7 : Ex nihilo ¹
Hello ! Ravie de vous retrouver pour ce septième chapitre ! Je n'ai jamais écrit aussi vite, il faut croire que j'étais très inspirée (ou qu'un chapitre un peu intermédiaire / plus introspectif, c'est plus facile à écrire que les conflits...) J'espère en tout cas qu'il vous plaira malgré le manque d'action. La suite arrivera en deux chapitres, à nouveau un sur Rey et un sur Kylo avant une longue série de chapitres mêlant les deux !
" Sache qu'il n'y a pas de retour en arrière maintenant que tu as ouvert les portes. "
Rey attendait dans le couloir, assise et fixant le mur blanc devant elle. Son rendez-vous de ce matin allait être une nouvelle étape dans son accès à une totale liberté, à une vie d'adulte normale. C'était pourquoi elle avait travaillé d'arrache pied à la boutique, pour se dégager un chouette revenu et donc quelques économies, mais aussi sur sa thèse sur laquelle elle s'était penchée un peu tous les soirs. Tout cela en s'efforçant frénétiquement d'être organisée. Une productivité qu'elle s'était imposée dans le but de chasser la peur, l'anxiété et les divagations dans le passé. Ou à la semaine dernière.
Une semaine s'était déjà écoulée depuis la nuit la plus tordue qu'elle ait connue. Au début, lorsqu'elle y avait repensé, le jour comme la nuit, elle avait essayé de se convaincre que cela n'avait pas existé. Les événements qu'elle avait ressassés dans sa tête lui avaient semblé si improbables, pittoresques, dignes d'un mauvais film, mais finalement bien réels. Elle n'avait même pas jeté un coup d'œil aux documents et photographies qu'elle avait trouvés dans le pensionnat. C'était d'abord trop tôt pour elle et surtout trop dur de regarder son propre visage un jour dont elle ne se souvenait pas. Ou peu. Elle n'avait que des flashs qui revenaient par moment, mais elle ignorait totalement leur authenticité, leur véracité. Ensuite, en ce qui concernait ce Premier Ordre, elle n'y comprenait rien. Elle avait été bien trop remontée contre Finn pour lui demander davantage de précision. La jeune femme avait l'impression que mettre le nez dans cette histoire rien qu'en épluchant les documents, c'était lui donner raison et poser un premier pied dans un lieu bien plus sombre que le gymnase et qu'il lui serait impossible d'en sortir. C'était égoïste, néanmoins elle n'était ni flic, ni détective, ni justicière. Cela n'était pas ses affaires et les siennes étaient suffisamment compliquées comme ça.
« Pardon pour cette attente Rey ! la blonde à lunettes sortit l'antiquaire de ses pensées. Suivez moi, on va pouvoir commencer. »
Rey prit son manteau sous le bras et suivit sa psychologue dans un autre couloir. Exceptionnellement, elle lui avait donné rendez-vous à l'hôpital plutôt que dans son cabinet habituel car elle n'avait pas pu se libérer de ses obligations au sein du service psychiatrie pour recevoir la jeune femme qui n'avait elle, pas voulu attendre davantage. Cette entrevue devait être la dernière. Une dernière séance afin de lui délivrer un document attestant de son état de santé mentale et surtout de son entière capacité à se prendre en charge.
La psychologue invita la jeune antiquaire à s'asseoir et lui présenta encore ses excuses pour cet entretient de dernière minute. Mais pour Rey, c'était finalement bien tombé. D'abord parce qu'elle voulait en finir au plus vite et ensuite, parce que quelque part, elle avait ressenti le besoin de la revoir et de lui parler. Elle y avait pensé toute la semaine, depuis qu'elle était rentrée du pensionnat. Tout comme le lourd secret que portait son identité, elle avait éprouvé cette même frustration de ne pouvoir parler des derniers événements à personne. De la broche. Du pensionnat. De Kylo. Néanmoins, si elle restait vague, elle pouvait essayer de se soulager un minimum. Rien que pour mieux dormir la nuit.
« Tenez, un exemplaire pour vous et un pour le juge, déclara la quarantenaire. Je comprends que vous souhaitiez tourner la page, mais j'aurai aimé continuer à travailler avec vous jusqu'à la clôture de votre dossier... surtout maintenant que j'ai l'impression...
— Ne vous inquiétez pas, nos séances m'ont beaucoup aidée, je vais mieux. Je vous remercie... d'avoir été là toutes ces années, l'interrompit Rey soudainement gênée.
— Merci Rey, mais je n'ai fais que mon travail, même si Lando est un bon ami. Seulement, je voulais dire que je vous sens anxieuse. Là, aujourd'hui. Il y a quelque chose qui ne va pas ? Et je refuse de croire que vous appréhendez la levée de la tutelle après m'avoir tannée pendant des semaines pour ce papier ! » se permit-elle de plaisanter comme à son habitude pour détendre l'atmosphère.
