Chapitre II (12) : Smile for the picture
TW : Mention de maltraitance infantile
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- Tiens, Mika.
Mes yeux, jusque là fixés sur mes mains, se lèvent vers Theodosia. Elle me sourit doucement tout en plaçant une tasse de chocolat chaud entre mes mains.
- Ça devrait te requinquer.
- ... Comment il va ?
Elle s'assoit à côté de moi et pose une main sur mon épaule. Elle n'a pas cessé de sourire et ça me rassure déjà un peu.
- Tu as bien fait de me l'amener. Grâce à toi, je ne pense pas qu'il sera en danger. L'entaille était profonde mais n'a rien touché de vital, elle ne s'est même pas infectée. Et pourtant cet idiot l'a laissée en l'état pendant un moment. Il a dû gratter la plaie et elle s'est rouverte, c'est tout. Il se repose, maintenant.
J'ai l'impression de respirer pour la première fois depuis le début de la journée. Hibari va bien. Il est vivant. Il ne va pas mourir.
- Merci... T'as une idée de comment il s'est fait ça ?
- Ça doit dater de quand il a secouru Ema dans la forêt. Il a dû se prendre une branche et s'érafler violemment. L'adrénaline l'a sûrement empêché de ressentir la douleur, il était dans tous ses états lorsqu'il m'a amené Ema hier.
Oh merde. Avec tout ce foutoir, j'avais presque oublié l'incident Ema.
- Elle, hum... elle va bien ?
Theodosia me sourit à nouveau.
- Oui, juste une entorse et une grosse bosse, mais sinon elle va bien. Je la garde ici pour qu'elle se repose et surtout pour l'observer, je ne peux pas la laisser partir avec un éventuel traumatisme crânien.
Ouais, ça se tient. Au moins personne n'est en danger de mort immédiat à cause de cette escapade. Tant mieux. Tant mieux...
- Mika ?!
Uh oh. Sora vient de sortir de la salle de repos avec un plateau dans les mains et me fixe d'un air effaré.
- Je suis pas blessé.e ! Je m'écrie tout de suite avant de lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. C'est moi qui ai trouvé Hibari, c'est tout.
- Et tu l'as porté jusqu'ici tout.e seul.e ? Waw !
Son air sincèrement admiratif me déstabilise. Y a vraiment pas de quoi, si j'avais pas eu une montée d'adrénaline j'aurais même pas réussi à poser un pied devant l'autre. Heureusement, iel change tout de suite de sujet et me montre le plateau vide.
- J'apportais son repas à Ema ! Faut qu'elle reprenne des forces, donc je lui fais un régime spécial. Tu veux pas aller la voir, tant que t'es là ?
Bah voyons, et puis quoi encore ? Je suis content.e qu'elle aille bien, mais pas au point de m'infliger la présence d'Ema. Ou plutôt de lui infliger la mienne. Déjà que les autres me supportent à peine.
- Pas vraiment, j'allais rentrer...
- Mais non ! Vas-y, ça lui fera plaisir !
Je hausse un sourcil dubitatif.
- Alors ça, ça m'étonnerait. Je sais pas si t'as vu comment elle me parle mais ça m'étonnerait qu'elle m'apprécie.
Sora pousse un soupir et me fout une pichenette sur le front. D'accord, c'était gratuit ??
- C'est pas tant la personne qui importe que la présence ! Rappelle-toi le jour du maquillage, ça s'est pas trop mal passé non ?
Putain, entre mon râteau-pas-vraiment-râteau avec Hibari et mon mental breakdown de l'enfer ce jour-là j'aurais presque oublié.
- Oui enfin c'est pas un coup de gloss qui va changer son opinion de moi.
Sora soupire de nouveau, et me regarde droit dans les yeux avec l'air le plus deadpan que je lui ai jamais vu.
- Mika, je t'aime beaucoup mais des fois t'es vraiment pas une flèche.
.... Je.
