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« Tu es seul »
Toi, à la douleur naissante
S'ajoute Solitude,
Glorieuse souffrance,
Et ennemie invincible.
Toi, réduis à une blessure béante,
Enfoui sous tes cris, tes pleurs, tes prières
Tu n'entends plus qu'un mot
Soufflé dans un gémissement de tristesse,
Tu ne murmures plus qu'un mot,
Seul...
Le lendemain, elle n'était pas revenue.
D'abord, il s'imagina qu'elle n'avait pas le droit de sortir le soir. Après tout il ne connaissait pas ses parents. Peut-être -qui sait ? - que ces derniers l'avaient surprise en train de faire le mur et l'avait privé de sortie.
Mais le jour d'après elle n'était toujours pas là et son hypothèse n'était déjà plus d'actualité. Il pensait maintenant qu'elle était tombée malade. C'était une éventualité alors pourquoi donc n'y avait-il pas pensé plus tôt ?
Mais elle n'était pas revenue le jour suivant, ni le jour d'après...Et la semaine était passée et elle n'était toujours pas là.
Et cette deuxième possibilité s'effaça pour être remplacée par une nouvelle qui fut ensuite chassée par une autre. Ainsi s'enchainèrent des hypothèses jusqu'à ce qu'il n'eût plus d'idées et que son espoir s'envola.
Elle n'allait pas revenir. Il le pensait, il en était certain. Et tout ça par sa faute.
La douleur qu'il avait essayé de camoufler derrière ses excuses idiotes pulsait de son cœur.
Il avait mal, tellement mal.
Et le parc à l'heure matinale n'était plus qu'un sombre et douloureux paysage.
Il avait oublié combien la solitude le terrifiait.
Et les couples et leurs baisers fougueux, les amis intimes et leurs rires, n'étaient plus qu'une bande son lointaine et déplaisante qui le narguait délibérément.
Il avait oublié cette sensation d'étouffement, d'oppression.
Et ce banc près de la poubelle qu'il adorait tant n'était plus qu'un souvenir amer.
Il avait oublié cette maladive impression qu'il n'était rien pour personne.
Et Lug n'était plus qu'un garçon insignifiant, au dos voûté, un peu trop maigre, au visage tiré par la douleur et le manque de sommeil.
Sans elle, dans tout le parc, au-dessus du brouhaha des couples et amis, sur ce banc et dans sa tête, un unique mot résonnait.
Seul, seul, seul, seul, seul...
Tu es seul.
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