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17 : En eaux troubles

Hello! Je reviens après une longue absence avec ce petit chapitre qui a néanmoins le mérite de faire entrer Rose dans la partie ! J'espère de nouveau reprendre un rythme de publication, et que l'histoire vous plait toujours autant ! Merci :)

" Entouré.e de cadavres

Enterré.e d'horizons"

Rose Ticot avait longuement réfléchi avant de se pointer devant la vieille enseigne de cette boutique d'antiquité. Après une autre nuit aux côtés d'un cadavre, une fois plus ou moins remise, elle avait évalué les risques qu'elle prenait en agissant de la sorte, combien elle mettait sa carrière en péril. Elle savait pourtant que ce ne serait pas une mince affaire de convaincre cette femme et de gagner sa confiance, Finn lui avait déjà fait une brève description de son caractère, du moins ce qu'il en avait vu pour le moment. Et un mystère pareil autour d'une personne d'apparence si ordinaire ne pouvait laisser le lieutenant Ticot de marbre. Encore moins dans de telles circonstances, parce que même si cette inconnue ne possédait qu'une seule clé ouvrant une minuscule porte sur cette enquête, c'était son devoir de parvenir à l'ouvrir.

Cette Rey lui apprendrait quelque chose d'inédit sur les enfants, Rose le savait. Elle avait pris en compte toutes les possibilités, notamment celle qu'elle soit impliquée de près ou de loin, pire qu'elle soit suspecte. Un sentiment étrange parcourut la jeune policière alors qu'elle aperçut l'antiquaire à travers la vitre de la boutique et qu'elle frappa doucement contre celle-ci. Son instinct ne lui mentait pas, l'enquête démarrait réellement ici.

D'abord, l'antiquaire, sans bouger de son bureau, lui indiqua au loin la pancarte qui signifiait évidemment que le magasin n'était pas encore ouvert. Au deuxième coup, elle exprima la même chose en faisant de grands signes avec ses bras. Au troisième, elle se leva et rejoignit l'entrée.

Si elle montra une mine agacée au départ, en apercevant l'insigne brandie par la brune de l'autre côté de la porte, l'incompréhension marqua immédiatement le visage de Rey. Elle déverrouilla la porte, mais ne l'ouvrit qu'à demi.

« Bonjour... qu'est-ce qu'il se passe ?

Bonjour, je suis la lieutenant Rose Ticot. Vous êtes bien ... Rey ? quel était son nom de famille déjà, se demanda-t-elle en même temps.

Oui, c'est moi. Qu'est-ce que vous voulez ? la petite brune rangea son insigne et jeta un œil rapide autour d'elle dans la rue.

Je travaille avec Finn, elle lui dévoila cette info avec un sourire. C'est au sujet des enfants, je crois qu'on a besoin de vous. »

Rey lui jeta un regard perplexe. Savoir que cette jeune femme était une collègue de Finn la rassurait un peu, mais elle restait flic alors elle resta tout de même sur ses gardes. Elle s'inquiétait de ce que Finn avait bien pu raconter à son sujet. Elle fit entrer Rose, referma rapidement la porte derrière elle et retourna s'asseoir à son bureau, comme pour se protéger. Sans invitation, la flic s'installa face à elle.

« Écoutez, je ne sais pas ce que Finn... 

Je vous ai vu hier sur la scène de crime, l'interrompit Rose. Je vous ai vu tenter d'approcher le corps et j'ai entendu ce que vous avez dit à Finn, précisa-t-elle ensuite. Rey resta un moment sans rien dire. 


C'était juste une suggestion, tenta l'antiquaire.

Une suggestion que vous avez également faite pour le précédent cadavre, rétorqua Rose. Elle tâtait le terrain doucement et ça agaçait Rey. Elle ne comprenait pas ses intentions et sa méfiance ne rendait pas son jugement aisé. Comment ça vous est venu ? Pourquoi cette affaire vous intéresse tant ? 

Je... je suis trop curieuse, c'est tout. J'ai vu le premier corps aux infos et hier, j'ai simplement remarqué la similitude, répondit-elle sur la défensive. 

Et vous êtes la seule. Vous êtes la seule à avoir évoqué la symbolique dans ces meurtres, de la mise en scène de leur corps, des scènes de crimes. Ça commence à faire beaucoup de bonnes suggestions. 

Et donc ? Vous croyez que je suis mêlée à cette histoire ? lança-t-elle en se levant. Rose comprit que son interlocutrice n'appréciait pas beaucoup les forces de l'ordre.

