Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 10 - Zacharie (Partie 2)

Apathique, Zacharie ne réalise pas. Ses pensées entravées, suite vaporeuse de divagations, s'éternisent sur des détails trompeurs, des notes lointaines. Un chapelet de lettres se tisse. Ses perles se coordonnent. Les ondes sonnent.

« Ik... ik vorenden... »

Est-ce à lui qu'on s'adresse ?

Une voix tremblante l'extirpe du néant.

« Ik... ik vorenden mik. Ik bin Mobius Klein ! lance-t-elle.

Je... je me présente. Je suis Mobius Klein ! comprend Zacharie.

— Assocurorsi chi, infurni ! s'insurge une seconde, féminine.

Soyez convaincu, bon sang !

Les paroles sèment la pagaille dans sa boîte crânienne. Sans savoir pourquoi, les phrases percent son esprit fatigué jusqu'à provoquer en lui une réaction insolite. La signification résonne comme un écho implacable. Pourtant, ces mots – il en mettrait sa main à couper –, jamais il ne les a entendus auparavant. Il en est persuadé. Ils n'appartiennent pas à sa langue natale. Pire encore, les deux voix sonnent dans deux jargons totalement opposés, vibrent sur deux harmoniques distinctes. Malgré leurs différences, elles se renvoient la balle. Elles communiquent sans mal.

Alors, comment peut-il entrevoir cette dualité ?

Les étranges syllabes gutturales et étouffées de la première semblent avoir toujours eu une signification pour lui, de même qu'il discerne la vive énergie de la seconde, celle qui multiplie les voyelles délicates. Ce qui se déroule n'a aucun sens. Ou plutôt, bien au contraire, tous ces phonèmes inconcevables n'en ont que trop.

Après tout, Zacharie ne parle qu'une seule et unique langue, le kieli, la langue des dieux pour les hommes, la langue de tous les hommes, celle des Vogueurs, génération après génération, celle des Sombreurs à travers leurs cantiques, originaires des textes anciens, et même celle des Fouleurs impies dans une variante plus souple et profane. Comment un autre dialecte, une autre façon de conjuguer les mots, peut-il exister ? Est-ce celui des dieux eux-mêmes, celui qu'on dit inaccessible et sacré ? Mais alors, quel dieu porte ce nom si étrange ? Mobius Klein. Quel dieu tremble lorsqu'il se présente à ses fidèles ? Quel dieu supporte les réprimandes ?

La voix s'impose, plus claire que jamais.

« Je me présente. Je suis Mobius Klein ! Nous permettez-vous d'entrer ?

— Voilà, c'est beaucoup mieux ! s'égaye une troisième en arrière plan.

— Merci de votre soutien, Xenon ! » s'irrite la première.

Les structures linguistiques inconnues se perdent en murmure. Tout s'aligne, se traduit comme par magie. Aux deux canaux superposés se substitue maintenant un seul dialogue, un flux unique de paroles tout à fait compréhensibles. Il ne reste plus qu'une vague trace dans ses pensées, un doute. Les mots l'atteignent désormais sans effort, sans double langage. A-t-il réellement entendu ces distorsions vocales ?

Le voile se lève, il ouvre les yeux.

La spontanéité s'effrite.

Sidéré, l'esprit encore brumeux, Zacharie observa la pièce. Elle se dessinait dans la pénombre, tout en lignes métalliques gonflées de rivets et de poutres. Elle composait une réalité étroite, une version ridicule de son trou à murène. Où était-il ? Était-ce l'une de ces prisons où pourrissaient les Fouleurs d'Ouräth et où ses pairs les torturaient ? Zacharie frissonna.

Les cloisons lui rappelaient l'intérieur de la Cloche. Il ne l'avait visitée qu'une seule fois, à l'occasion de la coulée initiatique réservée aux aînés de chaque famille. Les Sombreurs l'avaient accueilli, au cœur de leurs retraites privées, lui et tous ses camarades du même âge. Puis, la cathédrale de fer les avait conduits dans les profondeurs marines, jusqu'en bordure de la fosse abyssale qui surplombait le rift de Renpohja où de gigantesques cristaux phosphorescents projetaient leur lueur verdâtre à travers les vitraux. Ces épaisses verrières bigarrées aux armatures puissantes transformaient alors la lumière minérale en des fresques héroïques qui contaient la naissance des Dieux et les guerres interminables, opposant créatures aquatiques et terrestres depuis les origines.

Malgré tout, l'architecture surchargée de la Cloche se démarquait de cette sobre prison par ses arabesques ornementales qui parcouraient murs, plafonds et colonnades autour des puits de plongée. Ici, dans cette chambre minuscule, l'atmosphère épurée s'accommodait de peu. La taule vierge se mariait aux poutres arc-boutées. Une apaisante luminosité matinale s'échappait d'un hublot, au-dessus de son oreiller ventru. Les rayons n'attaquaient plus sa rétine. Il les supportait. Prisonnier, confortablement installé, il en oubliait ses courbatures, les lanières et la désagréable impression qu'on l'interpellait. Pourquoi se sentait-il soudainement si calme ? Les couleurs chatoyaient comme lorsqu'il buvait un peu trop de turska.

Puis, un mouvement attira son attention. Derrière l'œilleton rectangulaire d'une lourde porte, deux yeux bleus cernés par la fatigue s'agitaient.

« Il a l'air très calme. Il a le regard vide d'expression. »

C'était la voix du dénommé Mobius.

« La capsule agit sur le comportement ! expliqua Xenon.

— Un peu comme les phéromones ?

— Exactement, elle le conditionne pour éviter les débordements.

— Alors, on peut entrer maintenant ? C'est... C'est bien ça ?

— Attendez qu'il nous réponde ! les interrompit-on sévèrement.

— Lieutenant ! Puis-je ? lança Xenon.

— Mais... »

Bousculade, sans attendre.

« Monsieur ? Vous m'entendez ? »

La voix lui vrilla le crâne comme un marteau sur une enclume.

« Au risque de me répéter, attendez qu'il nous réponde ! Ce n'est pas un Chitine !

— Effectivement, très pertinent, observa Xenon.

— N'en rajoutez pas !

— Vraiment très pertinent ! L'abîme qui nous sépare de vos...

— S'il vous plaît ! »

Silence. Zacharie marmonna quelques mots. Sa gorge les étouffa.

« Minä... Kuka olet ? » formulait-il en pensée.

Les yeux bleus réapparurent, sourcils froncés.

« Je... Qui êtes-vous ? » hurla le prisonnier.

Tout se calibrait naturellement. Que lui avait-on fait ? Était-ce la drogue ?

« Dois-je lui répéter une fois de plus ? hésita Mobius.

— Relâchez-moi !

— Je ne crois pas ! On peut enfin dire qu'il nous a répondu ! »

Zacharie se cambra dans sa couche. Les sangles résistaient. Il abandonna. Un visage féminin apparut derrière l'oeilleton. Elle avait le nez délicat et la mine sévère.

« Monsieur... », commença le Lieutenant.

Sa voix, ferme et sereine, imposait le respect. Elle le canalisait.

« Si nous vous avons attaché, c'est uniquement pour votre bien. Restez calme ! »

Zacharie se contenta de hocher la tête.

« C'est bien ! Voilà !

— Qu'est ce qu'il lui arrive ? Il a l'air tout flagada...

— La capsule, Mobius ! La capsule !

— Je l'ai dit tantôt ! Z'aviez le clapiot mal poché ? rétorqua une quatrième voix.

— Lestocq, ça suffit ! Ouvrez-moi cette porte !

— Excusez-moi, chef ! Oui, chef ! »

Zacharie ne s'interrogeait plus le moins du monde.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro