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Chapitre 9 - Zacharie (Partie 1)

Zacharie se fondit dans les ténèbres, son capuchon d'écailles baissé jusqu'au bout du nez. Deux miliciens s'approchaient. Lorsque leur torche perça la brume du carrefour, le jeune garçon se recroquevilla un peu plus, camouflé derrière les tonneaux. Il ferma les yeux, retint sa respiration et pressa contre son cœur un paquet emmailloté et taché de sang.

La patrouille traînait le pas sur les pontons. Aucun signe d'affolement. Personne n'avait constaté son crime. Pourtant, on ne tarderait pas à le découvrir, à se lancer à ses trousses. Il lui restait peu de temps. L'aube approchait. Les pêcheurs partiraient bientôt pour le large et Kelluva, la ville flottante, s'animerait comme chaque jour offert par Valta, le dieu Océan. Il fallait agir vite pendant que tout le monde dormait encore à poings fermés. Son cabanon n'était pas si loin. Il y récupérerait son épée et la perle d'alliance avant de filer vers les côtes impies.

« Par delà l'écume et la houle », songea Zacharie, avant de jeter un œil entre les tonneaux.

Dehors, derrière les filets de pêche, les mâts dressés des drakkars ballottaient sur l'horizon cafardeux. Les lueurs vacillantes et lointaines des patrouilles s'y découpaient dans une brume épaisse, propice à l'évasion. La torche des miliciens en approche dessinait des ombres folles sur les murs et les pontons. Elle s'accompagnait du murmure étouffé des deux hommes et du clapotis entêtant des vagues qui fouettaient les coques alentour. Toute cette ambiance sonore masquait la respiration saccadée du jeune garçon aux aguets. Son cœur gonflait ses tempes. Il avait les mains moites. L'humidité des embruns matinaux n'aidait pas.

« Ici, c'est le cabanon de Rorick Le Gras », lança le premier milicien.

Les bruits de pas cessèrent.

« Oui ! assimila le second.

— T'entends ? »

Des ronflements perçaient les fines planches d'un baraquement.

« Quand il roupille comme ça, c'est que tout est bon !

— D'accord !

— Et là, tu vois ?

— Le chat ?

— Non ! Par-devers lui, Maltaillé ! Les tonneaux ! »

Zacharie frémit et se fit plus petit.

« Ouais !

— Garde toujours l'œilleton dessus quand tu passes.

— D'accord !

— Y a toujours des canailles qui tentent d'y puiser un peu de gnôle ! »

La voix s'approcha. Zacharie serra le poing sur la lame improvisée qu'il gardait encore avec lui. C'était un simple couteau taillé dans l'os, comme n'importe quel autre couteau. Mais celui-ci avait arraché la vie quelques instants plus tôt et témoignait encore de cet acte odieux.

Dans la pénombre, le garçon se préparait à en commettre un second.

La flamme de la torche vibrait au-dessus des tonneaux. Le milicien se tenait juste de l'autre côté. Dans les bras du jeune garçon, le paquet gigotait. Il le serra un peu plus fort. Il ne pouvait pas se permettre qu'on le découvre maintenant. Il ne pouvait pas se permettre que ces hommes donnent l'alerte et en attirent d'autres, autour de ce cul-de-sac où il s'était réfugié. Tout son être suintait la culpabilité : ses vêtements, couverts de sang, le paquet et l'arme. Tout son être méritait le châtiment réservé aux meurtriers, à ceux qui osent s'en prendre aux femmes. Personne ne chercherait à comprendre son geste. Il serait lacéré, puis plongé dans l'eau de mer, traîné à l'arrière d'un bateau, sans l'honneur d'une sépulture : la fin qu'on réservait aux lâches. Dans le meilleur des cas, il se viderait jusqu'à ce que mort s'ensuive, assailli par les brûlures du sel. Dans le pire des cas, le goût cuivré appâterait les créatures marines anthropophages. Leurs dents acérées dévoreraient ses membres un par un et il disparaîtrait alors en lambeaux, dans leurs gueules béantes.

Zacharie frémit. L'homme se pencha en avant.

« Par contre... »

Il marqua une pause.

« ... nous on peut se servir », chuchota le milicien.

Suivirent alors le grincement aigu du couvercle, le bruissement du liquide, l'odeur âcre des fermentations et le miaulement du chat, surpris par les visiteurs.

« Oh ! Merdaille de gravette ! » s'écria l'homme.

Zacharie prit une profonde inspiration. Son sang brûlait.

« Y a un gamin... »

Il banda ses muscles, serra les dents...

« ...qu'a balancé un vieux poulpe dans la barrique ! »

...puis se relâcha lorsqu'un cadavre poisseux s'écrasa à ses pieds.

« Y z'ont pas idée ! C'est de l'alcool de foie de morue, tout de même ! »

Le milicien se servit un coup.

« J'peux ? demanda avidement le second.

— T'y toucheras quand t'auras du poil aux bourses ! »

L'autre souffla sous les railleries. Le milicien referma le couvercle. Puis, les deux hommes s'éloignèrent comme ils étaient venus, le pas traînant, la torche à la main.

