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Chapitre 2 - Yalthia (Partie 1)

Depuis les meurtrières de la citadelle, un paysage d'une blancheur immaculée s'étendait à perte de vue. Les lugubres gémissements du blizzard qui, depuis deux jours, avaient envahi les coursives, cédaient doucement la place aux murmures apaisants d'une brise hivernale. Dehors, la couche neigeuse se laissait ballotter par le souffle du vent comme dans un dernier effort pour gagner du terrain. À sa surface, les flocons dansaient et tourbillonnaient au gré des courants d'air. Les plus lourds se réunissaient aux pieds de la forteresse. Les plus aventureux se jetaient du bord des falaises sur lesquelles des murailles trapues, solidement campées, contemplaient, muettes, un paysage inhospitalier. Seuls quelques arbres dénudés osaient braver l'implacable rigueur de l'hiver. Leurs branchages imperturbables balisaient l'unique sentier, désormais invisible, qui serpentait dangereusement le long des fortifications glacées et qui guidaient les voyageurs inconscients jusqu'aux lourdes portes. Rares étaient les étrangers qui pouvaient partager les maigres réserves réunies durant les mois où le blizzard daignait calmer ses ardeurs, de telle sorte que les âmes qui se présentaient devant l'entrée de bois et d'acier y rendaient habituellement leur dernier souffle, frigorifiées et épuisées par la route.

Malgré la réputation des lieux, il existait toujours des fous pour tenter l'ascension. Parmi eux, deux hommes avaient lentement combattu la désolation, emmitouflés dans d'épais manteaux, le visage recouvert d'une chaude capuche doublée de fourrure. L'un d'eux, bien plus grand et costaud que son compagnon, transportait sur son dos une malle colossale qu'il déposa dans la neige fraîche. Il s'appelait Yalthia.

« C'est pas trop tôt, soupira celui-ci en se frottant les épaules. Ces sangles sont infernales ! »

Il s'étira et grimaça de douleur. Sa nuque crissa.

« Je te soignerai ça une fois à l'intérieur, lança son père, la voix entrecoupée de profondes respirations. »

Des volutes de buée filtraient à travers les châles qui recouvraient leurs bouches. Ils les ôtèrent et se défirent de leurs capuches. Ils ne se ressemblaient en aucune façon, pourtant l'attention qu'ils portaient l'un envers l'autre témoignait d'un lien puissant. Yalthia, gercé par les morsures du froid, affichait un visage à la peau mate, souligné d'une mâchoire anguleuse. Son ossature marquée semblait taillée dans le roc. Ses yeux d'un vert profond, enfichés sous de fins sourcils, reflétaient la fougue de la jeunesse. Il dépassait de deux bonnes têtes son père, frêle et pâle, dont la tignasse grisonnante attestait d'un âge avancé.

« On devrait bientôt pouvoir se reposer ! » confia le vieil homme.

Il secoua sa barbe recouverte par le givre.

« Tu crois qu'on va nous ouvrir sans problèmes ? demanda Yalthia.

— Ne t'en fais pas pour ça ! Ils ne devraient pas nous poser trop de questions. »

L'homme mit alors ses mains en porte-voix et cria de toutes ses forces en direction du chemin de ronde qui surplombait la porte. Deux tours percées de meurtrières protégeaient du froid les gardes qui s'y relayaient. L'un d'eux en sortit. Il se pencha légèrement au-dessus des créneaux en tenant son casque et hurla.

« Repartez d'où vous venez !

— J'aimerais parler au châtelain, insista le père.

— Laisse-les crever, lança un second garde, ivre, depuis la tour voisine.

— Un de ses vieux amis m'envoie, continua-t-il.

— Décoche-leur une flèche, ça les fera fuir !

— J'ai une lettre pouvant l'attester si ça vous convient.

— Une quoi... ? »

Le père de Yalthia fouilla à l'intérieur de son manteau et en sortit une enveloppe jaunie, cachetée de cire, qu'il leva bien haut. Elle vibrait, secouée par les bourrasques qui tentaient de la lui arracher des mains. Le garde, penaud, se tourna vers son collègue.

« Eh ! Ils ont jamais de lettre d'habitude. Je fais quoi ? »

Un grognement s'échappa des hauteurs. Le second garde fit son apparition derrière les créneaux en titubant. D'un coup d'épaule, il bouscula le premier, puis il écarquilla les yeux lorsque son regard vitreux se posa sur Yalthia.

« Par Amphos ! Regarde-moi ce bestiau ! lança-t-il à son collègue.

— Tu crois qu'il est humain ? rétorqua l'autre.

— Qu'est-ce que tu veux que ça soit, abruti ! » grommela-t-il.

Adossé à la malle, Yalthia serra le poing et se concentra sur les nuages qui s'amoncelaient au loin dans une valse désordonnée. Il savait qu'il devait se tenir à l'écart des discussions, à l'écart d'un monde où tout son être attirait l'attention. D'un simple coup d'oeil, les gens comprenaient qu'il ne venait pas d'ici. La sombre teinte de sa peau, sa musculature exceptionnelle et sa taille disproportionnée faisaient de lui un être à part dans ces contrées où l'homme blanc régnait en maître. Recueilli à son plus jeune âge par son père adoptif, il avait appris très tôt la tempérance. Mais pourchassés par les éternelles rumeurs qui naissaient dans leur sillage, les deux hommes n'avaient eu de cesse d'errer de ville en village, de village en hameau pour s'éloigner toujours un peu plus de la civilisation. Alors qu'il entamait sa quinzième année, son père avait évoqué l'idée de s'installer là, dans cette forteresse coupée du monde. Yalthia s'était accroché à l'espoir d'y trouver enfin un lieu de repos, loin de l'infatigable course de l'hiver, loin de leur interminable fuite pour dénicher un coin de paradis.

« Vous êtes qui d'abord ? lança le garde agacé.

— Le nouvel apothicaire, ajouta le vieil homme.

— Et ce machin ? lança l'autre en pointant Yalthia du doigt.

— Mon assistant. »

Le garde tangua, hésitant. Ses pensées tournaient au ralenti, imbibées par l'alcool qu'il ingurgitait pour se tenir chaud. Il lui fallut quelques secondes avant qu'une réflexion sensée émerge de son intellect sirupeux.

« Bon ! Je vous envoie quelqu'un pour l'enveloppe, lança-t-il. Mais on vous tient à l'oeil. Alors, pas d'idiotie. Compris ?

— Compris ! » répondit le père de Yalthia en refrénant un sourire victorieux.

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