- Va la voir !
Et le voilà qui se barre pendant que j'essaie encore de savoir quelle partie de sa phrase prioriser entre "je t'aime beaucoup" et "t'es vraiment pas une flèche". Genre, je sais. Enfin je crois. Je sais plus. Theodosia arrête de rire, je te vois pas mais je t'entends. Putain. Bon, bah j'imagine que j'ai pas le choix si je veux pas décevoir Sora, hein.
Je finis mon chocolat en quelques gorgées, et me lève. Je n'ai même pas besoin de parler à Theodosia, elle m'indique déjà les rideaux entourant le lit d'Ema avec un sourire qui me donne envie de m'enterrer sous terre. Achevez-moi.
Je traverse la pièce sur la pointe des pieds, et écarte doucement les rideaux.
Son pied est bandé, elle a des écorchures partout et une petite mine, mais c'est avec le dos droit et un regard tout aussi hostile qu'Ema m'accueille. Un éclat de surprise y passe lorsqu'elle me voit entrer, mais bien vite son visage redevient méfiant. Je referme le rideau dans un silence gênant. La Mime ne lâche pas un mot. Pas de bonjour, pas de dégage, rien. C'est qu'elle est toujours aussi polie, dites-moi.
Faut que je trouve un truc à dire ou on risque de se fixer dans le blanc des yeux pendant encore dix bonnes minutes. Je me racle la gorge.
- Hem, comment tu-
- Shhhhhhhttt !! m'interrompt furieusement Ema.
Quoi, qu'est-ce que j'ai... Oh.
Mao est en train de dormir à côté d'elle, roulé en boule et la tête posée sur la cuisse de sa sœur. Ne pas le réveiller, j'ai compris. Maintenant que sa frayeur est retombée, faut bien qu'il se repose aussi. En plus il est presque mignon quand il dort. Plus que quand il est réveillé.
- Désolé.e, je chuchote en tirant une chaise pour m'asseoir.
- Qu'est-ce que tu fous là ?
Si Ema parle tout aussi bas que moi, sa voix est remplie d'animosité. Je sais pas où Sora a vu que ma présence lui ferait plaisir, là elle a juste l'air de vouloir me tabasser avec sa lampe de chevet.
- Je venais voir comment t'allais, j'ai pas le droit ?
Et merde, ça sonnait encore trop agressif, ça va mal se finir cette histoire. Ema émet un claquement de langue sceptique, puis roule des yeux.
- Et depuis quand t'en as quelque chose à foutre ?
Trente secondes. Ça fait trente secondes que je me suis assis.e et elle me tape déjà sur les nerfs.
- T'as littéralement disparu hier et autant t'es insupportable, autant je préférerais que tu meures le plus tard possible.
De nouveau, elle lève les yeux au ciel.
- Wow. Trop aimable.
Je me sens vraiment con, là. À quoi je m'attendais ? À des remerciements ? À un sourire ? On parle d'Ema Aozora et c'est clairement pas son genre d'être reconnaissante pour quoi que ce soit. Je préfère encore son frère.
En captant mon regard sur Mao, Ema souffle avec l'air de celle qui va s'arracher la bouche à dire quelque chose.
- Quand... tu étais avec Mao, hier...
Tiens donc, aurais-je parlé trop vite ? Je hausse un sourcil, en attendant la suite.
- L'histoire que t'as racontée comme quoi tu t'étais perdu.e quand t'étais enfant, elle était vraie ?
J'aimerais bien qu'elle aille droit au but, ça fait très question piège là. Enfin bon, dans le doute, mieux vaut être honnête. Elle est blessée, qu'est-ce qu'elle pourrait bien me faire ? Me casser l'autre bras ?
- Ouais. Pourquoi ?
- ... Il m'a dit que ça l'avait rassuré.