Je l'ignore encore.  Je sais par contre que vous détenez des infos. Je ne suis pas censée vous dire cela, mais l'enquête piétine. La plupart de mes collègues n'avancent pas, voire se moquent de ses enfants, confia Rose.

J'y peux rien si vous travaillez avec des incompétents, lança l'antiquaire. Elle ne comprenait pas où Rose voulait en venir. Mais ça eut l'avantage de la faire rire.

Mais vous pouvez m'aider. Je ne travaille pas sur cette affaire, ni dans mon équipe depuis très longtemps. En revanche, je suis persuadée que si Finn m'a à plusieurs reprises parlé de vos intuitions et les a suivies, c'est que non seulement vous en savez plus que vous ne le dites, mais surtout qu'il a confiance en vous. » expliqua la flic.

Sa remarque fit hésiter Rey. Il est vrai qu'à aucun moment Finn ne lui avait posé davantage de questions ni n'avait douté d'elle. Seulement, même si cette dite confiance pouvait toucher l'antiquaire, elle savait qu'elle était principalement engendrée par la méfiance totale et la colère que Finn vouait à Kylo Ren. L'autre versant de la clé de l'affaire, jusqu'à présent. Le versant que Rey ne pouvait pas vraiment aborder. 

« Cette affaire prend de plus en plus d'ampleur et je ne peux rester sans rien faire. C'est ma première grosse enquête, je refuse d'échouer, poursuivit Rose avec davantage d'assurance.

— Je n'ai pas pour habitude de travailler avec la police, à moins d'une convocation officielle ou d'une arrestation, je ne mettrai pas les pieds dans votre commissariat, répondit Rey, peu conciliante. Elle avait suffisamment passé de temps dans ce genre d'endroits pendant son adolescence.

— C'est pas ce que j'avais en tête... le suspense volontairement créé par la jeune policière fut son effet et Rey était davantage perdue, mais tout aussi intriguée. Elle se rassit face à la brune. Écoutez, je ne fais pas seulement ça pour ma carrière. Je risque d'ailleurs ma place en vous parlant ainsi aujourd'hui. Je cherche plus que tout à rendre justice à ces enfants et retrouver leur assassin. Mais, en dépit des efforts et de la détermination de ma commissaire,  on n'a pas grand-chose. Pour tout vous dire, j'ai l'impression que mes autres collègues se fichent pas mal de ces gamins, ils n'avancent pas aussi vite qu'ils devraient. Ils ne savent pas que je suis ici.

— Que disent-ils sur les enfants ? Ils pensent quoi de cette histoire ?

— Pour eux, ce ne sont que des orphelins, des gosses de rue à problèmes. C'est soit des bagarres ayant mal tourné, soit des règlements de comptes et donc des affaires de deal. Ils ne méritent pas plus notre attention, les dires des collègues de Rose Ticot agaçaient naturellement Rey, elle était tout bonnement une de ces enfants abandonnés que même la police ne protégeait pas. Qu'importent les évidences.

— Quelles évidences ? Qu'est-ce que vous en pensez vous ? Rey choisit d'aller droit au but et de ne pas dévoiler qu'elle était aussi orpheline, ne serait-ce qu'en s'énervant au sujet des collègues de Rose.

— Même si ces enfants sont orphelins, leur identité peut nous être utile. Ils viennent bien de quelque part, ont sûrement des points communs. On est sûr de rien à ce stade, ils ont peut-être encore de la famille. Et il y a aussi ... comme vous l'avez si bien suggéré, la mise en scène. Similaire aux deux cadavres pour le moment. D'apparence, il s'agit du même mode opératoire, des mêmes marques sur les corps et ces derniers ont été déplacés pour être exposés, expliqua la flic méthodiquement.

— Je suis d'accord, ça saute aux yeux. Néanmoins, je ne saisis toujours pas ce que vous attendez de moi concrètement.

— Je ne veux pas seulement que vous me déballiez toutes les infos que vous avez. J'ignore comment vous en savez autant ni comment vous avez pu comprendre autant de choses sans approcher les corps, mais c'est un fait. Je veux qu'on travaille ensemble. Vous serez comme mon indic'. Je veux un échange d'informations. Je vous partagerai les avancées sur l'enquête, et vous ferez de même. Sans vous poser de questions. Sauf si...

— Je deviens trop suspecte, c'est ça ? Rose hocha la tête. L'antiquaire eut un instant de réflexion, mais qui ne fut pas suffisamment long dans de telles circonstances pour qu'elle puisse réellement évaluer les risques. Comme d'habitude, elle devrait de toute façon dissimuler une partie de ses propres recherches. J'aimerais que Finn et uniquement lui soit au courant de notre arrangement, finit-elle par dire brusquement.

— Entendu. C'est lui qui à l'origine de ma venue d'une certaine manière. Il m'a beaucoup parler de vous, dévoila Rose, sachant pertinemment que son collègue ne voyait pas en Rey qu'une source d'information. Son interlocutrice détourna le regard et sourit bêtement.

— Il n'aurait pas dû, ça vous éviterait de risquer votre place, répondit-elle pour ne pas se pencher sur l'autre sujet.

— J'assume complètement. Ce sera peut-être ma première et ma seule enquête, mais j'irai jusqu'au bout, Rey se mit à apprécier cette détermination. Cette petite brune au tempérament bien trempé était peut-être un peu plus qu'une jeune flic. Si vous avez encore un peu de temps à m'accorder, j'aimerais qu'on commence dès maintenant. Confiez-moi quelque chose qui puisse me faire avancer. Dites-moi tout ce que vous savez, Rey. »

Décidément, le sort commençait à s'acharner. Rey comprit à l'instant qu'il était trop tard pour garder cette affaire pour elle et revenir en arrière. À chaque nouveau cadavre, une nouvelle personne venait à sa rencontre et elle se retrouvait un peu plus enchevêtrée dans ce qui s'annonçait être une sacrée tempête. Autour d'elle, une équipe se constituait contre son grès, la mettant toujours plus en danger, elle et son identité. Mais après, tout, à cet instant, se dit-elle, que risquait-elle vraiment ? Le spectre était mort, Lando lui avait encore répété, alors si ces personnes venaient à apprendre qui elle était, qu'importe finalement. Un mort ne pouvait pas causer tant de dégâts. De plus, ces rencontres, ces soudaines et inédites collaborations, qu'il s'agisse de cette Rose Ticot, de Finn ou de Poe, et également de Kylo, prendraient assurément fin lorsque l'enquête serait résolue et chacun d'eux retourneraient à sa vie. Chaque chose, chaque individu à sa place.

Mais alors, si cela semblait être la meilleure solution pour que l'antiquaire retrouve le calme et l'anonymat de son quotidien, initialement perturbé par les Skywalker, pourquoi cette perspective lui paraissait aussi douloureuse sur le moment ? Pourquoi, alors qu'elle avait accueilli cette flic avec méfiance, elle se sentit désormais rassurée de l'avoir à ses côtés, de recevoir cette aide et cette présence ? Pourquoi l'idée de perdre ces gens qu'elle ne connaissait finalement pas vraiment la dérangeait à ce point ?

Pourquoi réaliser que tôt ou tard, Kylo retournerait aux ténèbres du Premier Ordre et qu'elle ne le reverrait jamais, la rendait subitement triste ?

Plutôt que de se pencher sur une réponse à ces questions qui, de toute manière, pour l'instant ne lui plairait pas, elle écouta attentivement Rose.

En à peine quelques minutes, Rey découvrit que les deux cadavres récemment médiatisés, n'étaient pas les premiers. D'après les rapports de police, en réalité cinq cadavres correspondaient au même rituel et mode opératoire. Ce dernier se précisant davantage au fur et à mesure des meurtres. Toutes les identités n'avaient pas encore étaient trouvées, car pour le moment aucune famille ne s'était manifestée. Néanmoins, la première victime connue était bel et bien celle que Rey avait découverte et lorsqu'il fut son tour de parler, elle partagea cette information et d'autres avec Rose. Elle choisit de ne parler ni du Premier Ordre, elle jugeait important que ce soit Finn qui le fasse et de toute manière l'organisation ne semblait pas être responsable, ni de Kylo. Autant Rey prenait suffisamment de risque en dévoilant toujours plus ce qu'elle apprenait sur ces enfants à des inconnus, travaillant tout de même pour des institutions influentes telles la presse ou la police, autant elle ne pouvait pas embarquer contre son gré Kylo là-dedans. Pour le coup, leur rencontre devait rester secrète.

« Rassure-moi, ils te croient quand même pas responsable de quelque chose dans cette histoire ? demanda Kaydel, avant une bouchée de son fish and chips.

— Non, t'en fais pas. Je me suis simplement retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment et cette Rose Ticot est venue me demander ce que j'avais vu, répondit Rey.

—  Je l'avais deviné le soir d'Halloween, j'ai vu ton regard quand ils ont montré aux infos ce pauvre gamin, je savais que ça titillerait ta curiosité, Rey Calrissian ! »  s'amusa sa collègue.

À la pause-déjeuner, Rey avait souhaité parler un peu avec Kaydel. Elle ne savait pas trop ce qui lui arrivait en ce moment et était sans doute très angoissée par l'arrivée de tout ce petit monde dans sa vie en si peu de temps, elle qui n'avait jamais été très entourée. Mais comme elle avait au moins Kaydel, elle s'était dit qu'elle pouvait se confier un minimum. Les mensonges qu'elle entretenait au sujet de son identité lui pesaient suffisamment pour essayer de ne pas en rajouter. Encore une fois, elle ne pouvait la mettre au courant de l'organisation, ni même de l'enquête qu'elle menait concrètement sur les enfants, allant au-delà d'une trop grande curiosité. Alors, elle évoqua seulement les questions de Finn et de Rose, et les siennes à propos des meurtres. L'antiquaire avait besoin de parler de tout cela à quelqu'un et Kaydel était la personne idéale pour apporter de la légèreté dans sa vie, actuellement tumultueuse.

« D'ailleurs, en parlant du soir d'Halloween, le grand brun, ténébreux et canon qui était venue te draguer au bar, et que t'as revu le lendemain, ça en est où ? » poursuivit Kaydel depuis l'arrière-boutique.

Rey manqua de recracher sa gorgée d'eau. Alcoolisée ce soir-là et ne pouvant naturellement pas raconter la nature exacte de sa conversation avec Kylo, elle avait dû pas mal broder en retrouvant Kaydel après les annonces et le lendemain suite à son rendez-vous avec lui. Alors, elle avait en effet inventé qu'il l'avait maladroitement draguée au bar et qu'ils s'étaient revus pour un café lors duquel il lui avait donné son numéro. Mais même si Rey avait chaque fois répété à Kaydel qu'elle n'était pas intéressée et que leur entrevue s'était mal passé, ce qui était vrai, il en fallait plus à son amie pour passer à autre chose quand il s'agissait de la vie amoureuse de Rey. Si elle savait qu'en réalité leur relation était à mille lieux d'une banale histoire de drague. Bien que, pensa la brune sur le moment, il y avait pourtant eu cette soirée, chez Kylo, cet instant suspendu, ce contact dont le souvenir et les sensations ne parvenaient pas à la quitter...

« Oh nulle part. On ne s'était croisé qu'une fois par hasard après cette histoire. C'est un idiot, je ne pense pas le revoir ni qu'il me recontacte de nouveau... » confia Rey.

 Ce n'était pas son genre de parler ainsi et elle était assez mauvaise pour inventer de telles histoires, mais ce n'était pas complètement faux. Après la visite de Rose, Rey avait essayé d'appeler Kylo Ren pour lui partageait toutes ces nouvelles infos et le mettre au courant de son accord avec la policière. Notamment pour le prévenir que la police tournant un peu plus autour de Rey, qu'il devait se faire discret, et elle tout autant, pour l'enquête. Mais à deux reprises, il n'avait pas répondu à ses appels et toujours pas à son message. Rey commençait à avoir l'habitude, et même si elle espérait avoir de ses nouvelles une fois la nuit tombée, son attitude versatile l'agaçait profondément. À chaque fois, elle avait l'impression que tout ceci n'était qu'un jeu pour lui, au pire une mission de plus. Et qu'elle en était la bouffonne manipulée qui n'y voyait que du feu. Ainsi, elle pensait sincèrement ce qu'elle dit à Kaydel. C'était un idiot.

« Ah, dommage, il avait l'air si absorbé par toi ce soir-là...

— Tu exagères, ricana Rey, je ... je ne pense pas lui plaire. Par ailleurs, j'avais bu et tu sais que je ne recherche personne...

— Peut-être que tu ne cherches personne, mais ton charme naturel fonctionne, lui ! Moi, je suis sûre qu'il t'avait remarquée ! Et en plus de lui, il y a Finn aussi, mmh ? Et ne me dis pas le contraire, il prend régulièrement de tes nouvelles et t'as même apporté des fleurs !

— C'est vrai qu'il se montre particulièrement gentil...»

Rey dut reconnaître les dires de son amie et l'affection certaine que Finn lui portait. Bien qu'elle ne possédait pas tous les codes lorsqu'il s'agissait de séduction, elle avait compris dès le début que Finn l'appréciait beaucoup. Elle savait aussi qu'elle lui devait sa tranquillité, qu'il n'avait parlé d'elle qu'à Rose pour la protéger. Il était vrai que dans son comportement tout l'opposait à Kylo. Finn était plus prévenant et savait faire la part des choses entre son métier et lui-même. Ren était enchaîné au Premier Ordre, tout le ramenait à ça, quoi qu'il fasse, sa part d'ombre était évidente et prenait le dessus. Cependant, Rey ne put s'empêcher une fois de plus de lui trouver des circonstances atténuantes, de remettre les choses dans leur contexte.

Finn n'avait passé que quelques années au sein de l'organisation, il était déjà un adulte, et même si elle ne doutait pas qu'il eût été grandement manipulé, il n'y avait pas grandi comme Kylo. Toute sa personne, son fonctionnement avaient été façonnés par le Premier Ordre, la seule famille qu'il pensait avoir. Finn lui avait réussi à s'en dépêtrer, non sans risques. Comment Kylo pouvait se comporter normalement alors qu'il avait été élevé et conditionné dans la plus pure violence ?

Comment Rey pouvait se sentir si touchée par un tel parcours, par la vie d'un tel monstre ?

Peut-être parce que le sien était similaire sur certains points, peut-être parce qu'elle aussi avait connu un tel conditionnement, une telle violence ? Et celle de l'abandon qui gangrène chaque aspect de l'existence.

Avant de poursuivre, Rey s'accorda un moment pour réfléchir à ce que cette conversation avec Kaydel sous-entendait. Son passé ne l'avait jamais réellement préparée à cet aspect de la vie, à n'importe quelle autre relation que la filiation qu'elle avait avec le spectre. Et elle n'avait jamais réfléchi à son avenir en ces termes. C'est-à-dire une vie amoureuse. Bien sûr qu'elle avait déjà essayé auparavant, à la fac notamment. Un ou deux flirts agrémentés de rapports sexuels qui ne l'avaient pas marqué plus que ça. Elle avait déjà essayé et, autant les hommes qu'elle avait rencontré ne souhaitaient certes finalement pas s'engager avec elle, autant elle avait beaucoup de mal à faire confiance. Quand il s'agissait de relations plus sérieuses, Rey ne s'était confrontée qu'à des personnes qui n'avaient pas su voir au-delà de l'image de l'orpheline à l'enfance chaotique et obscure jetée dans la normalité sans y avoir appris les règles. À chaque fois, elle se disait que, de toute manière, c'était mieux de rester seule. Ses secrets étaient ainsi bien gardés.

Le spectre ne l'avait pas préparé à ces questionnements, encore moins à envisager cela sérieusement. Elle n'avait pas été élevée comme la plupart des petites filles avec le rêve de trouver l'amour idéal et de fonder une famille. Elle n'avait pas été élevée pour aimer ni être aimée. Quoi qu'elle fasse, l'éducation de cet homme et son souvenir viendrait anéantir toute forme de relation.

« On verra bien comment cela évolue, mais je suis prête à parier qu'il a un crush sur toi ! s'exclama Kaydel. Son enthousiasme réussit à faire rire sa collègue de nouveau. L'ardeur qu'elle pouvait mettre à propos de la vie sentimentale de Rey était parfois un peu gênant voire lourd, mais cette dernière savait qu'elle ne cherchait qu'à la voir heureuse.

Kaydel, je le connais à peine ! De toute façon, encore une fois, tu sais que ce n'est pas vraiment mon truc... renchérit l'antiquaire.

— Et alors ? Rien ne t'empêche d'essayer et... tu sais, ça peut avant tout devenir un ami !

— Va pour un ami alors ! » lança Rey après avoir toisé la blonde et son sourire sincère.


Le soir venu, sous les coups de 21h et après une journée plutôt lucrative pour l'antiquaire et son amie, cette dernière avait ainsi trainé Rey dans un club de la ville pour lui changer les idées. Et si ce genre de lieu n'était pas dans ses habitudes, elle s'était laissé tenter sous les nombreuses promesses de Kaydel. Un lieu suffisamment grand pour ne pas davantage l'angoisser, ne pas rentrer trop tard et ne parler ni de Finn ni de Kylo Ren.

Rey admit quand même que sortir ainsi de temps en temps ne lui faisait pas de mal, particulièrement dans le contexte actuel. C'était très égoïste, mais respirer quelques heures loin des enfants et de son passé lui permettait justement de garder la tête hors de l'eau et d'avoir les idées plus claires lorsqu'elle y reviendrait. Elle ne pouvait pas rester enfermée et plongée dans ces horreurs, et même si une soirée autrement face à sa thèse ne lui aurait point déplu, Kaydel était sacrément convaincante. Danser, timidement certes, avec elle et boire quelques bières étaient des choses qu'elle découvrait un peu plus et qu'elle ajouta sur sa liste de choses agréables de l'existence, des choses qu'elle pourrait s'autoriser plus souvent une fois totalement libérée.

