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Prologue (4) : Un ciel si gris qu'il faut lui pardonner

J'ai suivi Theodosia et Sora jusqu'à la falaise où j'ai failli mourir la veille. La vue pourrait y être belle, mais entre le fait que j'étais aux portes de la mort hier et le ciel gris d'aujourd'hui… Le panoramique du lac gelé et des arbres qui l'entourent n'a rien de beau à mes yeux. Il ne signifie qu'une seule chose, l'impossibilité de s'enfuir.

– Theodosia, Mika ! Venez voir !

Je reporte mon regard sur Sora, qui s'est un peu décalée sur la gauche, juste devant… un escalier abominablement raide, sculpté dans la pierre de la falaise.

– Je crois que ça mène à la petite plage sous la falaise… enfin, plage, le bord du lac quoi. On devrait aller voir, y a peut-être quelqu'un !

Allons bon. C'est ça ou bien iel veut juste aller au bord de l'eau, comme un.e gosse. Ma salive se coince dans ma gorge lorsque je lae vois commencer à descendre les escaliers avec un équilibre plus que bancal. Iel ne réfléchit jamais ou quoi ?! Je maugrée et attend que Theodosia suive, parce qu'il est hors de question que quelqu'un descende derrière moi. Je ferme donc la marche, en longeant le mur. Des frissons me secouent, mes genoux font des castagnettes, foutu vertige de mes deux.

Je suis en nage lorsque j'arrive en bas, mais heureusement ma honte restera invisible, Theodosia et Sora ne me regardent pas. Leur regard est fixé sur quelque chose d'autre. Ou plutôt, quelqu'un d'autre.

Une personne qui doit faire à peu près ma taille (Youpi !), les... pieds dans l'eau. Juste au bord du lac, là où la glace a commencé à fondre. Iel a des pieds en titane, c'est pas possible autrement. En plus, iel est vêtu.e d'une sorte de kimono à motif galactique qui découvre tout le côté droit de son corps, alors qu'il fait trois degrés à tout péter ?! Sora et Theodosia sont en doudoune, et moi je grelotte sous mon trench-coat, mais iel se balade à moitié à poil… Attends. C'est cette personne le gars dont Ema parlait ??
Il ne nous a pas remarqué, et marche dans l'eau en rigolant, les bras étendus pour garder l'équilibre. Dans une main il tient une paire de chaussettes, et dans l'autre… une paire de crocs roses, le truc le plus immonde que j'ai jamais vu de ma vie. Il a l'air spécial, lui aussi, et je suis poli.e.

– Mais qu'est-ce que tu fais ?! s'écrie Theodosia après quelques secondes d'un silence interloqué.

L'interpellé relève la tête, dévoilant ainsi une épaisse frange de cheveux blonds qui lui cache les yeux. Comment il fait pour voir quoi que ce soit ? C'est perturbant. J'aime pas regarder les gens dans les yeux, mais j'aime bien les voir quand même. Là, cette personne… Je n'ai aucun moyen de deviner à quoi iel pense.

– Hm ? Oh, je teste la température. Un peu frisquet, si vous voulez mon avis, répond-il en souriant.

Theodosia pousse un soupir à mi-chemin entre la crainte et l'exaspération, avant de recommencer à parler, mais cette fois en grec.

– Sors de là si tu ne veux pas finir avec des briques en guise de pieds, Altaïr.

– Tu le connais ? s'enquiert en anglais un Sora visiblement paumé.

– Oui, on est dans la même promo… Et on vient du même pays. Ça aide.

Le dénommé Altaïr sort de l'eau en chantonnant, fourre ses chaussettes dans sa poches et enfile ses pieds encore mouillés dans ses crocs comme si de rien n'était avant de s'approcher de nous. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un mouvement de recul. Ce gars me déstabilise.

– Hello, mesdames, messieurs et messiautres ! Theodosia, tu nous présentes ?

– Tu peux le faire seul, non…? Tu sais parler anglais, elleux aussi.

