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Prologue (1/2)

Prologue

12 jours de deuil national.

8 septembre 2022.

— Il y a quelques instants, le palais de Buckingham a annoncé le décès de Sa Majesté La reine Elizabeth II. Le roi et sa suite resteront à Balmoral ce soir, et rentreront à Londres demain.

Huw Edwards venait d'annoncer l'impensable. Je restai de marbre, les ongles enfoncés dans mon siège de cuir.

— London Bridge is down, sanglota ma mère en se levant du canapé, horrifiée par la nouvelle.

Cette phrase ne faisait que confirmer la mort de la reine Elizabeth II. Plus tôt dans la journée, nous avions appris l'état de santé préoccupant de la monarque. Les médecins se faisaient du souci, et à raison. Je fus incapable de bouger, le regard rivé sur les informations de BBC News. Dans mon dos, ma mère s'affolait.

Nous vivions seules avec mon frère dans un petit appartement de seconde main. Nous avions hérité la plupart de nos affaires de nos grands-parents ou il s'agissait de récupération. Elle travaillait mais ses horaires hallucinants ne lui permettaient pas de prendre du repos. Ses nerfs étaient en train de lâcher. Installé sur la table du salon, je savais que mon frère aîné n'avait pas cillé. J'étais aussi superstitieuse que ma mère, un tantinet moins ridicule. Malgré mon corps rigide, je décrochai mon bras de l'accoudoir et sorti mon téléphone de ma poche. En ouvrant mon navigateur, les informations s'étaient déjà emparées de l'affaire.

9 septembre 2022.

« Pour moi, Elle est l'Angleterre. » avait affirmé une Britannique qui vivait en Bretagne. Sous mes yeux se trouvait l'énième article qui avait fait sonner l'alarme de mon téléphone. Je guettais les écrans plus que de raison depuis hier soir. J'étais de plus en plus pantelante à l'idée que ma mère puisse me refiler ses craintes. Travailler sur mes nouveaux cours ne changeait rien. Elle mangeait à peine, comme si le dernier souffle de la reine était aussi celui de son monde. Il y avait les fanatiques, les complotistes et il y avait elle. Elle n'avait connu qu'Elizabeth II en presque cinquante ans d'existence. Elle plongeait dans l'inconnu comme pleins d'autres. Moi, je devais me détacher de tout cela et voir le rationnel là où il n'y en avait pas pour elle.

10 septembre 2022.

Ma mère regardait depuis plusieurs heures déjà la cérémonie de succession à Charles III. Dans le canapé qui nous tournait le dos ne dépassaient plus que ses cheveux grisonnants. Avec mon frère, Damian, nous avions préférés manger juste derrière elle. Cela faisait deux jours qu'elle passait son existence collée devant les informations.

— Ce vieillard ne sera jamais capable de tenir le poids de la couronne, grogna-t-elle, tendue. Attendre soixante treize ans et il ne sait même pas se tenir. Non mais regarde-moi ça, Oprah !

J'acquiescai vaguement en tournant discrètement la tête vers la télévision.

— Il ferait mieux d'abdiquer en faveur de son aîné.

— L'un ou l'autre ferait un bien piètre roi, commenta placidement Damian, les doigts pianotant sur son clavier d'ordinateur.

Depuis quelques mois, il travaillait sur un dossier important pour l'Université. Quant à moi, je devais me contenter de mes devoirs de secondaires. L'écran vieillot de la télévision contrastait avec ce que je voyais sur mon smartphone. Tandis que le nouveau roi Charles III se montrait à tous les Britanniques, les Républicains, eux, manifestaient férocement dans les rues. Sur les photographies présentent qui défilaient sur mon facebook, je pouvais lire : « Abolissons la monarchie ! » ou encore « République, maintenant ! ». Mon estomac se serra. Et s'ils gagnaient ? Si les Républicains – aussi peu nombreux étaient-ils d'après les dires – pouvaient avoir la victoire lors de cette bataille contre la monarchie ?

