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Chapitre 5 - Mobius (Partie 3)

Progressivement, les ombres se diluèrent jusqu'à ce que les aspirants et leur guide atteignent le centre du bâtiment. Là, enveloppés d'un silence ecclésiastique, ils s'extasièrent, muets : devant eux se révélait une majestueuse pièce circulaire à l'architecture intérieure bien plus travaillée que les façades aux décorations inexistantes. Cette opposition de style provoqua chez Mobius une fascination troublante. Pourquoi ces créatures s'isolaient-elles ainsi du monde ? Voulaient-elles protéger la beauté mystique de leurs rites, de la même façon qu'elles s'effaçaient derrière leurs larges vêtements ?

« C'est... géant », s'étonna la gamine.

La sacralité des lieux atténuait sa fougue infantile. Sa voix timide résonna sur les marbres obscurs veinés de gris jusque derrière les écrasantes colonnes qui agrémentaient le pourtour de la salle. Les murs vierges apparaissaient comme vide de sens aux yeux de Mobius. Pas une arabesque, pas une peinture ou même une sculpture ne venait entacher la sobriété ambiante. Pourtant, la froide splendeur qui en résultait forçait au respect et à la contemplation.

Le vieillard toussota ; de fines particules flottaient dans l'air. Au centre, un brasero gigantesque crépitait en silence. Une épaisse fumée cendrée s'en échappait. Elle s'étalait jusqu'à la voûte insaisissable, en un ciel couvert. Les volutes, chargées d'encens, s'étiraient dans les recoins les plus insoupçonnés, saturaient l'espace d'un capiteux et résineux parfum qui oppressait les sens et assombrissaient les lieux déjà enclins à l'obscurité. Depuis les coursives qui serpentaient sur plusieurs étages, tout autour de la pièce, des ombres observaient discrètement la scène.

Mobius distingua leurs lointains chuchotements.

« Certainement d'autres créature », songea-t-il.

Puis, à mi-distance du brasier, leur guide s'arrêta. Ses invités firent de même.

« Capites, mes pairs ! Nos enfants nous ont rejoints », annonça la créature.

Suite à ces mots, les murmures se turent les uns après les autres, puis donnèrent naissance à un chant lugubre et lymphatique. Les paroles, d'abord nébuleuses, se firent compréhensibles à mesure que les chœurs se rapprochaient. Mobius, crispé, sentait cette insidieuse litanie lui enserrer les viscères. Emprisonné par le rythme profond et par sa pesante lourdeur, il se laissa aller à l'union. L'encens aida à la symbiose. Entre les couplets occultes, le jeune homme entendit ce verset, répété avec insistance, cette antienne qui invitait à l'abandon.

« Renonce, Renie et Répudie.

Renonce, Renie et Répudie. »

Les chantres se présentèrent alors à eux, comme une myriade d'individus identiques, accoutrés de leur épaisse bure noire. Ils se mouvaient paisiblement et se déversaient dans la salle depuis les entrées latérales qui menaient aux étages. Avec une harmonie magnétique, ils se positionnèrent en arc de cercle autour du brasero.

Mobius n'en croyait pas ses yeux. Il s'étonnait de la puissance de leur cohésion, de la ressemblance exacerbée de leur voix monocorde, de leur taille et de leur corpulence. Tout ce cérémoniel lui glaçait les sangs. Combien dénombrait-on d'adeptes parmi ce groupuscule ? Plusieurs centaines ? Un millier ? Il n'osait même pas imaginer la force de persuasion qu'il avait fallu pour advenir à ce résultat et à la synchronisation de tous leurs mouvements. La réponse se trouvait peut-être dans leurs chants hypnotiquent qui annihilaient toute résistance.

« Pourquoi sur ton sort t'apitoyer

T'abandonner, toi l'Envoyé

Saches que si le divin te réclame

Il n'en est plus un qui l'acclame.

Renonce, Renie et Répudie.

