Chapitre 11
Anna était perturbée. L'idée qu'une autre personne puisse posséder des pouvoirs similaires à ceux de sa sœur lui faisait peur. Elsa était très puissante à elle seule, mais alors si elle se dégottait un mari aussi puissant qu'elle, ils pourraient provoquer un hiver éternel à chaque dispute... Et Arendelle n'en avait vraiment pas besoin.
Hans n'était pas du même avis que son amie, cependant. Lui était persuadé que la Reine Elsa était une personne très seule malgré le fait qu'elle soit entourée de dizaines de personnes à ses ordres. Un compagnon, ou même un ami, qui pouvait comprendre ce par quoi elle était passée avant d'en arriver là, ne pouvait donc être qu'une bonne idée... Encore fallait-il convaincre la concernée, ce qui était mission impossible.
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— Nous serons à destination dans environ trois jours, Altesse.
— Bien, Capitaine, c'est parfait. Faut-il prévenir les îles ?
— Je vais le faire, dit Hans. Mon père ignore que je rentre déjà d'Arendelle, j'imagine qu'il pensait que je resterais vivre là-bas...
Anna serra les lèvres et hocha la tête. Hans se détourna ensuite et la jeune femme croisa les bras. Le Capitaine renifla et s'éloigna en marmonant sur le fait qu'il avait bien fait de ne jamais se marier ni d'avoir d'enfants...
Un peu contrariée, Anna eut du mal à apprécier la belle journée qui suivit. Elle resta sur le pont jusqu'au déjeuner puis s'enferma dans sa cabine en refusant toute visite. Même Hans se fit refouler et cela l'étonna un peu. Il mit cependant l'attitude de la jeune femme sur le compte de l'inquiétude. Après tout, elle allait rencontrer un autre Roi de façon officielle pour la première fois. Elle était la première Ambassadrice du Royaume d'Arendelle depuis que ses parents avaient trouvé la mort dans un naufrage...
— Content de rentrer, Prince Hans ?
— Sincèrement ? Non, répondit le jeune homme au garde qui avait escorté Anna.
— J'ai cru comprendre que les dernier mois avaient été difficiles pour vous... J'imagine que ce n'est pas toujours simple d'avoir une famille aussi étendue et... protectrice.
Hans grimaça un rictus.
— Ma famille n'est en rien protectrice, dit-il. Mes frères passent leur temps à me brimer, et pour mon père, je suis la risée. Seule ma mère a encore de la considération pour moi.
— C'est mieux que rien, dit le garde. Souvenez-vous que Mademoiselle Anna a grandi sans ses parents... La Reine et elle n'ont eu personne, hormis de vieux serviteurs, pour famille.
Hans hocha lentement la tête puis s'excusa et regagna sa cabine pour se reposer un peu.
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Les trois jours annoncés par le Capitaine passèrent à une vitesse folle aux yeux d'Anna, angoissée comme jamais à l'idée de rencontrer un autre Roi. En effet, jusqu'à présent, elle et sa sœur n'avaient jamais eu à se déplacer dans d'autres royaumes, les têtes couronnées venaient à elles à coups de bals et de réceptions mondaines, et encore, il n'y avait eu aucune visite pendant près de dix après la disparition de leurs parents... Avec ça, les Îles du Sud étaient si lointaines que seul Hans s'était aventuré jusqu'à Arendelle, jusqu'à présent. Aussi loin qu'elle s'en souvenait, Anna était incapable de dire si elle avait déjà entendu parler de ce royaume avant la mort de ses parents.
— Altesse ? Nous allons accoster dans quelques minutes.
— Bien...
Un bras autour de la taille, Anna soupira. Hans s'approcha alors d'elle et elle lui fit un mince sourire tendu.
— Ne t'inquiète donc pas, dit-il en ajustant les pans de sa cape bleue. Mon père est un peu bourru, mais il n'est pas méchant, surtout si la Princesse d'Arendelle, venue au nom de la Reine en personne, lui ramène son fils cadet en assurant que ses excuses ont été acceptées.
