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Chapitre 27 - Zacharie & Lhortie (Partie 2)

Zacharie releva la tête ; un scintillement l'arrachait à son marasme. À l'opposé du plateau, paume tournée vers le ciel, la soldate rayonnait d'un halo verdoyant. La lueur inexplicable fusait dans tous les sens. Progressivement, elle avala la jeune femme, la végétation, l'horizon, à tel point que Zacharie dut porter un bras protecteur devant son visage. Puis, en l'espace d'une seconde, l'aura s'évanouit ; Lhortie avait refermé la main. Le jeune homme la vit s'approcher paisiblement. Elle laissa courir ses doigts sur les câbles tendus, repoussa les herbes hautes qui s'interposaient et vint s'adosser au muret, à un mètre de lui ; il la braquait toujours du regard.

« J'ai fini ce que j'avais à faire, lui indiqua Lhortie en se frottant les mains. Si vous en avez envie, je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous restiez ici encore un peu, mais je ne peux pas vous laisser seul, vous comprenez ? »

L'autre soupira et se terra dans le silence.

« J'ai oublié votre nom », ajouta la soldate comme pour l'inviter à le lui donner.

Zacharie détourna la tête. À quoi s'attendait-elle ?

« Je ne suis pas venu ici pour discuter », souffla le protégé.

La jeune femme esquissa un mouvement de recul avant de lancer avec malice :

« Je croyais pourtant que ceci vous intriguait. »

Zacharie réfréna un coup d'œil. Malgré tout, il distingua à sa périphérie, un objet argenté, monté sur une chaînette. S'il s'agissait d'un bijou, il lui préférait les coquillages et les perles récoltés par son peuple. Puis, il fit mine de s'en moquer. Il serra les dents ; il voulait qu'elle s'en aille, qu'elle l'oublie. Mais lorsqu'un cliquetis lui titilla l'oreille, sa curiosité l'emporta sur son besoin de solitude.

« Vous voyez que ça vous intrigue », s'amusa le lieutenant.

Tant bien que mal, le Vogueur maquilla son intérêt, mais ses lèvres le trahirent.

« Comment une si petite pierre... commença-t-il.

— Peut-elle briller autant ? continua Lhortie. Je ne le sais pas moi-même. »

Zacharie découvrit un médaillon à clapet, dont l'un des deux rabats abritait un double fond, camouflé derrière la gravure d'un enfant. Une gemme à l'état brut, pareille à une émeraude, y logeait. La soldate se pencha en avant, approcha le bijou, puis joua du poignet pour que la pierre diaphane miroite.

Le jeune homme l'observa, attentif. Lorsqu'il vit les doigts vigoureux du lieutenant se crisper, ses yeux s'écarquillèrent ; une étincelle s'embrasait au cœur de la roche. Elle annonçait les prémices de la vague lumineuse aperçue quelques minutes plus tôt. Puis l'incandescence gagna du terrain jusqu'à imprégner la gemme dans son ensemble, pour enfin finir par s'éteindre ; Lhortie avait relâché la pression.

« C'est... J'ai jamais vu un truc pareil, bredouilla Zacharie.

— J'étais surprise aussi la première fois », avoua la soldate en se redressant.

Elle rangea son médaillon dans la poche intérieure de sa veste.

« Cette si petite pierre, comme vous dites... » ajouta-t-elle.

Son visage se durcit ; un poids pesait sur ses épaules.

« C'est notre unique chance de survie. »

Zacharie fronça les sourcils. Rien n'était plus cryptique.

« Vous voulez dire que cette lumière peut nous sauver ?

— Pas en tant que telle. C'est un signal qui attire un piaf. »

L'autre ne cilla pas cette fois. Il commençait à comprendre.

« C'est un oiseau messager lié à moi seule, précisa Lhortie.

— Un oiseau avec des ailes ? Un oiseau qui vole ?

— Hmm, oui », tâtonna la soldate.

Zacharie grimaça. Les animaux capables de dompter les vents le répugnaient. Il leur préférait, à mille lieues, les loups, les ours ou les salamandres géantes qui ne dépassaient jamais les rivages et qu'on observait volontiers depuis l'intérieur des mers. Les oiseaux transgressaient les limites imposées par le Soleil : la terre, la mer, les cieux ; les oiseaux côtoyaient Tuuli, ce dieu renié par les Vogueurs ; ils peuplaient les cauchemars des Hommes depuis qu'on les avait déclarés de mauvais augure, s'adonnaient au pillage, ne respectaient rien ni personne et, malgré tout, pour en avoir approchés plusieurs fois, pour en avoir chassé autour des zones de pêche, le jeune homme savait que les volatiles ne méritaient pas entièrement leur réputation, que les textes sombreurs - les textes sacrés - imprégnaient le papier, puis l'esprit, au point de tordre la réalité.

