Chapitre 10 : Scène au sein d'une école
C'est sous la tension de la perte de la tablette que je sortis de cette petite salle de rangement. Et clairement, je faisais à peine attention au lieu où nous étions tombés. Mais au bout de quelques pas vers l'inconnu, et surtout en n'entendant pas Angelo me suivre, je finis par m'arrêter. J'en profitais pour regarder ce grand couloir.
En vue de tout ces casiers gris longeant les deux murs, les affiches à la fois colorés et griffonnés de façon malicieux, ses graffitis mural et ses tag's, ainsi que ces multiples portes, et haut-parleurs en hauteur...
J'en avais conclus que nous étions dans un bâtiment scolaire. Un collège ou un lycée.
"Je ne connais pas cet endroit..." dit Angelo d'un ton peu sûr en arrêtant sa marche à mes coté.
-Moi non plus, lui dis-je en tournant doucement ma tête en sa direction. C'est peut-être l'école de Kassie...
-Pourquoi ce serait l'école de Kassie ?
-Car on a cliqué sur son pseudo. Ce lieu a sûrement un lien avec elle, comme ta maison d'enfance avait un lien avec toi. Je crois que ça marche comme ça.
Avant de me répondre, je regardais Angelo faire une grimace d'embarra en tapant même sa main contre son front en fermant les yeux et levant légèrement son menton.
"Quel boulet... Pourquoi je pose des questions pareil...?" dit-il à lui-même.
A la suite, il baissa sa main en même temps que sa tête et prit une mine coupable. Comme un enfant qui venait de faire une énorme bêtise. Je n'ai pas pu m'empêcher de prendre un visage peiné, avec le froncement de sourcils qui va avec...
"Je suis vraiment nul... Voilà pourquoi j'ai autant de mal à me faire des amis... Quel con, je te jure." ajouta Angelo en fixant le sol.
Ses mots me faisaient mal au cœur, de peine. Je me rendais compte que je ne connaissais pas aussi bien Angelo que je l'ai cru. En discutant avec lui en "privé" sur le forum, j'avais compris que c'était un garçon plutôt timide et renfermé. Mais apprendre qu'il a été victime de pédopornographie et l'entendre s'insulter lui-même me fit comprendre que Angelo avait une fragilité trop intense pour un garçon de son âge.
Tout les garçons que je connaissais, en gros mes camarades de classes, sont de petits cons. Ils ne respectent rien : Ni les prof's, ni les filles, ni même leurs familles. Toujours à provoquer les adultes, à mal parler sur les filles et même certains s'attaquent aux plus faibles.
Alors il est vrai que quand j'ai commencé à discuter avec Angelo sur internet, j'appréciais ce coté attentionné et plus sensible. Même si j'étais méfiante sur ses intentions au début, j'ai fini par le considérer comme un vrai ami... Et honnêtement, je me demande si je n'avais pas commencé à avoir un petit faible pour lui.
Mais à le voir face à face était la réalité... Certaines personnes cachent leurs personnalités derrière un pseudo. Mais pas Angelo, finalement. Je ne sais pas si je suis naïve, mais je savais que c'était un garçon bien. J'avais envie de le rassurer.
Chose que je fais en posant ma main sur son épaule et prononçant d'un ton calme et d'une voix le plus apaisant possible :
"Hey, ne t'en fais pas. Il n'y a aucun problème, Angelo. Faut as t'en faire."
Angelo avait relevé sa tête vers moi et croisait mon regard. Il finit par sourire peu après que j'ai fini ma phrase. Il semblait étrangement plus rassuré.
"Ok, merci Rachel... Et désolé." dit-il d'un ton bas.
-Ne t'excuse pas, lui répondis-je. Allez, cherchons ma tablette et Kassie au passage !
-D-d'accord !
Après lui avoir redonné la pêche, je me suis mis en marche à nouveau. J'étais plus déterminée, à en respirer plus calmement. Angelo me suivit en essayant de s'adapter à mon rythme.
Ai-je mentionné que ce couloir était sans lumière ? Il ne faisait pas noir complet, mais assez sombre à température froide pour donner des frissons. Et ce fut mon cas. Pieds nus en débardeur, je sentis le froid frôler ma peau. Et me frotter les bras n'était pas suffisant pour me réchauffer.
Entre-temps, nous avions essayés d'ouvrir certaines portes du couloirs, croyant nous emmener dans des salles de classes. Mais elles étaient toutes fermées...
Quant-au-fond du couloir, représenté par deux portes glissantes anti-feu de couleur orangés...