Cette fois encore, elle touchait juste. Rey se rappela de leur rencontre et de leurs premières séances, sacrément laborieuses. Pendant des semaines, elle avait été incapable de parler de ce qu'elle avait vécu, d'évoquer l'homme à la canne. Elle était restée muette face à cette femme , écoutant les minutes passer sur l'horloge jusqu'au retour de Lando chaque mercredi. Cependant, parfois à la place du silence, il y avait eu les crises au début, chaque fois que sa psy avait tenté de prononcer le nom de l'homme en noir ou de lui parler de ses parents, de sa solitude. Mais sans qu'elle ne le comprenne, la docteure était restée patiente et était parvenue à la calmer, à trouver une porte d'entrée en elle.
Elle s'était d'un coup mise à simplement lui parler d'elle, de Rey en tant que personne, indépendamment de ce qu'il lui était arrivé.
Ainsi, après plus ou moins sept ans de thérapie, Rey avait été bien naïve de croire qu'elle ne remarquerait pas son anxiété alors qu'elle était assise face à elle, les jambes croisées et qu'elle se tortillait les doigts, hésitante à lui parler de ce qui l'avait ramenée dans le passé ces derniers jours. Sauf qu'elle était tenue au secret professionnel et la seule personne à qui elle pourrait de toute façon en parler était Lando. Or il savait déjà tout d'elle et en ce qui concernait ce Kylo, Rey lui en parlerait très vite.
« Merci pour l'attestation, répondit la jeune antiquaire en rangeant le document dans son sac. Et vous avez raison, je suis pas mal angoissée ces temps-ci. Je... j'ai peut-être de nouvelles informations sur mon histoire... J'ai fais une rencontre étrange. Je pense que cette personne est liée à moi.. à mon passé.
— Pour quelles raisons vous pensez cela de cette personne ? En quoi c'était si bizarre pour vous ? » enchaîna rapidement la psychologue pour l'aider.
Rey tenta d'alléger l'ambiance avec un sourire et un haussement d'épaules. Elle ne pouvait en revanche pas raconter les circonstances de cette rencontre ni lui dire qui était Kylo. Ce n'était pas la peine d'alarmer davantage de monde pour de simples suppositions et quelques doutes. Elle rassura son interlocutrice et se leva en la remerciant une énième fois.
« Je suis vraiment contente pour vous Rey. Mais je pense que quelques séances supplémentaires ne seraient pas de trop. En tout cas, n'hésitez pas si besoin. » rajouta-t-elle, un sourire sincère sur le visage qui toucha l'antiquaire.
Pendant qu'elle attendait l'ascenseur afin de quitter l'hôpital, Rey s'efforça de se reconcentrer sur ses priorités, et non de penser à nouveau cette stupide nuit. À cette affaire. À Kylo et l'ambivalence insensée de son comportement. Elle buttait contre un mur à chercher ainsi une explication. Elle se sentait tellement bête de ne pas trouver cela normal qu'il ne l'ait jamais frappée, alors que s'il l'avait fait, comme n'importe quel voyou de sa trempe, Rey ne se serait jamais aventurée dans le pensionnat.
Avant de rebondir sur la balafre qu'il portait désormais à cause d'elle, elle fut intriguée par deux infirmières qui discutaient près d'elle devant la porte d'un bureau. Le sort continuait de s'acharner sur elle, quoi qu'elle fasse, elle revenait toujours aux Skywalker et le hasard ne pouvait pas faire aussi bien les choses. Alors, même si elle décidait de prendre l'ascenseur et de partir vaquer à ses occupations, un autre événement la pousserait de nouveau tôt ou tard vers eux, vers la broche. Elle refusait de se mêler à une histoire criminelle, en revanche ça ne lui coûtait rien d'en savoir un peu plus. Ensuite, ça resterait le problème de cette famille et Rey passerait à autre chose. Les deux femmes médisaient ainsi sur la présence d'une sénatrice dans l'enceinte de l'hôpital et du fait que malgré son poste haut placé, personne ne venait la voir dans sa chambre. Chambre 227.
Rey n'écouta pas davantage et partit en quête de cette pièce sans se poser plus de questions. Après tout, cette femme avait le droit de savoir que quelqu'un s'était introduit chez elle. Et qu'il ne s'agissait pas d'un cambrioleur. Lorsqu'elle trouva la dite chambre, la vitre donnait malheureusement sur le store fermé. Mais elle réussit à jeter quelques œillades à travers et apercevoir la Sénatrice. Elle était dans le lit et lisait un journal. Un de ses avant-bras était relié à une perfusion à ses côtés et elle semblait bien trop éreintée pour son âge. Rey la contempla longtemps sans bouger, sans lui signifier sa présence. Dans sa tête, elle échafauda milles histoires qui pourraient coller à la vie et la carrière de cette femme. Comment était-elle devenue Sénatrice et comment avait-elle supporter un tel poste pendant plus de trente ans ? Comment faisait-elle pour vivre seule dans une si grande maison ? Comment était mort son mari ? Sa curiosité était tellement forte que la jeune femme en oubliait de se demander ce que Leia faisait ici, hospitalisée.
En dépit de ses interrogations, une forme d'admiration naissait chez la jeune antiquaire maintenant qu'elle la rencontrait. D'après ce qu'elle avait déjà lu à son sujet, bien avant d'entendre parler de sa retraite, Leia s'était faite plus ou moins toute seule. Elle gérait d'une main de fer ses affaires au Sénat ainsi qu'un parti tout entier qu'elle avait bâti en quelques années à peine. Et cette capacité d'indépendance, notamment vis à vis des hommes, cette résilience impressionnèrent Rey. Seulement maintenant, elle savait que son existence n'était pas aussi rose que sa position et son capital financier le laissaient paraître. Elle avait surtout été parsemée par de nombreuses tragédies. Rey était alors convaincue que l'une d'elle concernait un enfant. Le sien.
« Vous pouvez entrer. Elle ne vous mangera pas, lança une voix dans le dos de Rey, ce qui la fit sursauter.
— Oh pardon ! Je... bégaya-t-elle en se retournant puis elle s'arrêta brusquement lorsqu'elle tomba en réalité sur Renée.
— Bonjour Rey. Vous avez l'air d'aller mieux depuis la dernière fois.
— Euh oui, c'était rien. Merci de vous être occupée de moi, son sourire traduisait plutôt une évidente gêne, elle n'avait finalement rien à faire ici. Mais elle voulait tant parler à Leia.
— R2 ! On avait dit aucun journaliste ! grommela un homme arrivant furtivement dans notre direction.
— Calme-toi enfin. Rey n'est pas journaliste, tu ne reconnais pas notre antiquaire ? le vieil homme replaça ses lunettes sur le haut de son nez et dévisagea Rey un moment.
— Bien sûr, Rey ! Mes excuses ! s'exclama-t-il en lui proposant une poignée de main dynamique, mais l'intéressée fut un peu décontenancée par cet étrange duo face à elle.
— Comment vous... ?
— Tu imagines bien qu'on a dû faire quelques recherches sur toi avant de t'engager, même si tu nous as chaleureusement été recommandée par Lando. Vu les circonstances, on ne pouvait pas prendre de risques, expliqua R2 en hochant la tête vers la chambre.
— Des recherches ?! Rey fut soudainement très alarmée et son visage se ferma.
— Ne t'en fais pas, Lando nous a dit tout ce qu'on avait besoin de savoir. On s'est juste assurée que tout soit en ordre de ton côté, pour les assurances, ce genre de choses, avoua l'homme qui se présenta comme Therry, ou 3PO et si encore une fois Rey ne saisit pas leurs surnoms idiots, elle comprit qu'il travaillait aussi pour la Sénatrice.
— Ok... vous auriez très bien pu m'appeler, cela aurait été plus simple, répondit l'antiquaire assez mécontente que les choses se soient faites dans son dos et soucieuse à l'idée qu'il aient peut-être cherché plus loin.
— La Sénatrice voulait rester discrète et elle a dû être d'urgence hospitalisée. Pardonne-nous pour notre manque de considération. Luke s'est chargé du problème comme il a pu.
— Je vois. Je dirais rien, vous inquiétez pas. À part ma collègue, personne ne sait que je m'occupe de ses biens.
— On ne se fait pas de soucis, si Lando a pleinement confiance en toi, alors nous aussi, déclara Therry spontanément.
— C'est pourquoi je t'ai proposé d'entrer. » lui sourit de nouveau R2.
Il valait mieux que cette rencontre soit formelle plutôt que de foncer tête baissée et confronter la Sénatrice comme la dernière des brutes, la jeune femme n'était pas si impolie. Elle succéda à R2 et 3PO dans la chambre. Leia délaissa son journal et leva les sourcils en apercevant une troisième silhouette.
« Madame, vous avez de la visite, lui annonça Renée et Rey se montra à elle, raide au pied du lit.
— Je suis Rey. Lando vous a parlé de moi, dit-elle un peu froidement.
— Tout à fait. Je suis enchantée de te rencontrer. Et navrée que cela se fasse dans ces conditions. »
Leia lui adressa un sincère sourire et l'invita à s'asseoir sur la chaise près d'elle, devinant son malaise, le poing serrant les barreaux du lit. En effet, l'aisance et la familiarité de Leia à son égard la perturbait un peu, mais elle prit sur elle. Le duo s'éclipsa, prétextant devoir retrouver Luke. Finalement, Rey les trouva assez comiques et que ce soit vrai ou non, elle fut satisfaite de pouvoir discuter seule à seule avec la Sénatrice. Elle ignorait comment aborder le sujet sans paraître trop intrusive ou dans le jugement et chercha ses mots un moment. Jusqu'à ce que Leia brise la glace.
« Alors que penses-tu de la maison ? J'espère que tu y trouves ton bonheur !
— Oui beaucoup. Elle est magnifique et j'ai déjà recensé ce qui m'intéresse. C'est une super opportunité... merci, balbutia-t-elle.
— Je t'en prie, c'est moi qui te remercie. Je suis contente que ce soit une amie de la famille qui s'en occupe, ça m'allège l'esprit avec tout ce qu'il se passe en ce moment... répondit-elle.
— Vous parlez des élections ? tenta Rey.
— Oui. C'est toujours tellement de stress ces campagnes, en particulier celle-ci pour laquelle je suis censée me retirer à la fin. Et ça ne facilite rien que je sois coincée ici. C'est pour cela qu'il est toujours important d'être bien entourée, expliqua la vieille femme avec un optimisme qui ne fit qu'effleurer Rey.
— Mmh, et que disent les médecins ?
— Ils... ils ne savent pas ce que j'ai réellement, je dois encore passer quelques examens. J'ai surtout besoin de beaucoup de repos et de continuer mon traitement contre les douleurs. » raconta-t-elle après un temps d'hésitation.
Rey contourna un peu ses réelles intentions pendant encore quelques minutes, bien qu'elle fut vraiment soucieuse de l'état de son interlocutrice. Elle lui parla de la maison, des meubles qu'elle appréciait et qu'elle signifierait impérativement à Luke de la tenir au courant de son expertise. Elle lui montra à nouveau sa reconnaissance pour lui accorder une confiance aussi aveugle, elle qui débutait dans le métier. À son tour, Leia lui parla de sa carrière puis de son amitié avec Lando, un critère plus que suffisant pour qu'elle lui confie ainsi sa demeure. L'atmosphère se fit bien moins lourde en une simple demi-heure et Rey apprécia ce temps passé aux côtés de la Sénatrice, il lui permit de déconstruire de plus en plus les préjugés qu'elle avait sur elle et son mode de vie, en dépit de sa fascination pour son travail et sa personnalité.
Mais si son estime pour la matriarche était en train de remonter, Rey n'en restait pas moins pleine d'interrogations et d'une forme de mépris au sujet de cet enfant mystérieux. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, tout ce qui touchait aux enfants, à la famille et d'une manière inquiétante, créait en elle un sentiment d'insécurité et de rancœur. Elle n'avait pourtant pas particulièrement d'attrait pour la vie de famille ou la maternité, alors c'était sans aucun doute lié à sa propre enfance. Ainsi, elle se leva et s'approcha de la malade, la mine bien plus contrariée.
« Je.. j'ai quelque chose à vous dire.
— Oui je t'écoute. Tu peux me demander tout ce dont tu as besoin pour la maison. Si cela concerne ta rémunération, on peut s'arranger. proposa-t-elle toujours si bienveillante.
— Non ce n'est pas ça... et ça ne concerne pas la maison. Pas directement, elle souffla puis sous le regard bien inquiet de Leia, le sien devint plus soutenu. Je ne savais pas que vous aviez eu un enfant et je suis désolée parce que...
— Oh tu sais, des enfants j'en ai eu plein ! la coupa Leia, sa joie atteignant un paroxysme qui ne faisait plus illusion sur la jeune femme, elle tentait seulement de cacher son désarroi. Et en effet, Leia Organa se sentit d'un coup terrassée par la fatigue et souillée que quelqu'un ait pénétré dans cette chambre. J'ai fondé un orphelinat il y a quatre ans, depuis je suis constamment entourée d'enfants. Au début, certains d'entre eux séjournaient chez moi, c'est vrai. »
Rey chercha à argumenter davantage, à lui partager ses impressions à propos de la chambre, mais Leia n'arrêta pas son discours auquel l'antiquaire ne croyait plus. Ensuite, la femme plus âgée se rallongea dans son lit et semblait encore plus amorphe qu'au début de leur conversation.
« Je suis désolée. Je vais vous laisser vous reposer.. On se reverra quand vous serez rétablie.
— Au revoir Rey. Fais attention en sortant. » lança Leia plus froidement avant de se coucher sur le côté, dos à la jeune femme.
Rey ferma la porte derrière elle, le couloir dans lequel elle se trouvait était vide. Elle quitta l'hôpital avec la sensation désagréable et pesante d'avoir blessé la Sénatrice. Car la jeune femme en était sûre, elle lui avait rappelé un mauvais souvenir. Ce fut très bref et Leia devait s'entraîner depuis de nombreuses années puisque toute la ville semblait croire qu'elle n'avait jamais eu d'enfant, mais Rey avait senti quelque chose, un mal-être, une émotion, sa joie s'amoindrir quand elle l'avait confrontée. Peut-être qu'en effet elle n'avait jamais eu d'enfant à elle, peut-être que cela ne concernait qu'un orphelin dont elle s'était occupée, seulement quelque chose était arrivé à cet enfant et cela bouleversait encore la vieille femme au point de se renfermer et d'éteindre en elle la flamme que Rey trouvait si éblouissante.
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Rey passa le reste de la journée dans sa boutique. Par chance elle fut très occupée jusque 17h entre les quelques clients, les rires partagés avec Kaydel et la succession de la maison Skywalker. Elle avait encore le nez dedans lorsque sa collègue sortit leur acheter deux cafés mérités et nécessaires. Ce vendredi était bien calme et elles passaient donc ce genre de journée devant un écran ou une pile de paperasse. Elle laissa tomber le dossier de Leia et s'étira sa sur chaise de bureau, elle avait bien avancé et plutôt que de repenser à son entretien matinale avec la Sénatrice, elle réfléchit au nouvel agencement qu'elle devrait donner à sa boutique pour accueillir les autres meubles. Cela ne servait pas à grand chose qu'elle se remémore inlassablement cette conversation, elle ne pouvait rien tirer de cette femme. Si le scénario que Rey s'était fait dans sa tête à propos de son présupposé fils, alors c'était naturellement pour Leia que cette histoire était la plus douloureuse. Elle ne lui ferait que du mal si elle continuait dans cette voie. De plus, elle restait au service de cette famille au moins jusqu'au début de l'été et la maison allait tôt ou tard être vendue et donc vidée. Rey en apprendrait certainement davantage à ce moment-là. Cependant, cela représentait plusieurs mois et elle ne se connaissait pas si patiente, surtout maintenant que son lien à ces gens avait dépassé celui de la simple antiquaire.
Elle ouvrit le tiroir de son bureau et tripota la broche devant elle. Rey la gardait partout avec elle, quand elle travaillait ici ou chez elle, dans son sac quand elle sortait. Et elle la contemplait souvent, mais jamais très longtemps pour ne pas faire ressurgir trop de mauvais souvenirs. Cette fois, c'était le visage de l'homme en noir qui se dessina dans sa tête. Kylo Ren. Maintenant qu'elle s'autorisait à y penser, après une semaine de déni, elle se dit que c'était un drôle de nom, un peu à coucher dehors et que n'importe qui ne pouvait porter quelque chose d'aussi énigmatique. Elle revit sa figure dans la pénombre, son regard noir qui dénotait pourtant dans l'obscurité, puis ses gestes singuliers et improbables à son égard. Une certaine colère logeait en elle, ça la mettait en rogne d'imaginer qu'il l'ait épargnée par pitié parce qu'elle était une femme. Ensuite, vint une légère répulsion qu'elle n'arrivait pas à gérer car elle l'éprouvait envers elle-même et non envers lui quand son visage blessé s'afficha. Entaillé en deux, couvert de sang et sans même que ses yeux posés sur elle ne changent ou ne prennent une nuance haineuse ou vengeresse.
Rey retrouva d'un coup sa logique et s'accrocha à celle-ci. Il avait obligatoirement dû se faire soigner et naïvement elle pensa que même les voyous allaient aux urgences. Elle avait été très agressive, néanmoins elle ne possédait pas sa force et la blessure ne lui avait pas paru très profonde. Elle referma brusquement le tiroir et avec une moue perplexe, elle hésita à appeler l'hôpital de ce matin, et deux trois autres si besoin. Elle ne comprit pas son envie, mais elle voulait se rassurer, savoir que lui aussi était bel et bien sorti du pensionnat après y avoir mis le feu.
Alors qu'elle se lança pour un premier essai, téléphone en main, celui-ci afficha un appel entrant qui coupa court à ses envies inhabituelles.
« Bonjour Lando, dit-elle finalement contente d'avoir de ses nouvelles.
— Salut charognarde, Rey étouffa un rire, ce surnom avait toujours quelque chose de précieux et d'ironique à ses yeux. J'espère que tu t'es bien remise de la dernière fois ? Tu manges et dors correctement maintenant, mmh ? demanda-t-il sur un ton un peu paternel.
— Oui oui ne t'en fais, tout va bien. C'était rien d'autre qu'un malaise, elle ne pouvait pas lui raconter son épopée du pensionnat et la multitude d'autres malaises qu'elle avait failli faire là-bas.
— Je suis désolée que cette première visite se soit passée ainsi. Je pensais pas qu'il... enfin c'est à cause de ce fichu cambrioleur. T'en fais pas, tu peux revenir chez Leia sans craintes, Luke a renforcé la sécurité, assura-t-il sur un débit rapide.
— Ah oui le cambrioleur... je ne suis pas sûre qu'il s'agisse vraiment de ça, il avait l'air...
— Qui veux tu que ce soit enfin ! Malheureusement c'est pas le premier qui vient roder autour de la maison et sûrement pas le dernier. Ne te tracasse pas avec ça !
— Si tu le dis, marmonna Rey qui savait que les problèmes ne faisaient que commencer et devenait folle que tout le monde autour d'elle chercher à étouffer cette histoire. Elle enchaîna vite pour tenter quand même d'obtenir d'autres réponses. Tiens au fait, j'ai rencontré Leia.
— Ah oui ? Tu es allée la voir à l'hôpital ?
— Pas exactement. Je sortais de mon rendez-vous avec Hélène, tu pourras d'ailleurs passer prendre mon attestation pour le juge, elle a accepté. Et je suis tombée sur sa chambre, escortée par ses drôles d'employés.
— Oh super t'as rencontré toute la famille alors ! Et j'essayerai de passer te voir la semaine prochaine pour récupérer ce papier au plus vite, répondit Lando.
— Ou je te le déposerai à l'Université, ça me permettra d'y faire un tour.
— Excellente idée, ça ne te ferait pas de mal en plus, la taquina-t-il, ce à quoi elle rétorqua par un rire sarcastique. Tu es sûre pour la thérapie, tu te sens prête à arrêter ?
— Oui je crois. Hélène m'a quand même proposé une dernière séance, peut-être que j'irai avant les fêtes, mais je pense que j'en ai plus besoin, se confie-t-elle.
— Ok, tant que tu te sens bien. Sinon, que t'as raconté Leia ? Comment va-t-elle ?
— Tu sais, avant je ne l'avais vue qu'à la télé, mais elle était évidemment épuisée et un peu abattue, bien que très joviale et enthousiaste, ça doit être son tempérament habituel, supposa-t-elle.
— En effet, c'est un peu déroutant parfois, mais elle est toujours optimiste, renchérit le vieil homme en souriant au bon souvenir de son amie.
— Et donc on a surtout parlé de la maison, de mon travail, de l'orphelinat et...
— Et... ? Qu'est-ce qu'il y a ?
— Lando... je sais que ce sont tes amis et que ça ne me regarde pas, seulement j'ai l'impression que il y a un truc étrange dans cette famille. Tu me le dirais si c'était le cas, n'est-ce pas ? Par exemple, si Leia avait en fait eu un enfant, tu me le dirais ? enchaîna Rey sur un timbre de plus en plus assuré.
— Je te l'ai déjà dis, ils n'ont pas d'héritier. C'est triste mais c'est comme ça, t'as pas à t'inquiéter, Leia a fait son deuil depuis longtemps, déclara-t-il et Rey nota chacun des mots employés qui la laissèrent soucieuse.
— D'accord, excuse-moi... Il faut que je te laisse j'ai du travail. Je suis contente de t'avoir parlé, finit-elle sincère mais troublée.
— Moi aussi petite. On se voit bientôt. Prends soin de toi. »
Lando raccrocha et expira un grand coup. Il savait que ça devait par arriver un jour et il connaissait Rey, elle n'en resterait pas là si cette question lui revenait sans cesse. Un simple non suffisait auparavant, mais maintenant qu'elle avait rencontré Kylo, ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle n'apprenne la vérité. Il espérait alors qu'elle soit raisonnable et ne fouille pas davantage, ce qui n'était pas vraiment dans sa nature.
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Finn déposa le lourd carton sur son nouveau bureau dans l'open space du Commissariat principale de New York. Sa demande avait mis du temps à aboutir, mais il prenait ses nouvelles fonctions dès aujourd'hui et heureusement, car encore quelques jours plus tôt, il était incapable de courir sans douleur. Sa mutation sur le terrain avait été acceptée après cinq ans derrière des écrans au service de la lutte contre la cybercriminalité. Il avait pris sa décision au début de l'été, animé par un besoin de changement et d'actions, puis avait littéralement pressé sa supérieure pendant des semaines pour faire accélérer la procédure et cela après sa dernière mission pour le Premier Ordre. Ce dont il avait été témoin l'avait davantage conforté dans l'idée qu'il ne pouvait plus participer à cette organisation et que par dessus tout, il devait y mettre un terme.
Ainsi, en dépit de ses blessures infligées par ce connard sans vergogne qui le gênaient encore dans certains mouvements, il était heureux d'aménager son nouvel espace de travail et d'être maintenant entouré par ses collègues et non plus par quatre murs sombres à longueur de journée. Il disposa alors ses affaires autour de lui et son blouson sur le dossier de la chaise assez rapidement, voulant d'or et déjà entrer dans la danse et rebondir sur une affaire, bien que son grade ne lui permettait pas tout de suite de participer à la plupart des enquêtes importantes et que les criminels ne se bousculaient pas vraiment dans les rues ces temps-ci. Cependant, il était bien placé pour savoir qu'en réalité si, ils agissaient seulement dans l'ombre et le secret depuis des années et que la police ne pouvait rien contre eux aujourd'hui.
Il s'installa enfin lorsque Rose Tico vint prendre place près de lui, les fesses nonchalamment posée sur son bureau fraîchement rangé. Il l'appréciait beaucoup et avait eu le droit à de nombreuses visites de sa part quand il travaillait seul derrière ses ordinateurs pour des enquêtes et parfois simplement pour discuter et lui apporter un café. Elle était une jeune recrue affectée ici depuis un an sous la pupille de Holdo, qui semblait placer beaucoup d'espoirs en la jeune femme. Rose était d'une motivation débordante et intarissable pour ce métier, elle était déterminée à réussir, faire ses preuves et monter vite les échelons, certainement pour un jour occuper une place de cheffe. Elle n'avait pas froid aux yeux et malgré son petit gabarit, elle n'hésitait pas à prendre les devants et se confronter autant aux collègues les plus archaïques qu'aux criminels récalcitrants. Finn lui prêtait un petit côté garçon manqué, mais en plus de son fort caractère, elle avait une capacité d'adaptation remarquable et surtout une grande sensibilité. Malheureusement, même si Holdo était une commissaire intègre, cela n'était pas forcément le cas de tous les flics ici.
« Te voilà opérationnel ! C'est cool que tu fasses désormais entièrement partie de l'équipe. Sur le terrain je veux dire, commença Rose.
— Moi aussi. Je vais quand même continuer à m'occuper du pôle informatique en attendant mon remplaçant, mais je suis sûr qu'on va faire une bonne équipe !
— Puis je t'avoue que, avec Mitaka², c'est pas l'éclate tous les jours, chuchota-t-elle en se penchant vers Finn.
— Tu m'étonnes ! ria le garçon face aux attaques contre leur bougre de collègue.
— Bon sinon, toi comment tu vas ? Ça fait des semaines qu'on te voit plus trop, soit tu pars d'ici très tôt soit tu y dors presque !
— Oh j'étais juste débordé tu comprends, joua-t-il, entre ma mutation, le boulot à finir, le déménagement.. et j'ai aussi... rencontré une fille.
— Dis donc, tu chômes pas ! s'exclama la petite brune en venant s'asseoir plus près de lui. Je veux tout savoir.
— Pfff en fait il n'y a pas grand chose à dire pour le moment. Je suis même pas sûr qu'il pourrait vraiment se passer quelque chose, marmonna Finn, réalisant qu'il s'était emporté dans son annonce.
— Ah mais dis moi quand même, comment elle est ?
— En fait, je la connais depuis peu, mais elle est vraiment pas comme les autres. Elle est surprenante et audacieuse et... assez bizarre je dois dire.
— Mmh elle a l'air de bien te plaire en tout cas, se moqua Rose devant son collègue perdant ses moyens alors qu'elle le connaissait plus réservé.
— Ouais. Enfin, je crois surtout qu'elle a des problèmes...» avoua-t-il en secouant la tête.
Les prochaines interrogations de Rose Tico furent interrompues par l'arrivée d'Amilyn Holdo dans la pièce. Ses cheveux lilas toujours dans un accord détonnant et unique avec son tailleur pantalon marron et tout son corps dans une posture parfaitement droite traduisant son autorité sans efforts.
« Mitaka ! appela-t-elle pressement et celui-ci apparut devant elle aussi vite. Il semble qu'on a un début d'affaire, et elle est plutôt délicate. Pour l'instant je vous demanderai d'éplucher ces témoignages et rapports d'enquêtes réalisés par tous les commissariat de la ville. Notez tout ce qu'il vous semble pertinent ou étrange, et les points communs. Vous bosserez ensemble.
— Commissaire, euh moi aussi ? l'interpella Rose alors que sa boss s'était déjà retournée.
— Oui toi aussi Rose, je te mets sur cette enquête. » lui sourit-elle.
Rose se retint de sauter de joie, la voilà officiellement sur sa première grosse enquête. Elle avait visé juste lorsqu'elle débuta la relecture avec Finn et un Mitaka bougon, tous les documents devant elle lui procurèrent un mauvais pressentiment, et qui concernait autant cette histoire que son propre rôle dans celle-ci.
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Contre toute attente, il avait finalement bénie sa cicatrice. Il ne pouvait pas négliger qu'elle lui apportait un aspect un brin plus provocateur qu'avant et malgré l'humiliation offerte par Snoke à laquelle il avait d'ailleurs tenter de répondre en vain, les gens peinaient désormais à le regarder dans les yeux. Il s'était fait soigné au Premier Ordre après sa punition et même la cautérisation n'avait pas été aussi douloureuse que les mots et les gestes de son chef. Son seul réconfort était qu'il lui inspirait encore plus de dégoût et surtout plus de peur avec sa figure marquée par son conflit intérieur et parsemée de deux trois strips entre le front et la joue. Au bout d'une semaine maintenant, ça avait bien cicatrisé et peut-être qu'il n'en porterait qu'une légère marque à la fin, mais il s'en fichait totalement. Ce n'était pas tant être défiguré qui l'inquiétait, plutôt la manière dont cette blessure lui avait été infligée.
Il n'en revenait toujours pas. Il s'était demandé depuis le second incendie du pensionnat - qui lui avait au moins attiré les félicitations de Snoke - comment une inconnue pareille, si menue et émotionnellement instable avait été capable de l'atteindre physiquement. Et jusqu'où elle était capable d'aller, elle semblait si pleine de ressources et d'une force insoupçonnée que Kylo avait d'ailleurs sous-estimée. Le tuerait-elle la prochaine fois ?
Elle en avait eu l'occasion, elle avait pointé une arme sur lui et elle n'avait pas tiré. N'importe qui jeté ainsi dans une histoire aussi sordide et dangereuse aurait abrégé ses souffrances et sauvé sa peau définitivement en tirant, mais non. Et Ren ne pouvait pas se demander infiniment pour quelle raison elle l'avait préservé parce qu'il avait agit de la même manière avec elle. Il n'aurait pas dû, elle devrait déjà être morte ou aux mains de Snoke, mais il en était physiquement incapable. Alors, il lui fallait trouver un autre moyen de l'atteindre, de la trouver. Une fille qui se retrouvait en moins de deux semaines chez sa propre mère puis au pensionnat ne pouvait simplement pas être personne.