– Ah, euh, je suis Sora Seon ! Ultime chef cuisinier, j'utilise tous les pronoms, s'exclame Sora après un instant de flottement.

– … Mika Callaghan, ultime Interprète, et j'utilise iel, je souffle, toujours déstabilisé.e par son attitude.

Altaïr hoche la tête en souriant, et fait une petite courbette fort ridicule devant nous, ce qui fait soupirer la kinésithérapeute à côté de moi. Idem, Theodosia, idem.

– Altaïr Calliope, ultime onirologue, pour vous servir. J'utilise le pronom il. C'est un plaisir, encore une fois, gentes personnes.

Génial, un serial dragueur, à ce qu'il semble. Ou juste un type louche. Et puis qu'est-ce que c'est que ce nom de talent à coucher dehors ?

– Orino… Irono… quoi ? je bredouille alors que mon cerveau encore peu fonctionnel se tue à comprendre son anglais à l'accent à couper au couteau.

– Ah, ne t'inquiète pas, ce n'est pas un mot très commun… Grosso modo, j'étudie les rêves, leurs symbolismes, et leur relation aux événements de la réalité.

– Trop bien, souffle Sora, l'air émerveillé.

Ouais, il a bien une tête à faire ce genre de truc un peu perché, c'est sûr. J'espère ne pas avoir à me le coltiner trop longtemps, alors je prie pour qu'il ne force pas pour nous accompagner.

– Haha, merci. Ce fut un plaisir de faire votre connaissance à toustes les deux, mais si ça ne vous dérange pas, je vais profiter encore un peu de cette charmante plage.

Oula non ça me dérange pas, au contraire, profite de ton petit bout de rivage tant que tu veux, je veux pas avoir un type dans ton genre collé à mes basques.

Theodosia le salue, et puisqu'il n'y a plus rien d'intéressant ici, nous remontons. Je passe en dernier, encore une fois, et essaie de calmer le tremblement de mes jambes alors que je pose enfin le pied sur la dernière marche. Cette fois, Sora me lance un regard inquiet, avant de me demander en langue des signes si tout va bien, ce à quoi je réponds par un vague hochement de tête. Oui, j'ai le vertige, je ne peux même pas me mettre debout sur une chaise, pratique quand on fait ma taille, et c'est ridicule. Il a pas besoin de me le rappeler.

Et visiblement, mon calvaire ne prendra pas fin de sitôt, car des éclats de voix se font entendre au loin. Une dispute, génial. Dire que c'est que le début… même si une part de moi espère encore être de retour à la maison ce soir.

– … On devrait aller voir, déclare Theodosia.

Bah oui, bien sûr, fais ta bonne samaritaine et immisce-toi dans les problèmes d'inconnus. Et j'ai pas d'autres choix que de la suivre, évidemment.

C'est ainsi que l'on tombe sur deux crétins en train de s'engueuler pour dieu sait quoi devant le panneau de direction. Un type de grande taille, bien propre sur lui, manteau noir sur les épaules, feutre sur la tête et lunettes sur le nez, aux yeux verts et aux cheveux châtains noués ensemble sur son épaule, et un autre en fauteuil roulant, cheveux blonds attachés en queue de cheval, yeux bleus, rouge à lèvres noir, un certain nombre de piercings et habillé tout de cuir noir et de chaînes. Des opposés polaires. Qui se crient dessus en ce qui me semble être de l'allemand.

– Moi ? Un "facho" ? Alors ça, c'est la meilleure. Ce n'est pas moi qui essaie de faire avaler mon idéologie subjective à des milliers de gens.

– Mon- Tu te fous de ma gueule j'espère ?? Ce n'est pas une idéologie, bordel, c'est le respect basique des droits humains ! C'est facile de parler d'idéologie lorsqu'on vit dans un système dont on est le premier profiteur. Tu me déçois.

– Je pourrais dire la même chose de toi, Leva-

– Judi ?!

Le cri de Theodosia nous fait tous bondir, alors qu'elle se précipite vers le blond et l'étreint de toutes ses forces. Ça a interrompu la dispute au moins ?

