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Chapitre 01 : Le diamant de la couronne. (2/2)

- J'ai du jus de fruit, deux paquets de gâteaux et des salades froides pour ce soir.

La brique en main, je pointai du regard tout ce qui se trouvait à ma droite, posé sur le muret. Quelques minutes plus tôt, je sentais encore mes poumons en feu. Ma respiration s'était finalement calmée et mes mouvements frénétiques avaient disparus. Je sortis le paquet de cigarettes de la poche de mon jogging d'en tirer une. Le briquet étincela sous mes yeux.

- On va ramener tout ça au squat et se poser avec les autres pour la journée.

- Faudra juste que je passe chez Romy pour mes clopes, il me reste quelques livres dans mes poches, poursuivis-je. Zachy, tu garderas un œil sur la bouffe pendant mon absence.

- Reçu cinq sur cinq.

- Allez, entamez votre casse-croûte et on en profitera pour y aller, il y a une heure de marche devant nous pour rejoindre le quai de la Tour de Londres.

* *
*

- Je te fais un prix d'amis, me proposa Romy lorsqu'elle s'apprêta à me donner mon paquet de cigarette.

Il me manquait trente pence, j'avais l'air idiote. Je m'éclaircis la gorge, gênée.

- Je t'en dois une, lâchai-je.

Une heure de marche m'avait retourné l'estomac. J'avais besoin de nicotine et ma nervosité ne faisait que me le confirmer. Dès que je touchais au tabac, les images de ma mère me hantaient. C'était pour moi le seul moyen de me souvenir d'elle, l'unique trace de son existence. Si j'avais été Républicaine, j'aurais dû balancer une fortune dans ces boîtes à cancer. Fortune qui en était une pour moi, dans la vie que j'avais. Les taches de rousseur sur le visage de Romy ressortaient sous les quelques rayons de soleil. Elle me tendit mon dû.

- Les affaires roulent avec Faith et les garçons ?

Un peu trop, ouais.

- On a ramené un petit pactole tout à l'heure. Les mecs étaient en train de se goinfrer au QG. Ce soir on a prévu d'aller à London Eye.

- En manque de sensation forte, on dirait.

- Avec un peu de chance, quelques blaireaux auront fait tomber des pièces à terre. Ça me fera de la monnaie.

Je sortis une cigarette de mon nouveau paquet avant de dégainer mon briquet. Sur son étalage, elle en vendait aussi, trente pence. Quelle ironie. Près d'elle se trouvaient d'autres stand, de la nourriture volée, des couettes pour ceux qui en manquait, des tas de choses qu'on récupérait là où on le pouvait. La fumée de ma sèche s'envola au-dessus de nous. Durant ces quelques secondes de silence, j'observai son visage et sa taille de girafe. Elle avait les cheveux d'un auburn rêche, une peau terne à force de traîner dans la saleté.

- Je vais te laisser sinon je vais leur manquer.

Ma plaisanterie la fit rire.

- Je te revois dans deux jours ?

- J'aurai assez jusque-là, affirmai-je en commençant mon demi-tour. Continue tes affaires, Romy. Je te jure que tu me sauves de cette vie misérable.

J'entamai ma route sur les quais de la Tour de Londres sans attendre de réponse de sa part. Ce quartier n'était pas habité par les potiches. Nous avions le monopole sur deux parcs publics, Tower Bridge ainsi que sur les décombres de la Tour. Tout avait été démoli dans ce coin ces cinq dernières années. Les commerces et les bars avaient disparus. Le sol de dalles en béton et les bâtiments verrés n'étaient plus que de lointains souvenirs. Au lieu de ça, on nous avait laissé un terrain boueux, recouvert d'endroit insalubres, une sorte de bidonville dans la ville elle-même. Avant c'était un quartier d'affaire, prisé des riches. Ils avaient tout reconstruit plus loin pour leur éviter la honte de la monarchie.

La nicotine me détendit peu à peu. En arrivant devant notre hangar, Morgan était encore en train de taguer la devanture. Non loin de l'entrée, une poubelle gisait de travers : « Monarchy's Children » avait été bombé dessus en jaune, quatre ans plus tôt. Emboîter tout ce qui nous fallait dans cet espace nous avait pris une éternité. Il y avait des toilettes séparées, un étage avec des chambres, un grand salon et que de la récupération. Pas d'eau potable mais de l'électricité. Un vrai luxe.

- T'as eu tes clopes, Oprah ?