Alors ça je m'y attendais pas. Si Mao lui a parlé de ça, ça veut dire qu'il a été un minimum mélioratif à mon égard et je pense que peu de personnes peuvent s'en vanter. Ema, elle, hausse les épaules en regardant sur le côté.
- Moi j'pense que t'aurais pu trouver mieux. Mais bon.
Mais quelle sale gosse... Remarque, je devrais m'en contenter. C'est sûrement la chose la plus proche d'un remerciement venant d'elle.
- Il s'est passé quoi hier, du coup ? je demande en fixant sa cheville distinctement enflée malgré les bandages.
Elle rougit. De honte ou de colère, bonne question. Les mots sortent en cascade de sa bouche, des murmures presque inintelligibles tant ils sont rapides.
- J'ai glissé et je suis tombée dans une crevasse, c'est aussi con que ça ! Tout ça à cause de Monokuma qui est même pas foutue d'entretenir son foutu sentier, des idées de merde d'Ayase et d'Hagane qui les approuve !
Je fronce les sourcils en réprimant une remarque acide. Je peux tolérer le Monokuma slander, mais reporter sa frustration sur Kiseki et Hibari c'est un peu fort de café.
... Je suis un peu mal placé.e pour parler.
Ema se renfonce dans ses oreillers, la lèvre inférieure tremblante comme si elle allait se mettre à pleurer. Pitié faites qu'elle ne pleure pas, je sais pas gérer mes adelphes qui pleure alors une gamine que je connais pas...
- Et maintenant je suis coincée au lit pour je sais pas combien de temps...!
Je soupire. J'ai pas non plus envie de passer des heures à l'écouter se plaindre.
- Ça guérira vite, c'est juste une entorse. Une semaine et tu pourras de nouveau courir partout et nous faire chier au passage.
- Oh ça va ! s'exclame-t-elle, irritée.
Elle se détourne et renifle, ce qui me rend un peu perplexe. C'est une blessure mineure et ça a l'air de la mettre dans tous ses états. Elle a dû avoir la trouille de sa vie hier, certes, mais là je trouve sa réaction disproportionnée.
- Je te prenais pas pour le genre sportif, je lâche.
- J'aime pas marcher, non. Mais le sport c'est super important pour mon Ultime, surtout la gym. Alors si... si je me blesse...
Des larmes apparaissent au coin de ses yeux. Oh, non.
- Ils vont me le retirer. Et je pourrais plus aller à Hope's Peak.
Alors ça c'est une première. J'ai rarement vu quelqu'un aussi terrifié de perdre son titre alors même que c'est ce qui cause sa présence dans une tuerie...
- Et si je peux plus aller à Hope's Peak, continue Ema avec des sanglots dans la voix, ils vont me renvoyer au cirque et je veux pas, je veux pas retourner là-bas !
- Le cirque ? Tu vivais dans un cirque ?
Ma question impulsive interrompt son flot de paroles, et elle se redresse en s'essuyant les yeux.
- Hmn. Les Aozora dirigent une grosse troupe depuis des générations, et là c'est mes grands-parents (le mot est presque craché) qui s'en occupent.
Ok, il y a un problème dans cette famille apparemment. Pour qu'elle soit aussi paniquée à l'idée d'y retourner, il a dû se passer des trucs pas folichons et je suis pas sûr.e de vouloir savoir quoi.
- Ils voulaient surtout pas que je me blesse aux pieds . Parce que sinon je pouvais pas monter sur scène et ils allaient perdre de l'argent, quelle tragédie.
Son regard s'assombrit. Elle caresse distraitement les cheveux de son frère, les yeux dans le vague.
- Par contre, le reste ? Rien à foutre. Tant que je pouvais tenir debout, bouger les bras et parler, ils s'en foutaient que je sois blessée. Y avait deux rois, eux et le public. Ma sœur, Mao et moi, on avait pas notre mot à dire. Comme tout le reste des artistes, sauf qu'en plus on était des gosses. Entraînés, encore souples. On était précieux.