Libérée de l'enquête et du sombre individu derrière celle-ci, libérée de la tutelle, libérée du poids de son passé et du souvenir du fantôme à la canne. Un jour, peut-être. En tout cas, elle parvenait un peu plus à l'envisager, cherchant chaque fois de nouveaux mantras ridicules à répéter. Les morts ne peuvent pas faire de mal. Les morts ne reviennent pas.

Mais pour combien de temps encore cela resterait suffisant ? Combien de temps avant qu'elle ne voit l'évidence, qu'elle ne fasse le lien ?

« Rey ! la voix de Kaydel la sortit de ses pensées utopiques.

— Oui pardon ! Une autre bière, s'il vous plaît, répondit-elle rapidement, revenant à la réalité et notamment au serveur derrière le bar qui lui avait déjà demandé deux fois la nature de sa consommation.

— À quoi tu pensais ? reprit la blonde, adossée au bar et sirotant son cocktail.

— À la boutique ! elle ne pouvait naturellement pas évoquer le spectre. Tu sais, on reçoit une partie des biens des... Skywalker la semaine prochaine.

— On aurait dû ajouter "le boulot" à la liste de sujets à ne pas aborder ce soir ! rétorqua-t-elle moqueuse devant son amie passionnée. Celle-ci ricana, mais se montra tout de même désolée. T'en fais pas, je comprends que ça t'occupe l'esprit. J'y pense aussi, j'ai commencé à jeter un oeil à tes évaluations et tes notes pour l'inventaire. Si on parvient à les vendre, ce sera un gros bénéfice pour la boutique, et pour nous !

— D'ailleurs, il faut que j'envoie justement mes estimations à la famille, notamment pour les ventes dédiées à l'orphelinat... » le dire lui rappela les enfants et lui glaça le sang.

Rey et Kaydel restèrent un moment au bar à discuter de la mission que les Skywalker leur avaient confiée. En dehors de tout ce qui désormais se jouait autour de cette famille, initialement, il s'agissait d'une grosse opportunité pour les deux jeunes femmes. Rendre complètement rentable leur affaire et permettre à Rey de faire lever sa tutelle en prouvant davantage qu'elle était autonome et responsable. Et l'antiquaire, en dépit de l'enquête, devait conserver cet objectif en tête.

Néanmoins, à mesure de leur discussion et du club se remplissant, bien que l'alcool ne rendait pas son discernement précis, Rey se sentit observée à un moment. 

Bien sûr, quelles étaient les probabilités pour qu'elle tombe sans le savoir dans un club appartenant au Premier Ordre ? 

Un de ces endroits d'apparence normale et sécurisé, ici une banale boîte de nuit, mais dont la superficie et l'emplacement avaient séduit Snoke quelques années auparavant. Des sbires de l'organisation y travaillaient parfois ou venaient, à l'instar de Rey, se détendre. Ainsi, quelqu'un était bel et bien en train de l'épier. Et si récemment elle avait l'habitude que le hasard la fasse tomber sur Kylo, cette fois-ci elle était confrontée à un autre pion de l'échiquier du Premier Ordre. Une autre qu'elle n'aurait jamais dû croiser.

De l'autre côté du bar, redessinant avec son index les bords de son verre à pied rempli d'un alcool fort, Bazine Nétal venait de trouver Rey. Alors que les deux antiquaires discutaient des Skywalker sans se douter des conséquences, Bazine était passé derrière elles au même moment et avait tout entendu. Un sourire de satisfaction diabolique s'était alors dessiné sur ses lèvres sombrement peintes ce soir. Quelle chance. Elle avait trouvé l'élue. La fameuse antiquaire mystérieuse et un peu trop curieuse, l'inconnue sans intérêt qui occupait les pensées de son cavalier depuis des semaines, qui lui avait tranché le visage et peut-être bien plus, la fourmi insignifiante qui foutait le bordel au sein de l'organisation et autour de laquelle l'univers semblait tourner en ce moment. Et si son allégeance ne l'enchaînait pas tant aux ordres de sa hiérarchie, Bazine l'aurait piétinée sur-le-champ avec un plaisir non dissimulé.

Mais elle n'était pas connue pour être l'impulsive du Premier Ordre, et n'agissait pas sans réfléchir. Au contraire, elle réalisa qu'elle détenait alors une certaine avance sur bon nombre de ses camarades, que sous ses yeux elle avait maintenant de quoi obtenir une belle récompense. À la fois de la part de Kylo et de Snoke. Seulement, l'un la tuerait si elle s'en prenait à cette Rey, et l'autre lui ordonnerait sans doute de le faire. Elle avait déjà glané des infos à son sujet, à l'instar de Kylo et s'était comme lui confrontée à un dossier d'état-civil peu rempli, assurément factice. Déjà bien curieuse, elle trépignait d'impatience d'en apprendre davantage à son sujet. 

Alors elle scruta longtemps la silhouette de cet insecte qui causait tant de dégâts. Rangée dans un coin plutôt sombre près de la porte de secours à côté du bar, elle enregistra son visage. Ses cheveux mi-courts châtains aux reflets sombres, ses taches de rousseur que l'hiver prochain ferait bientôt disparaître, sa taille, ses vêtements, sa manière de rire. Et à l'instant, son regard lorsqu'elle sentit celui de Bazine sur elle. Lorsqu'elle le captura. Cette Rey avait détourné petit à petit la tête, comme si ses sens avaient d'un coup été à l'affût, alertés. Jusqu'à ce qu'elle trouve à son tour Bazine. 

Celle-ci soutint alors son regard un moment, lui offrit même un sourire que Rey ne comprit guère puis emprunta la porte de secours avant de compromettre sa position. L'antiquaire n'eut le temps d'apercevoir qu'une femme brune aux cheveux courts élancée et vêtue de rouge. Elle ne vit pas précisément son visage, si ce n'est donc un regard perçant et ce rictus, mais elle en avait surtout dégagé une beauté froide à couper le souffle. Et bien que ce fut court et qu'elle ne voulait pas croire que l'organisation était aussi présente dans tout New York, Rey devina que cette étrange femme était l'une des leurs. Et ça ne présageait rien de bon pour elle.

Une soirée pareille n'aurait pas été complète pour Rey sans un Skywalker pour en rajouter. Et comme la carte du neveu était déjà épuisée, c'était celle de l'oncle qui s'abattit sur la jeune femme. Luke était peut-être un homme de parole quand il s'agissait d'honorer ses engagements, mais il ne s'y prenait pas forcément toujours de la plus honnête des manières. Il avait espéré et attendu que la jeune femme sorte de chez elle, planqué dans une voiture avec C3PO non loin de la boutique, afin de commettre ce qu'il pensait être la seule solution pour lui garantir de ne jamais rencontrer Snoke.

Il gagna rapidement la porte d'entrée de l'appartement de Rey, au dernier étage. Il sortit un drôle d'outil de sa poche qu'il tint à Therry, un attirail pour crocheter des serrures qu'il avait conservé de son ancienne vie. Mais son majordome n'accueillit pas si facilement sa demande. 

« C3PO, ouvre cette porte s'il te plaît » implora-t-il, incapable de le faire d'une seule main. Un ordre n'était pas nécessaire. Therry désapprouvait totalement cette démarche, mais ne laisserait pas un Skywalker dans l'embarras. 

Il s'exécuta, ayant vu faire son interlocuteur et son beau-frère des dizaines de fois. Il s'efforça de rester discret tout en effectuant cette malversation, puis referma la porte sans bruit derrière lui et son maître.

Luke s'immobilisa un temps, observa l'appartement méthodiquement. Non pas pour prêter attention au lieu de vie de Rey, il remarqua bien vite qu'il était à son image, et aperçut même des livres portant son nom dans une des bibliothèques. Elle n'aurait jamais dû les lire, pensa-t-il. Ça l'aurait peut-être empêchée de rester attachée aux souvenirs du spectre et de ses parents, et aujourd'hui de se mêler d'une affaire criminelle sordide. Une existence normale, ordinaire, c'est tout ce qu'elle devait connaître. Non, il chercha où la broche pouvait être planquée, gardant en tête la forte possibilité que Rey l'ait emmenée avec elle. Néanmoins, ce que la jeune femme risquait dans les prochains jours s'il ne la récupérait pas lui parut une raison assez légitime pour aller jusqu'au bout de son intrusion. 

« Je vais fouiller la chambre, cherche par ici Therry. Elle est forcément quelque part » pria-t-il, pressé et inquiet. 

C3PO s'exécuta en silence, mais il n'en revenait pas de ce qu'il se produisait. Jamais il n'avait vu son maître dans un tel état, céder à la panique au point d'agir de façon répréhensible. Il le savait prêt à tout pour protéger sa famille, malgré ses années de silence et d'exil, mais récemment quelque chose avait changé. L'état de Leia n'était pas la seule raison qui l'avait fait sortir de sa torpeur, des fantômes s'en étaient mêlés aussi. Et Therry savait parfaitement de quoi il parlait, il l'avait vu à deux reprises. Le fantôme d'un petit garçon brisé qui n'en était plus un depuis longtemps. Mais désormais un homme dont la blessure d'abandon était devenue un trou noir sans fond.

