« Je suis désolée »

Elle réapparut la semaine suivante.

Vivante, belle, comme il l'avait laissée deux semaines plutôt.

Ils ne s'étaient pas regardés. Chacun fuyait le regard de l'autre.

Blessé ? Surement. Gênée ? Encore plus.

Ils ne s'étaient pas, non plus, parlés.

Il ne savait pas quoi dire. Il était triste, blessé mais surtout soulagé. Peut-être qu'il n'avait pas tout gâché finalement ?

Mais il n'arrivait pas à oublier.

Il ne pouvait pas oublier.

Elle n'était pas venue. Pendant une semaine, elle n'était pas venue. Elle l'avait laissé attendre des heures sous le ciel étoilé puis des jours sous le soleil matinal. Elle l'avait laissé seul...

Le silence était redevenu maître. Il demeura chef deux jours, trois ... Une semaine.

Est-ce que c'était fini ? Lui crut que c'était terminé. Une amitié finit avant qu'elle ne commence, quelle ironie !

Pourtant sa présence le rassurait.

Peut-être que c'était douloureux de ne plus discuter. Peut-être que c'était insupportable de ne plus la fixer. Mais c'était déjà bien de la sentir près de lui.

Il aurait voulu franchir le cap. Sauf que Rancœur ne jouait pas sur ce terrain. Et c'était elle qui dominait dans son petit cœur fragile ces derniers temps.

Stupide sentiment ! pensa-t-il.

Il aurait tellement voulu que tout redevienne comme avant mais le voilà un peu trop rancunier, un peu trop fière, un peu trop orgueilleux... Incapable de faire le premier pas...

Non, cela devait venir d'elle. Elle devait faire le premier pas. Premier pas qu'elle fit.

Elle se posta devant lui.

Après sept longs jours d'attente, elle se leva et resta debout en face de lui.

« Je suis désolée. »

Trois mots. Trois mots ridiculement simples.

Seulement trois mots qui les délivrèrent, remplirent le gouffre entre eux et remirent tout en place.

Seulement trois mots qui le délivra de Rancœur, remplit son cœur d'un bonheur infini et remit son monde sur pied.

Seulement trois petits mots.

Un sourire. Voilà la seule réponse qu'il arriva à lui donner.

Et elle lui sourit en retour.