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6 : Des salles vides et des visages sans noms


Je vous retrouve aujourd'hui avec ce long chapitre, si bien qu'il est en deux parties. J'espère que ça ne vous dérangera pas dans votre lecture et que ça ne se reproduira pas, on s'en sort déjà pas avec mes doubles chapitres sur Rey et Kylo. Il faudrait que je me calme sur les descriptions et introspections. En attendant, comme toujours, donnez moi votre avis, vos suggestions et suppositions en commentaires, c'est précieux pour moi.

Bonne lecture !

PARTIE 1

" Et si tu fermes les yeux

N'as-tu pas l'impression

D'être déjà venu ici auparavant ? "

Poe Dameron coupa le moteur de sa voiture. Leur destination fut plus difficile à repérer et le chemin jusqu'à son entrée plutôt sinueux mais ils y étaient à présent. Ils avaient tous deux quelque chose à chercher dans ce bâtiment pour le moins étrange, alors que quelques photos du site auraient suffi pour la raison officielle de leur venue. Une venue qu'ils n'avaient d'ailleurs pas vraiment préparée, persuadés d'être les seuls idiots de New York à passer leur samedi soir à explorer un tel taudis. Dans le pire des cas, ils en rencontreraient d'autres venus s'entrainer pour Halloween. Le journaliste voulut interroger du regard sa passagère afin de s'assurer qu'elle était toujours d'accord et prête, qu'il pouvait y aller seul si besoin, mais à peine le véhicule garé qu'elle en sortit et se dirigea vers la grille d'origine en fer forgé. 

Les yeux de Rey plongèrent entre les barreaux que ses mains agrippèrent simultanément. Elle fut de suite captivée par ce qu'elle voyait et pourtant, avec la végétation environnante qui s'était emportée ces dernières années, une infime partie du bâtiment principale s'offrait à elle. Néanmoins, elle put déjà dresser le constat que c'était bien plus délabré, lugubre et triste que sur les photographies qu'elle et Poe avaient découvertes. Il était dur de croire que des enfants aient été scolarisés ici autrefois. Mais la jeune femme pensa que, de toute manière, construire une école au nom du symbole ne présageait rien de bon. Il était encore présent sur le fronton, du moins ce qu'il restait de cette structure en verre rougeâtre, désormais partiellement brisée comme si un projectile l'avait traversée. Il fallait qu'elle le voit de plus près, ainsi que tout le reste, qu'elle rentre à l'intérieur. Mais en attendant, au dessus d'elle s'élevait cette immense clôture qui portait le nom de ce pensionnat : "L'Académie". 

« C'était à prévoir. » déclara Poe alors que Rey râlait de rencontrer une chaîne reliée par un cadenas la laissant frustrée devant une porte close. »

La même idée traversa l'esprit de Rey, mais Poe l'avait devancée. Ce n'était pas la première serrure qu'elle aurait forcée ou cassée alors elle ne serait certainement pas restée là sans rien faire. Cependant, elle était ravie que le journaliste soit autant téméraire. Après tout, c'était son métier et ils n'étaient pas venus jusqu'ici pour repartir au premier obstacle. Ainsi, Poe attrapa une des grosses pierres qui longeaient le pensionnat et frappa sur le cadenas jusqu'à qu'il cède. Puis il ouvrit grand la grille qui grinça affreusement. Cette fois-ci il croisa le regard de Rey, ils partageaient le même sentiment de ridicule de se trouver ici à faire de l'urbex en amateurs. Mais pour l'un comme pour l'autre, ça en valait carrément la peine. 

Ils s'avancèrent alors dans l'allée. Autrefois, elle bordait un parking dont il ne restait que le goudron ainsi que des sentiers d'herbes dépouillés. Alors qu'ils pensaient tous les deux que l'endroit ne pouvait pas être plus glauque, les arbres se firent de plus en plus isolés et morts, l'intégralité de l'édifice principale se précisa. Ils avaient conscience qu'il serait sans aucun doute vieux et décrépis, néanmoins pas dans un tel état. Toute la partie droite du bâtiment était noire de suie et tombait en ruine.  Les deux acolytes furent assez surpris de découvrir qu'il y avait eu un incendie ici et qu'aucune de leurs archives n'avaient indiqué un tel événement. De plus, l'ampleur des dégâts laissait aisément deviner qu'il avait été suffisamment important et capable de ravager tout le reste de l'école. Ils s'attendaient alors à ne rien trouver d'exploitable ou d'intact, mais même des cendres étaient mieux que rien. 

Rey leva les yeux vers le fronton une fois sur le parvis de l'entrée. Chaque chose ici avait été construite minutieusement, le vitrail qui arborait le soleil rouge au dessus d'elle se situait sur une façade exposée de manière à recevoir la lumière du soleil et que ses rayons traversent celui à neuf branches. Et l'intérieur ne pouvait être que plus sordide pensa la jeune femme dont la vue de cet emblème faisait gronder une colère profonde en elle. Elle et Poe n'hésitèrent pas davantage et pénétrèrent dans l'enceinte de l'académie. Il y faisait naturellement sombre et le sol était jonché de feuilles mortes et de poussières, du vieux mobiliers comme des chaises renversées parsemaient le premier couloir face à eux. Il faisait froid et dans d'autres circonstances, Rey n'aurait pas avancé davantage dans cette obscurité. Seulement, maintenant rien ne pouvait l'arrêter. Dénicher une broche qu'elle avait connu chez les Skywalkers était une chose, mais découvrir en creusant un peu plus qu'il y avait aussi des enfants associés à ce symbole lui paraissait inconcevable. Et morbide. 

« Il vaut mieux que l'on se sépare, déclara-t-elle un peu trop vite. C'est plutôt grand, on risque d'y passer la nuit...

D'accord, accepta Poe sceptique mais cela l'arrangeait également de chercher de son côté. Alors prenez ça. 

Oh vous êtes sûr ?! Et vous ? s'inquiéta Rey en prenant la lampe torche qu'il lui tendit. 

J'utiliserai mon téléphone. On se retrouve devant l'entrée le plus vite possible pour faire le point et attaquer les extérieurs, ok ? » proposa-t-il, mine de rien soucieux qu'il leur arrive quelque chose. 

Rey hocha la tête en signe d'approbation. Poe et elle se partagèrent le bâtiment principale et prirent chacun une aile. D'après la surface du lieu et le nombre de salles de classes que Rey découvrirent brièvement en montant au troisième et dernier étage, cette école devait accueillir une centaine d'élèves par an, pas plus. Alors, elle les visita une par une ces pièces, ces salles de cours toutes identiques, dans lesquelles régnait une atmosphère morne, funèbre et angoissante. Des tables étaient renversées, d'autres complètement brisées, une évidente couche de poussière jonchait un peu partout et certains tableaux noirs portaient encore des traces de craie. Elle fouilla autant qu'elle le put et aussi vite que possible. Elle inspecta les bureaux des enseignants et des élèves mais à part de vieux manuels scolaires, des feuilles chiffonnées et du matériel, elle ne trouva rien. Des cartables, des vêtements étaient aussi là, comme si le lieu avait tout simplement été figé dans le temps après que les occupants l'aient quitté dans l'urgence. 

Les noms qu'elle perçut sur les nombreux livres ne lui dirent rien. En revanche, elle comprit vite que l'endroit était à l'époque un pensionnat pour garçons uniquement. Des uniformes étaient encore accrochés aux portes manteaux des couloirs et une vitrine en milles morceaux contenait encore quelques certificats avec cette précision. Et plus elle parcourait les étages, jusqu'à de nouveau rejoindre le rez-de-chaussée, plus son esprit était embrumé et déconcerté par l'endroit. Elle se demandait bien ce que ces garçons avaient pu devenir, mais surtout ce qu'ils avaient pu faire dans un établissement portant un tel symbole. Car malgré l'ambiance sinistre, cela ressemblait à une institution privée, comme il en existaient d'autres dans la région. Aussi, plus elle s'engouffrait dans les couloirs, plus un sentiment de déjà-vu la gagnait. Elle avait l'impression de connaître l'endroit, d'être déjà venue. Quelque chose lui était familier mais des sensations désagréables accompagnaient son ressenti. Si bien qu'elle descendit rapidement vers son point de départ après avoir vaguement fouillé le premier étage sous peine d'avoir un vertige. Il était peu probable qu'elle ait déjà mis les pieds ici. 