Au soir, dans mon lit, la lumière éteinte, je ne pus m'empêcher de regarder les récentes informations. En première ligne de mire, un article sur la disparition de l'un des corbeaux de la Tour de Londres. Jusque là, rien d'alarmant, me dis-je. Par décret royal, il fallait six corbeaux à ce monument, mais il était arrivé qu'ils soient moins que cela.

11 septembre 2022.

« Le cercueil de la reine vient d'arriver à Edimbourg, après 300km de procession. » Vingt-et-un ans plus tôt, le monde entier avait les yeux rivés sur le World Trade Center. Je n'étais pas encore née. Aujourd'hui, ce même monde guettait tout le Royaume-Uni : un pays à l'arrêt depuis la mort de sa reine.

Je savais que ma mère avait hâte de pouvoir se rendre au cœur de Londres pour l'arrivée du cortège funèbre mais ce dimanche du 11 septembre, elle avait dans l'idée de nous emmener sur les hommages floraux d'Elizabeth II. Nous n'avions pas de voiture car elle n'avait pas assez d'argent pour avoir ce luxe. La marche à pied était sa Bible. J'aurais pu me reposer, faire comme si le monde avait continué de tourner sans la reine mais ma mère m'en empêchait. Je comprenais à peine ce qu'il se passait, bien qu'obnubilée par les informations ces derniers jours.

Devant le palais de Buckingham, des fleurs et des larmes y étaient déposées. Partout où je posais les yeux en arrivant sur les lieux, je ne voyais plus que le deuil du peuple Britannique. Des portraits de la reine se trouvaient à nos pieds ainsi que des lettres de condoléances. Damian était tendu à mes côtés. Moi, je regardais le ciel bleu le plus souvent possible pour espérer voir un miracle – le corbeau disparu. Il se serait envolé – chose rare puisque leurs ailes étaient taillées. Je le savais à cause de ma mère.

Dans le Green Park, non loin du palais, la chanson était la même, les roses et le plastique s'entassaient sur l'herbe. J'entendais mon unique parent sangloter, une énième fois. En tournant le visage à ma gauche, je vis Damian, une vingtaine de centimètres plus grand que moi. Il observait le mémorial éphémère d'un regard si vide, les mains enfoncées dans ses poches.

— Tu vas bien ? demandai-je avec innocence.

Il ne quitta pas les fleurs du regard.

— Ouais. Juste... le vide. Maman ne connaît rien de Charles III. Au moins, je ne critique pas tout ce qui bouge, moi. Elle n'a d'yeux que pour Elizabeth. Si elle pouvait arrêter de brailler toute la journée sur la télévision, peut-être que je serais de meilleure humeur.

12 septembre 2022.

« Le roi Charles III est arrivé à Edimbourg pour suivre le cortège funèbre » ou encore « L'Angleterre prépare les funérailles du siècle », lisais-je à nouveau sur mon téléphone. Il était quinze heures. Nous étions à notre dernière leçon pour la journée. Certains élèves discutaient à l'extérieur de la salle tandis que je parlais moi-même actualité avec mes voisins. Je n'étais pas la seule à souffrir de cette obsession pour la mort de la reine Elizabeth II. Beaucoup au premier rang avaient leur téléphone sorti, défilant avec frénésie les articles. Durant toute la journée avait régné un grand silence dans les salles de classes. Les professeurs continuaient de vivre, bon gré malgré.

« Avec la mort d'Elizabeth II, ces Britanniques qui aimeraient en finir avec la monarchie ». Dès que je voyais ce genre d'articles, ma gorge ne pouvait pas s'empêcher de se nouer. Je redoutais le moment où j'allais devoir rentrer, faire face à la folie de ma mère et à l'indifférence de Damian. Quand certains ne voulaient pas de la monarchie, d'autres voudraient que Charles III abdique en faveur de William Windsor.

13 septembre 2022

« Un second corbeau a disparu de la Tour de Londres en début de soirée ce 12 septembre. Le Maître-Corbeau fait part de ses inquiétudes. »

Nous étions à table. Il était huit heures du matin. Damian venait de faire le petit-déjeuner tandis que ma mère peinait à se lever. Il faisait presque noir et seuls nos smartphones nous donnaient assez de lumière pour y voir le nécessaire. Les cuillères tintaient contre les bols en porcelaine.