Cependant, le vieil homme se moquait de la taille de cet abysse et de la force avec laquelle il absorbait, détruisait tout sur son passage. Car il avait aussi aperçu et senti que le petit garçon sensible à qui il avait longtemps fait la lecture était encore là, flottant dans les profondeurs, seul. Il criait à l'aide. Plusieurs fois, C3PO avait essayé d'en toucher un mot à Luke, mais il n'entendait pas ces cris déchirants, seulement les hurlements rauques et graves de la bête.

Après avoir inspecté les bibliothèques et les placards, Therry inspecta le bureau de la jeune femme et ne put s'empêcher de jeter une œillade aux livres ouverts et aux notes qui concernaient sa thèse. Cette petite était passionnée, c'était évident. Mais parmi ces documents, il discerna une note différente. La page avait été gribouillée par endroit, autour d'annotations non structurées mais suffisamment claires pour lui. L'une d'elle stipulait : "broche = S.P  ? ".

Il remonta ses lunettes et relut à plusieurs reprises, mais il avait bien compris ce que ces initiales signifiaient. Alors, conduit par une sorte d'instinct, il explora le reste du secrétaire et notamment le tiroir principal. Il souffla devant sa malheureuse découverte, il aurait préféré ne pas la trouver. 

« Monsieur ! Elle est ici ! » s'exclama-t-il à contre-cœur.  

Luke sortit de la chambre qu'il avait malgré tout bien dérangée à la recherche de ce que C3PO tenait entre son pouce et son index devant lui dans le salon. 

Le criminologue fut sur le point de tendre sa main pour récupérer la broche, soulagé, lorsqu'une crise s'empara de lui. Comme s'il était physiquement incapable de la toucher, qu'une force supérieure le punissait. Sa main se crispa sous la douleur vive qui la parcourut. C'était comme s'il revivait l'accident, que la balle retraversait sa paume et une fois dans sa chair se multipliait en des millions d'aiguilles s'infiltrant dans ses muscles jusqu'au coude. C'était si insoutenable qu'il en tomba sur l'accoudoir du canapé, secoué et gémissant. Vulnérable. 

« Monsieur Luke ! Therry reposa la broche et la note à leur place et se précipita aux côtés de son maître. Vite, tenez ! »

Il dégota un patch de morphine dans sa veste, qu'il avait toujours en quantité sur lui et qui était la raison officielle pour laquelle Luke lui avait demandé de venir ce soir, s'assurer de sa santé et surveiller les crises. Et ça n'avait pas manqué, l'adrénaline, le stress et la panique de leur vol en avaient déclenché une assez violente. Therry ouvrit alors grossièrement les premiers boutons de sa chemise, déposa rapidement l'anti-douleur sous sa clavicule et le maintint quelques secondes. Luke reprit petit à petit une respiration normale et se calma. La crise avait aussi pas mal ébranlé son majordome, qui recula et prit appui contre le mur. 

Quand les tremblements disparurent et que Luke n'eut plus besoin de fixer la cicatrice sur sa main droite, il chercha des yeux la broche qu'il vit en évidence sur le bureau. Therry n'eut pas besoin d'attendre un geste ou un ordre, il la reprit, ainsi que la note et lui donna en silence. Luke lut la feuille et contempla la broche un instant, se remémorant brièvement la nuit où lui-même l'avait dissimulée. C'est fou, toutes les choses qui peuvent finalement résister au feu, se dit-il naïvement avant de recroiser le regard de son acolyte qui en disait long. 

« Je sais Therry, c'est complètement déraisonné, il avait traduit exactement la pensée de son interlocuteur. Il faisait n'importe quoi et se mettait en plus en danger. Mais je n'ai pas le choix. Je le fais pour elle. 

— Pour elle... ou pour lui ? le regard de Luke s'assombrit légèrement. 

— Les deux ... qu'est-ce que ça change ? de ses yeux, il lui indiqua la note qu'il tenait. Tu vois bien qu'on ne peut pas la laisser continuer à chercher, c'est trop dangereux. Ni les laisser... ensemble. 

— Je remarque simplement, Monsieur, que vous semblez essayer de vous racheter, déclara-t-il bienveillant et Luke comprit qu'il évoquait autant Kylo que Rey.

— J'ai déjà échoué une fois, confia-t-il sans équivoque à propos de son neveu. Je ne recommencerai pas avec Rey.  »


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