« Si ça peut nous sauver, lança-t-il avec dédain.

— En réalité, plus les heures passent et moins j'y crois. »

Une bourrasque secoua les herbes hautes ; la soldate frissonna.

« Mon piaf est hébergé à Egydön. Ce n'est pas si loin à vol d'oiseau : pas plus d'une demi-journée. Mais voilà ! C'est la troisième fois que je lance l'Appel depuis l'accident. Les deux premières tentatives ont échoué. J'ignore pourquoi.

— Ça vous arrive souvent ?

— Il y a très peu de ratés. Sans ça, on n'utiliserait pas ce moyen...

— Et qu'est-ce qui provoque ce peu de ratés ? »

Le lieutenant serra les dents. Son torse se gonfla.

« Il arrive que l'oiseau soit intercepté... »

. . .

« ...ou qu'on l'empêche de quitter son colombier », songea Alice.

Elle soupira ; elle ne pouvait exclure de l'équation toutes les variables corrompues qu'elle croyait introduites par ses supérieurs : l'Arche brinquebalante, des troupiers peu exigeants, le rapport erroné à propos du Sappir, une délégation instable connue par le Conseil pour sa peur maladive ; la liste n'en finissait pas.

Pendant cinq années, Alice avait sué sang et eau. En récompense, on l'avait placée au sommet d'une poudrière en espérant qu'une étincelle s'immisce. Mais la hiérarchie s'attendait-elle vraiment à une telle catastrophe ? Ce genre d'accident n'avait pas défrayé la chronique depuis des dizaines d'années et, même si certains groupuscules supportaient mal que l'Enclave s'occupe seule de l'Intronisation, ceux-ci ne se risquaient jamais à s'y attaquer de front. Les représailles auraient été terribles et implacables. Personne ne leur aurait pardonné de mettre en péril les nouveaux arrivants. Personne. Ceux qui osaient tuer l'Espoir dans l'œuf, ceux qui osaient défier ce nouvel équilibre méritaient le pire des châtiments. Le lieutenant en avait pleinement conscience. Aussi savait-elle que si on les retrouvait vivants, les cadavres des délégations et de leurs protégés pourraient lui coûter la vie. L'Enclave ne s'arrêterait pas aux détails lors de ses enquêtes et, si coupable il devait y avoir par défaut, on choisirait de couper les têtes qui dépassent, la sienne, probablement celles de ses hommes. Manœuvrer pour survivre ne serait pas facile.

« Ne vous inquiétez pas », se rattrapa Lhortie.

Son cœur endolori tordait son sourire qui se voulait rassurant.

« Cet oiseau finira bien par arriver ! »

L'autre ne parut pas si convaincu par cette déclaration.

« Vous faites tout ça pour eux ? lança-t-il, sans détour.

— Pour qui ? Pour les troupiers ? »

En réponse, il pointa le torse du lieutenant et précisa :

« Non, non, pour votre famille. »

Alice se figea de surprise. Qu'en savait-il ?

« Les dessins dans votre médaillon, ils vous ressemblent.

— Comment... ?

— Je suis sûr que vous les retrouverez bientôt. »

Ces mots résonnaient avec le message gravé à la surface du bijou.

« Puissiez-vous les retrouver un jour ! »

La colère déforma le visage de la soldate.

« Il se moque de moi ? » grinça-t-elle.

En approchant de cet homme, elle avait baissé sa garde et voilà qu'il tentait de l'atteindre - de la déstabiliser sans doute. Alors, pour préparer sa riposte, elle gonfla ses poumons d'une profonde inspiration et laissa un calme contrôlé regagner ses pommettes. Lorsqu'elle reprit la parole, sa voix se fit rugueuse et grave :

« Je n'ai plus qu'une famille, déclama-t-elle, ce sont les Cols Rouges. »

L'autre détourna les yeux, gêné. L'une de ses mains disparut sous l'humus.

« Pardon. J'aurais pas du vous... vous demander ça », bafouilla-t-il.

Devant ces regrets maladroits, le cœur d'Alice se fissura un peu plus.

