Une victime aveuglée
En français nous avions eu une séquence entière sur une œuvre de Molière, un dramaturge français du XVIIème siècle qui utilisait le comique pour dénoncer les problèmes sociétaires pour ne pas se faire censurer en bref.
Nous avions étudié l'œuvre intitulé Tartuffe. Dans cette œuvre, Tartuffe est un homme de l'église hypocrite qui cache sa vraie personne mais le chef de la famille dont le père qui est Orgon était maladivement aveuglé pour remarquer qu'il se faisait manipuler par un menteur dangereux.
Cette partie de l'étude qui a duré un long moment m'a fait sombrer dans les profondeurs de mon âme, dans les profondeurs de mon passé et de mes pensées.
Ceux qui sont les plus puissants, ceux qui évoquent la sexualité sans consentement.
Mais dans ma version bien plus récente, bien plus moderne, Tartuffe était joué par plusieurs personnes du sexe masculin allant des 8 ans aux 60 ans, et je jouais le rôle d'Orgon mais au lieu d'être aveuglé par les plusieurs Tartuffe j'étais aveuglé par les situations répétitives.
Ou bien ce qu'on peut appeler plus communément le déni.
Et dans l'œuvre on remarque les petits comme grands détails qui auraient pu sortir Orgon de son aveuglement causé par son obsession et admiration pour Tartuffe.
N'avais-je pas remarqué l'évitement de mon apparence sur les deux miroirs, que je cachais mon corps même lorsque je prenais ma douche, la porte fermée à clé ?
Et cette envie de déchirer et de ne plus exister, de ne plus être dans ce corps devenait insoutenable, elle m'oppressait au point où je ne voulais plus sortir de mon lit, trop peur que cela recommence une mainte fois.
Car oui,
Que ça soit à l'école, dans la gare, dans les centres commerciaux, derrière l'écran, dans la rue, à l'hôpital, cela ne me protégeait pas des mains des Tartuffe sur mon corps.
Car oui,
Que je sois avec des amis, un garçon, mes parents, toute seule, en classe, ça ne me protégeait pas des commentaires des Tartuffe sur mon corps.
Que je sois vêtue d'un pantalon, d'un jogging, d'une jupe, d'une robe, que je sois démaquillé ou maquillé, que mes cheveux soient propres ou gras, que mon visage soit propre ou ait de l'acné, que je porte des vêtements amples ou compressés, que mes bas soient courts ou longs, que j'ai 9 ans ou 17 ans les Tartuffe restaient là et continuaient.
Car j'ai encore les sensations de brûlures sur les parties où ils m'ont touchés, car j'ai encore les phrases en boucle dans ma tête qu'ils me sortaient. À chaque fois que j'y repense je me suis jamais attribuée le pseudonyme "Victime d'attouchement sexuels et de pédophilie"
car je l'ai vécu
et puis c'était finit.
dans la vie active oui mais dans ma tête, les scènes, les messages tournaient en boucle comme ces playlist interminables en une journée.
Car oui, haïr les hommes ne vient pas d'un féminisme dites hystérique par certains d'entre vous.
Car à chaque fois je n'étais comparé qu'à une apparence ou bien une sorte d'animal domestique qui se soumet, qui n'a pas le droit d'avoir un avis.
Car ma bouche ne servait qu'à les exploser,
Car mes yeux leur servait à montrer leur dominance,
Car ma poitrine les faisaient bondir.
Car ils voulaient voir plus que mes cuisses,
Car ils voulaient me voir à genoux.
Et puis continuer me dégoûte juste.
Car se rendre compte de l'état de victime dans lequel on était, c'est réaliser que toutes ces choses sont réelles et non juste des cauchemars.
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