Zacharie se détendit. Sur les planches du ponton, le poulpe le dévisageait de ses yeux éteints. Le garçon l'écarta du pied, puis remercia Renpohja, Seigneur des Abysses et des choses cachées. Les dieux, insensibles aux meurtres, n'interféraient pas avec la justice des hommes. Désormais, il n'y avait plus qu'eux pour le protéger.

Sous son bliaud, le paquet remuait toujours. Avec délicatesse, Zacharie en vérifia l'état, resserra sa ceinture et jeta un dernier coup d'œil aux alentours avant de s'extirper de derrière les tonneaux.

Disparaître s'avéra plus simple que prévu.

Ce n'était pas la première fois que le garçon s'adonnait à ce genre de jeu. Comme tous les gamins de Kelluva, il avait exploré chaque repli secret, chaque chemin de traverse. Ainsi, il savait où se terrer pour éviter les réprimandes, où grimper pour espionner les frasques des adultes alcoolisés et paillards, mais surtout, il connaissait la danse et la fluctuation des baraquements cahotés par les roulis. Leur configuration capricieuse brassait drakkars, cabanons et pontons, amarrés autour du seul point immuable qui les unissait tous, la Cloche des Sombreurs. Cette gigantesque structure de bois aux jambes d'acier ancrées jusque dans les profondeurs marines s'élevait bien au-dessus des toits branlants. Elle ne sonnait pas. Non ! Ce n'était pas ce genre de cloche. Elle plongeait, plutôt. Elle coulait, même, dans les abysses, sous les vagues, entraînant avec elle une bulle d'oxygène où les priants adorateurs du dieu Océan et les scaphandriers récolteurs des bas-fonds s'adonnaient à leurs obligations. Dans le brouillard nocturne, elle scintillait des torches qui en soulignaient la silhouette massive.

Zacharie la gardait bien en vue. Elle était un repère sur l'horizon qui le mènerait jusque chez lui. Il se faufila alors d'ombre en brume, se glissa entre les structures ballottées par les flots et évita avec subtilité les patrouilles qui circulaient sous les porches et les étroites fenêtres, peu attentives à ses dérobades.

Personne ne l'interpella. Personne ne le rechercha non plus, encore moins les quelques miliciens endormis sur les bites d'amarrage, affalés contre les cordages qui maintenaient la ville en place. Ces hommes assoupis, comme tous les autres, ne se doutèrent pas une seule seconde de sa présence. Aisément, il rejoignit alors le quartier marchand qui encerclait la Cloche centrale des Sombreurs. Là, parmi des groupements épars de cabanons, entre les larges piliers d'acier qui sortaient des mers et soutenaient l'édifice religieux au-dessus des vagues, Zacharie retrouva sa demeure.

Il y vivait depuis qu'il avait quitté le cocon familial, un mois auparavant, pour se rapprocher des ports militaires. Ce n'était pas grand-chose. Juste une maison minuscule, semblable à toutes les autres, un cube de bois muni d'une unique fenêtre, d'une unique entrée et d'une unique pièce, où il entreposait ses broutilles. On les nommait « trous à murène ». En journée, la lumière n'y filtrait que par petites touches lorsque le soleil caressait l'horizon. Entassés les uns contre les autres, ces îlots d'habitations suffoquaient au milieu des étals et des entrepôts qui empestaient le poisson. Rien d'affriolant. Pourtant, Zacharie s'y sentait chez lui.

Discrètement, le garçon ouvrit la fine porte d'entrée donnant sur ses piètres appartements. En tête, un objectif. Retrouver son épée et la perle. Surtout la perle. Sur son ventre, le paquet avait cessé de gesticuler. Zacharie en profita pour accélérer ses recherches. Il n'y voyait pas grand-chose, mais à tâtons, il devinait facilement où débusquer tout ce dont il avait besoin. Juste en dessous du lit, d'abord. Il extirpa l'arme revêtue de son fourreau en galuchat. Fidèle depuis deux ans, primitive, souple et légère, elle tenait dans une main et suffisait amplement à terrasser ses camarades quand ils s'entraînaient sur les pontons réservés aux futurs soldats.

Il l'accrocha à sa ceinture.

Puis, il se précipita derrière ses couvertures malodorantes et y dénicha la perle tant recherchée, emmaillotée dans un vieux linge sale. Entre ses doigts, l'objet irradiait d'une chaleur rassurante qui se diffusa jusque dans son cœur étriqué par l'inquiétude. Pendant une minute, il se sentit affaibli, incapable de fuir, incapable de quitter sa ville natale.

Il s'assit sur son lit et inspira profondément.

Comment une si petite chose pouvait-elle vous tirer les larmes des yeux ? Il naviguait aux limites de la fierté, là où la tristesse s'avale, là où on relève le torse pour montrer qu'on reste maître de soi. Cette perle symbolisait l'inverse. Elle le gonflait d'émotion, soulignait sa faiblesse. Celle qu'on attribue aux femmes. L'amour futile qu'il se devait absolument de réprimer. Pourtant, l'amour, c'était ce qui l'avait mené jusqu'ici, ce pourquoi il avait tué, ce pourquoi il allait fuir en volant un canot en bordure de la ville, ce pourquoi il deviendrait un hérétique en rejoignant les terres impies des Fouleurs.

Zacharie referma la paume de sa main sur la perle. Une larme coulait.

Il se souvint de Lucia.

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