Chapitre 5 - Mobius (Partie 1)
Dans sa cabine, Mobius rêvait, inconscient. Son esprit divaguait, captif d'une convalescence forcée. Au creux de ses songes, une bataille intérieure débuta, une bataille qui l'opposait à un ennemi invisible, terré dans les profondeurs de son être.
Depuis plusieurs mois, il avait évité l'affrontement en diminuant de manière draconienne ses heures de sommeil. Mais, aujourd'hui à son paroxysme, cette fatigue accumulée avait raison de lui. Il en était convaincu : à cette occasion, l'autre rappliquerait au galop et profiterait de son état de faiblesse. De sa voix gutturale, il lui ferait se remémorer les pires horreurs, en y mêlant frissons et maux de ventre. L'autre, c'était la Peur elle-même. Une peur insidieuse. Une angoisse sans visage dont on ne prononce le nom qu'à demi-mot et dont il est impossible de se dépêtrer.
Personne ne le pouvait vraiment.
Lorsqu'elle rampait sournoisement vers vous, il n'y avait plus qu'une chose à faire : la fuir. La fuir éternellement, jusqu'à ce que, fatalement, elle vous rattrape. Mobius le savait. Il suffisait que le temps suive son cours, que la corde se tende jusqu'au point de non-retour, jusqu'à l'évanouissement. Là, seulement, son cerveau pouvait se reposer, attendre le prochain combat face à lui-même, attendre sa prochaine défaite. C'était inéluctable. À ce moment précis, lorsque la rupture s'opérait, lorsque Mobius basculait dans la terreur, des souvenirs ressurgissaient. Il les revivait alors comme s'il redécouvrait chaque sentiment, chaque sensation. Tout y était palpable – se concentrait en quelques minutes – et tout s'y mélangeait, les cris, le sang, les battements affolés dans sa poitrine, la sueur dégoulinant le long de sa nuque. Il n'y avait soudain plus rien d'aussi réel que ce lourd souvenir.
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