Chapitre IV
Il Mago
On réfléchit comme un bandit, mets pas ton nez n'importe où, traîne pas avec n'importe qui.
SCH Mafia
Un tapin à chaque bras, je glisse mes doigts sous l'élastique du string de la grande brune qui ressemble le plus à ma nouvelle serveuse. Revigoré d'une excitation malsaine, je lui mords le haut de l'épaule lui arrachant un cri de surprise surjoué. Cette petite provocatrice a allumé un incendie que je dois maîtriser avant d'abattre l'enfer sur Marseille.
Si j'ai réussi à prendre la tête de mon clan et que je suis réputé pour mes tours de passe-passe, je le suis encore plus pour ma folie légendaire. J'ai de gros projets en cours, inutile de lâcher la rage et la tension qu'elle m'a insufflées. Son manque de crainte devant moi et l'audace qu'elle a montrée, devinant pourtant où elle mettait les pieds, m'interrogent. Il y a quelque chose chez cette fille qui m'interpelle et cela n'a rien avoir avec l'envie de la baiser. Bien que j'aie dû faire preuve de contrôle quand elle s'est amusée à sucer son doigt, ma première pensée a été de l'attraper par sa queue-de-cheval et de la renverser à plat ventre sur la table. Je nous aurais délester de nos futes afin de la pilonner sauvagement devant tout le monde prenant soin de ne pas la faire jouir pour la punir, mais je crois bien que ça lui aurait plu.
Voulant extérioriser ce trop-plein d'envie animal, j'invite les deux putes à l'arrière de la Rolls et prends place au centre de la banquette. Je donne une dernière instruction à Salva pour qu'il sache où me rejoindre et esquisse un signe à mon chauffeur. Il s'engouffre dans les ruelles pendant que je me fais sucer comme il se doit. Mes filles sont de vraies professionnelles qui mettent du cœur à l'ouvrage. Elles ne lésinent pas sur leurs performances et sont prêtes à un échange plus charnel quand nous revenons au point de départ. Je tape sur la vitre de séparation une fois vidé, mais pas totalement satisfait. Je sens la brune se crisper en descendant, elle s'imaginait peut-être finir la nuit à l'Intercontinental. D'un signe de tête, j'indique au chauffeur de reprendre la route et tente de retrouver le fil de mes pensées concernant ma prochaine affaire.
***
Les négociations ont été rudes. Comme chaque fois, je sors gagnant de mon rendez-vous, il valait mieux de toute manière sinon l'autre option aurait été plus radicale et tout autant en ma faveur. Traiter durant des heures sur le tarif de mes produits n'est pas de tout repos. La crise économique en elle-même ne touche pas notre milieu, mais transiter des armes de toutes sortes peut parfois virer au casse-tête. Il est bon de rappeler aux clients un peu trop gourmand que je suis le meilleur fournisseur de la région et que toute chose à un coût, surtout la qualité.
Je passe machinalement une main dans mes cheveux, caresse la crosse de mon glock de celle restée libre. Je suis satisfait de cette journée, mais toujours frustré sans savoir pourquoi. Je dois défaire ce nœud de mes épaules, les seuls remèdes sont la baise ou le meurtre. Manque de bol la petite séance dans la voiture plus tôt dans la soirée n'a pas eu l'effet escompté et je n'ai pas prévu d'assassinat pour l'instant, enfin dans l'immédiat.
Déambulant dans mon gigantesque manoir, j'opte pour une douche rapide. Vêtu de mon peignoir cotonneux, je me sers un verre, allume un havane, m'installant derrière mon immense bureau en bois brut. Je caresse le dossier que m'a transmis Salva à la sortie de notre rendez-vous et commence ma lecture. Il me tarde de connaître le passif de ma petite impétueuse serveuse.
LIZA
Ma soirée se termine aux alentours de deux heures du matin. Les poches pleines de pourboires, qui n'ont rien à voir avec ce que j'ai déjà touché dans mes jobs précédents, je pars en direction du club que j'ai l'habitude de fréquenter. Quand je cherche un mec à me relever, c'est ici que je viens chercher un jouet. Il mago a réveillé mes pulsions et je dois assouvir mon envie de sexe avant qu'il ne tourne à l'obsession. Comme à l'accoutumée être une femme esseulée attire la gent masculine qui ne tarde pas à rôder autour de mon corps tels des charognards. Mon dévolu se porte sur un brun aux cheveux mi-longs qui fait bien pâle figure à côté de Il mago, mais pour ce soir, ça fera l'affaire. Je commande un mètre de shooters que je descends sans forcer et pose ma main sur son entrejambe, ce qui met fin à son élucubration. Dix minutes qu'il me raconte un tas de trucs inutiles à l'oreille. J'aurais dû l'avertir immédiatement qu'il n'avait pas à se donner le moindre mal, j'allais l'embarquer aux chiottes sous peu. Ce que je m'empresse de faire sous son air hébété.
— Tu ne veux pas qu'on aille à l'hôtel ? m'interroge-t-il une fois la porte de la cabine refermée.
— Mon grand, si tu veux payer une chambre d'hôtel, paye-toi la pute qui va avec. J'ai juste besoin que tu plantes ta queue et pas d'une folle nuit d'amour.
Ses yeux s'écarquillent sous la surprise de mes propos et avant qu'il ne bafouille une autre niaiserie qui me couperait toute envie, je lui ordonne :
— Baisse ton froc et assieds-toi.
— Mais la cuvette est sans doute pas très propre.
— Ferme-la et sors ta bite !
Un brin excité et surtout très désemparé, il s'exécute avec maladresse. Mon jean est déjà à terre quand j'attrape ses cheveux à la racine avant de ramener sa bouche sur mon intimité ne lui laissant aucune marge de manœuvre et assouvissant mes pulsions.