Au rez-de-chaussée, elle se concentra sur sa tâche et réalisa qu'elle dénicherait davantage d'infos dans les bureaux qui l'entouraient. Celui de l'administration, de la compta, des conseillers ainsi que celui du directeur. Une infirmerie au fond du couloir et la plus grande salle était celle des profs. Elle démarra par celle-ci afin de trouver quelques noms, peut-être des dossiers. La pièce était elle aussi saccagée, dans un désordre sans nom. Soit quelqu'un, comme elle, y était venu pour chercher quelque chose à l'époque, soit cette personne y avait déversé une terrible colère. La jeune antiquaire resserra son manteau contre elle, le froid de l'extérieur s'infiltrait plus qu'ailleurs ici, une fenêtre était totalement brisée. Elle se dirigea vers les casiers qui étaient assez conséquents, il devait y avoir de nombreuses disciplines enseignées. Elle les scruta du regard et les fouilla un par un, la majorité était remplie de poussière et de vielles copies d'examens qui ne lui donnèrent pas d'indications particulières. Jusqu'à ce qu'elle ait un sursaut d'effroi lorsque ses yeux lisèrent le nom de Luke Skywalker sur l'un d'eux.

Elle ne comprit pas tandis que ses doigts frôlèrent l'étiquette portant son nom. Encore une fois, un membre de cette famille se retrouvait lié à la broche et poussait Rey encore un peu plus dans une incompréhension dévorante et agaçante. Pourtant ce lien était devant elle, Luke avait été enseignant dans cet établissement. Mais cela n'expliquait pas pourquoi la broche s'était retrouvée sous le plancher d'une chambre d'enfant ni comment il avait pu travailler au nom d'un tel symbole. Car pour la jeune femme, Luke était forcément au courant des choses que cet insigne dissimulait. Peut-être il y avait participé dès le début et qu'il faisait semblant vis à vis d'elle. Malgré ses innombrables questions, aucune ne trouva de réponse parce qu'il subsistait encore bien trop d'incohérences dans cette histoire. En revanche, cette seconde découverte autour des Skywalkers renforça la volonté de la jeune femme à confronter le vieil homme dès que possible.

À son grand désarroi le casier était vide et à part l'intégralité des noms des enseignants qu'elle avait notés dans son carnet, rien d'autre ne sortit vraiment de cette pièce. C'est pourquoi elle se précipita à la direction. Le bureau était presque aussi spacieux que la salle des professeurs mais d'un confort bien plus remarquable. Et celui-ci, ainsi que la manière dont il était décoré, fustigea de nouveau Rey de cette impression de déjà vu. Elle n'aimait pas l'endroit et n'aurait pas aimé, en tant qu'élève, y être convoquée. Elle oblitéra son ressenti et fouilla encore comme une acharnée. Poe était au sous-sol qui contenait peut-être des archives, il serait bientôt de retour devant elle avec quelque chose à lui montrer, mais elle en ferait de même. Tout  était entreposé ici sans dissimulation, comme si l'office n'était jamais fréquenté. D'ailleurs, de toutes les pièces que l'antiquaire venait de visiter, elle était la plus ordonnée alors qu'un ouragan semblait être passé entre les murs du pensionnat. 