- Affirmatif.

Il se tourna vers moi, bombe en main, le pull coloré.

- Si tu veux rentrer, vas-y maintenant. Faith et Austin sont dans le salon.

Au travers de la fenêtre sale qui se trouvait derrière la poubelle, on discernait à peine l'intérieur. J'acquiesçai, paquet en main, avant de passer le seuil du hangar. Tous les murs étaient tagués à au moins un endroit. Il s'agissait du passe-temps de Morgan. Il se chargeait de la décoration du matin au soir et avait même trouvé comment faire fonctionner l'électricité sans avoir à se raccorder à un compteur. Un vrai génie.

- Eh, poulette ! me lança Faith, confortablement installée dans un transat. Elle se trouvait au coin du salon et, dos à moi, était assit Austin.

Le blond se trouvait allongé sur la banquette noire. Elle avait des trous et des griffures de chats errants mais on faisait avec les moyens du bord. Je m'accoudai sur le dossier et me joignis à leur duo.

- Tu vas bien, boucles d'or ?

- Comme sur des roulettes.

- Zach est dans sa chambre si tu veux récupérer toute la bouffe et la mettre dans le réfrigérateur, enchaîna Faith.

Celui-ci se trouvait dans mon dos, à l'autre bout du rez-de-chaussée. Entre le coin salon et ce qui nous servait à entreposait la nourriture se trouvait une estrade et quelques marches qui nous servaient au skateboarding. De quoi faire des compétitions quand l'ennui était trop présent. Entre ça, nous avions installé une échelle en métal pour accéder à l'étage. J'y grimpai aisément après avoir salué Austin et Faith. Là, les chambres n'étaient séparées que par des planches de tuiles ou de bois accrochées aux murs et au plafond par des cordages. Encore une invention de Morgan.

Un long couloir délimitait les cinq espaces privatifs des toilettes ainsi que d'une douche de seconde main : une plomberie approximative et de l'eau souvent grise. Nous avions chacun nos vêtements, ceux qu'on avait gardé de notre ancienne vie et d'autres de récupération. Deuxième chambre à droite, c'était la mienne, suivie de la salle d'eau, mais celle qui m'intéressait était la troisième à gauche, celle de Zachary, juste après Morgan et Austin. Quant à Faith, elle dormait de l'autre côté de mon mur. Un parfait agencement auquel on ne voulait pas déroger. Notre intimité ne tenait qu'à une couverture qui servait de porte. Elles, elles avaient été clappées au plafond par Faith.

- On m'a soufflé dans l'oreillette que tu gardais la bouffe, commençai-je en poussant sa couette du dos de la main.

Son matelas était à même le sol, comme ceux de nous tous. Et à sa droite gisaient toutes nos provisions. Jusque-là, il se trouvait allongé sur le dos, les bras croisés derrière sa nuque. Puis, il se redressa sur ses coudes et confirma mes dires. Il s'attela à les descendre avant de m'aider à tout ranger.

* *
*


La nuit venait de tomber sur Londres. Il était un peu moins de vingt heures. Tous les jours, je n'attendais que ce moment de la journée. J'étais nocturne, bien plus qu'avant. La vie à l'extérieure avait radicalement changé mes habitudes. Depuis cinq ans, je pouvais passer plusieurs nuits blanches par mois sans que cela ne dérange qui que ce soit.

- Tout le monde est prêt ? nous interrogea Morgan.

Je me trouvais assise sur la poubelle du hangar, une cigarette entre les deux, ma septième de la journée. Je me limitais à un paquet maximum pour des soucis d'argent, c'était évident. Les autres, quant à eux, se trouvaient de part et d'autre du terrain qui s'étendait devant moi. Austin acquiesça le premier, suivit de Faith et de Zachary. Personne n'avait besoin de mon accord. Je tentais tout, peu importait la dangerosité des quartiers Républicains. Morgan me jeta un coup d'œil entendu.

- Dans ce cas, c'est parti.

J'apportai ma sèche à ma bouche avant de sauter de la poubelle à l'aide de mes bras. De tous ceux qui se trouvaient dans notre équipe, j'étais la plus petite. Et on aimait me charrier sur ma taille tandis que l'on faisait pareil concernant l'âge d'Austin. J'emboîtai la marche à mes quatre partenaires de crimes.

