Anna était pensive. Sebastian n'avait pas été très réceptif à sa demande de rentrer à Arendelle avec elle, simplement pour apercevoir Elsa et se faire sa propre idée sur la jeune femme. Il n'avait cependant pas refusé tout net, comme on dit, mais il n'avait pas accepté non plus.

Seule dans l'appartement qui lui avait été alloué pour son séjour, la Princesse d'Arendelle était un peu perdue. Hans ne pouvait pas passer tout son temps avec elle sans attirer les foudres de son épouse déjà dotée d'un fichu caractère et cela faisait donc trois jours que la rouquine n'avait pas vu son ami, ni même aux repas qu'ils prenaient séparément, la famille princière d'un côté, la famille royale et les invités officiels de l'autre.

S'asseyant à un petit bureau face à la fenêtre, Anna décida d'écrire une lettre à sa sœur pour lui dire, d'une qu'elle était bien arrivée après deux semaines et demi de voyage, mais qu'aussi le traité commercial avec les Îles du Nord semblait en bonne voie, même si c'était un mensonge, car Hans avait déjà tout arrangé avec le Roi Georg depuis longtemps.
Elle se garda cependant bien de lui parler de son réel voyage aussi haut dans le nord du monde, car de toute façon, elle savait qu'Elsa le prendrait mal et la ferait rentrer illico à Arendelle. Elle n'avait aucune envie de se marier à qui que ce soit, et encore moins d'offrir une descendance à la famille royale, mais en tant que Reine, elle avait des devoirs à accomplir, que cela lui plaise ou non, et Anna n'avait aucune envie de monter sur le trône lorsque sa sœur sera finalement trop âgée pour avoir un héritier !

Appuyant sur une sonnette près du lit, Anna ferma sa lettre et attendit qu'un domestique se présente. Quand il entra dans l'appartement, elle lui tendit la lettre et quelques pièces en lui demandant d'envoyer un faucon à Arendelle le plus tôt possible. L'homme s'en alla après un bref salut, et Anna soupira. La porte se rouvrit cependant à peine refermée et Hans apparut.

— Tu envoies une lettre à Elsa ? demanda-t-il.
— Oh, juste pour lui dire que je suis bien arrivée et que les négociations pour le traité avancent bien, répondit la jeune femme en récupérant un châle sur son lit.
— Les négociations... ? Ah, tu veux dire les nouveaux accords commerciaux que j'ai conclus il y a déjà deux semaines ? ironisa Hans avec un sourire en coin.

Anna lui tira la langue avec un sourire et Hans perdit le sien en inspirant.

— Je vais répudier Savinna, Anna, annonça-t-il soudain.
— Je te demande pardon ? interrogea la rouquine, surprise. Mais pourquoi ?
— Tu oses me le demander ?
— Hans, je t'en supplie, ne fais pas une telle erreur, supplia alors Anna en lui prenant les mains. Je suis mariée, tu serais malheureux toute ta vie et...
— Je préfère être malheureux seul que malheureux marié à une femme qui ne veut pas de moi, pire encore, qui est ton portrait craché.

Anna dodelina de la tête.

— Hans, non, je t'en supplie... tenta-t-elle.
— Anna, j'ai pris ma décision. Ce mariage n'était pas une bonne chose. Je le pensais, surtout quand j'ai vu la ressemblance de Savinna avec toi, mais en fait, c'est trop difficile. Elle te ressemble en apparence, mais pas en caractère et cela me perturbe beaucoup trop. Je vais rentrer dans les Îles des mers du Sud et tâcher de faire quelque chose de ma vie, puisque mon père m'a finalement écarté du trône au profit du fils aîné de l'un de mes frères...
— C'était bien la peine... soupira Anna.

Dépitée, elle sut qu'elle ne parviendrait pas à faire changer le Prince d'avis et elle le laissa repartir, la boule au ventre. Elle savait pertinemment que l'amour qu'il lui vouait allait le dévorer tout cru, mais apparemment, il s'en fichait.

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Le soir même, au dîner, la Reine Sare'ya ' annonça avec désespoir que le mariage de sa fille allait prochainement prendre fin, dès qu'ils seraient sûrs qu'elle ne serait pas enceinte. Anna fut surprise d'entendre cela car elle avait cru comprendre que Hans n'avait partagé la chambre de Savinna que lors du mariage, donc tout au plus trois ou quatre fois... Mais le mariage ne remontait qu'à deux mois, donc il était possible qu'elle soit enceinte, cependant, pour en être sûr, il faudrait attendre encore plusieurs semaines...

— Vous êtes bien silencieuse, ma chère ? dit soudain la Reine, alors qu'ils attendaient que le dessert soit servi.
— Oh, non, je... Je suis pensive, Majesté, répondit Anna, les mains sur les genoux, un peu gênée. Je... Puis-je vous confier quelque chose, Vos Altesses ? demanda-t-elle ensuite.

Le Roi et la Reine se regardèrent.

— Nous savons déjà ce que vous voulez nous dire, dit le Roi en posant ses mains de chaque côté de son assiette vide. Nous avons compris dès l'instant où nous vous avons vue descendre du bateau.
— Vous ressemblez trop à notre fille pour que nous soyons dupes, répondit la Reine. Hans est amoureux de vous, Princesse Anna, cela saute aux yeux, et il ne pourra donc jamais aimer notre fille.

Elle baissa les yeux, soudain silencieuse, comme si elle allait ajouter quelque chose, mais préféra resta silencieuse. Anna demanda alors la permission de quitter la table et le Roi lui fit un signe de tête.
Une fois dans le couloir, la jeune femme s'adossa au mur et plaqua ses mains sur son visage en fondant en larmes. Elle se laissa glisser sur le tapis et hoqueta, la tête entre ses bras, genoux repliés. Jamais de toute sa vie elle n'avait été dans une situation aussi inextricable. Elle aimait Hans à un tel point que c'en était devenu douloureux pour elle, mais d'un autre côté, elle aimait Kristoff et la vie normale qu'ils vivaient, même si elle était une piètre cuisinière...
Passant ses mains sur ses joues, Anna regarda le grand portrait accroché au mur d'en face et inspira en reniflant.

— Elsa d'abord, décida-t-elle alors. Ensuite, je m'occuperai de moi, de Hans, et de Kristoff.

D'un air décidé, elle se releva et retourna dans son appartement où elle s'enveloppa dans des vêtements chauds avant d'aller faire seller un cheval pour se rendre auprès de Sebastian et tenter de le convaincre de rentrer à Arendelle avec elle.

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— Je n'ai pas l'autorisation de quitter le pays, Princesse Anna.
— Vous me l'avez déjà dit je ne sais combien de fois, Sebastian, mais je suis sûr que la Reine vous autorisera à partir avec moi si votre avenir est en jeu.
— Mon avenir est bien ainsi, je...
— Si vous me dites que vivre seul, reclus dans une grotte glaciale est votre vision de l'avenir, je vous gifle, je vous le jures ! siffla Anna, mauvaise.

Sebastian serra les lèvres. Il s'éloigna vers un meuble, posa ses mains dessus et soupira.

— Si je pars à Arendelle avec vous, que se passera-t-il ? demanda-t-il soudain. Où vivrais-je ?
— Je vous installerai en ville, non loin du palais, afin que vous puissiez voir ma sœur de temps en temps et vous faire votre idée sur elle.
— Bien... Maintenant, une question.
— Je vous écoute ?
— Est-elle belle, cette fameuse Reine d'Arendelle ? Parce que je me pose vraiment des questions depuis votre arrivée, et je m'inquiète qu'aucun Prince ne veuille l'épouser...

Anna esquissa un sourire. Elle fouilla alors son col et tira une chaîne avec un pendentif au bout. Récemment, pour son anniversaire, Elsa lui avait offert un mini portrait d'elles deux, qu'elle avait fait peindre exprès pour que sa sœur ne l'oublie jamais malgré le fait qu'elles ne vivent plus au même endroit.

— Regardez, dit Anna en tendant le pendentif, retirant le collier. La voilà.
— Eh bien... Je dois avouer que ces Princes sont bien aveugles... répondit Sebastian en regardant la peinture. Cette Reine est vraiment belle... même pour une Magiker.

Anna plissa un œil.

— Pourquoi dites-vous cela ? demanda-t-elle. Je n'avais jamais entendu parler des Magikers, qu'est-ce que c'est au juste, une race d'être supérieurs ?
— Non, répondit Sebastian en tendant le pendentif. Les Magikers sont des magiciens, des êtres doués d'aptitudes que le commun des mortels ne comprend pas. Je possède la capacité de manipuler l'eau sous toutes ses formes, liquide, solide et gazeuse.
— Ma sœur manipule la glace et la neige, ainsi que le climat, quand elle s'énerve, répondit Anna. Elle a provoqué un hiver éternel sur Arendelle lors de son accession au trône...

Sebastian hocha lentement la tête. Il expliqua ensuite à Anna que les Magikers n'étaient pas que des personnes capables de manipuler le froid, qu'il y en avait aussi qui étaient capable de déplacer le sol, de contrôler le feu ou le vent... Les animaux aussi, enfin tout chose qui pouvait se déplacer et/ou penser par elle-même.
Impressionnée, Anna décida de rentrer au palais en laissant le pendentif à Sebastian, afin qu'il réfléchisse encore un peu en ayant l'image d'Elsa sous les yeux. En attendant, elle avait bien l'intention d'en apprendre autant qu'elle pouvait sur les Magikers, car jusqu'à maintenant, elle avait toujours cru que sa sœur était unique au monde.

— Peut-être que savoir qu'il y a d'autres personnes comme elle dans le monde aidera Elsa à plus s'ouvrir aux autres, dit Anna pour elle-même en remontant à cheval. Allez, on rentre.

L'animal ronfla en agitant les oreilles  puis se mit en marche et Anna se laissa porter, imaginant déjà Sebastian évoluer dans le palais auprès d'Elsa...