Parmi les nombreux dossiers présents dans les étagères, Rey chercha un lien avec Luke, mais aussi avec sa soeur. Son nom et celui de son enfant étaient peut-être mentionnés quelque part. Il était fort probable qu'il ait été scolarisé ici si Luke y travaillait il y a quelques années. Malheureusement aucun nom n'y était associé ou ne lui disait quelque chose. Elle prit seulement en photo le contenu d'un ou deux dossiers afin de conserver une trace et lire cela en détails plus tard. Alors qu'un sentiment défaitiste naquit en elle, elle finit par explorer le large bureau trônant devant la fenêtre. Cette fois-ci la quête fut fructueuse. Dans un tiroir gorgé de paperasse, il y trouva des répliques de la broche. Deux exactement et Rey comprit alors que l'homme qui hantait ses pensées depuis une semaine n'avait pas été le seul à la porter. Les garçons devaient tous en arborer une sur leur uniforme. Cette conclusion lui donna des frissons mais ne l'arrêta pas dans sa recherche et elle inspecta minutieusement chaque document qu'elle piocha, autant dans le meuble que ceux chiffonnés dans la poubelle. Elle garda dans son sac ce qui lui parut utile, intriguant ou nécessaire. Et toutes ces trouvailles le seraient sûrement pour l'éclairer elle sur ce lieu et aider Poe dans son travail, néanmoins elle n'avait rien de concret pour vérifier ses craintes, celles qu'elle n'avait pas partagées avec le jeune homme. 

Elle retourna littéralement les tiroirs, s'assurant qu'ils ne contenaient pas de double fond. Désormais à demi agenouillée devant lui, son regard se positionna sous le bureau qu'elle avait furtivement zieuté précédemment. Une masse noire se dissimulait sous l'immense morceau de bois ancien. Elle y passa alors ses doigts et ce ne fut qu'en retirant brutalement l'objet de sa cachette qu'elle comprit de quoi il s'agissait. Un flingue lui tomba dans les mains. Poussiéreux et aussi désuet que l'endroit, les mains de la jeune femme contre son acier lui firent remonter d'autres souvenirs, et notamment des sons. Assez effrayée, elle le balança dans un des compartiments ouvert et se releva à la hâte, frottant ses paumes contre son jean. Cependant, l'antiquaire n'était pas au bout de ses peines et cette arme n'avait finalement rien de bien inquiétant à côté de ce qu'elle s'apprêtait à dénicher sur le bureau même. Un vide sans nom y régnait, à l'exception d'un cadre retourné face contre la table et brisé à en juger par les minuscules éclats de verres autour. La photographie tenait encore dedans quand Rey le prit entre ses mains. C'était une photo de classe, une douzaine d'adolescents posaient les uns à côté des autres. Ils étaient uniforme et affichait tous la même mine grave et austère. Deux individus plus âgés se tenaient à leurs extrémités, l'un d'eux était Luke. Ensuite, lorsqu'elle tenta de la retirer du cadre pour la conserver elle aussi, elle en découvrit une seconde planquée derrière, en piteux état et pliée en deux. La respiration de Rey se coupa, car ce que représentait cette vieille photographie, datée de dix ans à en juger par la date au verso, n'était pas totalement identique à la première. Certes, c'était une énième photo de classe, composé d'étudiants plus âgés, les dernières années certainement. Seulement deux personnes s'étaient rajoutées au groupe.

Et si l'une s'avérait être son pire cauchemar, l'autre c'était elle. 

Rey fut sur le point de s'écrouler, se laisser aller aux larmes et à une colère qui aurait définitivement mis la pièce dans le même état que les autres, lorsqu'elle entendit la voix de Poe criait son prénom. 

Il avait congédié l'homme de main de l'organisation après avoir vérifié que la voiture garée devant l'entrée était bien celle de ce Dameron. Puis, sur sa bécane, il avait fait le tour du site et y était entré par la grille de derrière. Celle qu'il empruntait de temps en temps à l'époque pour se sauver en douce en milieu d'après-midi afin d'aller griller une cigarette derrière les poubelles près du bois. Celle qu'il avait empruntée pour échapper aux flammes dix ans plus tôt. Kylo traversa l'immense cour et à chaque pas, à chaque caresse du vent qu'il ne sentait même pas camouflé ainsi dans un nouveau casque de moto plus noir que le précédent, un souvenir lui revint. Il entendit les voix de ses camarades, de ceux qui lui avaient une fois sourit et surtout de ceux qui avaient participé à rendre cet endroit insoutenable. Devant lui, un jeune garçon en short passa furtivement, une silhouette morne qu'il reconnut comme la sienne et qu'il aperçut de nouveau assis par terre devant la fenêtre lorsqu'il pénétra dans le bâtiment sur sa gauche. 

Les dortoirs. 

Nom de Dieu. Il n'avait pas remis les pieds dans ce trou depuis que la moitié du site était parti en fumée. Et le temps n'avait rien arrangé. La zone du départ de feu s'était presque totalement écroulée sur elle-même et toute la façade du reste du bâtiment dans lequel Ren se trouvait était noir de suie. À l'instant, il monta mécaniquement les marches de l'escalier menant aux premières chambres. Comme s'il s'y rendait simplement pour se coucher, suivant le règlement à la lettre. Il revit la petite tête brune endormie dans un des sept lits de la pièce, tentant désespérément de faire abstraction des murmures de ses camarades, de leurs moqueries, des voix plus rauques provenant du couloir et des événements de chacune de ses journées. Il n'eut pas besoin de faire trop d'efforts, la chambre était sens dessus dessous. Des fringues, des livres traînaient encore sur le sol. Il discerna sous un lit la couverture d'un bouquin de droit appartenant à Armitage et Kylo se moqua à son tour du jeune idiot si dévoué qu'il était déjà à cet âge. Cependant, son sourire s'effaça très vite lorsqu'il se remémora sa propre dévotion, encore bien trop présente et qui l'avait poussé à revenir à l'Académie ce soir.

Des bouteilles d'alcool n'avaient pas bougé de leur cachette et avait survécu à toutes ces années. En ouvrant l'une d'elle afin d'en déverser le contenu au sol - cette fois, il ne devait pas être question de quelques murs de suie et de décrépitude, toute la zone brûlerait dans la nuit - l'odeur atroce chatouilla ses narines et son cerveau lui rejoua, tel un sévère rappel à l'ordre, les coups qu'il avait pris suite à la seule cuite de son adolescence. Cette seule punition avait suffi pour éradiquer l'envie viscérale de consommer pour oublier. Alors il avait finalement sans problème trouvé d'autres manières d'oblitérer, de se protéger. De se détruire. Lui qui n'avait le droit à aucun dérapage, aucun manquement, aucune erreur. 

Ren gagna le sous-sol une fois les dortoirs prêt à flamber. D'autres souvenirs étaient remontés pendant son excursion à travers les chambres, des visages lui étaient réapparus. Des gens morts aujourd'hui pour la plupart. Des gens morts par sa faute. Ces pensées lui échappèrent une fois devant l'immense porte de sa propre chambre. L'isolement. Sans se tromper, il pouvait assurer qu'il avait passé beaucoup plus de temps entre ces quatre murs que n'importe quel étudiant. Il fallait envoyer le jeune garçon qu'il était à l'isolement pour qu'il se calme, pour contenir sa colère si dévastante, pour le punir, pour l'éloigner des tentations de l'extérieur, de la bêtise de ses camarades bien moins doués que lui, pour qu'il se concentre, se repose, hurle, frappe contre la porte, pleure et s'endort. Toutes les raisons étaient bonnes et pire, il s'y était accoutumé. 

En réalité, le premier départ de feu avait eu lieu ici, dans cette cage,mais les flammes n'avaient pas pu atteindre grand chose. Or aujourd'hui devant la noirceur des murs, il était satisfait. Il n'avait pas eu le temps de s'en rendre compte sur le moment, mais il avait réussi à faire disparaître la pièce. Il n'y restait qu'un matelas troué et tâché de cendres. Tout le reste n'existait plus. Il était sorti de cette prison pour s'engouffrer dans une autre sans même s'en rendre compte. Et dans la nouvelle qui constituait son quotidien, il n'avait plus besoin d'être enfermé où que ce soit pour se sentir isolé. Il s'était construit sa propre cage. 

Ses pérégrinations dans les locaux s'arrêtèrent quand, de nouveau dehors en haut des escaliers, il aperçut à travers les larges fenêtres de l'édifice d'en face deux silhouettes se diriger vers le gymnase. Enfin, ce qui s'y prêtait. 

Rey tentait de caler ses pas sur ceux effrénés de Poe qui n'arrivait pas à s'arrêter, ni de marcher ni de parler. Quand il était arrivé en trombe dans le bureau de la direction, Rey avait maladroitement caché les deux photos dans la poche de son blouson, s'insultant silencieusement de détériorer d'éventuelles preuves de la sorte, mais elle avait eu si peur qu'il ne voit ce qu'elle-même avait vu.