Son dernier mot ne sonne clairement pas positif dans sa bouche, et vu la gueule du bordel, ça se comprend. Par contre, j'ignorais que elle et Mao avait une sœur. Il a parlé de leurs parents et du fait qu'ils étaient dans sa vidéo mobile, mais à part ça on ne sait rien de la famille des jumeaux.
- J'aurais préféré avoir la vidéo mobile de Mao, lâche-t-elle soudain. C'était nos deux parents et honnêtement ils peuvent bien crever. Mais moi... moi ils ont mis Naoka et Ume. C'est pas juste.
Là par contre elle m'a perdu.e. Ces noms ne me disent rien et ça doit se lire sur mon visage, puisqu'Ema soupire derechef.
- Notre grande sœur et man meilleur.e ami.e. Tu connais pas Ume ? Ume Fujio, c'est l'ultime Clown. On s'est barrés du cirque ensemble.
Je secoue la tête. Je suis pas très versé.e dans la catégorie art du spectacle des ultimes. Ema hausse les épaules et se gratte la joue. C'est là que je remarque qu'elle n'est pas maquillée, et cette fois je vois de beaucoup plus près les cicatrices rondes qui constellent son visage. Elles sont vraiment minuscules, à peine creuses, mais elles sont partout. Surtout sur les joues et le front. Est-ce que sa propre famille lui aurait fait ça ? Ça me fout la chair de poule, mais c'est pas impossible vu comment elle parle de ses parents et grands-parents.
- C'était vraiment si horrible que ça, là-bas ?
- ... Pas toujours, lâche la Mime après un instant de silence. On s'amusait bien pendant certaines représentations, et puis entre enfants on formait une bonne équipe, mais ça suffisait pas. C'était un enfer. Fallait toujours être prêts à jouer son rôle, que ce soit sur scène ou juste devant les gens. Toujours être au top de notre performance.
Elle agrippe le drap dans sa main libre, son visage enfantin tordu par une expression de pure haine.
- Tellement qu'il fallait rester le plus souple et agile possible. Alors mes grands-parents ont eu la géniale idée d'empêcher toute forme de puberté chez nous.
....
Oh bordel mais quelle horreur. Je rigole nerveusement pour tenter de dissimuler mes frissonner.
- Genre. Comme Kagari Goto ? Ils ont éclaté vos glandes hormonales ?
Ema me regarde comme si je venais de me foutre à poil sous ses yeux en dansant la Macarena sur l'air de Peanut Butter Jellytime. Des fois je ferais quand même mieux de me la boucler.
- Ça va pas, non ?? Ils en étaient pas à ce point-là, ils nous faisaient juste prendre des bloqueurs d'hormones !
"Juste" ?! Moi ça me semble déjà terrifiant. Forcer des gamins à prendre des médocs pour contrôler leurs corps comme des instruments, c'est... c'est dégueulasse, y a pas d'autres mots.
- On les prend plus depuis qu'on est à Hope's Peak, cela dit. Mais ça se fait attendre. Ils ont bien défoncé notre corps, ces bâtards, grogne la Mime.
Même si c'est le cas, j'ai comme l'impression que ça devrait pas tarder. Son front est parsemé de ce qui ressemble fort à un début d'acné.
- Mais je comprends pas l'intérêt de vous faire ça. Pourquoi en faire autant pour vous garder prépubères, c'est si important dans un talent de Mime ?
- Évidemment. Les enfants sont plus mobiles, plus malléables. Le cerveau l'est aussi, ajoute-t-elle avec un sourire ironique. Mais si tu veux je peux te faire une démo.
Avant que j'aie le temps de refuser, je la vois se racler la gorge, et d'un seul coup son visage change. Le regard, les lèvres, le posture d'un seul coup j'ai l'impression de voir une tout autre personne. Qui m'est étrangement familière.
Et pour cause, je la vois tous les matins dans la glace.
