol. Je retrouve le mien. Il y a mon livre, mes lunettes (alléluia !), mon casque… mais pas mon portable. Ç'aurait été trop beau.
Il doit y avoir une vingtaine de sièges dans ce jet, tout au plus. Ils sont plutôt propres, et n'ont pas l'air d'avoir été salis… mais de sortes de lanières en cuir pendent des accoudoirs. Qu'est-ce que c'est que-
Un frisson. Un flash. Mes poignets. Ma peau moite plaquée contre le plastique froid des accoudoirs. Ma peau, sciée par des lanières en cuir. Un cri coincé dans ma gorge. Sortez-moi de là. Pitié, sortez-moi de là.
Je reviens brusquement à la réalité. J'ai les jambes qui tremblent. Ces lanières, elles ont servi… à nous maintenir immobiles. Envie de gerber.
– Eh, pousse-toi, tu vois pas que tu gênes ?! s'écrie derrière moi une voix en japonais.
Je sursaute, et fait volte-face pour me retrouver face à une nouvelle personne. Iel présente un teint mat constellé de boutons d'acné, des yeux verts cernés de violet, une gavroche enfoncée sur la tête pour cacher des cheveux d'un faux blond tirant sur un gris jaunâtre, et tient dans ses mains recouvertes de gants jaunes en latex un sac poubelle ouvert et presque rempli. Iel porte un t-shirt de K-pop XL par-dessus son col roulé, et un pantalon kaki éclaboussé de gadoue, tout comme ses chaussures. Sa bouche est tordue en une moue irritée alors qu'iel tape furieusement du pied sur le sol.
– Faut que je te le dise en quelle langue ?! Bouge-toi, j'essaie de faire mon boulot !
En tout cas, son attitude m'insupporte. Je reste donc planté.e là où je suis.
– Ça te tuerait de demander poliment ? je grogne. Parce que je suis pas ton chien, en fait.
Iel inspire. Souffle. Et me fusille du regard.
– Écoute-moi bien mon salaud, sois tu te bouges, soit c'est moi qui te-
Je ne lui laisse pas le temps de terminer.
– Tu nettoies l'avion ?
Iel a l'air déstabilisé.e un instant, mais reprend vite son visage coléreux.
– Ben non, je fais du break dance… Bien sûr que je nettoie l'avion, qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ici ?!
Putain, iel est encore plus agressif.ve que moi, faut le faire. À côté de luel, j'aurais presque l'impression d'être poli.e.
– Sinon, j'ai un nom et c'est pas "salaud", je réplique avec tout mon sel. Mika Callaghan, ultime Inter-
– Ouais, celui qui s'est cassé la gueule à l'atterrissage, je te remets, c'est bon. Shun Furusawa, Ultime Technicien de surface, ça te convient comme présentation ?
Tiens, il est japonais ? Il doit pas l'être de souche, alors. Il parle bien, mais il a un accent qui ressort, à de nombreuses reprises. Un accent qui ne vient d'aucune région japonaise. Et je m'y connais. Par contre, technicien de... d'où c'est un talent ça ?
– Technicien de surface ?
– Je fais le nettoyage dans des structures publiques, grogne Shun.
Je ne peux empêcher un ricanement de s'échapper d'entre mes lèvres.
– Ouais, donc en gros t'es l'ultime récureur de chiottes, quoi.
Il me lance un regard indéchiffrable. Lève son sac poubelle devant lui. Et le laisse tomber.
Sur mes pieds.
Je pousse un cri, c'est que c'est lourd cette merde ! Il est malade ou quoi ?!
– Tu sais quoi ? Va bien te faire foutre, articule-t-il d'une voix vibrante de colère. Allez tous vous faire foutre. Je suis le seul qui est assez sympa pour nettoyer votre merde, et vous me remerciez tous avec la même phrase ? Eh bah grand bien vous fasse, moi, je jette l'éponge, parce que ça va bien cinq minutes, putain !
Sur ces mots, il me bouscule sans se soucier de mon bras cassé et sors de l'avion comme une furie, abandonnant son sac poubelle au milieu de l'allée. Booon. J'ai comme l'impression que c'était pas la meilleure rencontre de cette journée, hein. Enfin, même si j'ai été vache, il était déjà énervé de base, donc c'est pas vraiment ma faute.
Je récupère mon sac à dos, et par curiosité, me dirige vers le cockpit avant de sortir. Mauvaise idée, un horrible relent s'en échappe. Une odeur de fumée, et pas de tabac, d'herbe. Tu m'étonnes que l'atterrissage a été violent si le pilote était défoncé ! Je m'écarte vite et me précipite à l'extérieur pour retrouver l'air frais.
Dehors, j'aperçois Shun qui cherche agressivement sa valise dans la pile près de la soute, ainsi que Kiseki et Noelle qui n'ont pas bougé. On dirait bien que Theodosia les a rejointes, elle devait être inquiète à tous les coups.
Je descends l'escalier avec mon sac sur le dos, mais à peine ai-je posé le pied sur la terre ferme que soudain, une voix sort de nulle part et retentit dans toute l'espace. Tout le monde lève la tête vers le ciel, cherchant son origine, mais elle est bien trop diffuse.
– À tous les élèves présents sur le campus, veuillez vous rassembler devant l'entrée de la tour dans un délai de dix minutes.
La voix est monocorde, traînante et enrouée. Elle ne contient pas la moindre trace d'enthousiasme, et pourtant… je sens une sueur froide humidifier ma nuque. Parce que je sais pertinemment ce que ça signifie.
– Je répète, à tous les élèves présents sur le campus… Oh et puis merde. Juste, ramenez vos culs de chiards devant la tour dans dix minutes max. Et… et quoi déjà ? Putain, j'ai oublié.
– La punition, voyons ! T'as oublié de parler de la punition.
Une deuxième voix, beaucoup plus juvénile et claire. Mais toute aussi sinistre. Nouveau frisson. C'est pas normal qu'il y en ait deux, c'est pas normal…
– Ah oui. Si vous ne vous présentez pas dans dix minutes, vous serez punis, énonce platement la voix. Voilà, fin de l'ann-
– Non non non, attends ! S'exclame la deuxième voix.
– Quoi encore ?
– Il faut qu'on mette l'enregistrement !
– … C'est obligé ?
– Non, mais c'est drôle.
– … Fais comme ça te chante. Pour ce que j'en ai à carrer.
J'entends la deuxième voix ricaner, suivie du son d'une machine qu'on enclenche. Et soudain, un rire. Grésillant, mécanique. Effrayant. Et reconnaissable entre mille.
"Upupupupu…."
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