– Je… Je ne t'avais pas vu dans l'avion, j'étais occupée à l'infirmerie…

Le garçon éclate d'un rire soulagé et l'étreint en retour. Ok, donc ils se connaissent, et ils sont proches.

– Dodo ! C'est cool de te voir là, ça fait un visage connu plus sympa que d'autres, dit-il en lançant un regard mauvais à l'autre type.

Ok, donc ils se connaissent tous les trois, au vu du soupir de Theodosia alors qu'elle se redresse et se tourne vers le binoclard.

– Benedikt, bonjour. Tu sembles plus en forme qu'hier, le salue-t-elle avec ce qui me semble être une pointe de sarcasme.

– Épargne-moi tes commentaires, Hoyle, grince le dénommé Benedikt en remontant ses lunettes sur son nez.

– J'avoue que t'étais tellement blanc, on aurait dit une endive, ricane le gamin blond histoire d'en rajouter une couche.

Benedikt s'apprête à répliquer quelque chose, mais l'ami de Theodosia enchaîne sans lui en laisser le temps après s'être tourné vers nous.

– Bon bon bon, qu'avons-nous là ? Mis à part des personnes infiniment classes, je veux dire. Noms, pronoms, ultimes si vous en avez ?

Ouais, bon. C'est gentil mais je sais bien que c'est pour la forme. Ou pour la drague. Et Sora rougit, cette imbécile. Quelle arnaque.

– Mika Callaghan, iel, ultime Interprète, je récite d'un ton plat.

– Sora Seon, tous pronoms, ultime Chef cuisinier, bafouille Sora, toujours rouge comme une tomate. J-Je vous suis sur Instagram, j'aime énormément ce que vous faites !

Ah ? Il est connu ? Je me retourne vers lui pour mieux le regarder. Son visage ne m'est pas étranger, c'est vrai, mais où est-ce que je l'ai déjà vu ?

– Aww, merci ! Ça me fait super plaisir, je regarde tes émissions de temps à autre ! Tutoie-moi, je préfère. Et toi Mika, maintenant que tu le dis, je t'ai vu.e à la télé ! T'en jettes. Et en plus vous êtes toustes les deux super mignon.nes~

Et merde, je me sens rougir aussi, et je sais pas si c'est de gêne ou parce que ça me fait plaisir. Enfin, c'est rien à côté de Sora qui est pratiquement en train de fondre à côté de moi.

– Bref, comme t'as pas l'air de me connaître, je me présente aussi ! Judicaël Levavi, pronom il, et ultime activiste lgbtq+. Ravi de vous rencontrer ! Oh et Sora, tes chaussures ? Elles déchirent sa mère.

Sora baisse les yeux vers ses baskets arc-en-ciel en bredouillant des remerciements confus. Maintenant qu'il le dit, j'ai dû le voir passer plusieurs fois dans mes recommandations ou à la télé, mais… ça zappait dès que ça parlait de ce genre de sujet, à la maison. Alors bon.

– Oh et ce charmant jeune homme avec qui j'entretenais une conversation toute aussi charmante s'appelle Benedikt mais est plus connu sous le nom d'Ultime fils de-

– Je te prierai de t'adresser à moi avec un peu plus de respect, espèce de dépravé, grince ledit Benedikt dont les joues rougissent de colère.

– Tu t'es reconnu, ricane Judicaël.

– Les garçons, ça suffit, soupire Theodosia. Vous croyez vraiment que c'est le moment de vous disputer ? Vous avez quel âge ?

Judicaël lève les yeux au ciel, alors que Benedikt grince de nouveau des dents en essuyant ses lunettes avec un mouchoir. C'est vrai qu'il a l'air sacrément coincé du cul et pas très porté sur l'ouverture d'esprit. Rien que le regard qu'il pose sur moi et Sora donne l'impression que nous ne sommes pour lui que des cafards, qu'il ne prendrait même pas la peine d'écraser car cela salirait sa chaussure parfaitement cirée.