Ce fut pourquoi il atterrit aux archives municipales en début de soirée. Le bâtiment était désert à l'exception d'une ou deux personnes à l'accueil dont il se ficha en passant en trombe devant eux. Ensuite, il s'installa dans la plus grande salle, ordinateur ouvert déjà en train de faire des recherches groupées autour de son prénom et sa silhouette imposante face aux rayonnages. Il se jura de ne pas ressortir d'ici sans avoir trouvé quelque chose, quitte à retourner les lieux. Il avait passer l'âge de se faire gronder par un mafieux excentrique et tire-au-flanc, et encore moins à cause d'une inconnue bien trop curieuse. Bon Dieu, il aurait dû prolonger ses vacances, tout ça à cause d'une mère qui l'a abandonné.
Au bout d'une heure, il n'avait trouvé que des banalités dans les archives, peut-être un peu trop à son goût. Concernant les documents trouvés chez Leia ou ceux qu'il craqua sur le net, aucune Rey n'était mentionnée nulle part. Et comme il n'avait pas son nom de famille, ses recherches étaient limitées. Il avait aussi fouillé autour de ce sale traître pour essayer de comprendre comment ils se connaissaient, mais à part son poste de flic, il n'y avait rien sur lui, le Premier Ordre avait bien sûr fait le ménage. Pareil pour le journaliste, cette Rey avait également débarqué dans leur vie comme dans celle de Kylo. Ils s'étaient juste retrouvés ici et au pensionnat pour une vulgaire broche et ça n'avait aucun sens. En tout cas ça ne suffisait pas à Kylo Ren.
Si elle ne travaillait pas pour la Résistance, elle connaissait alors sa famille personnellement. Du moins Luke. Il prit ainsi sur lui et effectua à nouveau des recherches sur son oncle, survolant certains faits pour lui éviter une seconde humiliation ou de s'énerver davantage. Ce fut d'ailleurs un énième échec pour trouver son adresse, un coin paumé entre mer et campagne, il en existe des tas dans le pays. Kylo s'occupa tour à tour des membres de sa famille, s'assurant dès le départ de fermer tout son être à clé et de la jeter, c'était pas le moment pour les souvenirs, les remords ou n'importe quelle connerie qui ferait ressurgir Ben Solo.
Il pensait avoir trouvé quelque chose en se penchant sur le cas de Lando, il l'avait presque oublié dans sa liste. Kylo esquissa même un sourire en s'apercevant à quel point cet oncle là aussi cachait bien son jeu. Les derniers documents tombèrent dans l'imprimante quand il entendit les pas caractéristiques de la chargée d'accueil des archives.
« On ferme ! vociféra-t-elle comme si il était sourd ou idiot.
— J'ai pas terminé, rétorqua-t-il sans même lui faire face.
— Je n'ai pas envie de faire des heures supplémentaires et...
— Bah moi si ! » termina-t-il cette conversation avant de perdre son calme.
Elle étouffa un grognement et déposa bruyamment le trousseau clé sur le comptoir en le priant de le déposer au concierge en partant. La vieille femme n'exista rapidement plus dans son esprit et il posa le tas de feuilles récupérées sur le dessus de l'imprimante et les feuilleta.
« Te voilà...» murmura-t-il.
Il avait trouvé le lien. À sa grande surprise, il découvrit que cette Rey était sous la tutelle de Lando depuis plus de huit ans. Elle portait même son nom et il avait été son professeur à l'université. Une scolarité qu'il avait lui même payée à en juger par les rapports dégotés par le jeune homme. Elle avait une licence de psycho puis avait tout laissé tomber pour faire histoire de l'art et en était apparemment désormais doctorante. Elle n'avait donc pas complètement menti lors de sa venue ici. Le dernier point qu'il trouva à son sujet était qu'elle tenait une boutique d'antiquités dans Brooklyn. Le magasin avait bien sûr été racheté par son oncle. Les raisons qui avaient poussé Lando à s'occuper de cette fille le dépassait un peu, il ne comprenait pas où il avait bien pu la dénicher, en revanche ça renforçait sa certitude qu'elle n'était pas tombée sur la broche complètement par hasard et encore moins qu'elle l'avait gardée.
Enfin, la partie la plus intrigante de ces découvertes, c'était sa vie à elle. En réalité, avant sa mise sous tutelle, il n'y avait rien. Kylo avait beau plonger dans les tréfonds du web, même avec les logiciels de Bazine, il n'y avait absolument rien. C'était comme si elle n'avait pas existé avant cette date. Aucun nom de famille autre que celui de Lando n'apparaissait dans les fichiers, aucun acte de naissance, aucun parent. Son identité toute entière était peut-être fausse. Cette fille était littéralement un fantôme et malgré les trous noirs de son passé, elle finissait liée à lui à cause d'une broche vieille de quinze ans.
« Qui es-tu ? » ses doigts frôlèrent son prénom tapé sur un des documents.
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¹ expression latine qui signifie "à partir de rien".
² Dopheld Mitaka : humain servant le Premier Ordre à bord du Destroyer dans Le Réveil de la Force.
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