« J'ai trouvé d'autres photos, des gamins surtout et des lettres de parents. J'avais raison pour le symbole. Je sais pas quel lien cet endroit a avec un parti politique mais.. 

Ce pensionnat ne dispensait pas seulement une éducation stricte à des gosses de riches, c'est ça ? finit Rey devant l'hésitation du garçon. 

Non... pas exactement, il fouilla dans ses poches pour lui montrer ensuite une poignée de clichés tous aussi glauques les uns que les autres, dévoilant des profils de jeunes adolescents, à l'instar de prisonniers, ainsi que d'autres où ces mêmes enfants avaient pris une autre posture. Ils étaient armés. »

L'ambiance se serait gelée après l'annonce de Dameron si lui et son acolyte n'étaient pas déjà frigorifiés. En revanche, il vit dans les yeux de la jeune femme que sa découverte lui glaça le sang. De plus, elle comprit, tout en observant les photographies, que cet endroit n'avait pas formé des hommes pour des institutions telles que l'armée ou la police. Les images étaient insoutenables et irréalistes, de si jeunes garçons tenant dans les mains des armes à feu, à l'instar de celle qu'elle avait découverte un peu plus tôt et bêtement oubliée. Elle rendit le paquet de photos à Poe, ne souhaitant pas en voir davantage.

« J'ai même trouvé l'infirmerie, je te raconte pas l'état des lieux, continua-t-il en la tutoyant soudainement, nerveux. Ça devait accueillir un sacré stock de médocs et de matériels de soins, toutes les armoires sont vides. À part du sang séché et des radios d'os brisés, j'ai rien trouvé d'autres. Et toi ? 

Euh pareil... encore une fois, elle devait triller les informations qu'elle détenait et ne pouvait pas tout  révéler. Des photos de classes, des dossiers scolaires. J'en ai emmené certains. 

Super, on épluchera ça quand on aura finit ici. Il faut qu'on aille jeter un œil aux extérieurs, notamment ce bâtiment là, proposa-t-il en montrant de la tête un autre édifice devant eux une fois sur le perron. 

Pourquoi ? De quoi il s'agit ? 

Je l'ai remarqué sur les photographies, c'était le gymnase. Mais maintenant qu'on sait à quoi ces gosses s'entrainaient, je suis pas sûr qu'on y trouve vraiment de quoi faire du basket... »

Un bruit les arrêta dans leur course. Derrière eux, dans le fond du couloir, un claquement de porte avait retentit. Ils s'étaient retournés vivement et l'inquiétude pouvait se lire sur leur visage. Rey pointa la lampe torche droit devant elle mais ce ne fut pas suffisant pour y déceler une présence. Un silence de mort envahit les lieux avant qu'ils n'entendent de manière irrégulières des bruits de pas. Poe et Rey n'étaient plus les seuls sur les lieux. 

« Je vais aller voir, proposa le jeune homme alors que Rey l'avait déjà saisi dans son regard. 

Pas question vous êtes fou ! C'est peut-être dangereux. On devrait plutôt déguerpir d'ici ! s'emporta-t-elle, étouffée par la peur. 

C'est sûrement un gardien ou la police. Il faut qu'on aille jusqu'au bout, on a déjà bien avancé. Je ferai attention, t'as qu'à m'attendre ici. expliqua-t-il devant sa mine abasourdie. C'était incroyable à quel point ce mec était imprudent. 

Je vais sûrement pas attendre ici toute seule ! protesta-t-elle. On se rejoint dans le gymnase. 

Finalement c'est pas moi le plus fou de nous deux ! » la taquina-t-il le ton haut alors qu'elle avait déjà repris sa route. 