– Avant que vous ne vous fassiez de fausses idées, ou que Levavi ne dise encore plus d'imbécilités, je tiens à préciser que je suis l'ultime tailleur de pierre, et si je suis le fils de quelqu'un, c'est de la famille qui détient le plus grand empire financier d'Autriche. Mon nom complet est Benedikt Oliver Emilio Manninger-Semmelweis, mais si vous pouviez vous adresser à moi en m'appelant monsieur, ça serait parfait.

Ah ouais, d'accord. C'est pas un balai qu'il a dans le cul, c'est la tour de Pise. Il m'insupporte déjà, au moins autant qu'Ema Aozora. Les Manninger-Semmelweis, j'en ai déjà entendu parler. Proches de la famille royale d'Autriche, producteurs d'une bonne partie du PIB du pays, plus cathos que le pape lui-même, probablement consanguins, et tout le toutim. Autant dire que s'il essayait de faire bonne impression, bah ça tombe à l'eau pour les pauvres plébéiens que nous sommes.

– Tu tailles la pierre ? Je croyais que c'était un boulot de roturier, indigne d'un homme à la peau des doigts parfaitement lisses et qui ne doivent servir qu'à jouer du piano.

J'étais obligé.e de lui lancer une pique, ce type pète tellement plus haut que son cul que ça en serait presque comique si ça n'était pas aussi énervant. Et ça ne loupe pas, les flammes de l'enfer flambent dans ses yeux. Ironique pour un catho extrémiste.

– Je te demande pardon ?! C'est un métier qui requiert des compétences extrêmement rares et recherchées, et d'une importance capitale ! Tu te crois assez intelligente pour me parler de cette manière ?!

Absolument, puisque contrairement à toi je ne pense pas avec un cerveau rempli de l'eau de baptême dont on m'a abreuvé à l'âge de deux ans, je réplique.

Une expression confuse se dessine sur son visage. Ah bah oui, c'est plus difficile de répondre quand on te parle en swahili, hein ? Ça t'apprendra à me mégenrer, tocard. En plus, Judicaël se tord de rire dans son fauteuil, et ça, ça fait plaisir à voir.

– Mika, tu ne vas pas t'y mettre aussi !!

Aaaah, nous y voilà, le retour de sainte Theodosia, paix et amour sur la terre, et tout le tralala. Pourtant, même Sora retient à grand-peine un rire, preuve qu'iel a dû saisir au moins une partie de la conversation.

– Sérieusement, vous ne pensez vraiment qu'à vous engueuler alors que si ça se trouve, on est peut-être…

Elle frissonne et arrête de parler, son expression soudain grave. J'ai moins envie de rire d'un coup, parce que je crois comprendre de quoi elle parle. Sora et Judicaël ont l'air confus, mais l'autre sale type soupire, semblant lui aussi comprendre.

– Pour une fois, je suis d'accord avec Hoyle. Ces discussions tournent en rond, et il y a bien plus important à aborder. Comme la véritable raison de notre présence ici.

Attends, il veut sérieusement en discuter maintenant ?! Ah non non non, c'est pas du tout le moment non plus. Je suis pas prêt.e à dire ça à des personnes qui ne sont pas au courant. Je ne veux pas être lae messager.e d'une horreur pareille. Je ne veux pas voir leur visage se décomposer, ou leurs larmes couler.

– Ça devra attendre, malheureusement. Nous ne devrions pas tirer de conclusions trop hâtives, n'est-ce pas, soupire-t-il en replaçant son chapeau.

Sora tapote mon épaule, et m'adresse quelques gestes en langue des signes.

De quoi ils parlent ?

Je détourne le regard, et hausse une épaule. Pour lui dire que je ne sais pas. Je mens, bien sûr. Je refuse de lui annoncer ça.

Parce que si je fais ça, alors c'est tout un monde qui s'effondre. Et ce qui en restera… ça ne sera que notre prison.

Ou peut-être notre tombeau.

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