La tension était palpable. De la sueur en forme de goutte  coulait sur mon front, alors que les tremblements de ma main se calmait face au contact avec cette fille. Néanmoins, mon regard restait tout aussi tremblant et inquiété.

Mon espoir de la réveiller s'estompait de seconde en seconde, au fil que mes mains secouaient son dos de moins en moins vite et se retirer dans le silence de la pièce.

"Merde... Est-ce qu'elle est..." me demandais-je d'une expiration claire, intérieurement paniquée.

C'est alors qu'au moment précis où je perdais espoir que la fille inconsciente se mit à bouger et à commencer un bref marmonnement. Les muscles de ses membres se contractaient et se relâchaient.

Je sursautais tout en gardant mes yeux rivés sur elle. Je ne perdais pas de temps à l'aider à se relever, entourant mes deux bras asymétriquement autours d'elle.

"Hé, tu vas bien ? Respires tranquillement, tu es en sécurité."

Alors que la fille prenait de grandes bouffées d'air tout en lâchant une toux qui évacuait de l'eau par des crachats, je la redressais afin de la positionner en demi-assise, contre la capsule après avoir refermé l'ouverture. C'était bien de se souvenir des cours de secourisme, et on se sent fier quand on sait que cette position facilitait la respiration.

Je l'observais ensuite, après avoir reculé mes bras. Ses cheveux cachaient à moitié son visage.

Une fois que sa respiration était aussi stable de la mienne, la fille releva la tête en passant sa main sur son visage de bas en haut. Elle relevait ses cheveux et son regard se posa ensuite vers ma direction.

"Qu'est-ce qui s'est... passé...? Où suis-je...?" me demanda-t-elle, complètement déboussolée.

En but de garder le calme dans cet endroit obscur et de rassurer cette fille, je pris un ton calme tout en prenant geste de mes mains :

"Tu étais enfermée dans cette capsule. Tu manquais d'air et je t'ai sortie de là. Et nous sommes dans un espèce de... laboratoire bugué."

Un court instant de silence fut présent après mes mots, pendant que cette adolescente de mon âge se mit à regarder les lieu d'un regard perdu. Et petit à petit, son visage perdait cette expression de confusion.

"Ah ouais... Je m'en rappelle." disait-elle avant de me regarder à nouveau. "On est dans un espèce d'endroit virtuel. J'étais tombée ici, j'ai entendu du bruit, je suis allé me cacher dans la capsule mais je n'avais plus d'oxygène."

-Toi aussi tu es tombée ici ? Et tu sais que nous sommes dans un endroit plus que bizarre...

-Oui. J'avais trouvé un ordinateur pour appeler à l'aide, mais j'avais une connexion tellement pourri que le récepteur ne m'entendait pas... Et puis, l'ordinateur a rendu l'âme.

Ce que me disait cette fille m'avait alerté. Je me souvenais soudainement de cette autre fille qui m'avait appelé sur la tablette pour la première fois. Avec une connexion très médiocre que j'entendais à peine sa voix entre les défauts de l'appel.

Mon regard s'agrandit de stupeur en réalisant également que la voix de cette fille y ressemblait à celle de la destinataire numéro deux.

"Attends... Tu as dit que tu avais appelé à l'aide, mais que ta connexion était pourri ?" lui demandais-je à garde voix basse.

La fille dont j'ignorais le non fronça des sourcils à ma questions, laissant son coté perplexe prendre le dessus.

"Ouais, pourquoi ?" fut sa réponse et sa question.

Puis, elle posa son regard plus bas. Plus précisément vers la tablette que j'avais posé à coté de moi. 

Au moment précis où son champ de vision repéra mon appareil électronique, la fille eu comme un électrochoc. Elle sursauta, au point de faire un recul, tandis que visage reprit plus de vie tel un réveil soudain :

"Hé ! Mais c'est ma tablette !"

Elle saisit ensuite de ses deux mains l'appareil, sous mon regard étonné.

"Quoi ?" me contentais-je de dire pour montrer ma surprise.

-C'est ma tablette, je te dis ! Je croyais l'avoir perdu pour de bon !

Elle avait comme des étoiles dans les yeux et un air bête au visage avec un sourire visiblement heureux. En tant normal, je me serais méfié qu'une personne dise que un objet trouvé était à elle... Mais je ne pense pas être en situation de vol ou de commerce.

Mais bon. Je me contentais d'esquisser un sourire malgré mon étonnement. Mais la fille fronça à nouveau des sourcils alors que son regard restait porté sur la tablette éteinte qu'elle tenait dans ses mains.

"Mais attends..." prononça-t-elle. "J'avais appelé sur ma tablette... Si c'est toi qui l'ai, alors..."

Surprise, je voyais la fille baisser la tablette jusqu'à revoir sa tête cachée par l'objet, croisant ainsi son grand regard fixé.

A nos visages bloqués, nous venions bel et bien de réaliser que les appels étaient liés.

"Mais c'était TOI ?! Tu es Rachel, c'est ça ?!"

-Et toi tu es la fille de la connexion pourrie ?!

-Ouf ! Je suis contente d'être tombée sur toi ! Et que ma tablette soit tombée sur toi.

C'est ainsi que nous nous levions, et nous discutions sur l'origine de notre arrivée à cette endroit.

"Avec la connexion, je n'avais pas entendu ton prénom." lui disais-je en récupérant le tablette.

Ceux à quoi la fille, qui tira sur son long tee-shirt long mais trop court pour cacher ses jambes apparentes, répondit d'un ton plus positif et énergique :

"Oui c'est vrai. Je m'appelle Manon ! Ravie de faire ta connaissance !"

Manon sur Kisekae

Pour être honnête, mes émotions se bousculaient à l'intérieur de moi.

Être contente de ne pas être toute seule, étant donné que j'étais séparée de Angelo et de Kassie.

Être rassurée d'avoir retrouvée la fameuse fille à la connexion pourri, qui s'avérait être dans le même pétrin que nous.

Mais n'empêche, je restais quelque peu septique. Bien que Manon semblait être une fille avec aucune mauvaise intention, et qu'elle soit très grande, je ressentais un aspect un peu... excentrique, en elle. Je ne le saurait pas comment l'expliquer, mais c'était comme si elle dégageait une sorte d'aura bizarre à en presque mettre mal à l'aise.

Mais sur l'instant, je me contentais d'ignorer mes doutes. Ce n'était clairement pas le moment pour ça.

"Bon, et si on sortait d'ici ?"