...
Aussi fermées.
Et j'en montrais mon mécontentement.
"Mais sérieux, on est bloqué ici ?!" dis-je d'un ton outré en retirant mes mains des portes de sécurités.
-On dirait, répondit Angelo d'une voix hésitante. Qu'est-ce qu'on fait, alors...?
-J'en sais rien, soupirais-je en me tournant vers mon binôme, il faut qu'on retrouve cette tablette... C'est la seule chose qui peut nous aider !
-Mais Rachel, tu n'as pas dit qu'on tomberait aussi sur Kassie ?
-Si, je l'ai dis... Mais je ne sais pas tout, non plus !
Mon mécontentement s'était changé en une frustration pure. Digne d'une adolescente, j'en avais l'expression agacé. Mais je descendis les muscles de mon visage en poussant un nouveau soupir et laissant ma tête se pencher en avant.
"Désolée... Je suis à cran." furent mes mots en relevant à nouveau ma tête.
C'est à ce moment, en arrière plan derrière Angelo, que je vis quelque chose d'assez.. étrange. Tout au fond du couloir, on aurait dit qu'il y avait une espèce de foule. Quelque chose de vivant ! J'en frottais mes yeux pour être sûre de ne pas halluciner.
Alerté par mes gestes, Angelo prit un air étonné avant de lui-même se retourner en direction de la foule. Même de dos, je sentis son étonnement grandir en un léger sursaut de sa part.
"Mais... C'est des gens ?" demande-il à voix basse.
-O-on dirait, fut ma réponse, mais... J'ai l'impression que c'est des ombres.
En effet, à y voir de plus près, les quelques silhouettes n'étaient que des ombres de couleur noir... C'était parce que nous étions loin.
Ainsi, Angelo et moi nous nous rapprochions de la foule. Et plus on s'approchait, plus on voyait les couleurs de ces personnes. Ce n'était pas des ombres, finalement. Même, on aurait dit un groupe d'adolescents.
Et une fois assez proche, tout en restant un minimum loin, nous remarquions que ces quelques élèves qui n'étaient pas de dos avaient une étrangeté. Ils n'avaient pas de visage.
Exactement comme l'oncle de Angelo...
"Je crois que c'est un souvenir..." chuchotais-je à Angelo en me plaçant sur le coté afin d'avoir une bonne vision de la scène.
-Mais qu'est-ce qu'ils font ?
Demanda-t-il. Et je n'ai pas eu le temps de répondre que la scène le faisait.
Ces élèves étaient répartis en deux lignes, à proximité des deux murs et laissant le centre du couloir libre. Ils regardaient tous en direction une autre personne qui marchait. Il était facile à comprendre que cette personne était un vrai centre de l'attention.
En fait, cette personne était une fille. Une adolescente de notre âge. Elle marchait lentement et tête baissée. En clair, cette fille faisait profil bas face à des adolescents moqueurs. Pourquoi est-ce que je dis ça ? Tout simplement car des moqueries sortaient tel un écho venant de nul part, envers cette fille en question.
Les voix n'étaient presque pas humains.
"C'est elle sur ces photos ? Ah la petite coquine..."
-Hé ! T'es mieux en sous-vêtements ! Enlève cette petite robe, on veut voir ce qu'il y a en dessous !
-Ah bah c'est ça de partager des propos comme ça, sur les réseaux ! Hein ? Petite traînée !
-Quelle salope... Elle se croit belle de se montrer comme ça sur internet ?!
-Elle dit que c'est pas elle qui a partagé ses photos... Mais ça vient bien de ces comptes, pourtant !
-Kassidy, va te cacher dans ta chambre ! On veut pas d'une pute dans ton genre, ici !
Dès qu'un prénom a été cité, j'ai automatiquement regardé Angelo avec de grand yeux ouverts. Ce dernier avait fait exactement la même chose.
"Kassidy ?" répéta-il à voix basse.
-Tu crois que c'est le prénom de...
Je ne terminais pas ma question que je reposais mon regard sur celle qui était au centre de l'attention.
Une adolescente à la peau basanée, aux cheveux noirs frisés... qui se cachait même derrière ses livres en suppliant d'arrêter ces jurons.
Elle possédait les caractéristiques de la Kassie que je connaissais depuis le forum.
Et puis, tout s'arrêta.
L'obscurité qui engouffrait les lieux s'apaisait par une lumière subitement allumée par une ampoule néon au dessus de nos têtes. Il suffisait d'une lumière pour que les silhouettes représentant la foule disparaissent...
Sauf une.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro