Les notes volèrent. Un instant, pendant quelques secondes suspendus, l'air vibra d'un son. Les touches étaient déjà redevenues immobile tous comme les visages arrêtés, les souffles comme effacé. Le paysage avait été mis sur pause pour qu'un moment ne résonne que le son. La grande salle assombrie et la scène seul éclairé laissaient place à la magie d'une musique.

Les mains retombèrent, les doigts d'araignée caressèrent les blanches et les noires. Les touches firent raisonner les délicieuses cordes et la mélodie reprit. Les graves accrochèrent le cœur, les aigu étirèrent les larmes sur les joues. Les silences suspendaient le sort de l'histoire. Les notes bondissaient à l'aventure. On allait d'un côté puis de l'autre. On avançait à travers les royaumes, grimpant les donjons et explorant les caveaux. Les forêts n'eurent plus de secrets et les trésors perdirent leur valeur face aux histoires nouvellement découvertes. La mélodie enchanteresse exaltait les beautés des couleurs, la course incessante du soleil et les mariages de la lunes aux astres.

La salle sombre avait laissé place à des rêves. Mais la mélodie ne pouvait rendre l'imaginaire au monde tangible.

Les forêts s'effacèrent, les royaumes disparurent... Les aventures ont une fin et un chemin nous ramena sur nos chaises. Les doigts s'envolèrent une dernière fois. On ouvrit les yeux. Les lumières se rallumèrent. Les touches du piano ne révélèrent qu'un clavier trop décoré et un écran en veille. La mélodie berçante n'était qu'une illusion que la fatigue avait voulu rêver.

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Grimaud