Renonce, Renie et Répudie.

Compagnon, marche-t-il à tes côtés ?

Bienveillant, apaise-t-il tes nuits troublées ?

Non ! Car pour toujours fourvoyé, il a fui.

Loin de toi, l'Envoyé, infamie.

Renonce, Renie et Répudie.

Renonce, Renie et Répudie.

Maintenant, dans cette vie chimérique

Il est temps pour toi, l'Extatique

D'affronter, ta seule foi suffit

La foi en toi, la foi impie.

Renonce, Renie et Répudie.

Renonce, Renie et Répudie. »

Lorsque la dernière ombre fit son entrée, les chants se turent. Le guide fit alors signe aux trois aspirants de rester en place, puis il s'effaça au milieu de la foule, au milieu de toutes ces répliques de lui-même. Désormais, la fillette n'osait plus dire un mot. Ses yeux restaient figés. Le vielliard, lui, tremblait d'excitation et, malgré le retour du silence, Mobius captait encore l'écho des cantiques marteler ses pensées.

« Bienvenue, aspirants ! lança une voix discordante. Bienvenue dans les terres d'Apostasis la Morte, la plus glorieuse et décriée de toutes les Apostasis, demeure des Renonciateurs de Tête, les Capites. »

La créature qui avait prononcé ces mots se détacha alors du groupe. Vêtements et carrure identiques à ses semblables. Mêmes gestes lents et assurés. Même démarche fluide et contrôlée. Dans l'obscurité, personne n'aurait été capable de les différencier. Elle se plaça devant le brasero et y versa une poudre mystérieuse. Une fumée blanche s'éleva. Une vive odeur terreuse remplaça les volutes résineuses qui emplissaient les lieux. Les ombres alentours souhaitèrent ensemble la bienvenue, d'une seule et unique voix. Mobius sentit son cœur frémir, puis il essaya de se concentrer sur ce discours dont les intonations s'approchaient de celle de leur guide.

« Cette année... » continua la créature.

Le timbre était pourtant légèrement plus clair, plus affirmé.

« ...l'Enclave nous a apporté quarante nouveaux aspirants. Vous êtes les derniers à pénétrer notre demeure, les derniers à pouvoir embrasser notre Vérité. La seule et l'unique Vérité. »

Ces paroles sonnaient faux. L'unique Vérité ? Qu'est ce que la vérité pouvait bien avoir affaire avec ces lieux suintants de mysticisme ? Ce n'était qu'un postulat bourré d'obscurantisme. Mobius resserra la mâchoire ; la méfiance était de rigueur.

« Avant toute chose, nous réaliserons votre Intronisation ; l'Enclave le préconise pour les nouveaux immigrants. Sachez seulement qu'ici, contrairement à toutes les organisations, les peuplades et les colonies contrôlées par l'Enclave, nous vous laissons le choix : celui d'accepter ou non son enseignement, d'accepter ou non ce mensonge millénaire qu'elle inculque à toutes ses ouailles. »

Leur hôte s'emportait. La fillette et le vieillard semblaient hypnotisés par son éloquence. Mobius la jugeait inappropriée. Il jeta un œil au dessus de son épaule. Derrière eux, la foule glissait lentement pour les encercler et formait une chaîne épaisse et compacte, un rempart oppressant contre toute tentative d'échappatoire.

« Nous laissent-ils le choix ? Vraiment ? songea Mobius.

— Voilà donc ce que nous vous proposons, continua la créature. Ici, nous vous apporterons l'unicité dont vous avez besoin, la cohésion qui vous permettra de supporter ce que l'Enclave vous a fait subir. Ne vous a-t-elle pas extirpé de votre monde, de l'harmonie qui vous berçait avant d'atteindre ces terres ? Nous, les Capites, nous vous accueillerons sans rejeter votre différence, sans rejeter qui vous êtes. Vous ferez partie de nous-même et vos souffrances disparaîtrons. »

Mobius n'arrivait pas à croire en sa sincèrité. Non seulement, cette créature se camouflait sous une bure qui la rendait méconnaissable, mais sa voix... sa voix ne transmettait aucun sentiment. Elle alignait des mots dépouillés de leur sens premier, sans user de l'intonation appropriée, et les travestissait en une vérité malsaine.

« Si vous décidez de nous rejoindre, cela ne sera pas chose facile. Il vous faudra renoncer à l'individualité de vos enveloppes charnelles, ces simulacres de tissus organiques et sacrilèges, renoncer à votre jugement et laisser la foi vous étreindre. Si vous décidez de nous rejoindre, vous serez l'égal de tous, vous deviendrez un Renonciateur de Tête, un Capite. Si vous rejoignez nos rangs et notre idéologie, nous vous nommerons aspirant, adepte ou même ami et votre nom tombera dans l'oubli. Vous aurez alors la sensation d'être unique, de ne faire qu'un avec tous les autres, d'appartenir à une seule et même entité. »

Une ombre s'approcha de leur hôte.

« Mais, si au contraire, vous voulez vous abreuver à la source du mensonge. »

Elle lui tendit un calice scintillant qu'il leva bien haut.

« Il vous suffira de boire ceci. L'eau de la Révélation.

Est-ce si simple ? songea Mobius.

— Que ceux qui veulent nous rejoindre s'avancent d'un pas ! »

Le vieillard se déplaça vers l'avant. Mobius restait paralysé d'indécision.

« N'ayez crainte ! » leur dit la créature en tendant vers eux ses doigts rachitiques.

La fillette s'avança elle aussi.

« Laissez-vous aller à l'apostasie. Abandonnez vos espoirs de retour, abandonnez vos anciens dieux, inutiles, indécents. Renoncez, simplement... »

Mobius ne bougea pas.

« Souvenez-vous de cette épreuve comme d'une renaissance. Ce voyage, obscur et froid, ce périple vers les profondeurs. Ce ne sont que vos premiers pas vers la révélation vraie, vers la Renonciation. »

La créature invita alors la fillette et le vieillard à se diriger à l'arrière de la pièce. En partant, la gamine jeta un dernier regard à Mobius. La curiosité qui brillait dans ses yeux avait disparu. Elle avait laissé place à la peur. Une enfant ne pouvait comprendre l'ampleur du fanatisme qui régnait ici. Elle n'avait pas les armres pour se défendre. Pendant un instant, Mobius voulut l'inviter à rester, à s'accrocher. Mais il était déjà trop tard. Lorsqu'ils s'approchèrent, la foule les avala.

Mobius était désormais seul face aux Renonciateurs.

« Et vous, monsieur Klein. Est-ce vraiment votre choix ? »

Constatant son immobilité, la créature s'était approchée de lui. Elle avait posé sa main diaphane sur son épaule. C'était la première fois qu'on prononçait son nom. Comment pouvait-elle le connaître ?

« Je... », commença Mobius.

Il n'osait pas refuser. Qu'allait-il devenir ? Etait-ce la peur qui l'empêchait de faire un pas ou bien une réelle envie d'affronter cet ordre, d'affronter leur frénésie.

« Je... vais m'abreuver du mensonge », grimaça-t-il.

L'assistance se figea.

« Hmm... C'est bien ce que je pensais », dit la créature.

Cette voix était glaciale.

« Vous ne méritez pas une seconde d'attention. »

Mobius tremblait. Derrière lui, les ombres s'étaient rapprochées. Elles s'apprêtaient à l'empoigner.

« Conduisez celui-ci aux cellules d'accablement ! »

La foule fondit sur lui comme une volée d'oiseaux gouvernée par une pensée unique.

« Quoi ? hurla Mobius en jouant des coudes. Et le calice ? »

La créature le renversa devant ses yeux. Il était vide.

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