— Tu as vu, cette histoire à la Tour de Londres ? demandai-je à mon frère en terminant ma bouchée. Il paraît que c'est le second qui s'envole.

Dans la pénombre, les volets fermés, je ne percevais que quelques traits de son visage. Il avait les mêmes yeux que ma mère, d'un bleu abyssal. Même dans ces conditions, je voyais la profondeur de son regard. Je n'avais pas cette chance. Moi, j'avais le malheur de porter le regard de mon géniteur.

— Ce ne sont que des corbeaux, Oprah. Ne deviens pas comme maman, par pitié, me sermonna-t-il. Et puis de toute façon, il peut y en avoir un seul, le monde ne s'écroulera pas demain.

— Demain on va devoir aller à Westminster pour le cercueil d'Elizabeth, précisai-je en faisant abstraction de sa remarque.

Il soupira avant d'enchaîner :

— Je sais. Arrête de te monter la tête pour rien. Certes, elle est morte mais elle a des successeurs. Les corbeaux ne sont qu'une légende et les Républicains ne feront jamais tomber la monarchie, elle est trop ancrée pour que ça arrive.

Derrière lui ne restait plus que le bruit de la vaisselle contre la table à manger ainsi que les nombreuses odeurs de nourriture. Quelques secondes de silence l'interrompirent, puis il susurra ;

— Enfin, je crois...

14 septembre 2022

« Funérailles d'Elizabeth II : le public se recueille devant le cercueil de la reine à Westminster Hall. »

Westminster Hall avait des allures de monument gothique. Après mes cours, ma mère nous avait directement amenés au rassemblement. Elle avait tenue à ce que l'on s'habille en noir dès le matin, que ce soit pour moi ou pour Damian qui devait se rendre à l'université. Pour l'occasion, il avait été dispensé de cours durant l'après-midi. La pièce était longiligne et son toit à plusieurs mètres au-dessus de nous nous donnait de la grandeur. Le tombeau était fait à partir d'un chêne très ancien, drapé de bleu, de rouge et de jaune. Elle siégeait au sommet de trois marches et d'un tapis couleur rubis. Deux rangées se formaient près des quelques escaliers ui nous séparait du mémorial.

L'ambiance était respectueusement silencieuse. Sur le mouvement funèbre se trouvaient des fleurs blanches dont l'odeur embaumait toute la salle. Il y avait également une croix ainsi que la couronne de la reine. Des gardes royaux étaient placés de part et d'autre de la salle, surveillant le moindre mouvement suspect. La foule importante s'arrêtait devant le cercueil et priait le père, le fils et le Saint-Esprit. Ma mère n'était pas une profonde pratiquante mais lorsque je la vis effectuer ce mouvement si symbolique, quelque chose en moi savait que la mort d'Elizabeth II était un malheur pour elle. Rares étaient les adolescents et enfants mais ceux que je reconnaissais ne semblaient pas vraiment comprendre pourquoi on les avait amenés ici.

Certains s'agenouillaient. J'avais le regard ailleurs jusqu'à ce qu'un bras passe par-dessus mon épaule. En relevant la tête sur ma gauche, Damian m'offrit un faible sourire et frotta sa main contre mon pull. Puis, la tranquillité de Westminster Hall fut interrompue par des détonations, coupant court aux positions droites de tous les gardes. Quelques secondes de silence passèrent avant d'en entendre de nouveau. Et enfin, l'odeur du brûlé pénétra les murs. Mon cœur commença à s'accélérer lorsque des coups de feu transpercèrent sourdement l'endroit.

— Baissez-vous, baissez-vous ! nous somma l'un des gardes.

Je ne vis plus rien lorsque je me retrouvai face contre terre. Des tirs se firent encore entendre et enfin, des cris d'horreur et de douleur. J'étais pétrifiée. Le visage de Damian n'était qu'à quelques centimètres de moi mais il me suppliait de rester calme, de ne pas faire de mouvements brusques. Dans notre dos, au-dessus de nos têtes, les pions rouges tentaient de neutraliser les assaillants qui hurlaient à tout va « République, maintenant ! ». Le reste se figea dans ma mémoire par bribes. 

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