***
Légèrement soulagée, je quitte cet endroit malfamé. Même si le lieu est charmant, il reste un club bas de gamme où s'agglutinent les ouvriers de classe moyenne de Marseille. Je n'ai jamais eu de mal à trouver un coup d'un soir, c'est l'unique raison pour laquelle je m'autorise cette escapade ici. Toujours vêtu de ma chemise et de mon jean, je marche un brin chancelante dans les rues de ma ville. Je suis soûle, mais pas assez pour ne pas remarquer qu'une énorme berline de luxe me suit depuis cinq-cents mètres maintenant.
Curieuse de savoir ce que me vaut cet honneur, je ralentis le pas jusqu'à m'arrêter. Le bruit métallique d'une bague frappant contre la vitre m'interpelle, je patiente jusqu'à ce que le passager arrière daigne bien ouvrir la fenêtre opaque.
— Monte, m'ordonne-t-il de sa voix grave si calme.
Sans réserve, je m'exécute et prends place à ses côtés dans la chaleur de l'habitacle. J'observe Il mago un sourire dangereux aux lèvres, il tape sur le plexi qui nous sépare du conducteur indiquant que nous pouvons prendre la route.
Son odeur aux notes musquées fait frissonner ma chair alors qu'un silence pesant s'immisce entre nous.
— Un verre ?
Mon regard accroche le sien, je détaille la perfection de son visage. Cette fois, ses cheveux sont attachés, son nez imparfait lui offre un côté animal qui m'excite, mais ce n'est rien comparé à son sourire. Sa folie se trace sur ses lèvres humidifiées de Champagne. Ses traits dégagent un air sans conscience qui m'attire. Sans que je ne lui formule de réponse, il remplit une flûte qu'il me tend. Étant déjà bien imbibée, j'attrape la coupe que je vide d'un trait avant de la lui rendre pour qu'il me la remplisse à nouveau.
— Bien, je suis ravie d'étancher ta soif, Élisabeth.
L'évocation de mon prénom me crispe et l'alcool laisse transparaître ma seule faille que j'arrive normalement à tenir sous clé.
— C'est Liza !
— Oui, tu préfères ce diminutif. Je peux savoir pourquoi ? continue-t-il toujours dans son sourire diabolique.
— Pourquoi tu me suis ? Tu le fais avec toutes tes serveuses ?
Il penche sa tête sur le côté me détaillant avec insistance avant de me resservir.
— Eh, bien, vois-tu, Liza, j'ai beaucoup réfléchi après notre rencontre, commence-t-il en étirant sa nuque.
Ce geste me laisse apercevoir le haut de son tatouage qui trône au-dessus de ses pectoraux grâce aux boutons ouverts de sa chemise. Je me demande ce qu'il peut bien représenter, mais avant que mes interrogations ne s'approfondissent, il reprend :
— Tu vois, ma jolie, je me questionne. Pourquoi une fille dans ton genre se retrouve au milieu de mon business ? Ou plutôt ce que tu en attends ?
— Si c'est ça qui t'inquiète, sans vouloir te froisser, je m'en tape de ton business, la seule chose qui m'intéresse, c'est faire mon taf et encaisser mon oseille, oh et accessoirement te plumer au rami.
— Oui, mais tout de même, je m'interroge, finit-il en buvant une gorgée un sourire amusé.
— Si tu penses à qui pourrait mettre à mal ton réseau, tu ferais mieux de commencer par t'épancher sur le cas de Steeve.
Un rictus malsain anime son visage, il m'offre une cigarette avant d'allumer la sienne.
— Et il t'a fallu combien de temps pour conclure à cette analyse ?
— J'en sais rien, quelques minutes. Il était pétrifié dès votre arrivée et n'arrêtait pas d'avoir des tics nerveux. Sans compter son soulagement quand tu lui as demandé de prendre congé. J'imagine que la petite graine de l'espoir lui a empêché de voir sa chute.
Un rire sardonique s'échappe de sa gorge.
— Ah, l'espoir, crache-t-il dans un nuage de fumée. En as-tu ?
À mon tour, je ris avant d'inspirer une longue bouffée de nicotine.
— Je ne crois pas pouvoir le ressentir, argué-je.
— Intéressant, et qu'est-ce qui te fait vibrer ?
— Le sexe.
— Rien d'autre ?
Je réfléchis un instant et lui réponds par la négative dans un haussement d'épaules.
— Et toi ?
— Infliger la peur, être assis tout en haut de mon trône scrutant ces rats immondes se battre pour un bout d'os, l'argent, le meurtre et le sexe, s'amuse-t-il de sa voix rocailleuse.
— Pourtant, tes deux putes ne t'ont pas donné satisfaction.
Il se tourne me faisant entièrement face en posant son dos sur la garniture de la portière.
— Et qu'est-ce qui te fait arriver à cette conclusion ?
— Je t'ai excitée pendant notre partie de cartes et tu es parti accompagné de deux superbes nanas. Mais il est quatre heures et demie du matin et tu m'as pistée à la sortie du club le plus miteux de la ville.
— Et toi, le trou du cul que tu t'es levé t'a apporté satisfaction ?
Mes lèvres se pincent ne sachant pas s'il bluffe ou s'il m'a fait suivre, cependant, je prends le parti de jouer franc jeu.
— Pas tout à fait, il était plutôt sans saveur.
— Je vais tellement t'exciter que tu me supplieras de te baiser, me susurre-t-il.
Une vague de chaleur se propage jusqu'au bout de mes seins et alors que je tente de maîtriser ma cambrure incontrôlable, je lui rétorque dans un murmure :
— Garde à l'esprit que je ne perds jamais.
Intercontinentale Hôtel connu sur Marseille.
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