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16 : Les rues du Paradis

" Et cette ville est morte je sais bien 

Toi seul garde de l'audace 

Il faudrait que tu la portes loin 

Alors que d'autres renoncent "

TW : meurtre d'enfant, sang + scène à caractère sexuel

Après avoir difficilement ouvert les yeux, Rey se redressa dans un sursaut lorsqu'elle ne reconnut pas la pièce où elle se trouvait. La jeune femme portait son pantalon de la veille, un t-shirt bien trop large pour être le sien et avait vraisemblablement dormi dans un lit qui ne lui appartenait pas non plus. Elle se sentait lourde et assez fatiguée, comme après une nuit blanche. Devant elle, une porte coulissante n'était pas totalement fermée et par le petit espace qui laissait entrer un rai de lumière, elle pouvait apercevoir une autre pièce bien plus grande de l'autre côté. Puis, elle identifia rapidement le reste de ses affaires sur une commode massive en bois surmontée d'un simple miroir. Sans réfléchir, elle attrapa son sac à main et en chercha quelque chose à l'intérieur sans même devoir la visualiser dans son cerveau, ce fut mécanique. 

Lorsqu'elle tint finalement la broche dans ses mains, sa vision et ses pensées furent bien plus claires et elle se remémora soudainement la soirée de la veille.

Elle était chez Kylo Ren.

Hier soir, elle l'avait rejoint dans cette planque loin du Premier Ordre. Tour à tour, ils s'étaient dévoilées les grandes lignes de leur enfance atypique et avaient réalisé avoir partagé la même solitude causée par un abandon parentale. Jamais aucun n'aurait cru retrouver un tel écho dans l'autre et cela avait été si salvateur pour tous les deux. Envers et contre tous, plus qu'une empathie, une connexion était née entre eux, concrétisée lorsque, Rey s'en souvint à l'instant, leurs mains s'étaient frôlées pendant de longues secondes suspendues. Se remémorer la scène conférait à la jeune femme les mêmes sensations que la veille, cette même chaleur au fond d'elle. C'était inattendu et certainement plus inconscient encore que tous les risques qu'elle avait pris jusque-là, mais elle n'avait jamais ressenti un tel lien avec quiconque, et tant pis si elle se trompait.

Seulement, leurs échanges avaient pris un tournent plus sombre, mais profondément essentiel à l'enquête. La tête de mule téméraire qu'elle était en voulait un peu à Ren d'avoir mis autant de temps à dévoiler cette information cruciale, celle par laquelle tous auraient dû commencer, la police aussi.

Grâce à Kylo, Rey savait désormais que les enfants retrouvés morts à New York selon le même rituel depuis un an côtoyaient l'orphelinat de Leia ou y logeaient.

Cette information changeait absolument tout et ouvrait tant de perspectives et d'interrogations pour la jeune femme. Ce n'était pas juste des orphelins, c'était ceux dont Leia s'occupait. Et si quelque chose dans la mise en scène des corps résonnait fortement en Rey et dans son histoire personnelle, bien qu'elle n'arrivait pas bien à déterminer quoi, maintenant cela avait aussi un lien avec Kylo. Du moins sa famille. 

Et tout se bousculait dans sa tête. Elle avait tant de choses à faire. Il fallait impérativement qu'elle parle à Leia et à Luke, à Kylo... Son cerveau se reconcentra sur lui et elle ouvrit la porte de la chambre un peu brusquement, mais se rendit vite compte que le reste de l'appartement était vide. Cette solitude soudaine lui fit croire un instant que le jeune homme s'était joué d'elle. Néanmoins, aucune de ses affaires ne manquait. Il n'en avait pas profité pour lui prendre la broche ou son téléphone. La veille, après cette révélation, leur discussion s'était éternisée sur l'orphelinat et Ren avait narré à Rey en quoi consistait le travail de Leia, mais il vivait dans un monde si éloigné du sien qu'il ne possédait finalement que peu d'informations sur l'orphelinat. Leia avait fait construire l'orphelinat quelques années plus tôt et s'en occupait à temps plein depuis deux ans. Elle parlait chaque fois des orphelins qu'elle accueillait lorsque des journalistes lui demandaient trop souvent si elle avait des enfants. Et ce dernier point avait légèrement fait froncer les sourcils de Kylo.

La nuit déjà bien entamée, Kylo avait cédé aux bâillements de plus en plus réguliers de l'antiquaire qui risquait à tout moment de s'écrouler sur son canapé, alors que lui était bien plus habitué aux nuits blanches. Il avait tout de même dû batailler un moment avec elle car la jeune femme voulait appeler un taxi puis rentrer à pied, réfléchissant trop sur le fait d'accepter de dormir chez Kylo Ren. Finalement, il lui avait proposé son lit, refusant catégoriquement de la laisser errer la nuit dans New York et il était resté sur le canapé. Et tous deux n'avaient pas beaucoup dormi. Leur esprit se rejouait surtout la scène. Ce toucher, cette sensation...

Rey découvrit un mot de Kylo sur le bar de la cuisine qui stipulait qu'il était parti tôt pour le Premier Ordre et que le billet accompagnant la note était pour lui payer un taxi afin de rentrer chez elle. Elle trouva ça si étrange qu'il lui fasse autant confiance et prenne le risque de la laisser seule chez lui, curieuse comme elle était. Et en effet l'idée de fouiller lui était venue, mais lui n'avait pas touché à ses affaires et n'avait jamais non plus insisté pour rentrer chez elle, alors elle ne fit rien de tel. De toute façon, l'appartement était si impersonnel et peu meublé qu'il ne devait n'y avoir rien de grande valeur ou de compromettant.

Elle jeta un dernier coup d'oeil à la demeure de Kylo avant de rejoindre les quais et d'appeler un taxi. Une impression étrange s'empara d'elle, mais elle sut qu'elle y reviendrait.


La nuit dernière avait fait jaillir quelque chose en lui. Ce n'était encore qu'une simple étincelle, une graine qui peinait à germer, une minuscule allumette dans un long tunnel sombre, mais ça avait néanmoins déclenché un changement. Ce fut une sensation étrange. Il avait passé sa vie aux côtés du Premier Ordre et il en connaissait les membres les plus importants depuis toujours, et malgré les circonstances, il considérait l'organisation comme sa famille. Des liens s'étaient noués d'une certaine manière, avec Bazine par exemple, lorsqu'ils partageaient le même lit. Mais il ne s'était jamais senti aussi proche de quelqu'un jusqu'à hier soir.

Lorsque ses doigts avaient touché les siens, c'était comme si Rey lui avait asséné une longue et progressive décharge électrique. Un courant qui encore ce matin parcourait petit à petit son corps et dont il sentait encore la joute, pourtant d'une douceur inattendue, sur ses doigts. S'ils n'avaient pas été interrompus par l'appel de Luke, Kylo était persuadé qu'il aurait comme senti sa main ne faire qu'un avec celle de l'antiquaire. Qui sait ce qui aurait pu se produire, si ce n'est quelque chose d'assurément inconscient et d'imprudent. Mais tellement agréable, pensa le jeune homme tout en rejoignant la jetée, dont la vue lui fila petit à petit la nausée.

Ce ne fut pas l'odeur du fleuve ni le fait qu'il avait l'habitude de venir s'installer ici même avec son géniteur toutes les semaines dans une autre vie, bien que ça aurait pu. Non, c'était de découvrir ce paysage pollué par la présence de cet individu, debout devant le banc sur lequel le défunt Ben Solo s'asseyait, à l'image de ses incessantes tentatives d'occuper lui aussi la place d'un père. Et lui, que voyait-il ? Que pensait-il ? Seul devant un soleil peinant à se lever, guettant l'arrivée de son neveu comme celle d'une bête sauvage tout en conservant son calme légendaire. Cependant, Kylo captura une vive surprise dans son regard lorsqu'il fut enfin dans son champ de vision. Il ignorait si elle était causée par sa venue ou à son expression affichant clairement sa joie de le voir.

En vérité, Luke fut surpris par sa balafre traversant son visage. Il s'agissait déjà d'une cicatrice qui, d'ici quelques mois, ne serait plus qu'un malheureux souvenir à peine visible, mais sur le moment, elle ne fit que nourrir l'imaginaire monstrueux que le vieil homme s'était construit autour de son neveu. Et ayant eu vent de sa naissante collaboration obscure avec Rey, Luke se mit déjà à imaginer le pire pour la jeune femme. Si Kylo avait reçu un coup d'une telle ampleur, ça voulait obligatoirement dire qu'elle avait elle aussi était blessée.

« Qu'est-ce que tu lui as fait !? lui balança Luke de l'autre côté du banc.

— Bonjour... répondit Kylo d'une voix rauque et presque inaudible, l'agacement déjà au sommet.

— Si tu lui as fait du mal, je te jure...

— Je lui ai rien fait ! Bordel, réfléchis deux minutes plutôt que de me dévisager comme si j'étais une abomination ! Tu crois que je l'aurais laissée venir te voir sans problèmes pour ensuite m'en prendre à elle !

— Ne te moque pas de moi, tu l'as laissé revenir vers moi uniquement pour récupérer des informations, répliqua-t-il.

— C'est la mission qui m'a été donnée, c'est vrai, l'entendre parler ainsi renforçait la colère du vieil homme. Mais je voulais surtout qu'elle sache quel homme tu es vraiment, qu'elle connaisse la vérité... déclara Kylo, jubilant.

— Quelle vérité ? À quoi tu joues ? Tout ce que t'as gagné, c'est plutôt qu'elle apprenne quelles atrocités tu as commises !

— La vérité que tu traines dans la boue depuis des années, que tu refuses d'admettre ! le ton entre les deux hommes montaient tellement que bientôt, ils réveilleraient le quartier environnant.

— Je sais que j'ai échoué avec toi, je le sais parfaitement et j'en suis navré...

— Tu peux l'être en effet, répondit Kylo, revanchard.

— Je te demande juste de laisser Rey en dehors de ton monde. Tu ne pourras pas faire trainer les choses éternellement, Snoke finira par lui mettre la main dessus.

— Comment tu sais qu'elle intéresse Snoke ? s'étonna Kylo

— On a aussi quelques moyens à la Résistance, je t'ai retrouvé grâce à eux... expliqua Luke.

— La Résistance... se moqua le brun, t'en fais bien partie quand ça t'arrange. Dans ce cas, dis-moi pourquoi. Pourquoi Rey est tout aussi importante pour toi ? C'est la pupille de Lando, pas la tienne, alors pourquoi ?

— Ça ne te regarde pas. Je ne suis peut-être plus en mesure d'exiger quoi que ce soit de ta part, mais peu importe la nature de votre collaboration et tes soudaines bonnes intentions envers elle ou ces enfants, nous savons tous les deux que tu finiras par la détruire. Snoke ou pas »,  affirma le vieil homme.

Luke remarqua de suite un changement dans l'abysse de ses yeux. Quelque chose dans ses mots avait fait tressaillir son neveu, ou la bête à l'intérieur de lui. Un court silence s'installa entre eux tandis que Kylo digérait les dernières paroles de son oncle et, avec grande peine, lui donna raison. Malgré la nuit dernière et l'étincelle qu'elle avait créée en lui, qu'il s'agisse d'espoir ou d'une autre entité qu'il s'interdisait de nommer, Luke avait malheureusement raison. Il avait beau l'éloigner de Snoke et du Premier Ordre autant qu'il le pouvait ou l'aider dans l'enquête, tôt ou tard, sa nature monstrueuse reprendrait le dessus et finirait par la dévorer. Il ne pouvait lutter constamment, c'était ancré en lui, tout le monde lui répétait depuis toujours, tout ce qu'il touchait finissait par pourrir, mourir. Et son existence était suffisamment pavée de cadavres et rajouter celui de cette étrange antiquaire, le détruirait lui aussi. 

Luke avait raison. Son engagement envers le Premier Ordre prendrait le dessus. Et si ce n'était pas par dévouement, Snoke saurait violemment le rappeler à cette grande et sombre famille. En vérité, Kylo réalisa qu'il n'était pas en mesure de la protéger et qu'il ne l'avait jamais été parce que ça n'était pas son rôle, sa mission, sa nature. La bête ne ressent rien, n'éprouve rien, elle n'obéit qu'au pouvoir et à l'obscurité. Elle se nourrit de ce qu'il y a de pire en ce bas monde. Elle rejette les Skywalkers et tout ce qui les concerne. Snoke lui avait maintes fois répété. Il n'était donc pas trop tard pour sauver Rey, à défaut de la protéger, il l'épargnerait. Pour ce faire, il disparaîtrait simplement, s'évaporant comme un écran de fumée, comme une ombre brûlée aux premiers rayons du soleil. Voilà, dans quelque temps à peine, il ne serait plus qu'une vieille ombre, un mauvais souvenir dans la vie de la jeune femme. Et autant pour elle, que pour les enfants qu'elle pouvait encore sauver, c'était le mieux à faire. 

Pendant ces quelques secondes de réflexion qui lui parurent des heures, sa prise de décision fut saccadée par des fourmillements dans le bout de ses doigts, les mêmes qui...

« Aide-la, prononça Kylo fermement avant de repenser à ce qu'il devait alors oublier.

— Pardon ? 

— Aide Rey. Je sortirai définitivement de sa vie. De la ville même s'il le faut, si tu l'aides dans l'enquête sur les enfants et si tu me rapportes la broche. 

— Evidemment, tu ne peux rien faire sans servir ton intérêt ! recommença Luke.

— C'est le seul moyen pour la protéger du Premier Ordre, je dois ramener la broche à Snoke. Celle qu'elle a trouvée dans... ma chambre, le regard de Luke s'assombrit soudainement par un voile de honte.

— Et les enfants ? Comment je pourrais l'aider avec une main en moins ?! demanda-t-il en agitant sa main malade.

— Tu ne peux vraiment pas t'en empêcher, mmh ? Je comprends pas comment elle peut avoir autant d'admiration pour toi, les paroles de Kylo surprirent Luke. Mais c'est le cas, elle t'admire. Alors aide-la. Elle a besoin de ton expertise, de tes conseils, de... soutien ! T'auras pas besoin de retourner sur le terrain jouer les cow-boys, tout le monde sait que ça ne te réussit pas... en retour, le brun ne put se retenir de lui balancer cette allusion à son handicap.

— Je vais voir ce que je peux faire pour elle. Si ça peut me garantir qu'elle ne te revoit jamais plus...

— C'est pas pour toi que je le fais, c'est pour elle. Et les enfants.

— Pour la broche, je te recontacte d'ici deux jours,  termina Luke. 

— Je m'attendais pas à te voir si pressé de te débarrasser d'une broche... que t'as toi-même planqué et gardé tout ce temps... mais si ça aussi, ça me garantit de ne jamais te revoir !  » Kylo mit fin à la conversation tout en quittant les lieux. Cet endroit si particulier dans une vie antérieur et où il ne remettra jamais les pieds. 

Mais en aucun cas cela ne réjouissait Luke Skywalker de dire adieu à cette broche et encore moins de la savoir bientôt entre les mains du Premier Ordre. Cette perspective lui était terrifiante pour une raison qui n'envisageait rien de bon. Elle lui donnait un sentiment de déjà-vu, une époque qu'il pensait révolue. Et puisqu'elle ne l'était pas et que le passé refaisait surface, quelqu'un de bien pire que Snoke marchait dans la même direction et réapparaîtrait bientôt. En observant son neveu s'éloigner, peut-être pour la dernière fois, le criminologue se rassura en pensant à Rey, bientôt hors de danger. Or, c'était mal la connaître. 


Après son entrevue surprenante et tourmentée avec son oncle, Kylo s'était réfugié au QG du Premier Ordre. Comme si les ténèbres l'avaient rappelé à elles dès qu'il avait quitté Rey, puis Luke. Faisant en sorte que la lumière de ces derniers ne l'atteigne ni le retienne. Non, sa place était avec tous ces gens qu'il croisa dans les couloirs, regagnant sa chambre d'un pas vif, sans vie, sans âme, sans famille, des ombres parmi d'autres et dont il était la plus noire. Comment avait-il pu croire ou espérer autre chose, qu'importaient les sensations, les picotements, la douceur d'hier soir ? Ça n'avait été qu'un mirage de plus, une faiblesse passagère, une mise à l'épreuve. Personne ne devait l'apprendre, c'était interdit dans l'organisation. Et ses doigts finiraient d'eux-mêmes par chasser le souvenir du contact. Son esprit celui de cette antiquaire tout comme la voix de la petite fille qui le hantait. Tout finirait par disparaître pour toujours, tout redeviendrait comme avant qu'elle n'apparaisse et Kylo Ren redeviendrait entièrement le cavalier noir d'un échiquier bien plus grand qu'il ne l'imaginait à ce jour. 

Il ne pouvait plus rien faire pour eux et ne devait plus essayer de toute façon. Ce déchirement dans sa tête devait cesser. Ses rapports avec Luke s'étaient tellement dégradés, pensa-t-il, méditant à propos de ces dernières semaines. Si la retenue ne les avait pas contraints à l'aube, leur conversation houleuse aurait pu aller bien plus loin. La même peur que Kylo, adolescent, avait entrevu ce fameux soir existait encore dans les yeux du grand Skywalker. Il avait toujours autant peur de lui, le regardant chaque fois comme s'il faisait face à un fantôme d'un passé que le brun connaissait uniquement grâce à Snoke, face à un monstre que finalement Kylo avait appris à respecter. Ça n'avait plus d'importance, s'ils étaient amenés à se revoir, sans aucun doute dans le cadre d'une future mission, Kylo n'aurait plus le choix que de le supprimer définitivement. En attendant, il espérait au moins que Rey reçoive l'aide promise et qu'il n'y ait pas d'autres orphelins retrouvés mutilés. Et eux, pourquoi s'était-il tant soucier de leur sort ? Pourquoi avait-il gardé le silence aussi longtemps sur leur origine ? S'identifiait-il à ces enfants, seuls, errants dans l'ombre parfois, mais qui avaient été recueillis par celle que lui-même avait tant attendue ? Leur souhaitait-il un avenir meilleur que le sien ? Le Premier Ordre n'avait absolument rien à avoir avec ces meurtres, mais ça n'empêchait pas que tôt ou tard, une de ses mains gantées frôlerait la brique de l'orphelinat à la recherche de sa fondatrice. Et Kylo ne pouvait plus rien faire non plus pour repousser cette échéance.

Quant à cette drôle d'antiquaire... Il ne comprenait toujours pas. Pourquoi s'embêtait-il à attendre le retour de la broche pour négocier sa tranquillité alors qu'il aurait dû la tuer il y a longtemps ? Son cadavre devrait déjà flotter au large de l'East River à l'heure qu'il est et au contraire, il l'avait laissé épouser ses draps et pire, l'extrémité de ses doigts. Ces mêmes doigts qui tant de fois jouaient avec des allumettes. C'était quoi cette douleur immense et immonde qu'il ressentait au loin dans son bas-ventre quand elle était dans son champ de vision ? En fin de compte, tout cela importait peu désormais. Le lien qui les unissait, cette même blessure d'abandon, cette solitude innée et leur rapport aux enfants, tout ceci n'existait pas entre les murs du Premier Ordre. Seulement dans son sa mémoire. Rey n'appartenait pas à ce monde et lui ne pouvait envisager de pourrir le sien. Bientôt, Kylo Ren ne serait plus qu'un horrible cauchemar pour elle, qu'elle le traque à la mairie ou sur un tas de ruines oubliées, elle n'y verrait même pas sa silhouette.

La matinée se terminait en même temps que de longues heures d'entraînement pour lui. Tous les muscles de son corps stimulés et le visage rougi par l'effort, une fois dans sa chambre, il se contempla dans un miroir au-dessus de l'évier de sa salle de bain. Sa cicatrice s'était comme embrasée, ses contours étaient nets et la plaie semblait risquer de s'ouvrir à tout moment. Un fil tendu sur lequel il marchait en permanence avec la menace de tomber. Son index et son majeur, les mêmes que la veille, passèrent dessus délicatement. La douleur n'existait plus, mais Kylo savait que s'il accentuait la pression, il en raviverait le souvenir, celui de l'antiquaire, de sa rage. 

Le brun chassa ses pensées. La cicatrice aussi, finirait par disparaître. Il ne la porterait bientôt plus, et rien ne le rattacherait à ces dernières semaines pendant lesquelles son esprit avait simplement divagué. Un instant de faiblesse. Il était Kylo Ren, le cavalier du Premier Ordre, suivant juste le chemin précédemment tracé par son grand-père. Snoke avait raison pour le reste de toute manière, rien d'autre dans la vie ne l'attendait. Il lui suffisait de penser à Luke pour en être convaincu, lui qui s'était vanté toute sa vie d'avoir mis fin aux méfaits de son père et de toutes sortes d'organisations criminelles, que lui restait-il aujourd'hui ? Ce n'était qu'un homme seul et aigri, vivant dans le passé. Kylo refusait d'être seul. Alors l'obscurité faisait une meilleure compagnie que le vide. 

Ren retira son t-shirt trempé et savoura une douche chaude. Il espérait là aussi, à mesure que les gouttes ruisselaient sur son corps, que l'eau bouillante lui remettrait les idées en place et effacerait les autres, celles interdites et impossibles. Pourtant, elles paraissaient aussi tenaces qu'elle, rien n'y faisait, elles persistaient, elle restait là. Il en était à vouloir se claquer le crâne dans le mur pour les éradiquer. Elles l'empêchaient d'agir normalement, le sport n'avait pas suffi, mais il fallait vite qu'il trouve une solution pour oublier. Pour enfin terrasser la bête.  

Il sortit de la cabine avant d'exploser. Propre. L'esprit toujours infesté. Il ne l'avait pas remarqué en les retirant, mais parmi ses vêtements posés sur un meuble et les affaires ramenées de sa planque, se trouvait le second téléphone. Celui dont il avait donné le numéro à Rey. Kylo avait dû l'emporter précipitamment ce matin avant sa rencontre avec Luke. Ou peut-être expressément, sachant Rey chez lui. Peu importe, la présence de ce cellulaire au QG n'était pas une bonne chose pour lui, même si l'Organisation savait pertinemment qu'il ne servait qu'à sa couverture. C'était mauvais, parce que cela aussi l'empêchait d'oublier. 

Il maugréa intérieurement et enfila des vêtements, plus noirs que jamais. Le téléphone toujours dans la salle de bain, il regagna sa chambre à la recherche de ses gants, se préparant à une éventuelle mission, mais aussi par habitude. Sa peau n'était que très peu dévoilée en ces lieux, et ça allait parfaitement avec son personnage depuis des années. Il fallait qu'il se déshumanise le plus possible, qu'il se fonde bien dans l'obscurité.

Soudainement, alors qu'il boutonnait sa chemise, il entendit des claquements de talons dans son dos et ne fut pas surpris de trouver Bazine Néthal, prenant ses aises sur le bord de son lit. Contrairement à lui, elle paraissait rentrer justement d'une longue mission, mais pour laquelle elle avait dû une fois de plus diriger les opérations et déléguer tout le travail à d'autres sbires aux gros bras. Sa tenue n'était pas vraiment celle de quelqu'un qui avait dû courir ou porter des charges lourdes, sa battre encore moins. Pourtant, elle n'était pas mauvaise pour cette dernière chose. Cependant, Bazine n'aimait pas se salir les mains, elle faisait dans la finesse, la discrétion et la séduction. Sa spécialité, c'était de négocier, communiquer, persuader et gérer toute la partie virtuelle de l'organisation. Elle était une ombre et se mouver comme telle. 

« Comment tu te sens aujourd'hui ? lança-t-elle. Sa question était réellement surprenante, ce n'était pas le genre de choses qu'il avait l'habitude de se demander l'un à l'autre. Es-tu redevenu toi-même ? Tu as enfin réglé ce problème qui t'en empêchait ? »

Kylo ne s'était même pas retourné vers elle. Mais ses mots rejoignirent toute sa précédente réflexion et les efforts qu'il devait fournir pour oublier. Bazine était l'un d'eux. Leur relation faisait partie des habitudes de la bête, et lui permettait d'occulter toutes ses pensées, d'anesthésier son cerveau un temps. C'était exactement ce qu'il avait besoin à l'instant et de plus, revenir à elle, comme avant cette période de faiblesse, ferait déguerpir Rey une bonne fois pour toutes. Non pas que Bazine prendrait sa place dans sa tête, mais elle la tuerait simplement, comme si leur rencontre n'avait jamais eu lieu. Il savait qu'il ne pourrait plus la revoir de toute manière, alors autant détruire le souvenir avec elle.

Ainsi, il s'avança vers la brune aux cheveux courts et la regarda, sans émotion particulière, ni même désir. Ça reviendrait en le faisant, se dit-il. Il se pencha sur elle et comme prévu, il compta sur la fougue de Bazine qui attendait ça depuis des semaines et l'embrassa à pleine bouche. Elle avait la réponse à sa question. Rapidement, il se retrouva au-dessus d'elle, ses jambes renfermées dans des bas noirs autour de son bassin et la chemise qu'il venait d'enfiler par terre. Bazine avait peut-être accès à sa peau nue, à son torse, néanmoins Kylo la touchait une fois de plus avec ses gants de cuir, alors qu'elle lui laisserait des marques avec ses longs ongles vernis. Le jeune homme essayait de vider son esprit à mesure qu'il dessinait brutalement les formes de sa collègue, ayant déjà découvert sa poitrine et dévorant sa gorge. Bazine pressait de plus en plus fort son corps contre le sien et cherchait inlassablement ses lèvres, mordillait sa chair, glissait ses mains toujours plus bas. C'était si facile pour elle, si évident, bientôt si jouissif, elle s'amusait. Pour Kylo, c'était tout un périple. Chacun de ces geste s'accompagnait des mêmes phrases dans sa tête afin d'oublier, de se convaincre qu'il en avait envie, qu'il la désirait à nouveau, que ce plaisir le pousserait encore plus dans les ténèbres. Et il continuait, en se répétant de ne pas penser, un des seins de Bazine dans sa main gantée et sa langue dans sa bouche quand ils ne cherchaient pas leur respiration. Tout cela pour ne pas réfléchir.

Aux enfants. À Rey.

Seulement, c'est toujours quand on ne souhaite pas penser à quelque chose qu'on y pense le plus. Ne pas penser, c'était déjà penser. Il devrait le savoir, c'était un de ces premiers enseignements de l'Académie. Des prémices de sa lente déchéance où Luke était encore présent et lui avait justement appris que faire le vide dans son esprit, ce n'était pas vainement ne pas penser. C'était faire le vide avec soi-même, mais comment pouvait-il se confronter à un tel silence et puiser en lui un espace pareil alors que la bête prenait tant de place. Et en plus de ne pas parvenir à totalement la chasser de son esprit, elle et les enfants, comme une tâche qu'il lui restait à accomplir, Rey savait toujours se frayer un chemin à travers les ombres.

Alors que sa bouche allait bientôt s'affairer sur sa poitrine, Kylo entendit la sonnerie de son téléphone. Celui dissimulé dans la salle de bain, le simulacre de sa fausse vie. Et la sonnerie en question ne signifiait pas n'importe quel appel. En dehors du personnel de mairie, personne n'avait jamais eu accès à ce numéro téléphone. Personne sauf Rey et il avait déterminé expressément cette sonnerie, cette mélodie pour ses appels. Pour savoir immédiatement que c'était elle qui l'appelait à propos des enfants. Mais aujourd'hui, elle avait tout un tas d'autres raisons de l'appeler. Il l'avait laissée seule ce matin, et elle voulait sûrement des nouvelles. 

C'en était trop, le conflit dans son esprit reprenait place et ça faisait un mal de chien. D'autant plus sur le corps de Bazine qui semblait vouloir prendre l'ascendant et le monter à son tour. Pendant quelques secondes, alors qu'elle reprenait son souffle, il croisa son regard. Ses yeux marron, sombres et malicieux et y trouva naturellement son reflet. Elle était comme lui, finalement. Une des pièces de l'échiquier, une gamine qu'on avait sauvée d'une famille défectueuse. La sonnerie continuait de retentir avec ses vibrations, c'était comme si Kylo pouvait entendre la voix de Rey dans la salle de bain. Si ça ne pouvait pas se terminer aussi facilement qu'il le souhaitait, dans l'oubli, il fallait qu'il envisage les choses autrement. En attendant, Rey reprit elle aussi sa place dans son esprit, installée confortablement dans le merdier de sa tête. 

«Je peux pas... je peux pas. Pas maintenant, déclara-t-il à bout de souffle en se relevant. Il pensa recevoir les foudres de Bazine, mais même ça, ça n'était qu'un jeu pour elle.

— Mmh... c'était déjà pas mal. J'aime quand tu prends ton temps, quand tu me fais attendre... Il était décontenancé devant elle et ça l'amusait, sans en connaître la vraie raison. De toute manière, ce ne serait pas professionnel de ma part d'aller jusqu'au bout tout de suite, Snoke veut te voir, finit-elle en remettant correctement ses vêtements.

— Quoi ?! s'exclama le brun, retrouvant sa chemise.

— Il t'a fait appeler, il était remonté.

— Tu pouvais pas me le dire plus tôt !  »

Il l'entendit ricaner alors qu'il quittait la chambre pour rejoindre son patron. Comme un chien qu'on siffle.

« Enfin ! hurla Snoke en le voyant débarquer dans son immense bureau, sa propre salle du trône comme il l'appelait. Les cheveux ébouriffés, essoufflé, tout dans l'apparence de Kylo irritait Snoke à l'instant. Tu continues de me provoquer avec ton insolence ! Cette effronterie propre aux Solo !

— J'ai tué Han Solo ! répliqua Kylo avec conviction, voulant à tout prix lui faire entendre. Bordel, il l'avait fait pour couper le lien, pour l'épouvantail insupportable qui se pavanait devant lui et à qui il servait de machine à tuer.

— Apparemment, ça n'a pas suffit ! Cette maudite famille parvient toujours à te retrouver !

— Ils ne sont rien. Mon allégeance n'a pas changé. J'ai tout donné à l'organisation et...

— Et là, qu'as-tu à me donner ?! sa voix retentit de plus belle dans la pièce et fit sursauter le brun, lui rappelant des souvenirs de l'Académie. Il baissa les yeux, comme un enfant grondé. Des semaines que tu me fais attendre, tu n'es même pas capable de m'apporter une vulgaire vagabonde !

— Elle n'a aucune importance, elle s'occupe des biens d'Organa, c'est tout !

— Justement, regarde-toi ! Tu t'es laissé avoir par une inconnue, une petit idiote qui t'as tranché jusqu'à pénétrer ton âme ! Tu es d'une faiblesse ! »

Snoke put de nouveau croiser la bête dans le regard de son cavalier, ses mots l'avaient réveillée. Mais alors que Kylo, pris par un élan de rébellion avança vers lui, Snoke attaqua aussi tôt et le visa avec son revolver tout en faisant un signe de tête à l'un de ses sbires, jamais très loin. Ce dernier s'empressa d'assener un coup de taser électrique ainsi qu'un coup de pied au jeune homme. Celui-ci se retrouva vaincu, agenouillé devant son boss, ravalant sa fierté et un râle de colère tout en se remettant doucement de la charge. 

« Si ton allégeance est aussi intacte que tu le prétends, tu ferais bien de te ressaisir et de me ramener cette petite trainée avant la fin de la semaine ! ordonna Snoke.

— Et si j'avais encore mieux à vous offrir ? toujours à genoux, Kylo releva les yeux et croisa ceux plus clairs de son boss, soudainement plus à l'écoute. Si je vous amenais la broche et Luke Skywalker par la même occasion... »

C'était la meilleure solution qu'il avait trouvée face aux circonstances, et qui réglait tous ses problèmes. Rey serait oubliée pour un temps, et le Premier Ordre ferait disparaître la broche et son oncle en même temps. Kylo résolvait ainsi le conflit dans son esprit, l'Organisation l'arrachant de nouveau à la vie extérieure, et assouvissait sa vengeance envers le grand Skywalker. Ce serait encore mieux qu'avant, pensa le jeune homme, car Snoke avait réveillé la bête et une perspective plus sombre et émancipatrice pointa le bout de son nez dans sa tête. Il allait bientôt être libre. 

Lorsqu'il entendit le nom de Skywalker, Snoke vrilla. Il en oublia sa mission originelle, celle donnée dans l'ombre. L'antiquaire un peu trop curieuse n'existait plus, l'occasion était trop belle pour lui aussi de se retrouver face à Luke et de l'éliminer pour de bon. Le reste pouvait attendre quelques jours. Il ne le montra pas, mais cette initiative de la part de son meilleur soldat, surtout après une réprimande le laissa satisfait, voire fier. Les coups suffisaient toujours à remettre n'importe quel loup égaré dans la meute. 

« Parle ! reprit l'épouvantail en l'invitant à se relever. 

— Il viendra de lui-même d'ici deux jours, avec la broche. Il croit avoir passé un marché avec moi, expliqua Kylo. 

— Tu vois, ce n'était pas si dur. Je te retrouve bien là. Fantastique ! s'exclama-t-il en retournant s'asseoir dans son fauteuil. Tiens-moi au courant. Et en attendant, évite les faux pas ! Je te veux en forme quand je te regarderai le tuer ! » il se mit à rire et son enthousiasme montrait combien il jouissait de torturer Kylo tout autant que de voir Luke mort. 

Kylo regagna rapidement ses appartements. La situation était toujours chaotique, mais plus pour longtemps. Il avait saisi la meilleure opportunité de se débarrasser définitivement de Luke. Lui qui ne le voyait alors que comme un monstre depuis toujours allait finir dévoré. Dans quelques jours, il allait ainsi ouvrir une première porte vers sa liberté, il n'aurait plus à entendre sans arrêt la voix de son oncle dans sa tête, et avec un peu de chance, les souvenirs de l'Académie s'effaceront avec le vieil homme. Enfin, cela lui permettait également d'offrir une porte de sortie à Rey. 

La jeune antiquaire n'avait pas eu de nouvelles de son drôle d'acolyte de la journée. Le sachant au Premier Ordre, elle n'en tint pas rigueur malgré ses appels répétés, elle avait accepté que la communication avec lui ne pouvait être constante. Néanmoins, dans son esprit, c'était comme s'il avait de nouveau disparu. Qu'il s'était envolé. Comme si la nuit dernière avait été un instant suspendu du temps, dans l'univers, un instant pendant lequel tous deux s'étaient arrêté pour respirer. Le temps d'une nuit.

Ainsi, lorsque Rey était rentrée à la boutique, elle avait continué sa journée normalement. Si ce n'est qu'entre deux clients et entrevues avec Kaydel, elle avait rempli quelques pages de son carnet et fichiers d'ordinateur à propos de l'enquête. Maintenant qu'elle connaissait une partie de l'identité des enfants retrouvés, l'orphelinat de Leia était centrale dans ses recherches. Elle n'avait pensé qu'à ça, essayant de constituer une raison pour laquelle quelqu'un, lié à la fois à elle et aux Skywalkers, infligerait de telles atrocités à des enfants. Pourquoi quelqu'un visait particulièrement ces orphelins et orphelines selon un rituel aussi sordide ? Un rituel qui, sans savoir pourquoi non plus, lui était presque familier. Une sensation de déjà-vu désagréable.

D'ailleurs, de cette information, elle ne savait pas quoi réellement en faire. Si elle s'écoutait, elle débarquerait sur-le-champ à l'orphelinat et se retrouverait bien mal à l'aise une fois sur place, ne sachant pas par où commencer et se doutant que le meurtrier n'allait pas non plus sur place enlever les enfants. Cependant, une visite là-bas s'imposerait un jour ou l'autre. Elle en parlerait avec le premier concerné et en attendant, elle pourrait toujours confier cette découverte à la police. Sans leur dévoiler sa provenance, évidemment.

Le soir venu après la fermeture de la boutique et toujours sans nouvelles de Kylo, Rey se balada dans New York. La plupart des habitants s'étaient terrés et enfermés chez eux depuis le dernier cadavre, les rues de la ville leur étaient devenues terrifiantes, plus qu'avant. Et la jeune femme le comprenait parfaitement, la mort d'un enfant réveillait forcément une peur irrationnelle et viscérale et en effet, depuis quelques jours, les quartiers d'habitude bondés d'enfants jouant en dépit du froid automnal étaient bien plus vides et calmes. Seulement, pour Rey, il était important pour elle de ne rien laisser l'empêcher d'être dehors, de vagabonder, d'explorer. Elle avait vécu enfermée bien trop longtemps pour se laisser effrayer par l'extérieur. C'était une attitude qu'elle avait conservée de l'Arizona, après des années à arpenter des villes et New York était un monde à elle toute seule. Elle y vivait depuis six ans désormais et elle était encore régulièrement surprise et émerveillée par ce qu'elle voyait. Pourtant, il était vrai que parfois, le silence des grands espaces lui manquait. Ici, la foule continuait de l'angoisser et la capitale ne manquait jamais d'animation.

Et ce soir plus que jamais.

Alors que l'antiquaire rejoignait le campus de l'Université pour tenter d'y retrouver Lando son tuteur, elle aperçut au loin sur la place menant aux bâtiments principaux les véhicules sombres de la police de New York dont les gyrophares allumées clignotaient dans ses iris vertes. Quelques policiers tentaient de contenir le cercle d'étudiants qui se bousculaient pour apercevoir ce qu'il se jouait. Une bande jaune avait déjà été érigée tout autour de la place et au-delà, les voitures barraient la route et empêchaient qui que ce soit de véritablement voir ce pourquoi la PTS avait été appelée.

Mais Rey comprit rapidement lorsqu'elle aperçut Finn parmi les policiers. Déjà un autre, pensa-t-elle. Un autre cadavre, elle en était sûre. Cette fois, elle ne pouvait se contenter d'image volée du corps si elle voulait faire avancer l'enquête et comprendre les rouages de cette série d'infanticides. L'occasion était trop belle et surtout trop importante.

Elle profita de l'agitation de la foule et de l'inattention d'un des flics pour se frayer un chemin jusqu'au plus près de la scène de crime. Elle se tordit dans tous les sens pour essayer d'apercevoir l'enfant allongé sur le sol autour duquel s'affairait la police scientifique. Sans réfléchir, elle passa sous la bande jaune et se précipita vers Finn sous les réprimandes des policiers et de la foule. Malheureusement, dans son élan, elle percuta quelqu'un et tomba sur le côté. Un homme élancé et enveloppé dans un pardessus noir et épais d'où seule une expression hautaine et désormais méprisante sortait, se retourna sur elle. 

« Qu'est-ce donc ?! Qu'est-ce qu'elle fout là celle-là ? Encore une journaliste ! s'agaça le vieil homme. Rey ne prêta pas attention à ses réprimandes et en essayant de se relever, sur ses genoux, elle aperçut le corps dans son entièreté. Elle n'eut aucun effort à faire pour que cette image s'imprime dans sa tête. Mais ça n'était pas suffisant, elle devait l'approcher davantage pour relever les marques. Hé vous là ! s'écria l'homme à l'égard de Finn. Dégagez-moi ça ! 

Oui Mr. Pryde, je m'en occupe. Le public est affolé ce soir, il... le jeune homme se tut instantanément en voyant Rey se relever face à lui. Il l'attrapa par le bras et l'emmena un peu à l'écart. L'antiquaire lança un regard de défi au Commissaire divisionnaire Pryde dont le nom faisait écho à son passé. Rey, qu'est-ce que tu fais ici ?! 

J'étais dans le coin et ... il faut que je vois le cadavre Finn ! Je peux aider, il faut que tu me laisses le voir ! Insista-t-elle. 

Calme-toi Rey ! Tu sais que je ne peux pas, tu ne devrais même pas être ici. S'il te plaît, rentre chez toi. Je ne peux pas te laisser passer. 

Mais le corps Finn, les marques dessus signifient forcément quelque chose, dit-elle un peu plus bas. 

Je sais, je sais... Écoute, je... le policier regarda dans la direction de ses supérieurs, à l'instant occupés par l'enfant. Je te tiendrai au courant de ce qu'il en est, mais je peux pas faire plus. » termina-t-il d'un air désolé. 

Finn invita la jeune femme à repasser derrière la ligne jaune et la laissa dans la foule pour retourner à la scène du crime. Rey quitta rapidement les lieux, frustrée. Elle allait passer la nuit à décortiquer la seule image qu'elle avait de ce spectacle horrible. 

Seulement, quelqu'un d'autre que Pryde l'avait repérée sur les lieux et avait même entendu sa conversation avec Finn. Rose Tico, tout en observant l'antiquaire s'éloigner, sut immédiatement qu'elle venait de tomber sur une des clés de cette affaire. 

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En bonus, vous pouvez imaginer ça comme sonnerie du téléphone de Kylo ;) 


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