— Ce qui n'est pas exactement la vérité, dit Anna.
— Mais personne n'a besoin de le savoir. Elsa a accepté de m'écouter faire mes excuses, ce fut un exercice extrêmement humiliant, et elle n'a pas dit qu'elle les refusait, donc nous pouvons prétendre qu'elles ont été acceptées.
— Si tu le dis...
Anna inspira profondément et observa alors la ville principale des Îles du Sud. Le château du père de Hans se dressait sur une colline, blanc et or, étincelant. Tout autour, s'étirant vers le bas et la mer comme une jupe, les maisons se blottissaient les unes contre les autres, promettant des rues étroites et parcourues de courants d'air.
— Tu ne resteras pas plus longtemps que nécessaire, dit alors Hans. Le temps que ton navire soit réarmé, tu seras en route pour retrouver ton mari.
Anna ferma les yeux et regarda le sol de bois. Elle pivota alors et prit la main du jeune homme dans la sienne. Depuis plusieurs minutes, elle triturait son alliance d'un mouvement anxieux. Quand elle la lui mit dans la main, il releva le menton.
— Non, dit-il en voulant la lui rendre. Anna, ce n'est pas...
— Hans, pour l'amour du ciel, laisse-moi guérir de toi comme je le désire, le coupa la jeune femme. Garde mon alliance pendant mon séjour chez toi. Je veux pouvoir savoir ce que j'ai manqué par ta faute.
— Ma faute ? Mais...
Hans baissa le nez et serra les doigts sur la bague en or.
— Très bien, dit-il alors en tirant une chaine de son col. Je vais la garder sur moi pendant tout ton séjour, fais comme bon te semble, mais ne compte pas sur moi pour être le même qu'à l'époque.
— Ce n'est pas toi, le problème, Hans, mais moi, répondit la jeune femme. Je suis toujours amoureuse de toi, j'ai essayé de me convaincre du contraire, j'ai épousé Kristoff, je l'aime, mais tu es toujours là, tapi dans l'ombre et...
Elle passa sa langue contre ses dents, mâchoires serrées, puis se détourna en croisant les bras. Hans comprit que la discussion était terminée, pour le moment, et il glissa l'anneau sur la chaine à son cou avant de se tourner pour observer l'île approcher.
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— C'est avec un immense honneur que nous accueillons la Princesse Anna d'Arendelle ! Comme vous le savez, mon fils cadet, Hans, a provoqué quelques dégâts, malgré lui, dans ce royaume si loin au nord de notre monde, mais à présent, tout a été réparé, et la Princesse Anna est ici pour le certifier.
Anna, le rouge aux joues, dans une belle robe verte en mousseline, sourit en hochant la tête pour le Roi, s'inclinant brièvement. L'homme annonça ensuite qu'un grand festin serait organisé, en l'honneur d'Arendelle et de sa Reine Elsa, et la cour se mit à applaudir chaleureusement. Le roi fit ensuite signe à Anna de passer devant lui et ils quittèrent la grande salle du trône pour retrouver avec soulagement le silence des couloirs.
— Très beau discours, Votre Majesté, dit la jeune femme. Je suis fière de ma sœur. Cela n'a pas été facile de lui faire admettre que les excuses du Prince étaient sincères, mais elle a fini par comprendre.
— Je suis ravi de l'entendre, vraiment, répondit le Roi. Même si, entre nous, je sais pertinemment que ce n'est pas le cas.
Anna haussa les sourcils puis rentra légèrement le menton. Le Roi posa alors une main sur son épaule et la jeune femme secoua la tête.
— La Reine des Neiges est bien moins méchante qu'elle n'en donne l'impression, dit-elle. Cependant, elle est têtue et elle a très peur que les gens ne lui fassent plus confiance.