Sa remarque arracha un sourire à la jeune femme. Pourtant, les circonstances ne prêtait pas du tout à la plaisanterie. Chez elle aussi persistait une forme d'inconscience alimentée par la peur et l'adrénaline, ainsi que par la volonté indestructible de trouver des réponses à ses pénibles questions. Encore plus maintenant qu'elle commençait à reconstruire le puzzle grâce à la photo. Poe reviendrait dans cinq minutes, qui d'autre d'aussi insensé qu'eux s'aventurerait dans un lieu pareil, tenta d'elle de se rassurer alors qu'elle poussa l'immense porte du gymnase. 

C'était Finn. 

Il n'en était pas fier, mais dès qu'il avait compris que Rey s'était foutue dans les pattes de Kylo Ren, il avait tracé son téléphone. Il savait qu'elle ne chercherait jamais à le revoir ni à porter plainte, alors il s'était au moins réjoui d'avoir son numéro. Et il avait quitté le commissariat en trombe quand il avait capté que le téléphone de Rey bornait près du pensionnat. Cependant, une raison plus égoïste que de la protéger de Kylo l'avait d'abord poussé à venir, alors il avait fait aussi vite que possible. Sauf qu'il semblait arriver trop tard, car il ne tomba pas sur la jeune femme dans le couloir, mais sur un inconnu qui se mit à le prier en hurlant de ne pas tirer. Il savait malheureusement que Kylo était aussi sur les lieux alors par précaution, Finn tenait son pistolet fermement. 

Après avoir calmé l'homme devant lui, Poe, un journaliste venu enquêter pour son travail, il déclina également son identité et notamment sa profession. Cela provoqua un certain soulagement chez le brun, il avait sûrement cru vivre sa dernière heure. Ensuite, Finn lui demanda rapidement s'il était venu accompagné ou s'il avait vu une jeune femme décrite telle que Rey et l'apaisement laissa place à l'inquiétude sur le visage de Dameron. Le policier lui résuma succinctement qu'il connaissait l'endroit et qu'il n'était pas le seul à les avoir rejoints. Enfin, il l'invita à courir avec lui jusqu'au gymnase, Poe venait de lui confier que Rey s'y était rendue seule. Et d'après Finn, elle était en danger. 

L'endroit fut alors plus sombre encore que les autres et malheureusement Poe avait récupéré la lampe torche. À son tour aidée de son téléphone, elle piétina à tâtons droit devant elle mais il lui était difficile de percevoir vraiment quelque chose. De plus, le gymnase faisait partie des bâtisses les plus touchés par ce supposé incendie. Rey sentait sous ses pieds des lattes de bois, des cendres, des morceaux de ce qui avaient pu être des équipements sportifs et grâce à la lumière de son cellulaire, elle aperçut quelques poutres et marquages au sol. Néanmoins l'ensemble de son environnement était totalement noir et l'odeur d'humidité et de renfermé la firent s'arrêter.

Son pied resta en suspens appuyé contre quelque chose au sol. Rey aurait glissé dessus si elle avait fait un pas de plus. Ainsi, elle décala son talon de manière à ne pas déplacer ce qu'elle discerna de plus en plus au fur et à mesure qu'elle s'accroupit avec la lumière de son téléphone. Elle attrapa entre ses doigts ce qu'elle avait cru être un simple caillou alors que devant ses yeux se dessina une balle. Plutôt de gros calibre, elle n'avait pas servi et Rey arriva à la terrible conclusion que cet endroit devait en être rempli. Puis cette balle lui échappa brusquement des mains lorsqu'une ombre passant un peu plus loin face à elle la fit sursauter. Elle entendit quelqu'un marcher dans la pénombre du lieu.

« Poe ?! appela-t-elle, de nouveau apeurée en agitant son téléphone partout. Poe c'est toi ? »

Sans qu'elle ne comprenne comment, la pièce fut soudainement petit à petit éclairée par le toit. Ce dernier s'ouvrit en son centre mécaniquement dans un bastringue grave et fracassant. Rey tournoya sur elle-même la tête en l'air, débordée de craintes et d'incompréhension. Elle espérait sincèrement qu'il s'agisse de Poe mais quand elle rangea son téléphone dans sa poche et qu'elle découvrit davantage le gymnase grâce aux dernières lueurs de cette soirée, elle réalisa qu'elle aurait vraiment dû écouter Dameron.

« Tu es encore plus inconsciente que je pensais. »

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