Chapitre 13
— La journée s'est bien passée ?
Anna se retourna et se leva aussitôt quand la Reine des Îles du Sud s'approcha d'elle. Anna avait pensé être tranquille quelques minutes pour écrire à Elsa, dans ce salon où personne ne semblait jamais aller, mais apparemment, elle avait été retrouvée, et plutôt rapidement.
— Je ne vous avais pas entendue, Majesté, dit-elle en baissant la tête.
— Ce n'est rien, vous êtes ici chez vous, répondit la Reine avec un doux sourire.
— Merci... Et pour vous répondre, oui, la journée a été agréable, même si, comme à mon habitude, j'ai fait quelques gaffes qui ont froissé votre fils.
La Reine, les mains jointes devant elle, baissa le nez. Elle s'assit ensuite sur un petit fauteuil bas et Anna la rejoignit.
— Mon fils est éperdument amoureux de vous, Princesse, dit alors la Reine.
— J'aimerais tellement pouvoir revenir en arrière et tout effacer, mais ce n'est pas possible... soupira Anna, les mains serrées l'une sur l'autre.
— C'est pour cette raison que le Roi et moi avons pris la décision de marier notre fils à la fille de sa cousine, la reine du Nord, répondit la Reine. Elle viendra vivre ici et, je l'espère, le rendra heureux et nous donnera des héritiers. Quand mon époux partira vers sa dernière demeure, Hans prendra sa suite et deviendra le Roi des Îles du Sud.
Anna pinça la bouche. Elle n'était même pas surprise d'entendre cela. Un peu plus pour l'héritage de la couronne, mais cela pourrait être une bonne chose.
— Vous savez que ce ne sera pas un mariage d'amour, n'est-ce pas ? demanda-t-elle alors.
— Oui, mais cela fait partie de sa punition pour avoir tout foiré, pour parler vulgairement, répondit la Reine, les sourcils froncés. Les trois mois de labeur aux écuries, c'était pour lui faire comprendre qu'attaquer la Reine d'un pays en la provoquant injustement, pour ensuite profiter de sa faiblesse et la faire passer pour la méchante de service, ce n'est pas le bon moyen pour devenir roi, au contraire, cela aurait pu nous mener tout droit à une guerre dont ni vous ni nous ne voulons...
Anna haussa les sourcils en hochant la tête. La Reine soupira.
— Mon fils est un gentil garçon, Princesse Anna, dit-elle en tordant ses doigts à travers ses gants de satin. Il a compris la leçon, il ne recommencera jamais une telle chose, mais son amour pour vous va le consumer. Si vous n'aviez pas encore épousé ce Glacier, il aurait sans doute eu un dernier espoir, votre sœur aurait fini par lui pardonner ses actes, mais vous êtes mariée et désormais, vous lui êtes totalement inaccessible.
— À moins que mon mari ne disparaisse, dit Anna en secouant la tête. Mais Kristoff est bien plus robuste qu'il n'en a l'air, il a affronté beaucoup pour m'aider à retrouver ma sœur, nous avons failli mourir à plusieurs reprises, et Hans n'a rien fait de cela. Au contraire...
Anna serra les mâchoires.
— Je lui avais confié mes gens, dit-elle. Je lui avait demandé de veiller sur eux, le temps que je ramène Elsa, mais le Duc de Weselton en a profité pour lui instiller des mauvaises pensées, et au final, mon si gentil Hans est devenu un... un profiteur et...
Anna se tut et souffla par le nez, mâchoires serrées.
— Pourtant, vous lui avez pardonné, dit la Reine en posant une main sur la sienne. N'est-ce pas ?
— Oui, oui, j'ai réussi à lui pardonner, et quand la colère s'est envolée, j'ai découvert que j'étais toujours amoureuse de lui et que c'était sans aucun doute la raison pour laquelle, trois mois après mon mariage, je ne suis toujours pas enceinte.
La Reine pinça la bouche.
— Voudriez-vous voir la Princesse que nous avons choisie pour Hans ? demanda-t-elle alors en fouillant les poches de sa vaste jupe.
Anna hocha la tête et la Reine lui tendit un petit carré de bois avec un portrait peint dessus.
— Elle est belle, dit-elle en passant son doigt le long du portrait en couleurs. Elle me ressemble, non ?
— Oui, en effet... C'est la raison pour laquelle le Roi et moi l'avons choisie elle, plutôt qu'une autre, répondit la Reine en récupérant le portrait. Mon fils ne sera jamais amoureux de cette jeune femme, mais du fait de sa ressemblance avec vous, ce mariage arrangé sera moins difficile à avaler. Du moins, je l'espère.
— Vous lui en avez déjà parlé ?
La Reine opina lentement et rangea le portrait dans sa poche.
— Il n'a rien dit, dit-elle. Il a écouté son père, écouté mes raisons, puis il a quitté nos appartements après avoir hoché la tête.
— Il a... accepté par dépit, dit alors Anna. C'est l'attitude de ma sœur quand elle n'a pas le choix pour faire quelque chose, elle écoute, elle ne dit rien, puis elle hoche la tête, et la conversation est terminée.
— Est-ce ainsi que cela s'est passé quand Hans a présenté ses excuses à la Reine Elsa ?
Anna opina. La Reine resta alors silencieuse puis elle se leva et souhaita une bonne fin de journée à la jeune femme en lui disant qu'elles se reverraient au dîner. Elle quitta ensuite le petit salon et Anna soupira profondément. Soudain, elle se leva à son tour, récupéra son châle, puis quitta la pièce et se mit à la recherche de Hans. Il ne lui restait qu'une semaine, peut-être quelques jours de plus, à passer avec lui, et si elle lui avait confié son alliance avant de débarquer, c'était bien pour une raison. Oh, elle n'avait absolument pas l'intention de tromper Kristoff, pas du tout, mais elle voulait profiter de ces quelques jours de la même manière qu'elle en aurait profité si tous les évènements d'Arendelle n'avaient pas eu lieu.
.
— Anna, où est-ce que tu m'emmènes ?
Hans rigola et la jeune femme sourit puis s'arrêta devant une porte. Elle la poussa alors puis entra. Hans la suivit, mais se retrouva dans le noir.
— Anna ?
— J'ouvre les rideaux, attention.
Hans ferma les yeux sous l'assaut de la luminosité, puis il les rouvrit et regarda autour de lui.
— Une bibliothèque ? dit-il. Mais...
— C'est la bibliothèque de ta mère, dit alors Anna en se plantant au centre de la pièce. Le Roi la lui a offerte pour leur cadeau de mariage...
Hans tourna sur lui-même.
— J'ignorais que nous avions une telle bibliothèque ! dit-il. Qui...?
— Ta mère, répondit Anna. Elle a pensé que passer quelques jours avec moi dans cet endroit, à fouiller un peu partout, pourrait t'aider à digérer ton prochain mariage... et mon départ.
Hans perdit son sourire et Anna lui prit les mains.
— Regarde-moi, dit-elle. Hans, regarde-moi, s'il te plaît.
— Anna, je ne veux pas en parler...
— Mais moi si, répondit la jeune femme. Je veux en parler, et nous le devons. Hans, nous sommes amoureux l'un de l'autre, tu ne peux pas le nier, mais si je t'autorise à m'aimer, je trahirais le serment que j'ai fait à Kristoff...
Hans détourna la tête. Anna serra ses doigts sur les siens. Il soupira puis l'entraina vers un petit canapé où ils s'assirent.
— Si j'avais été plus méchant, Anna, dit-il. J'aurais provoqué Kristoff en duel pour t'avoir en récompense, mais je te connais et je sais que tu n'aurais pas supporté une telle chose... Je ne pourrais pas supporter d'aimer une autre femme... Je ne veux pas de cette Princesse, quand bien même elle est très jolie, c'est toi que je veux...
— Mais je suis mariée et les mariages multiples sont interdits à Arendelle, dit Anna en baissant le nez. Hans, nous devons faire ce qui est bon pour nos familles en premier, puis pour nous. Alors à moins que tu ne veuilles épouser Elsa et devenir le Roi d'Arendelle...
Hans grimaça. Il secoua alors la tête et soupira.
— Je dois faire ce qui est bon pour ma famille... dit-il doucement. Tu as raison.
— Si je n'avais pas rencontré Kristoff et si tu n'avais pas été si stupide à ce moment là, je t'aurais épousé, je te l'avais dit, Hans, mais les choses ne se sont pas passées comme prévu, ni pour toi, ni pour moi. Je n'avais aucun moyen de savoir que ma sœur allait s'énerver contre moi et dévoiler ses pouvoirs en plein bal... C'est ma faute si on en est là, et la seule façon que j'ai trouvé pour que tu puisses guérir de nous, c'est de te laisser partir. Tu seras beaucoup mieux sans moi, crois-moi.
Hans, les larmes aux yeux, renifla. Il posa alors son front contre celui d'Anna puis il se redressa et lui caressa la main gauche. Il s'attarda quelques secondes sur l'annulaire et Anna pencha la tête sur le côté.
— Pour ces quelques jours où tu as laissé ton mariage de côté, dit-il. Je voudrais faire quelque chose que je n'aurais pas le droit en temps normaux.
Anna esquissa un sourire. Hans serra les lèvres puis la regarda dans les yeux.
— Princesse Anna d'Arendelle, m'autoriseriez-vous à vous embrasser ? demanda-t-il.
Anna sourit et hocha la tête. Hans se pencha alors vers elle et quand leurs lèvres se rencontrèrent, les deux amoureux maudits éprouvèrent un sentiment terrifiant, à la fois triste et merveilleux, qui tira les larmes à Anna et donna envie de fuir à Hans...
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