Aux abords du quartiers de la Tour de Londres, on apercevait des lampadaires allumés. Chez nous, ils avaient été enlevés et Morgan avait dû nous dégotés des lampes torches. Queen's Walk était calme la nuit. Elle longeait la Tamise et reliait tous les plus grands monuments de Londres : notre Tour, London Eye mais aussi Big Ben et le Parlement qui se trouvait de l'autre côté de la rive. Nous suivîmes le chemin pavé de pierre durant plusieurs dizaines de minutes. Les Monarchistes n'avaient le droit ni aux bus ni au métropolitain, c'était une règle.

Au Royaume-Uni, il y avait déjà eu une République. Elle avait duré onze ans, juste après la décapitation de Charles Ier. La monarchie absolue avait été évincée chez nous bien avant celle des Français pour créer un parlement. Après la mort du présent, la royauté avait été réinstauré, et Charles II avait dû faire face à bon nombre de problèmes également. Nos Charles étaient maudits. Depuis cinq ans, nous menions la rébellion, en vain. Sûrement parce que nous étions trop jeunes et qu'ils avaient corrompus la plupart des adultes. Enfin, une liberté certaine s'offrait à nous, même si pour la garder il nous fallait dormir dehors.

Au pied de London Eye, nous pouvions déjà observer Big Ben et le Parlement de l'autre côté de la rive. Ils illuminaient l'eau de la Tamise de mille feux. Il n'y avait pas un chat dans les environs, ce qui nous laissait l'occasion de faire ce que bon nous semblait. En tirant ma dernière taffe, j'observai Morgan grimper le premier sur la base de l'attraction. On aurait pu trouver cela grotesque, plongés dans l'ambiance violacée que nous offrait la roue mais il s'agissait là de notre unique moyen de prouver notre existence. C'était faire du bruit, escalader les immeubles des grands quartiers, se promener en plein jour au milieu des Républicains comme si nos affaires ne dataient pas de trois jours. On s'affirmait comme on pouvait et Morgan appréciait un peu trop nous mener dans cette direction.

J'écrasai ma cigarette sur ma chaussure lorsqu'Austin suivit avec agilité celui qu'il considérait comme un frère aîné. Ces deux-là formaient la paire et je les enviais peut-être un peu trop. Quand eux s'éclataient, moi je repensais à la lâcheté de Damian. Je soupirai longuement avant de les rejoindre. Il faisait frais. Le métal froid de la jante me rigidifiait les doigts mais je ne devais ni m'arrêter ni regarder dans le vide. Je l'avais fait des dizaines de fois. Observer mes camarades se débrouiller aux quatre coins de la roue me poussait à faire de même jusqu'à atteindre le point culminant de London Eye. Tous s'installèrent sur les branches métalliques les plus solides de la roue. Le néant qui nous séparait du sol était vertigineux, presque nauséeux pour les plus sensibles. Morgan hurla de tout son souffle tandis que les trois garçons nous entouraient au sommet, Faith et moi.

Londres scintillaient la nuit, c'était ce qui m'attirait lorsque je grimpais sur cet amas de ferraille. Le vent nocturne faisait danser le dégradé de mes cheveux. Les plus petits mèches me cachaient à moitié la vue. Au bout de quelques minutes de silence, Austin commença à fredonner, suivit de Faith et de Zach, en bout de file, les deux mains posées sur le bord de la jante. L'ambiance se fit plus chaleureuse, là, au-dessus de toute la ville.

Les chances de tombaient était immense, mais tout le monde s'en foutait. Morgan s'amusait à jouer l'équilibriste sur le summum de London Eye. Combien d'allers-retours allait-il pouvoir faire entre deux nacelles sans tomber entre deux barreaux ? Cette question valait souvent des paris et des fous-rires quand les soirs où nous n'avions rien à faire, cette attraction devenait notre point de repère.

- J'ai encore envie de tirer une cigarette, lâcha-je entre deux silences.

Après un énième retour, Morgan s'accroupit à l'aise dans mon dos et posa ses mains de chaque côté de mes épaules. J'avais une confiance aveugle en son équilibre. Je n'avais pas peur du néant.

- Retiens-toi un peu et profite de cette vue, Oprah. Profite du vent et des fourmis de l'autre côté de la rive.

Les fourmis. C'était le nom qu'il donnait à mes potiches. J'eus un petit sourire idiot. Morgan avait un contact électrique, une présence que l'on ne pouvait pas ignorer. Il se redressa et retourna s'asseoir, juste après Faith et Austin. Ils étaient tous redevenus calmes.

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