— Sait-elle que d'autres personnes dans le monde sont, comme elle, dotés de pouvoirs qui dépassent l'entendement ?
— Elle s'en doute probablement, mais nous sommes un royaume isolé, nous n'avons pas beaucoup de visiteurs, si haut dans le nord et ma sœur étant très réservée, elle reçoit très peu.
Le Roi hocha la tête puis grimaça.
— Oserais-je vous proposer quelque chose, Princesse Anna ? demanda-t-il alors en invitant la jeune femme à s'asseoir sur un banc.
— Quoi donc ? Hans m'a parlé d'une rumeur qui semble courir dans votre royaume, au sujet d'un jeune homme doté de pouvoirs similaires à ceux de ma sœur, mais...
— Oui, c'est de cela que je souhaite vous parler, dit le Roi. Ce n'est pas dans mon royaume qu'il se trouve, mais celui des Îles du Nord, là où l'une de mes nièces règne avec son époux. Je ne connais pas ce jeune homme, cependant, mais je peux mettre mon personnel à sa recherche et l'inviter au château afin que vous puissiez le rencontrer. Il va sans dire que le ramener avec vous à Arendelle risque de braquer la Reine et être inutile, mais peut-être que si vous en appreniez plus sur ce garçon, vous pourriez en parler à votre sœur ?
— C'est une éventualité, en effet, répondit Anna. Mais je doute que l'entreprise fonctionne. Ma sœur a peur de ses pouvoirs, elle les contrôle parfaitement, mais elle a passé toute son enfance enfermée dans sa chambre à craindre cette magie qui nous a séparées très tôt...
— Et c'est tout à fait compréhensible. D'ailleurs, à ce propos, je reviens sur le soir du bal où les choses se sont déclenchées... Votre sœur n'aurait-elle pas refusé les excuses de mon fils parce que tout est sa faute, au final ?
Anna haussa les sourcils, surprise.
— Je... n'avais pas vu cela ainsi, dit-elle. Techniquement, c'est ma faute tout ce qui est arrivé car j'ai présenté Hans à Elsa, et j'ai annoncé que nous voulions nous marier rapidement... Elle s'est énervée quand j'ai insisté et la suite, vous la connaissez. Et malheureusement, ce ne sont pas les excuses qui ont changé le ressenti de ma sœur...
— Je vois... Bien, je vous propose de faire ces recherches sur ce garçon, puis que vous le rencontriez, même brièvement, afin de pouvoir en parler à la Reine Elsa. Cela ne coûte absolument rien et tout ce que je désire en échange, c'est que vous fassiez en sorte, pendant votre séjour dans mon royaume, de faire comprendre à Hans que vous n'êtes désormais plus disponible.
Anna baissa le nez et serra sa main gauche avec la droite. Le Roi hocha la tête.
— Je sais pour l'alliance, dit-il. Il en a parlé à sa mère dès votre arrivée et elle m'en a touché deux mots. Je trouve que vous avez beaucoup de courage pour faire cela, à moins que ce ne soit de la bêtise, mais j'en doute. Vous semblez être une jeune femme bien dans ses bottines et avec la tête sur les épaules.
— Mais je suis mariée à un homme, et amoureuse d'un autre... acheva Anna. Quand Hans a été jeté dans ce bateau pour être renvoyé ici, je pensais ne jamais le revoir, alors j'ai accepté d'épouser Kristoff, je l'aime et nous comptons fonder une famille dès mon retour à Arendelle, mais avant cela, je dois faire la paix avec mon cœur et guérir de Hans, le laisser partir et accepter que la prochaine fois que nous nous verrons, il sera marié et je serais probablement mère.
Le Roi des Îles du sud hocha la tête, prit la main de la jeune femme et la serra entre les siennes. Anna lui adressa un mince sourire puis l'homme fit venir un domestique et lui demanda de conduire la jeune femme dans les appartements qui lui avaient été alloués pour la durée de son séjour.
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