Le bras gauche de Su, jusqu'à présent à peu près normal devient soudainement géant. Des piques sortent à plusieurs endroits du bras. Sagasu ouvre les yeux, puis attaque le trio :

- Je me souviens de vous. Vous êtes ceux qui ont failli me tuer à l'époque. C'est à cause de vous que mes parents sont morts ! hurle de rage Sagasu.

- Su, calme-toi. Ne laisse pas la colère te dominer. Tu dois garder ton sang-froid ! tente de le calmer Eve, en le prenant par le bras.

- Dégage !

Le bicolore projette Eve en arrière et continue d'attaquer le trio. Ce dernier esquive les offensives, malgré un timing très serré. Au cours du combat, l'Hybride essaie de se raisonner : "Calme-toi, Su. Tout ceci ne rime à rien. Ils ont certes failli t'assassiner à l'époque, mais si ça se trouve ils ont changé. Non, ils méritent de mourir. Raah, je ne sais pas. Je suis perdu. Ça m'énerve ! "

Tandis que le croisé lutte mentalement, le trio d'assassins attaque à son tour. Le garçon aux cheveux bleus court vers Sagasu, son poing droit serré. Il le projette en avant, assénant un coup de poing dans la joue gauche de l'Hybride. Ce dernier part en arrière, mais arrive à garder son équilibre et reste sur place. Ce coup a attisé sa colère. Myo s'interpose entre son frère et les autres, en suppliant Sagasu de ne pas tuer ses assassins. De la colère envahit Su, le faisant serrer ses poings mais il ne bouge pas pour autant. Il baisse la tête. Les trois ennemis restent sur place. Ils se mettent en position de défense : le bras droit devant ; Le poing droit serré et les jambes légèrement pliées. Le temps défile, sans qu'aucun des adolescents ne bouge.

Puis, la haine de Su se dissipe. Le jeune mutant retrouve son apparence normale, pour le soulagement de tout le monde. L'Hybride prend conscience du massacre qu'il aurait pu provoquer. Il s'excuse auprès du trio et surtout à Eve. Les quatre cibles acceptent les excuses. Le quintet se dit "Au revoir", avant de se séparer sur une bonne entente. Sagasu et Eve continuent leur route vers la Forêt Émeraude. Myo les suit toujours, mais est envahi par une sorte de culpabilité.

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Dans le même temps, sur Terre. Noka est le chef du projet de la reconstruction de la métropole d'Allynos. Celle-ci est sur le point d'être finie. Même si plusieurs mois se sont écoulés depuis l'attentat des soldats de Migvo, de la terreur hante encore les esprits des habitants d'Allynos. Le maître de karaté sourit tristement. Deux sentiments le submergent. D'un côté, il est content de voir sa ville aussi belle qu'avant. De l'autre côté, ce sentiment de stress post-traumatique présent dans les esprits d'une majorité des citoyens le rend triste. Il balaie mentalement ses sentiments.

Il quitte la place centrale de la ville, afin de se diriger vers l'Est. Il marche pendant quinze minutes, avant de s'arrêter devant une haute structure grise, arrondie et assez large. Plusieurs placards ouverts, du moins, des meubles qui y ressemblent sont posés à côté. Des combinaisons noires dont certaines avec des capuches, sont suspendues dedans, grâce à des cintres. Noka marche vers l'un des meubles, prend une combinaison et l'essaye. Elle est à sa taille. Satisfait, il se dirige ensuite vers le portail gris. Avant d'entrer à l'intérieur, le propriétaire du dojo appelle ses élèves. Il a en tête les prénoms des jeunes gens. Une puce noire, posée derrière l'oreille gauche de Mr Toïvo clignote en rouge. L'appel est en cours.

A l'autre bout du fil, sur la planète Marsuve, Eve et Sagasu (à présent dans la Forêt Émeraude) décrochent en même temps :

- Maître, c'est vous ! s'exclament en chœur les adolescents. Nous sommes heureux de vous entendre.

- Oui c'est moi. rigole Noka. Ça fait du bien d'entendre vos voix. Comment allez-vous ?

- Bien. Notre quête de souvenir est presque accomplie. Je sais maintenant ce qui a provoqué la mort de mes parents. répond Sagasu, d'une voix sérieuse. J'imagine que j'ai recouvré la totalité de mon passé.

- Ton passé est entièrement reconstitué, en effet. affirme le maître de karaté, reprenant son sérieux. Maintenant, Eve et toi, vous devez assister à la scène complète de ton passé afin de le comprendre dans son intégralité. L'heure de l'affrontement final contre Migvo est proche.

- Je suis prêt à revoir l'intégralité de mon passé, si cela peut m'aider à oublier toute cette souffrance. lance Su. Je suis épuisé par cette quête...

- Sans vouloir changer de sujet, pourquoi vous nous avez appelé maître ? intervient Eve, silencieuse jusqu'à présent -une légère gêne apparaît sur ses joues-.

- Je voulais vous dire que je vais sur Marsuve. lâche Noka. Je serais à vos côtés dans cette dernière ligne droite.

- C'est super. hurle de joie l'hétérochrome. Mais comment allez-vous faire ? Le voyage entre notre chère planète bleue et Marsuve est long en vaisseau spatial.

- Haha. En fait, je vais utiliser un portail. Celui-ci est localisé près du centre-ville d'Allynos sur Terre et en haut d'une colline, à la sortie de la Forêt Emeraude sur Marsuve.

- Près de la Forêt Emeraude ? Mais nous sommes justement dans cette futaie. C'est super. rigole Eve, en regardant Sagasu.

- Oui, j'ai hâte de vous voir. Même si un simple écart de sept jours environ sépare votre départ d'Allynos, vous m'avez manqué. lance le maître de karaté, ravit de pouvoir parler avec ses favoris.

L'homme brun aux yeux bleu, Noka s'arrête de parler. Il réfléchit, avant de lancer un :

- En parlant de portail. Celui qui se trouve à proximité de la Forêt Emeraude est celui qui t'a téléporté sur Terre, Su. Il s'agit en quelque sorte de la destination finale de votre quête de souvenirs.

- J'imagine qu'après avoir visionné mon passé et avoir vu ce portail, mes souvenirs seront au complet. marmonne l'Hybride.

- Tout à fait. J'espère juste que la vengeance ne guidera pas ta lame. Si je peux te donner un conseil, bats-toi l'esprit dénué de sentiment. conseille l'adulte.

- J'essaierai. dit simplement le garçon. A bientôt, maître.

- A très bientôt.

L'appel se stoppe. Noka marche vers le portail, tandis que les apprentis continuent leur chemin dans le bosquet. Sagasu se prépare mentalement à voir l'intégralité de son passé, sans coupure. Le bosquet semble plus accueillant le jour, que de nuit. Des oiseaux chantent, tandis que divers animaux cavalent derrière des arbres, des buissons ou sur le chemin de terre.