« C'est moi qui vous dois des excuses », souffla-t-elle, la gorge serrée.

Puis, elle bascula la tête en arrière, avant de s'attraper le front.

« Je ne peux pas vous en vouloir pour votre comportement ; cette perte de repères, nous l'avons tous éprouvée, et ces sentiments qui vous envahissent, nous les avons tous traversés. Ça nous hante, ça nous prend aux tripes. On pleure nos proches, on se rejoue nos souvenirs en boucle, on essaie de combler le trou que ça laisse dans la poitrine ; ça ne marche pas. Alors on espère, on espère, on espère. On se rend compte que ça ne sert à rien d'espérer, que ça ne mène nulle part, mais on continue - c'est stupide, mais on continue quand même.

« Il y en a qui renoncent, qui baissent les bras. Ils arrivent carrément à nous faire croire que ça leur passe au-dessus. Ils sont forts pour ça. Et il y en a qui montrent les dents, qui s'énervent à la moindre occasion. Moi, je suis persuadée qu'ils gardent tous une porte ouverte derrière leurs façades et qu'ils finissent toujours par craquer.

« On finit toujours par craquer... »

Quand la voix du lieutenant s'éteignit dans le vent, le Présage prit la parole : la toile et les poutres tremblèrent un moment, puis les câbles tendus sifflèrent quelques notes, avant que toute la structure ne se taise. Depuis l'aurore, l'air s'était réchauffé et les rayons du soleil frappaient désormais de plein fouet la carcasse torturée. Alice prit le temps d'y observer les déchirures et les crevasses ; sa mâchoire se crispa.

La soldate se remémora qu'elle aussi, pendant sa première année, avait été de ceux qui se protègent derrière la fatalité, puis qu'au bout de cette même année, elle avait décidé d'abattre les façades, d'ouvrir la porte et de ne jamais la refermer.

Chacun de ses choix l'avait conduite à diriger une Arche - cette Arche. Chacun de ses combats durement gagnés n'avait servi qu'un seul désir : rejoindre les origines, fouler à nouveau les terres enflammées de Kardia, là où l'espoir pouvait renaître, là où le sien brûlait. Pour y parvenir, il lui avait fallu dresser de nouveaux murs, y poser des portes dérobées, mais surtout des fenêtres ouvertes pour que jamais son rêve ne s'étouffe, pour que toujours l'oxygène atteigne son foyer. Ainsi, le médaillon comme unique point d'ancrage, elle avait tout fait pour obtenir cette responsabilité qui incombe à ceux qui dirigent, celle qui offre une chance de s'installer aux premières loges, de découvrir, avant tous les autres, les nouveaux arrivants et d'y reconnaître - peut-être, sans doute, qui sait ? - deux visages radieux, deux visages d'enfant : les deux visages appuyés sur son cœur.

« Je vais vous laisser vous reposer », finit par annoncer Alice.

Le jeune homme attendait, silencieux, les yeux encore rivés au sol. Un frisson étreignit sa nuque piquée de taches de rousseur. Aussitôt, sa main vînt gratter la naissance de sa chevelure, sa peau rougit sous la pression, ses épaules s'avachirent ; la soldate ne put retenir un soupir. Elle savait qu'une bataille invisible se jouait dans ce corps affaibli. Elle savait que des questions sans réponse n'en finissaient plus de fleurir, de mûrir, puis de s'effondrer. Elle savait qu'il était temps de s'éloigner avant d'en dire trop, d'en dire plus, avant que le piège ne se referme, avant qu'elle ne souffre d'une quelconque sympathie envers celui qu'elle abandonnerait aux mains de Baladrek. Tout ça, elle le savait, mais lorsqu'elle entama sa retraite en direction des escaliers, la voix du Vogueur la cloua sur place :

« Attendez », avait-il lancé.

La jeune femme fit volte-face. L'autre la regardait fixement.

« Vous m'avez demandé mon nom... »

Péniblement, il se mit debout en s'appuyant au parapet.

« C'est Zacharie. Je m'appelle Zacharie. »

La soldate sentit sa respiration se susprendre. Il l'avait prise au dépourvu.

« Alice », s'empressa-t-elle de répondre.

Elle s'étonna de se laisser aller à tant de familiarités.

« Et vous, souffla-t-elle, vous m'avez demandé pour qui je fais tout ça... »

Elle s'approcha, une main sur la poitrine.

« C'est bien pour eux, pour mes enfants. »

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