Les sourcils froncés, les coins de la bouche crispés, la posture agressive avec les épaules rentrées, les légers tics qui font surface de temps à autre, tout est glaçant de ressemblance.
Ema est en train de me mimer, moi.
J'ai un mouvement de recul, et elle a le même, presque instantanément. J'ai l'impression de me voir dans un miroir déformant. La personne en face de moi a toutes mes caractéristiques, sauf l'apparence. Et même si elle semble le faire naturellement, je sais que ça doit demander un effort considérable d'observation, d'anticipation et de reproduction.
Je voulais une explication, eh bien je l'ai eue. Mais elle me glace le sang.
- A-Arrête, j'articule d'une voix étranglée.
Ema sourit, et d'un seul coup le masque se brise. L'Ultime Mime est redevenue Ema Aozora, une enfant de quatorze ans malgré tout capable de prouesses qui ne devraient pas être possible pour une fille aussi jeune.
- Tu comprends maintenant ?
Je hoche la tête, la gorge nouée. Pour mimer à la perfection, tout le corps doit être capable de fonctionner à un niveau qui surpasse les capacités naturelles. Qui surpasse les capacités adultes. Pour autant, Ema sait toujours aussi bien mimer alors même qu'elle ne prend plus aucun bloqueur.
C'est vertigineux. Je ne sais même plus si j'ai en face de moi une génie ou un monstre.
- Fais pas cette tête, ricane Ema. Je sais que je suis douée, mais tout de même !
Elle tousse un peu, et cligne des yeux, comme surprise.
- Wow. J'ai beaucoup parlé dis donc. Et je t'en ai beaucoup trop dit d'ailleurs ! (Plus agressive, à nouveau) T'as pas intérêt à en parler à qui que ce soit !
Voyant que je la fixe toujours avec un air de merlan frit, elle me fait un signe de main agacé.
- Reste pas planté.e là comme une souche ! T'as pas d'autres trucs à faire ? Allez, ouste !
Je me lève, pas mécontent.e de pouvoir échapper à cette ambiance pesante, mais il n'empêche qu'elle est moins véhémente dans ses ordres que d'habitude. Ça lui a peut-être fait du bien de parler ? J'espère.
En traversant la salle, je passe devant les rideaux qui entourent le lit d'Hibari. Une silhouette, assise, se découpe dans la lumière. Il doit être réveillé... Tant mieux. Peut-être que ce rêve n'avait finalement pas grand-chose de prémonitoire... Et ça fait sens si c'est des tueries passées. Je me suis inquiété.e pour rien.
Sora m'attend à l'entrée de l'infirmerie, ses grands yeux inquiets fixés sur moi.
- Ça a été ? Chuis désolée, j'ai peut-être un peu forcé tout à l'heure...
- On a pas mal discuté. Ça aurait pu être pire, je pense. T'inquiète pas, j'ajoute pour essayer de la rassurer.
Son sourire revient presque instantanément. L'avantage avec Sora, c'est qu'iel se rassure aussi facilement qu'iel s'inquiète.
- Super ! Si ça s'est bien passé, tu veux bien m'écouter sur un truc ? J'ai eu une super idée !
Je hausse un sourcil.
- Développe ?
- Il y a une activité qu'on peut faire en groupe sans risquer d'accidents graves comme celui-ci, et je voulais t'en...
Iel s'arrête, semble réfléchir, puis me gratifie d'un sourire bien plus facétieux que le précédent.
- Hm, et puis non ! Finalement je crois que je préfère garder la surprise. Je vais essayer d'organiser ça dans le courant de la semaine prochaine !
J'ouvre la bouche, mais iel part en courant en poussant un cri surexcité, sans me laisser le temps d'en placer une. Un nouveau soupir s'échappe de ma bouche alors que je me masse la tempe.
Je suis à peu près certain.e que ça va encore mal se finir.
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Haha FTE goes brrrrr :D
Ema est une connasse mais jelem
Aussi la musique est une blague-
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